Découvrir Bucarest, la capitale de la Roumanie, est une expérience étrange et parfois déroutante… Bucarest ne fait pas partie de ces villes, qui aux yeux des touristes, serait considérée comme incontournable en Europe. Pourtant, Bucarest mérite le détours, tant elle est riche d’une mémoire et d’une histoire fascinante, qui ne se traduit pas forcément dans la beauté de ses monuments, mais plutôt dans le chaos de certains contrastes…
Je marche à reculons. Le décor disloqué de la Bucarest d’aujourd’hui, l’ancien « Petit Paris des Balkans », s’éloigne, à moins qu’il ne s’impose avec force. Des images qui plaisent, en couleurs sépia, une histoire de rois et de reines dans une Bucarest riche; puis la mémoire flanche et viennent des souvenirs éclaboussés de sang, des bougies et quelques fleurs séchées pour signifier l’Espoir. (photo Bucovine.com)
« Viens donc cheval, viens, chien ! Terrestrement, Frappons, fourbus, des poings contre la terre. »
De ce poème qui se veut une formidable incantation, où se mêlent l’argile et le ciel, l’amour des créatures et le sang, la nostalgie de Dieu, l’errance, l’insoumission, la douleur, l’espièglerie, l’absolue célébration de la beauté et de la laideur du monde, transpire une Roumanie que j’aime d’une tendresse féroce. Quelques petits tours d’Histoire sur des airs de musique folklorique, Souffrance et Compassion, brutale Oppression, Asservissement, Rugosité et Chaleur des gens, Avilissement, Impatientes, Misères, Attentes angoissées, Songes, Fracas des armes ou Souvenirs à vif du sang versé antan, Deuils à retardements ou Détresses, je sonde ces deux vers qu’un jour m’a envoyé mon ami Dan et qui m’ont à leur tour sondée en découvrant Bucarest.
Bucarest ou le présent investi du passé
Je marche à reculons. Le décor disloqué de la Bucarest d’aujourd’hui, l’ancien « Petit Paris des Balkans », s’éloigne, à moins qu’il ne s’impose avec force. Des images qui plaisent, en couleurs sépia, une histoire de rois et de reines dans une Bucarest riche; puis la mémoire flanche et viennent des souvenirs éclaboussés de sang, des bougies et quelques fleurs séchées pour signifier l’Espoir.
Laissons encore un peu se dénouer les temps heurtés de Bucarest sur une promenade lente que j’ai vécu avec l’ardeur de l’étrangère déjà fascinée. Bucarest m’a donc été donnée à travers des amis tout d’abord par lettres aimantes et cartes postales. A l’époque en 1985, je recherchais avidement dans le monde entier des personnes pour pratiquer ce qui était déjà un besoin très fort d’écriture et d’échange. C’est la Roumanie qui m’a répondue. Nicoletta avec qui nous nous sommes écrit quelques années, avant que la Révolution de 89 ne nous sépare avec une dernière missive désespérée demandant de l’aide puisqu’elle avait tout perdu que tout échange est resté impossible par la suite, par manque d’argent.
Je l’ai ensuite découverte par les yeux d’un ami, Dan, qui séjournait dans ma ville pour ses études et vouait à son pays un attachement sans borne qui m’a contaminée. Combien de fois m’a-t-il narré Bucarest, avant de m’y guider avec un regard critique, d’amoureux sans concession ? Cette ville, dès lors, ne m’a plus lâchée et je ne saurais vous expliquer ce que j’éprouve en vous en parlant. Je l’ai aimée pour son silence cassé par le chant lancinant des tourterelles, pour ses paysages architecturaux mélangés d’audaces staliniennes et de lourdeur bétonnée, contrastant avec le charme désuet de rues enchevêtrées bordées de demeures bourgeoises très délabrées pour ses jardins tristes et ses balcons ouvragés et rouillés. Je repense à ses grandes avenues quasi désertes par endroits qui témoignent de l’ordre policier toujours très présent en Roumanie et qui se joue du touriste en effectuant des contrôles inopinés ou inventant des fautes de circulation pour se donner un sentiment de puissance sur l’étranger.
Bucarest est présente d’un présent investi des passés ; mémoire sombre des années communistes ; les mêmes années qui souvent suscitent le rejet chez les interlocuteurs à qui je confie mon attrait pour l’Est ; mémoire dorée d’un âge réinventé de l’entre-deux-guerres. Nous cheminions à l’écoute des passés qui s’articulaient dans une oscillation portée tantôt vers la nostalgie, tantôt vers la colère contre eux…
A lire les récits de voyage de dilettantes ou missions journalistiques, culturelles et politiques, à suivre les images qui se répètent d’une Bucarest empreinte de maléfices et de charmes, exposée et secrète, émouvante et répulsive, on pourrait se demander pourquoi cette ville des Balkans qui s’est voulue européenne, choque. Peut-être est-ce le décalage entre une prétention à l’Europe sans cesse renouvelée et un vécu qui ne l’est que partiellement, qui intrigue et crée le malaise.
Le malaise du voyeur – sentiment sue l’on peut avoir en pénétrant en Roumanie – est mêlé de fascination. Bucarest défie tout en se faisant versatile et multiple quand le touriste débarque dans ses rues. Il semble que chaque mutation d’importance, les années 20 et la formation de cette Grande Roumanie qui justifie une vraie capitale rénovée à l’échelle des ambitions politiques, les années 30 et le règne du Roi Carol II qui bouillonne de désirs, de projets politiques et architecturaux, les années soviétiques, puis les années Ceaucesecu, aient conduit à des remises en forme et des recompositions de style qui n’allaient pas jusqu’au bout. La volonté politique et architecturale est piégée et trouble autant qu’elle saisit.
Visiter Bucarest à pied : un parcours à rebours
Dan, venu nous chercher à notre hôtel trouvé par un office, nous propose une virée à pied. Courir de tous nos sens dans tous les sens, avec cette ivresse et cette hébétude qui en découd avec la méfiance et l’anxiété que j’avais eu après mes lectures et les mises en garde. Le parcours à rebours serait une manière de suivre, d’approcher et de comprendre la mise en oeuvre passionnée de ces châteaux de cartes qui s’écroulent ou sont accaparés par de nouveaux maîtres qui rêvent autrement la logique de la beauté et de la puissance. Ils abandonnent, détournent ou tentent de détruire le passé et la ville s’agrandit, s’embellit par espaces désarticulés, par pans juxtaposés.
Bucarest est la ville des obsessions, infrangible et fiévreuse. Nul n’échappe aux choix ni aux vestiges du Passé si prégnant. On lit partout cette hâte de construire plus et mieux pour l’effacer en sachant que rien n’y parviendra, tandis que nul n’échappe à la tentation de regarder ailleurs et de chercher des inspirations autre part, vers l’Ouest Européen ou vers l’Est Soviétique. La dynamique de Bucarest déroute et plonge dans l’émerveillement ou l’agacement.
Selon que l’on se laisse aller ou se rétracte, notre regard oscille et s’insurge, s’attendrit ou se débat dans l’impuissance du spectacle de l’une des villes les plus pauvres d’Europe Centrale et Balkanique. Sans a priori ou presque, j’aborde une terre dont je sais que je vais avoir mal d’apercevoir de loin le mal qui y règne et qu’elle va aussi me plaire à l’infini. Dans le concert de klaxons et le ballet discordant des véhicules, je fonce sans me poser de question à la rencontre de Bucarest, faillible, si imparfaite et attirante.
A Bucarest, l’inconfort est latent, la ville évolue entre le volontarisme et la précarité ; l’exaltation lente émane de ces paysages qui ne se recoupent pas, de ces architectures qui s’entre-choquent sans finition. Elle est le produit de désirs passionnés de quelques uns et de l’adaptation tranquille ou résignée de ceux qui l’ont investie. Elle est tout à la fois un peu gauche et rurale, mondaine et tapageuse, soviétisée dans une rigidité des formes et une grande propreté stalinienne et défoncée par la planification de Ceaucescu. Bucarest est le fruit de ces chocs et d’un intense besoin de survivre, de vivre tout en traversant l’angoisse de ne vivre qu’à côté, la peur d’être mise de côté. Difficile de mieux résumer son esprit si ce n’est le besoin, l’urgence, des ex-voto, des croix et des banderoles, des grisailles, des abandonnés et des foules turbulentes affairées.
Bucarest post communiste entre modernité et pauvreté
Les Bucarestois redoutent d’être les-laissés-pour-compte de la transition post-communiste et quand on approche la ville par la route nationale chaotique que l’on a entamée à Timisaura, on comprend mieux ce sentiment. Ville communiste pauvre, elle repousse de tous ses forces et déteste aujourd’hui cette pauvreté si étrangère aux grands desseins qu’elle avait. Contemporaine, elle se définit et s’accomplit dans la réactivité ; se forgeant par secousse une identité en un espace où la population doit s’adapter plus que jamais à des impératifs extérieurs. Il faut être occidentalisé à la fin du 19è siècle, lorsqu’on a vécu sous suzeraineté ottomane et qu’on est devenu un Etat-Nation en 1878 sous la férule d’un prince Hohenzollern, parisianisé dans les années 20 quand on entre dans le camp des démocraties victorieuses et que la paix s’est négociée à Versailles, se donner un style de pompe fascinante à la fin des années 30 dès qu’on penche vers une nouvelle Europe voulue par Hitler. Il faudra se soviétiser, bâtir sous injonction de Moscou lorsque Moscou gagne la guerre en 45. Il sera bon de regarder Ceaucescu gesticuler et déployer l’arrogance du faste quand un chef d’Etat était accueilli, alors que déjà l’ère de la décadence rendait la pauvreté irréversible. Les blocs construits depuis les années 60 se délabrent offrant des paysages béants. Comment vs parler des ampoules électriques dans les entrées qui sentent la saleté et disparaissent pour qu’un habitant affamé se paie un pain à l’épicerie du coin, des ampoules qui ne manquent plus tant le vol est une habitude ?
On a du mal à croire à ce qu’on voit. La pauvreté alterne avec la modernité exubérante. Le Mac Do du boulevard Magheru qui est sans doute le signe d’une distinction locale contraste avec les petits restaurants, ouvrant sur des cours et des jardinets. La ville laisse aller la fatigue terrible des pauvres et des mendiants à tous les coins de rue et une voracité heureuse des autres. C’est comme une plongée en apnée dans une modernisation effrénée qui l’assaille de l’Ouest avec les fast-foods et les grandes surfaces arborant les marques de luxe et de l’Orient avec ses Pakistanais, ses Turcs, ses Kurdes et ses Ukrainiens réfugiés. Que cette vague nouvelle ouvre un champ de libertés anarchisantes !
A l’image des villes d’Europe de l’Est, Bucarest est mise en pages dans ses oppositions. Elle se veut la ville de la discontinuité, mais surtout une ville enracinée dans le Temps, sacrée par sa volonté de croisade résistante contre les Ottomans ! On y découvre son origine légendaire ; celle de la geste du Berger Bucur qui mène son troupeau dans la plaine de la Dimbovita, édifie une chapelle, abrite sa famille et ses brebis. Elle a ses architectures qui veulent instaurer le sens et construire une représentation synthétique de la ville dans le méandre des juxtapositions contemporaines et de ces gestes de défi face à un passé qui ne passe pas. Bucarest a été voulue, agressée par la volonté restauratrice et destructrice de Ceaucescu qui l’a décentrée et la coupée par le partage de la petite rivière Dimbovita. Il a installé son palais du Parlement gigantesque et l’avenue qui lui fait face d’Est en Ouest ; les artères de la ville allant traditionnellement du Nord au Sud. Si sa disparition a condamné l’arbitraire, les architectes rêvent une Bucarest réunifiée, harmonieuse et réintégrée. Les lieux se sont peuplés. Les beaux immeubles blancs farineux ont jauni. L’avenue qui part de l’édifice s’est animée, bordée d’arbres qui ont poussé, de pelouses à l’herbe rêche, sale et mal entretenue que tout le monde parcourt sans attention. Quelques chiens abandonnés s’aventurent et nous suivront tout au long de la ballade.
Bucarest ; une capitale à la vitalité paradoxale
La Bucarest d’aujourd’hui (en 2000) est une ville pauvre avec ses chiens errants, ses enfants des rues, des gares et des égouts que l’on voit parfois à la télé quand notre Europe se penche sur cette Europe dédaignée par l’oeil d’un média condescendant ou voyeur. Elles sont des milliers, ces ombres, livrées aux affres de la ville impitoyable. Les enfants des rues mendient, volent, fument, se droguent. Ce n’est pas comme sur l’écran pendant 2 min de reportage, c’est pire! Un violent sentiment de nausée nous gagne et nous secoue avec cette impression de nous plaindre toujours pour peu de chose quand un rien va de travers. Ils sont partout ces enfants maigrelets, avec des visages sans âge, des regards de verre à la fois tristes et parfois malicieux qui nous sautent dessus sans nous lâcher d’une semelle. Ils appartiennent à cette ville où la violence est masquée et les rythmes étranges d’un temps désarticulé saisissent de plein fouet. Et c’est comme une fuite en avant vers la modernisation hâtive et tonitruante qui chasse ces ombres faute de pouvoir les cacher et croise les retours en arrière nourris de la nostalgie d’une Bucarest autre qui fut ou aurait été meilleure comme l’imaginaire collectif l’avait érigé dans ses mémoires en Petit Paris des Balkans.
Bucarest est tendue et gronde. C’est une capitale en chantier se cherchant par à coups et grands travaux qui ont fait pousser de vastes centres commerciaux financés par le capital étranger comme l’énorme World Trade Center. La poussière mord les yeux quand souffle le vent. On se heurte à des femmes tsiganes mendiantes qui nous harcèlent pour nous vendre une cigarette ou demander quelques sous ; puis on longe une parfumerie luxueuse qui affiche en vitrine des rouges pulpeux des publicités de parfumeurs pour patauger quelques mètres plus loin dans la boue d’un marché paysan avec des gens en costumes traditionnels. A la fin Septembre, elle réserve pourtant des automnes fous qui jouent les ors et la lumière douce, grisée, irradiée par les tourterelles. Peut-être vous demandez-vous pourquoi ces oiseaux m’ont tant marquée ? Sûrement parce qu’ils étaient comme un signe d’apaisement dans cet univers presque barbare où mes idées et ma vision du monde se chahutaient sans tout comprendre, même si j’avais la chance d’avoir un guide de choix pour orienter mon regard sur ce que d’ordinaire je n’aurais pas cherché, interprété, ni même cru voir.
Car Bucarest est la ville du chaos et d’une forme paradoxale de vitalité, dans la mesure où l’on meurt jeune en Roumanie. La vie joue les contrastes. Les enfants qui traînent dans les rues sont là pour témoigner du malaise et de la crise, 13 ans après la chute de Ceaucescu. Bucarest n’est pas une ville de détente ou de jeux, pas même pour les petits. Les jeunes sont bruyamment visibles, jeunes filles très maquillées, mini jupes très mini et hauts talons compensés, le mobile à la main. Les petits enfants manquent et rares sont les poussettes. On remarque des gavroches, cireurs ou laveurs de carreaux utilisés par les mafias locales, qui le bonnet de travers, comptent leurs liasses de billets usés en souriant de bonheur. Le passage des enfants à Bucarest est éphémère.
Bucarest, la mémoire de la nostalgie
La mémoire a la nostalgie des pompes du communisme, la mémoire hantée par un mélange d’espoir et le choc de la tragédie. Bucarest est une ville malade qui se réveille ; les uns accusant le passé, les autres le mal communiste ou une transition qui dure trop pour trouver la voie de la normalité et gagner les galons permettant d’intégrer l’Union Européenne. Même si l’on connaît peu l’histoire du pays, on ne peut ignorer les événements de Décembre 89 qui virent se dérouler la fameuse Révolution balayant la dictature. Le paysage urbain n’en porte que peu de traces si ce n’est une ambiance fanée, place de l’Université, où se déroulèrent l’essentiel des manifestations et un cimetière avec ses héros ! L’Université inaugurée en 1869 reste emblématique : du petit balcon de pierre, les orateurs, poètes et dirigeants du mouvement étudiant de la Révolution ont été scandés par la foule. Dans un coin, contre le mur, une croix de bois à moitié cachée par des bouquets de fleurs séchées dans la poussière et des chandelles vacillantes à la mémoire des victimes des journées.
Lieu de deuil comme de triomphe, la place est laide et composite avec d’un côté un bâtiment massif et sombre qui côtoie le gratte-ciel déplacé de l’hôtel Intercontinental dont les 80 m s’élancent au dessus du sol, sans charme. Au centre, une petite croix de pierre. De l’autre côté, à l’entrée du boulevard, tout proche d’une boutique qui vend de tout, cigarettes, dentifrices, sacs et bottes de cuir, vestes en toile de jean, une autre croix que l’on dépasse pour s’attarder plus loin devant la devanture d’une bijouterie de luxe où l’or s’étale sur des planchettes blanches. Car la frénésie de l’or a envahi une ville qui se plaignait autrefois, à mots couverts, de l’amour de son chef d’Etat et de sa femme pour le doré.
Plus loin des Tsiganes vendent des fleurs à des prix exorbitants ! La circulation sur le boulevard Magheru est intense, incohérente et très rapide, constituée essentiellement de R12 branlantes tentant des pointes de vitesse bruyantes. On gagne la Piata Unirri par des escaliers roulants et un passage souterrain aménagé par une société italienne avec tout au long des boutiques agréables et achalandées où la richesse s’étale en pointillé dans les bijouteries, parfumeries de luxe et autres magasins de vêtements aux vendeuses aguichantes, des MacDo qui font rage, des snacks à l’odeur de graisse tenace, des boutiques de Donuts laissant émaner des senteurs caramélisées. Le photomaton est l’attraction du lieu et toutes les gamines s’y pressent pour prendre des clichés qu’elles admirent.
Le boulevard Magheru conduisant à la Piata Romana est une artère sécurisante à l’ambiance bon-enfant. Sur le trottoir, devant l’Intercontinental peuplé de riches étrangers se réunit un Fonds des artistes plastiques qui proposent des vases, sculptures en verre teinté, carafes, bracelets de cuivre aux lignes torturées, peintures de bois naïves, de la vaisselle de Bohème et des imitations d’icônes anciennes. Dan nous propose de nous petit-déjeuner, rue Rossetti, dans un café vide à l’inspiration italienne, avec un effet esthétique un petit peu bâclé, qui propose des tables nombreuses entourées d’un bruit interdisant toute conversation et une variété de sandwichs et petits gâteaux très bons dont le Bucarest praliné. Nous sommes près de chez Dan qui souhaite nous présenter à sa famille.
Partout, il reste des immeubles de l’après-1ère Guerre Mondiale en leur temps audacieux dans leur architecture et élégants, aux façades complètement noircies dont les balcons s’écroulent à moitié, les portes d’entrées vitrées sont cassées, brisées depuis toujours. D’énormes poubelles en fer, débordantes d’ordures trônent dans ces entrées dont on pourrait dire qu’elles ont de beaux restes si elles étaient moins sales. Il faut oser, pénétrer, ne pas se heurter aux énormes poubelles et choisir entre un escalier dont les marches se déchaussent ou un ascenseur qui craque et dont la portière qui bat, provoque 1 fois sur 2 l’arrêt entre 2 étages.
Ici au dernier étage d’un immeuble des années 40 très endommagé par le tremblement de terre de 77 habite la famille de Dan, une famille de 6 personnes qui pourtant vit avec un salaire de misère (2 millions de lei, 100 / mois) alors que le père Gheorghiu est ingénieur, la grand-mère Elena ancienne institutrice ! Il faut se laisser aller, dit-il comme pour nous rassurer en voyant que nous sommes gênés de son invitation ! Dans l’appartement d’amis, il faut faire comme chez soi!
En sortant de l’ascenseur de fer gris sans norme de sécurité, aux allures de bloc qui menace de s’effondrer au moindre assaut d’une bourrasque, on pénètre dans un appartement bas de plafond, dont les portes semblent faites de carton, pour découvrir une antre. On se laisse surprendre : lampes anciennes, lumières diffuses, tapis au sol sur du carrelage bleu et sur les murs, icônes de collection et peintures contemporaines sur verre. On est saisi par une émotion poignante qui naît de ce contraste entre le dedans et le dehors ; l’absence de repère trouble et ravit. Car ce lieu d’esthétisme intime est suspendu et flotte dans un espace précaire. Où est la vérité de cette ville ?
Dans la fidélité à ces décors anciens inspirés des intérieurs des églises byzantines feutrées ou dans la laideur indifférente de ces constructions hâtives, mal finies ou non entretenues ? Les Roumains sont étonnamment ouverts, généreux, d’une gentillesse désarmante : ils nous embrassent sans nous connaître, nous serreraient presque dans leurs bras, nous offrent leur maison en sachant peu de choses de nous. Les vêtements suspendus dans une entrée minuscule gênent le passage pour pénétrer dans un salon rectangulaire et étroit dont les baies ternies ouvrent sur le boulevard. Un vieux canapé siège au milieu du salon avec une table carrée en fer, une petite télé en noir et blanc et un poste de radio des 50 au moins sur une tablette.
Discrètement, on devine les chambres : celle des fils avec un lit superposé faute de place et celle de la grand-mère remplie de cadres anciens, – les parents couchant sur le divan pliant où nous sommes installés -. Dans le fond, une salle de bain en rénovation, signe absolu de richesse que tout le monde envie dans le bâtiment jouxte une minuscule cuisine. La maison n’est pas vécue comme une prison, un lieu d’isolement, ni de séparation ; elle est l’abri contre une vie sociale qui pour des raisons multiples, fait peur. On s’abrite et cohabite à plusieurs générations à Bucarest car la grand-mère, veuve depuis des années, n’a pas les moyens de se loger et il faut économiser et mettre l’argent de la famille en commun pour faire avancer Nicolae, le jeune frère prometteur désireux de devenir ingénieur comme Dan. Tous parlant parfaitement notre langue, très vite, les récits se multiplient pour raconter la vie de la famille, les difficultés de la Roumanie et ses ambitions, ms aussi les suicides nombreux de ceux dont les petites maisons furent rasées quand Ceaucescu mit en oeuvre la systématisation de la ville ou ceux qui furent expulsés car ils étaient chômeurs, sidéens, tuberculeux, ou porteurs d’autres maladies honteuses… Le café que nous sert Ghiorghetta, une voisine venue également nous accueillir et qui se trouve être la tante de Dan, nous aide à compenser notre sentiment d’impuissance.
Chez Dan, nous sommes loin des silences méfiants de Sarajevo et c’est une affectivité immense qui vibre. Malgré des fins de mois difficiles, Gheorghiu insiste pour déjeuner dans un petit restaurant à quelques enjambées, que tient un vieil ami d’école, Ioan. Tandis que nous pénétrons dans un restaurant exubérant de musiques et de chansons traditionnelles, la conversation s’engage avec le patron sur le ton du tutoiement. S’ensuit une vive satisfaction de nous voir ingurgiter avec un plaisir manifeste une boisson rose très sucrée en guise d’apéritif. Tout au long du repas, il en sera ainsi, dès que nous goûterons chaque mets et aucun des serveurs ni le patron ne se départiront de l’inquiétude que quoique ce soit ne nous convienne pas jusqu’aux exclamations de contentement collectif. Ion nous a offert ce repas pour nous remercier de venir découvrir son si beau pays, méjugé et stigmatisé par les orphelinats, les mendiants, les ventes de mineurs prostitués et les groupes de voleurs tsiganes simulant dans les pays riches des infirmités pour pouvoir retourner chez eux construire des châteaux. Rassasiés, nous poursuivons la ballade vers les quartiers moins reluisants…
Bucarest ou le chantier perpétuel
L’impression d’inachèvement et de perpétuel chantier est prégnante dans la Calea Victorei où se situe notre restaurant, le Pentru Prieteni au nom significatif (Pour les amis). Nous sommes sur l’une des artères qui fait figure de lieu de mémoire de lieu de mémoire dans le centre ville. La rue traverse la vaste Place de l’ancien Palais Royal transformé en musée et qui s’honore d’un grand hôtel construit en 1912 par un architecte Français. Renommée place de la Révolution, il n’y a pas de souvenir, pas de croix ms des chiens errants. Le plus souvent ces chiens sommeillent, pacifiques, résignés ou plus hargneux. Certaines personnes âgées les nourrissent, émus par les portées des chiots. Les chiens sont plaints, protégés et redoutés. Ces dizaines de milliers de chiens de Bucarest que l’on se refuse à éliminer et dont la stérilisation coûterait trop cher sont fameux, puisqu’ils ont fait parler notre Bébé Nationale qui luttait contre leur euthanasie! Ils sèment la terreur ; chacun évoquant une histoire de morsure même s’ils semblent de bonne foi. Cette image d’une ville hantée de chiens vagabonds est nouvelle. Les chiens étaient tenus ou éliminés sous le communisme, ms là, elle renvoie à l’époque de Pasteur et des chasses aux chiens faites par les Tsiganes.
La peur est diffuse, étrange à Bucarest. L’ancienne peur dont nous parle la famille de Dan a évolué et s’est muée en inquiétude qui émane de ce que l’on sait et de ce que l’on ne veut pas savoir. Le dévoilement et l’émergence en pleine lumière de phénomènes autrefois cachés ou limités à des milieux très protégés font vaciller une opinion habituée aux apparences vertueuses du moralisme communiste. La floraison des casinos, l’ouverture des boîtes de nuit et la publicité pour les spectacles de strip-tease masculin réservé à un segment de riches femmes entretenues de High Life laissent perplexe, autant que tous ces petits restos ou magasins qui dissimulent des réseaux mafieux en toute impunité. Il faut faire attention où l’on met les pieds à Bucarest, car la corruption et le danger d’être volé st omnipotents. Plus diffuses, les peurs liées à la détérioration des conditions de sécurité dans la ville et la pression des populations immigrantes venues s’installer sur cette plaque tournante.
L’une des images sans doute les plus désolantes c’est que Bucarest craint ses propres enfants. En dépit du nombre impressionnant d’avortements, les enfants de la pauvreté, le visage souillé par la poussière que soulève le vent, envahissent certains quartiers, se baladant le regard tantôt vide tantôt à l’affût d’une proie à plumer. Ils sont sans chaussure, habillés des mêmes guenilles à longueur de saisons y compris dans le froid glacial de l’hiver ; les garçonnets portant parfois de vieilles robes, faute de mieux. Les rats sont sortis, me dit Dan. Murmures, tensions extrêmes. Les rats, c’est le nom que leur donne les habitants avec une gêne mêlée de honte, de mépris mal dissimulé. L’expression me choque et traduit une impression de saleté répulsive et d’amertume. Ce sont des enfants abandonnés (+ de 5000 paraît-il) qui peuplent les sous-sols de la gare du Nord et ses alentours, les enfants des rues, orphelins ou abandonnés par manque de moyens, les enfants de Caeucescu qui attaquent avec l’instinct de survie des chiens fous. La police surveille, armée et violente, ms reste impuissante malgré une razzia de temps à autre qu’on observe de loin avec quelques pincements au coeur et surtout un réel effroi. La gare du N avec ses enfants-voleurs, ses drogués, s’est transformée en une sorte de lazaret même si une société privée de gardiennage donne une plus grande impression de propreté dans la journée.
Bucarest, entre démolitions et reconstructions
Bucarest est une ville qui change et bouge de démolitions en reconstructions, de vagues de populations à d’autres et pourtant elle demeure dans une sorte d’incantation du souvenir, une permanence des nostalgies et des références. Pénétrée d’une durée qui stagne, la ville semble se raconter plus qu’elle ne se vit, peut-être parce qu’elle se vit mal et souhaiterait se vivre mieux. Une disparition contemporaine, une sorte d’effacement, un souvenir nostalgique pour les uns, répulsif et honteux pour les autres est celui de la communauté juive que nous rappelle Elena la grand-mère de Dan. Tout proche du marché Amzei, on longe la synagogue fermée par une grosse serrure, figée, morte, désertée.
Les Juifs de Roumanie et de Bucarest ont disparu; passés de 800 000 en 39 à 9500 en 90 ! Ce sont des vieillards que l’on voit circuler autour de l’imposant Temple Coral, se frayant la voie entre les trams, portant de longs manteaux sombres, de longues barbes et cheminant la tête enfoncée sous leurs chapeaux noirs. Ils n’ont rien à dire ni sur le présent, ni sur l’époque. Ils ont de la famille dans le monde entier ms la défaite et la destruction de leur communauté s’impose comme triste constat en dépit des privilèges dont les membres sont censés avoir bénéficié avec le troc sous forme d’arrangements secrets entre services secrets roumains et israéliens. Plus rien non plus des belles années 20 où le boom économique avait permis la multiplication des boutiques d’artisanat, d’étoffes en gros et les magasins luxueux comme la Belle Jardinerie du quartier Lipscani. Pas davantage de traces de la crise des années 30 s’accompagnant des premières répressions et des pogroms qui ne sont révélés (enfin après 40 ans) que par des ouvrages d’histoire longtemps interdits et qui ont eux-mêmes suscité scandales et contre-réactions violentes.
Aujourd’hui encore, des courants nationalistes extrémistes qui déjà font subir brimades, humiliations et ségrégations aux Tsiganes dénoncent bruyamment les sémites en appelant à leur complète disparition. Comprendre l’histoire de cette communauté disparue, c’est observer la désertion d’un temple immense et démesuré, c’est se promener dans un quartier d’échoppes à Lipscani et chercher en vain la trace d’un commerce juif, rechercher en vain aussi les images du Lipscani des années 30 animé et grouillant de monde que nous montrent les livres. Quand ils ne sont pas morts dans un camp, des Juifs de l’exil ont déserté dans la douleur et cette douleur nous est transmise avec comme prière secrète d’en confier la mémoire à tous ceux qui ne peuvent imaginer ce que l’on voit et ressent si fort à l’intérieur de nous.
Pour marcher vers la Piata Unirii et Dudesti, le quartier juif, on longe l’église Stânful Gheorghe Nou bien chauffée et éclairée avec ses images saintes, ses très laides petites icônes rectangulaires et ses images de papier durcies montée dans un cadre fragile. Les habitants se signent devant leur église et malgré la dictature de Ceaucescu l’Institution-Eglise notamment Orthodoxe n’a jamais été écrasée, restant vivace si l’on en croit le nombre de livres de théologie à nouveau autorisés qui habillent les vitrines de librairies. On traverse une zone à demi démolie, apercevant au loin un ensemble d’immeubles récents et une longue avenue qui monte vers le Palais Ceaucescu, nouveau logement Parlement. Voilà qu’apparaît soudain le Temple Coral (dont les Bucarestois interrogés dans la rue par curiosité juste pour observer leurs réactions étonnées) ignoraient même l’existence, il y a quelques mètres de là ! Il ne reste dans la cour qu’un modeste monument dressé en mémoire d’une communauté de 600 000 Juifs disparus.
Échos de la révolution à Bucarest
A ces disparus font écho d’autres victimes : celles de Décembre 1989 … Dans cette zone particulièrement laide et déserte, parfait repère des rôdeurs le soir, le calme douloureux et la dignité règnent au cimetière des Héros de la Révolution qui est contigu au grand et vieux cimetière Belu mis en place au temps de l’administration russe. Ce dernier est mal soigné mg les monuments de pierres imposants parfois brisés, les chapelles familiales aux grilles rouillées, les tombes de style pompeux néo-classique accueillant les plus fortunés, les dignitaires communistes et les artistes. A Belu, le temps s’effrite avec une sorte de misère médiocre qui colle à ces lieux autrefois voulus comme une célébration de la Mémoire.
Le déclin est perceptible et palpable partout, y compris dans les musées du Village ou du Paysan rappelant combien Bucarest fut quand même une ville d’Intellectuels. Dans l’espace des Héros il y a nul passant, ni visiteur ms un garde. On ne voit à l’entrée que la raideur militaire de l’architecture du lieu sans doute de manière à clarifier en surface ce qui reste encore de nom éclairci + de 10 ans après la Révolution : le rôle, les lieux, les moments exacts obéissant à l’hymne LIBERTETATEA NOTRA. Au fil des récits lancinants d’Elena, se dressent des allées toutes droites avec leurs croix blanches sombres encore marquées du sang des rêveurs. Se penchant sur les photos des défunts, on imagine ces victimes civiles et militaires, au destin broyé par la poursuite de l’espoir de liberté roumain. Et défilent des visages figés de tous âges et toutes conditions dont la mémoire est gravée par quelques lignes des familles dans la croix ; Nu pot sta în casa când omeni moor pe strada (je ne peux pas rester à la maison quand des gens sont morts dans la rue).
Des pans de ciel mauves vers 20h s’agrippent aux carcasses des immeubles dont certains sont démolis ou inachevés. Cliché du mur latéral qui plaque par plaque, donne la mesure de la réalité brutale d’une autre Bucarest. Nous nous apprêtons à nous séparer après cette 1ère journée éprouvante au travers de cette ville d’âmes emprisonnées, de vestiges nostalgiques, de rêves brisés, de vertigineuses réalisations si symboliques du mirage de l’Occident ! L’ambiance de fin et d’aurore du monde a disparu, mg des ombres pénétrantes ou des taudis dont les entrailles abritent des miséreux. Bientôt la nuit s’empare de tous les formes tant les réverbères, peu nombreux ou peu utilisés, se font les alliés jaloux de l’ombre.
Et dans le fond des souvenirs que je garde et des continuités des rêves de gigantisme roumains si souvent avortées, avec le défilé des images de l’Hôpital infâme que nous avons vu, des images insistantes du jardin de Starda Icoana, de la Gare du Nord avec ses âmes du Néant, du quartier Juif, des nouveaux quartiers de la Bucarest de la transition et d’autres images encore de pénombre de l’hôtel Athénée Palace où nous dormions, il reste une phrase : Nous sommes malheureux parce que nous ne savons pas ce que nous désirons mais savons nous ce que nous désirons ?. Peut-être une forme de sérénité et de paix qui se cherchent à Bucarest. Ce jour où nous nous sommes confrontés à la capitale, les calea ruisselaient de soleil sous une chaleur de plomb, mais notre regard sur le monde a profondément changé.
Quels souvenirs aurions nous gardé si en plus de ces instantanés émouvants et souvent effrayants le brouillard, le vent et le froid que subissent les pauvres avaient assailli nos corps ?
Ecrit en 2001.
Pas aimé du tout en 1998
Je n’ai pas aimė les gens!
j’aime beaucoup tout ce qui n’est pas facile d’accès, les villes où la beauté ne s’impose pas et est même assez dissimulée et je n’ai pas été déçue… Après il ne s’agit pas de dire que j’ai aimé la ville en soi, j’ai apprécié surtout l’expérience que la ville m’a imposée…
Ville historique, avec un patrimoine exceptionnel …. Plein de photos en perspective !
Un patrimoine en voie de disparition… La course aux profits des investisseurs de l’immobilier fera-t-elle mieux (ironie) que le communisme de Ceaucescu?
Je te comprends Florence, je crois les avoir encore moins appréciés en 2009 quand j’ai redécouvert Bucarest avec Dan…
J’y suis aller en 1996, j’ai bien aimé le musée Satalui (Maisons paysannes roumaines).
Effectivement était le seul musée accueillant et intéressant ,celui des Beaux. arts présentaient de très beaux Grigorescu mais dans des salles tellement délabrées ,et le personnel était glacial,pire au Musée Historique.Tous les grands hôtels au style intéressant étaient aux mains des souteneurs et des prostituées ,le château de Bran fermé.La cuisine était rudimentaire et le service lamentable ,voire irritant et irrévérencieux .Je ne suis pas pimbêche ,snob ,ni difficile
Le texte date de 2001 et beaucoup de choses ont changé depuis! Bucarest reste une ville attachante et contrastée avec de splendides immeubles, des cafés très sympa et une vieille ville en train de renaître. Non Bucarest reste une ville à découvrir !
Bucarest est le capital de la Roumanie,mon pays natal
, une grande ville dans le sud du pays. Elle compte environ 2.5 milions personnes.
Bucarest est une ville vraiment belle, comportant le mélange impossible de différents modèles d’architecture. Vous pouvez rencontrer le palais de type gothique et la construction de Stalin-période-modèle voisins à la même rue avec la tour poteau-moderne d’hôtel du béton et du verre.
à la différence de New York ou Chicago, la structure de la rue n’est pas parallèle, mais plutôt comme une étoile, ainsi rue comme étoile faisceau rond cirque, ainsi former des blocs des différent forme – trois, cinq, six-coin bloc, mais non rectangulaire. Ceci influence la forme de bâtiment et crée des vues très peu communes.
L’architecture de temps de Ceausescu tend au gigantism et à la supériorité. Ses palais sont ÉNORMES, vraiment ÉNORME. Le palais de la République a été conçu pour envahir le bâtiment du Pentagone et la pyramide et lui de Cheops . C’est si énorme et reste sur le territoire tellement grand que vous ne pouvez pas même identifier sa taille en raison de l’illusion optique.
Et le boulevard que mène à lui est plus large que Champs-Elysées à Paris. Le plus loin du centre de la ville, plus le territoire est couvert par de beaux parcs. Herastrau est le plus grand et je pense qu’il est au moins deux fois plus grand que le parc central de Manhattan. Encore, en parcs ils mélangent le modèle ‘ civilisé ‘ français à la simulation anglaise de faune.
Sur des places, vous pouvez trouver beaucoup de copies des sculptures et des points culminants européens célèbres d’architecture. Juste par exemple, il y a copie exacte de voûte de triomphe de Paris.
« » » »Bucarest m’a donc été donnée à travers des amis tout d’abord par lettres aimantes et cartes postales. A l’époque en 85, je recherchais avidement dans le monde entier des personnes pour pratiquer ce qui était déjà un besoin très fort d’écriture et d’échange. C’est la Roumanie qui m’a répondue. » » » » –>très beau passage!