Le Testament français de Malakine (Litterature francaise) est de ces romans d’inspiration autobiographique qui non seulement livre un beau récit, mais rend aussi hommage à la langue et à la culture françaises.
Litterature francaise – Roman
En ces temps où le français est souvent malmené, il est plaisant et, pour certains Don Quichotte de la langue, jubilatoire de tenir en main des livres qui rendent hommage à la belle langue et à la culture françaises. C’est le cas de Malakine, écrivain d’origine russe qui se penche sur son enfance et sur ce qu’il appelle son « Atlantide », à savoir la lente remontée à la surface de cette terre d’origine, la France, que lui révèle sa grand-mère Charlotte.
Charlotte a vécu à Paris dans l’entre-deux guerres, elle en a conservé une élégance, une distinction, un charme qui nourrit et enrichit le narrateur et le pousse à se construire à travers la conscience de cette altérité. Le récit de la grand-mère l’amène tout naturellement à la Littérature qui lui facilite l’accès à la Beauté du français.
Non seulement le récit traque les images enfouies, les mots, les paysages, les figures colorant cette « cité engloutie », mais chemin faisant, il rend au français, par la noblesse de son style et la délicatesse de ses références, un hommage vibrant. Je reviens demain sur l’une de ses références qui m’ont particulièrement interpellé puisqu’elle faisait référence à Hugo…
La scène se passe en Sibérie. L’auteur raconte comment il a « ébloui » un soldat rude et inculte par le seul récit du contenu de l’un des beaux poèmes de Hugo extrait de « l’Année terrible ». Sa grand-mère le lui avait raconté et il le fait à son tour à cet auditeur inattendu.
Sur une barricade, au milieu des pavés
Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés,
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
— Es-tu de ceux-là, toi ? — L’enfant dit : Nous en sommes.
— C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller.
Attends ton tour. — L’enfant voit des éclairs briller,
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l’officier: Permettez-vous que j’aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?
— Tu veux t’enfuir ? — Je vais revenir. — Ces voyous
Ont peur ! Où loges-tu ? — Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine.
— Va-t’en, drôle ! — L’enfant s’en va. — Piège grossier !
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;
Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala,
Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà.
- La Route, la Poussière et le sable (Aléas éditeur) - Juil 5, 2014
- Le Testament français de Malakine ; un beau récit (Litterature francaise) - Juil 3, 2014
- Le haggis et l’Ecosse ; une institution dans la cuisine écossaise - Juin 8, 2014