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Les premières élections libres en Roumanie après la chute du communisme

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Avant la chute du communisme en 1989, les Roumains n’avaient plus connu d’élections libres depuis le 19 novembre 1946. Ce scrutin allait toutefois rester dans l’histoire de la Roumanie comme la plus grande fraude électorale : l’alliance menée par le parti communiste, qui avait en fait remporté à peine 22% des voix après avoir commis plusieurs irrégularités, s’est attribué alors le score obtenu par les partis démocrates, soit 78%. Depuis, ce fut le mensonge qui gouverna les élections, qu’il s’agisse des débats électoraux ou des résultats définitifs. En décembre 1989 la rue avait demandé entre autres, le droit de s’exprimer librement à travers le vote. Les élections du 20 mai 1990 répondaient ainsi aux attentes de la société roumaine, vu les changements apportés par la révolution anticommuniste.

Le sociologue et le politologue Alfred Bulai, de l’Ecole Nationale de sciences politiques et d’administration de Bucarest esquisse le portrait de l’électorat roumain au bout de 45 ans de communisme :
«Mai 1990 fut une époque de grande fougue. Il succédait à un moment qualifié de «révolution», dans l’espace public, même si cette appellation avait suscité des débats. L’enthousiasme impétueux des gens était alimenté aussi par le sittin internationalement connu sous le nom de « Piata Universitatii », Place de l’Université. Un nouveau monde voyait le jour, en ce sens que des intérêts différents commençaient à prendre contour. L’espace public acceptait l’idée d’un changement, tandis que les individus se percevaient comme étant égaux les uns aux autres. . D’où les différences entre l’électorat de l’époque et celui actuel. La présence aux urnes en est elle aussi révélatrice. Les Roumains s’intéressaient à la politique beaucoup plus qu’aujourdhui. Le printemps ’90 était très proche du moment «décembre’89» et la lutte politique et les actions de rue étaient encore très présentes dans la société ».

Ce fut le moment de polarisation de la politique roumaine. Le Front Du Salut National et son leader, Ion Iliescu, perçus comme continuateurs de feu le régime communiste bénéficiant de l’appui de la télévision unique et de celle d’une bonne partie de la presse, ils s’adjugèrent la majorité écrasante des sièges au Parlement. Les Parti traditionnels, National Libéral, National Chrétien – Démocrate et Social – Démocrate, allaient constituer la première opposition politique. Ce fut le début de la démocratie roumaine, marqué par un électorat bouleversé en quête d’identité politique et qui liait ses espoirs d’un avenir meilleur au choix de vote. Le sociologue Alfred Bulai :
“Dans les années 1990, Ion Iliescu avait son électorat à lui. Iliescu menait, malgré lui, une lutte injuste avec les deux autres candidats puisqu’il était le principal représentant du moment 1989, valorisé par la société, et qui affrontait deux personnages plutôt blagueurs. Certes, Ion Raţiu était sympathique, mais il était un excentrique aux yeux des Roumains, pour la culture politique du moment. Après toute une vie passée au Royaume Uni, il promettait d’apporter la démocratie en Roumanie. Alors que dans l’espace public, on affirmait que les jeunes Roumains avaient renversé le régime communiste grâce à leur sens de la démocratie, lui il voulait nous l’enseigner. Ion Raţiu se situait sur une toute autre longueur d’onde. Et puis, il y avait aussi Radu Câmpeanu, lui aussi de retour en Roumanie après avoir vécu en France. Finalement, les services secrets de l’époque ont réussi à décrédibiliser les deux candidats qui ont perdu ainsi tout chance de succès électoral».

Les élections du 20 mai 1990 ont été atypiques de presque tous les points de vue. Les débats étaient acharnés, des conflits ouverts éclataient à cause des sympathies et antipathies politiques. Déroulées le jour d’une fête religieuse orthodoxe, connue sous le nom de « dimanche de l’aveugle », le résultat des élections a confirmé une victoire écrasante du Front du Salut National. L’électorat roumain a voté à l’aveuglette, affirmaient amèrement les sympathisants de l’opposition. Le premier parlement postcommuniste de Roumanie avait réuni non seulement les doctrines classiques : sociale-démocrate, libérale et chrétienne-démocrate, mais aussi des formations écologistes, agraires et les partis ethniques. Alfred Bulai évoque la période de la campagne électorale qui a précédé les élections du 20 mai 1990 :
«Il n’y a pas eu de campagne électorale proprement dite puisqu’à partir du moi de janvier et jusqu’en mai, toute la Roumanie semblait être en campagne électorale. Les idées politiques étaient à l’ordre du jour, la télévision transmettait des infos politiques pendant 15 ou 16 heures par jour. Je me souviens que les séances du Conseil Provisoire d’Union Nationale, fondé le 1er février 1990, étaient transmises en direct, pendant des heures, par l’unique chaîne de télévision de l’époque. Et le niveau d’audience était fantastique. Les gens voulaient absolument s’impliquer ou du moins assister à tout. Descendre dans la rue pour exprimer ses opinions c’était une bagatelle, l’idée de campagne électorale n’existait pas. Le phénomène de la Place de l’Université n’est pas une création des partis d’opposition ; au contraire, ce sont ces formations politiques qui ont rejoint la manif. »/

Les élections du 20 mai 1990 ont revigoré la conscience des Roumains, avides de construire leur propre avenir. A l’heure actuelle, les Roumains ont encore beaucoup à dire et peut-être à regretter aussi.
(Aut. Steliu Lambru, trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

Radio Romania International

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