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Plus belle la vie en Thailande ; la vie en boîte et la « vraie » vie

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Plus belle la vie

Je suis persuadée que nombre d’entre vous n’avoueront jamais regarder ce feuilleton qui se traîne depuis près de 10 ans déjà sur FR3 et que TV5 Asie rediffuse chaque jour avec 3 ou 4 ans de décalage. Pour la plus grande élévation des français vivant à l’étranger et qui sait ? peut-être aussi pour les thaïs qui souhaiteraient améliorer leur français à travers ces histoires alambiquées et sans fin. Pour faire «exotique », on y envoie quelques personnages au Laos ou dans quelque pays d’Afrique où ils  « font » – forcément-  dans l’humanitaire. Sinon, sur place et sur la place, se croisent les créatures les plus fades avec des gangsters brésiliens, des empoisonneurs Guarani, des maffiosi sans patrie, de faux prophètes, des médecins et avocats marrons, j’en passe et pas des meilleurs. Tous ces héros boivent leur cent-millième café servi par une Mélanie qui doit en avoir ras le bol de nettoyer le comptoir du bar.

Oui, j’avoue, je regarde de temps en temps « plus belle la vie » en Thaïlande, sinon je n’en parlerai pas. Même ceux qui écriront « je n’ai jamais regardé cette merde là »  l’ont forcément visionnée à un moment ou à un autre. Cette série, véritable fait de société par son audience est une série non jouée, non mise en scène, non écrite. Elle  regroupe tous les poncifs de la société française. Et j’imagine les réunions de scénaristes à chaque début de semaine préparant l’intrigue de la semaine suivante avec le souci permanent de coller à l’actualité et surtout le souhait que chaque spectateur puisse se reconnaître, « s’identifier » (obsession des producteurs-diffuseurs de la télévision) avec les personnages. Une France qui se regarde se regarder dans un double jeu de miroir.

Je regarde parfois donc, ici à Chiang Mai, non par nostalgie de cette France-là, mais parce que 5 heures de l’après-midi, l’heure de diffusion, c’est le moment où je m’accorde un break d’écriture. C’est aussi le moment où habituellement j’ai envie de me jeter sur un cheese cake au coffee shop du coin… alors « plus belle la vie » me fait patienter avant d’atteindre l’heure du dîner (toujours très tôt en Thaïlande)

Comme j’ai assez bonne mémoire, je constate que presque tous les personnages – mais surtout les féminins –  ont des amants ou des petits amis multiples qu’ils s’échangent, se piquent ou alors leurs infidélités sont prétextes à faire entrer quelques comédiens de passage venus ici faire une « panouille ». Du superficiel, du « ready-made », du pré mâché, digéré et aussitôt oublié. Passe-temps inoffensif ? Pas si sûr. Ce n’est pas parce que ça n’a ni queue ni tête, si saveur si odeur (même pas l’accent marseillais) que c’est inoffensif. Mais c’est ce qui marche en termes d’audience et probablement de satisfaction.

Au fait, pourquoi parler de « plus belle la vie » dans mon coffee shop à l’heure du petit-déj ? Parce que, justement, fidèle de l’endroit, s’y déroulent des scènes de la vie ordinaire, comme dans le feuilleton. Pendant des mois j’ai croisé ici un couple mixte. Insupportable de prétention. Jamais un salut ou un hello, alors qu’ici on se connaît presque tous. Donc elle, très maigre, ligne « princesse haricot vert ». Lui, la trentaine et cet air insupportable du mec qui a gagné à la loterie et exhibe son trophée. Et puis, comme dans « plus belle la vie », il y a eu changement de partenaire. Le jeune trentenaire est devenu un quinquagénaire rond et dégarni. Qui a perdu qui a gagné au change ? I don’t know and I don’t care, tout comme je me moque que la serveuse du bar de « plus belle la vie » aie trouvé, ou non, chaussure à son pied.

Plus belle la vie ? Plus belle la vraie vie ? Je suis spectatrice des deux avec une tendance pour la vraie vie que j’aime photographier avec mon troisième œil. Quant à l’autre, les scénaristes ont peut-être raison après tout… la résumer et la faire tenir dans une boîte de conserve appelée télévision !

24 heures dans la vie d’une femme

Une soirée au consulat, un titre presque Zweigien !

Un peu comme une réponse ou un écho à ma note « PLUS BELLE LA VIE » qui faisait référence au feuilleton du même nom, je recevais, il y a quelques jours  (comme tous les résidents français vivant dans la province de Chiang Mai), une invitation pour une représentation à l’Alliance Française de Chiang Mai, d’une adaptation de Stephan Zweig, « 24 heures de la vie d’une femme ». Initiative culotée quand on connaît le niveau culturel des français vivant en Thaïlande en général (j’attends les coups !! mais je parle sous l’autorité de personnalités rencontrées et à Bangkok et ici à Chiang Mai…) Mes réflexions personnelles ne seraient que pures supputations… que sais-je après tout du niveau culturel français, moi qui ne fréquente aucun français à Chiang Mai ? Est-ce le pays qui veut ça ? le climat lénifiant ? les facilités qu’offrent les bars et les salons de massages, alternatives à la culture ? ou contamination d’un pays où l’on considère comme art majeur la vingt-millionième copie du Bouddha ou des éléphants sacrés ? et où les photographes sont quasiment assurés de recevoir un prix s’ils shootent quoique ce soit qui ait un rapport avec la famille royale ?

Thomas Baude, consul honoraire à Chiang Mai avait bien fait les choses : programme et note explicative sur l’auteur viennois et sur la pièce elle-même. Estrade posée dans le jardin tropical de l’Alliance, face au fabuleux hôtel Chedi le long de la rivière Ping. Tables disposées en demi-cercle autour de la scène. Accueil amical avec thé glacé et gâteau au chocolat « fait maison ».

Il ne faisait pas trop chaud à l’heure où les moustiques se préparaient à leur festin habituel. Il n’y eut pas les trois coups pour annoncer l’arrivée sur scène de Anne-Sophie Jumelle qui jouait le rôle de Madame C. éclairée et mise en scène par David Drai, tous les deux membres de la « Troupe des Deux Mondes » de l’Alliance française de Bangkok mais l’émotion était là.

Anne-Sophie, délicate, fine, regard perçant, moulée dans un superbe costume d’époque, (créé par David), joue la vieille dame racontant un épisode bouleversant de sa vie. La langue de Zweig est sublime, poétique, musicale et vous emporte, dans une autre époque et j’allais dire dans un autre univers – Vienne au siècle dernier – sauf que non, cette nouvelle se passe sur la Riviera en France..

Bizarrement, il y avait autant de Thaïs dans le public que de français. Ce qui m’a réjouie, la langue de Zweig a beau être fluide, la diction d’Anne-Sophie, parfaite, pas facile de suivre les circonvolutions de l’imparfait du subjonctif. Je me suis régalée.

J’entends assez souvent les gens se plaindre et dire « qu’il ne se passe jamais rien », eh bien fallait venir. Mais que représente Zweig face à une soirée entre amis ou en famille ou dans un bar ? eh bien il était possible de faire les deux, car la pièce, commencée à 7 H.30, se terminait une heure plus tard.

Zweig le délicat, l’intellectuel, ami de Freud qui fait dire à son personnage, Madame C : « Vieillir n’est au fond, pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé »…

D’où j’écris – pas mon endroit habituel – quelques représentants de cette génération pour qui vieillir serait plutôt l’oubli du passé, ou plutôt l’illusion de le revivre éternellement !

Blog _3687

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