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Peuples premiers : savoirs, démarches scientifiques et ethnologie

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“Il faut relativiser le mot de Science en ce qui concerne les Sciences Humaines.” [Judem ]

Certes les sciences humaines se prêtent davantage au charlatanisme que d’autres formes de science … parce que souvent la réflexion s’appuie sur des données de base invérifiables. On fait confiance à ce que nous dit “l’ethnologue voyageur” *** parce qu’on ne va pas sur le terrain vérifier ses assertions (et pour cause!), et que le plus souvent il se forme des “paires” qui se cooptent et s’encensent mutuellement (prenant bien garde de ne pas publier, ou bien de publier dans des cénacles notoirement incompétents, ou complices: passe moi la rhubarbe et je te passe le séné).

 


[*** C’est pourquoi ils vont plus souvent “étudier” en haute Amazonie que dans les proches banlieues où pourtant ce ne serait pas du luxe!]

Il y a par exemple en Guyane française un petit nombre de babas de ce genre, qui s’auto-congratulent et qui font valider leurs “travaux” par des pairs brésiliens tout aussi charlatans qu’eux, à charge de revanche (moi qui chevauchais la frontière et qui côtoyais les deux groupes, ça m’a suffisamment fait grincer des dents). C’est évidemment plus difficile (mais pas totalement impossible) de torturer une démonstration de théorème.

Mais dans tous les domaines, que ce soit celui des sciences “exactes” ou des sciences “humaines”, il y a (ou non) application de la démarche scientifique.

Par exemple, le regretté JM Hurault (géographe, ethnologue féru d’ethnographie) que j’ai eu l’honneur de connaître (et qui correspondait avec Lévi-Strauss) a fait, dans les années 50-70, un remarquable travail d’ethnographie – lequel fait encore autorité chez les gens sérieux qui veulent comprendre les civilisations amérindiennes du plateau des Guyane, ainsi que les conséquences sur la vie quotidienne des intéressés, de même que sur la manière d’appréhender les relations avec eux pour ne pas faire trop de dégâts. Rien à voir avec les pignoufs décrits plus haut! (à l’opposé, il y a manière à faire de la physique “antiscientifiquement” – et même des mathématiques!)

Attention aussi à ne pas étouffer en étreignant trop fort. Les peuples dits “premiers” sont constitués d’êtres humains, avec les mêmes doses de sottise, de mesquinerie, de méchanceté voire de cruauté pure que les autres!

Simplement, tout cela n’apparaît pas sous la même forme, ou dans les mêmes circonstances. La subordination à des croyances totalement absurdes -je n’ai pas peur de le dire: je n’y crois pas davantage qu’à la transmutation du vin en sang du Christ- les empêche le plus souvent d’accéder au mieux vivre. Non, ce n’est pas un “mauvais esprit” ou un défunt en colère qui donne le paludisme: c’est un moustique!

Je ne parle pas de “progrès” en terme d’acquisitions matérielles allant de l’électroménager à la téléphonie portable. Je parle d’évoluer pour ne pas vivre dans le chagrin perpétuel en perdant deux gosse sur trois, pour ne pas subir la douleur permanente, les parasitoses, les angoisses récurrentes qui mènent au suicide ou à l’autodestruction accélérée, la “douce dictature” du chaman qui, trois fois sur quatre, est un parasite exploiteur de la crainte qu’il inspire tout comme des faux espoirs qu’il suscite, j’en passe et des pires.

Oubliez Jean Jacques et, plus près de nous, ce film à quatre sous qui a eu tant de succès : “la forêt d’émeraude” (que j’adore, sur le plan purement récréatif)

En Amazonie, dans les peuples premiers non “assimilés”, on se gratte sans cesse la tête à cause des poux, le cul à cause des vers, la peau à cause des mycoses (bien content de ne pas avoir la leishmaniose), les yeux à cause des conjonctivites, on tousse à s’en épuiser, on gémit trois jours sur quatre à cause des rages de dent, on souffre de la faim (ou on a peur d’en souffrir) parce que le milieu est tout sauf une corne d’abondance; le paludisme épuise avant de tuer ; on vit dans la peur panique des esprits (des cas de “folie” constatés chez des adultes sains, après une nuit passée dans la forêt sans avoir pu allumer de feu “protecteur”), ce qui mène à des taux de suicide hallucinants et qui touchent chaque génération.
Les vieux, quand ils deviennent improductifs, se couchent dans leur hamac et meurent d’inanition dans l’indifférence générale; l’euthanasie du deuxième jumeau ou de tout gosse suspecté de malformation est chose courante… je pourrais faire péter la bande passante de ce blog en continuant l’énumération.

Le tendre sourire des Amérindiens, que nous admirons? C’est la marque de la panique! Chez des enfants, il précède en général la crise de larmes incoercible… Chez les adultes, il fait craindre le pire, pour lui ou son entourage. Seul le rire éclatant est marque de joie.

C’est d’ailleurs ce qu’exprimait avec infiniment plus de talent et de rigueur que moi (ce qui n’est pas difficile) Claude Lévi-Strauss. cf. “Tristes tropiques” , et surtout “Saudade do Brasil

Moi, je ne fais que synthétiser ce que j’ai constaté de visu en vivant pendant des années au sein d’un “peuple premier” après m’être muni d’un gros cartable rempli de belles illusions (je me console en me disant que la plupart en emmenaient trois cantines…)

PS: il n’existe plus de forêts “vierges” sur la planète ou alors, à dose vraiment homéopathique. Il y a beaucoup de “forêts désertes”, mais l’humain a laissé sa marque à peu près partout. Un regard très exercé le démontre aisément quand on les parcourt.

Benjamin

[Il commentait et répondait à des commentaires de la note : “Les barbares “]
http://jlhuss.blog.lemonde.fr/
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