Bernard Ollivier, sexagénaire passionné de marche à pied (il est déjà allé à Saint Jacques de Compostelle) décide en 1999 de se lancer sur la route de la Soie, d’Istanbul (Turquie) à XiAn (Chine) soit un périple incroyable de 12 000 km. Comme il est impossible de parcourir certaines portions du chemin en hiver, il ne marchera qu’à la belle saison et repartira l’année suivante de l’endroit où il aura arrêté. Il relate cette belle aventure en trois tomes plus passionnants les uns que les autres.
Dans celui-ci (« Traverser l’Anatolie »), il nous raconte son épopée en Turquie et c’est un véritable exploit étalé sur 1700 km. Le pays profond, bien loin de lieux occidentalisés comme Ankara, la capitale ou Istanbul, vit dans une misère absolue, un obscurantisme inimaginable, sous l’emprise étouffante de l’armée, de la religion et dans la crainte d’attentats kurdes. Ces gens, par ailleurs souvent très accueillants comme nous ne savons plus guère l’être dans nos régions, voient quelquefois le marcheur comme une sorte de coffre fort ambulant et n’ont alors qu’une seule idée en tête : le détrousser ou à tout le moins en tirer le plus d’argent possible. Par miracle, Ollivier échappe à plusieurs reprises à ses détrousseurs.
Cette longue marche s’apparente souvent à un calvaire. Il doit affronter l’altitude, la pluie, le chaleur accablante, le froid glacial, mais également échapper aux terribles « kangals », ces énormes et sauvages chiens de bergers dressés pour se battre contre les loups et fort peu accueillants à tout intrus pénétrant sur leur territoire. Les brigands et les militaires ne lui facilitent pas la vie non plus. Il lui arrive d’être arrêté, retenu prisonnier et ce n’est qu’après palabres et longue patience qu’il parvient à être libéré et remis sur cette « longue route » aussi magnifique que sauvage. Finalement ce sera la maladie, une dysenterie amibienne carabinée qui viendra à bout de notre marcheur et l’obligera à accepter de se faire rapatrier en France par Europe Assistance alors qu’il est arrivé à la frontière iranienne.
Un livre de découverte et de courage, magnifique, passionnant, même si l’on n’est pas adepte de la randonnée et passionné de marche à pied comme moi-même. Eh oui, l’aventure est toujours au rendez-vous au bord des chemins.
« Bernard Ollivier est un voyageur, il ne se prend pas pour un écrivain. Le résultat est qu’il écrit souvent mieux que les écrivains patentés… Il voyage comme le font tant de héros de Conrad : pour se découvrir. » (Pierre Le Pape) 5/5
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Bonjour Bernard, pour les livres, il faut surtout privilégier les catégories culture. Les catégories destinations sont liées aux articles touristiques.
Je trouve ce genre d’aventures vraiment passionnant. Ces défis sont le meilleur moyen d’être en prise avec la terre, les gens, de vivre pleinement les expériences qu’un touriste vivra en instantanés avec la tentation de courir toujours plus.
Une idée du coût du livre?