Le mouvement international Slow Food a ouvert il y a quelques années une filiale à Bucarest. Créée en 1987, à Bra, en Italie, cette organisation se veut une réplique aux fast food qui poussent comme les champignons après la pluie. Concrètement, Slow Food, en français “la restauration lente” lutte pour sauver les petites communautés gastronomiques menacées de plus en plus par l’agriculture industrialisée et la malbouffe. C’est une fondation qui appuie les associations familiales à vaincre la pauvreté et à vivre dignement en travaillant leur terre et en consommant des produits naturels.
Slow Food organise chaque année des foires et des expositions en présentant au public des produits d’une qualité exceptionnelle, comme nous le dit Veronica Lazar, fondatrice de la filiale Slow Food de Bucarest: « Cela fait des années que je me rends régulièrement en Italie et à chaque fois j’emporte toute sorte de produits de chez nous pour apprendre à mes amis italiens la véritable saveur d’une tomate, d’une pomme, du fromage. Car, le goût de la nourriture authentique est en voie de disparition. Je souhaite défendre nos produits, comme le font d’ailleurs les Italiens avec leur mozzarelle ou les Français qui luttent pour préserver les méthodes traditionnelles de préparation de certains aliments. Il faut soutenir tous ces gens qui travaillent péniblement sans se servir de pesticides ou de conservateurs. Il faut mettre leurs produits en valeur, il faut les présenter partout dans le monde et il faut que ces aliments se commercialisent.”
Le Musée du Paysan Roumain vient d’accueillir début mai deux Foires gastronomiques qui ont réunit au total une vingtaine de producteurs roumains. Razvan Apetrei est venu du nord de la Roumanie, de la ville de Baia Mare pour présenter au public bucarestois ces charcuteries:
“On prépare la viande d’après des recettes datant de 1962, sans y ajouter des conservateurs ou des substituts artificiels. Nous préparons les saucisses spécifiques de Maramures ou de Transylvanie, des saucisses piquantes, le célèbre lard fumé ou d’autres spécialités, telles: le filet à la tzigane, le jambon à la transylvaine, des côtelettes fumées. Tous nos produits sont préparés dans des fumoirs qui utilisent de la sciure de bois d’essence dure. On n’y ajoute aucun substitut ou saveur artificiels et tout le monde apprécie ça.”
Elena Suciu est originaire de la ville de Rupea du département de Brasov et elle est venue à Bucarest chargée de dizaines de pots de confiture et de marmelade de fruits rouges qui poussent dans les forêts de Transylvanie: “J’invite le public à goûter à mes célèbres marmelades de rhubarbes et d’églantine spécifiques à la contrée de Brasov. Bien sûr, il s’agit de produits slow food, faits uniquement avec des fruits et un peu de sucre, quelque 500 grammes pour chaque kilo de fruits.”
Angela Gârgioaba ne mange que des produits à cent pour cent naturels et écologiques: “Je raffole des produits bio qui sont de plus en plus rares. On parle beaucoup d’écologie, sans la pratiquer vraiment. Nous avons des champs tellement naturels que l’on n’exploite pas du tout. Je viens d’acheter du lard fumé, des saucisses aux herbes et un morceau de viande fumé, de la confiture de rhubarbe, bref tout ce qui me rappelle l’époque de mon enfance. Ce sont des produits qui n’ont rien à voir avec les produits des hypermarchés.”
Encouragés par la fondation Slow Food, les petits producteurs roumains de l’industrie alimentaire se sont rendus en 2006 à la Foire Terra Madre de Tourin pour participer au célèbre salon du goût, Salone del Gusto.
Les visiteurs ont beaucoup apprécié le fromage frais peu salé spécifique à la région de Brusturoasa, dans le nord de la Roumanie, la marmelade de rhubarbe de la contrée de Saschiz, dans le centre du pays ou la choucroute et la betterave saumurée de Husi et Hirtop dans l’est du pays.