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Nikita Mikhalkov ou le passé russe réanimé

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Vivement critiqué lors du dernier Festival de Cannes pour son film  » Soleil trompeur 2 – L’exode », Nikita Mikhalkov n’en est pas moins la figure de proue du cinéma russe actuel et en voici les raisons.

Né à Moscou le 21 octobre 1945, fils du poète Sergueï Mikhalkov-Konchalovski, Nikita Mikhalkov est issu d’une famille aristocratique remontant au XVe siècle. Acteur à dix-huit ans, auteur, à la fin des années 60, de quelques courts métrages, il réalise son premier grand film en 1975  Le nôtre parmi les autres, histoire d’un rouge infiltrant des blancs pendant la guerre civile de 1918-1921. Ses débuts sont alors ceux d’un brillant cinéphile et d’un habile technicien. Très vite, le jeune cinéaste va enchaîner film sur film ; ce seront  Partition inachevée pour piano mécanique ( 1977 ), adaptation subtile d’une nouvelle de Tchékov, dont la  réussite lui confèrera une stature internationale, suivie un an plus tard par  Cinq soirées , d’après la pièce d’Alexandre Volodine, étude intimiste de caractères et d’atmosphère qui doit beaucoup à l’interprétation inspirée de l’acteur Stanislas Lioubchine, dans le rôle d’un solitaire retrouvant la femme qu’il a jadis aimée.

C’est en 1987, que Nikita Mikhalkov part pour l’ Italie réaliser  Les yeux noirs , d’après trois nouvelles de Tchékov, avec Marcello Mastroianni et Silvana Mangano dans les rôles principaux, oeuvre peu lisible qui m’a laissée sur le bas-côté, puis Urga ( 1991 ), chef-d’oeuvre pastoral sur l’amitié entre un éleveur mongol et un camionneur russe tombé en panne près de sa yourte.

Hymne à la tradition, ce film souligne les liens entre  peuples frères, entre la mère patrie russe et ses périphéries en voie d’émancipation.  Soleil trompeur, en 1993, évoque le stalinisme et raconte la dernière journée en famille du général Sergueï Kotov, interprété par Mikhalkov en personne, joyeusement perturbée par l’irruption d’un vieil ami, venu inopinément semble-t-il, alors, qu’en réalité, il n’est là que pour arrêter Kotov, héros de l’Union soviétique, accusé lâchement de trahison. Ce premier volet sera salué par un Oscar à Hollywood et le Grand Prix du jury à Cannes. Enfin  Le barbier de Sibérie, en 1998, évoque la difficile évolution de la Russie contemporaine.

Projeté à Cannes en mai dernier, lors du Festival, son dernier opus Soleil trompeur – L’exode,  a reçu un tout autre accueil. Celui-ci fut glacial. Car, à en croire les critiques, ce second volet serait une tentative de réhabilitation déguisée de Staline où, tout du moins, brosserait un portrait trop complaisant du tyran. En définitive, à travers cette oeuvre, c’est le réalisateur qui est visé et son intimité avec Vladimir Poutine. Car, qu’en est-il  ?
La gestation de Soleil trompeur 2 remonte au choc éprouvé, par Mikhalkov, à la suite du visionnage, à Paris, du film de Steven Spielberg :  Il faut sauver le soldat RyanEn sortant – se souvient Mikhalkov –  des jeunes s’émerveillaient de la victoire des Alliés en ignorant tout bonnement l’existence du front russe ! J’ai voulu faire un film donnant une image de l’enfer qu’ont vécu ces gens simples – les soldats, mais aussi les civils – qui ont défendu leur patrie. Montrer ainsi l’immense sacrifice du peuple russe et empêcher les Américains de vampiriser la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.

Est-ce pour autant une réhabilitation de Staline comme on lui en a fait le procès ? Certes non, car, tout au long du film, Staline revêt la dimension diabolique d’un homme qui voulait se substituer à Dieu. D’ores et déjà un nouveau volet est annoncé qui aura pour titre Soleil trompeur, Citadelle et qui devrait être présenté à la prochaine Mostra de Venise, en septembre. Mikhalkov s’en est ouvert à quelques journalistes : au pire moment de la guerre – révèle-t-il – le minotaure du Kremlin a pris le temps de fignoler ses vengeances petites bourgeoises en réservant à Kotov le commandement d’une  » division noire « . Composée de condamnés politiques armés de simples pelles et de pioches, celle-ci avait pour mission d’attaquer l’armée allemande à mains nues pour lui faire gaspiller ses munitions avant le véritable assaut. Vision effrayante d’un dictateur qui n’hésitait pas à sacrifier son peuple et à trahir et déshonorer ses propres officiers.

Nikita Mihalkov a bien d’autres projets et s’impose désormais comme la figure de proue d’un cinéma post-soviétique, re-centré sur ses valeurs nationales. Je veux notamment mettre en scène – dit-il – Un coup de soleil d’Ivan Bounine, le prix Nobel de littérature réfugié en France après la révolution de 1917. Je songe également à une grande fresque sur la société russe de ces vingt dernières années, une sorte de version russe du  » Parrain « , qui s’intitulerait :  » Il était une fois en Russie « .

Grâce à ce cinéaste de grand talent, dans la lignée d’un Eisenstein, et de réalisateurs comme Sergueï Bodrov et Pavel Lounguine, le 7e Art russe semble assuré de lendemains qui chantent.

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