Nous sommes à Şinca Nouă, département de Braşov, au centre de la Roumanie. Cette localité est devenue un «village européen», après d’amples travaux de modernisation, dont la construction d’une nouvelle église, la connexion à un réseau de téléphonie mobile et à un autre de distribution du gaz, ainsi que la réhabilitation de son centre culturel ; à cela s’est ajouté aussi le jumelage avec une commune allemande.
Tout a commencé en 2003, lorsque les Roumains de Şinca Nouă, pleins d’admiration pour l’esprit allemand, ont contacté une communauté d’Allemagne. Pour que le jumelage soit possible, il fallait mettre en place une stratégie de développement durable. Par conséquent, l’hiver 2003 – 2004, une cinquantaine de personnes se sont réunies au siège de la mairie et ont décidé de développer leur village dans deux directions – l’infrastructure et l’image, le tout dans un esprit à 100% écologique.
Ainsi, Şinca Nouă est-elle devenue la première commune de Roumanie à avoir reçu le certificat de «localité écologique». Un chemin pas du tout facile à parcourir, avoue son maire, Dumitru Flucuş :
«Nous avons conclu des contrats avec une compagnie de la ville de Cluj, connue au niveau international. Cette compagnie a donné à nos fermiers une formation à la «conversion écologique», étendue sur 3 ans. Pendant ce temps on a eu des contrôles réguliers de la production. Rien qu’un exemple : chaque poule doit bénéficier de 4 mètres carrés d’espace vert, si nous voulons obtenir le certificat de produit écologique pour les œufs. Par conséquent, chaque fermier de Şinca Nouă s’est vu délivrer un tel certificat, qui est actualisé annuellement. Ainsi sommes – nous devenus la première localité de Roumanie écologiquement certifiée. Cela implique des coûts importants et une production plus réduite, surtout dans les conditions où ce type d’agriculture n’est pas subventionné par l’Etat».
En fait, le projet environnemental déroulé à Şinca Nouă est financé avec des fonds des Nations Unies et son nom est aussi compliqué que sa mise en place : «Développer la capacité d’intervention sur les effets des changements climatiques dans deux zones – pilote, les communes de Şinca Nouă et de Şercaia». A l’aide des spécialistes, les fermiers de ces communes ont réussi à faire des études et des recherches inaccessibles jusqu’ici à d’autres villages. Cela leur a permis par la suite de contrecarrer les effets de l’invasion de leurs cultures par des plantes nuisibles. A l’heure actuelle, les produits provenant de Şinca Nouă sont à 100% bio, bénéfiques pour l’organisme humain et en parfaite harmonie avec le développement de l’environnement, dans le respect de la nature et de ses lois.
Désormais, «la continuité» est le mot – clé de ce projet pilote. Comment peut-on la garantir ? La réponse nous vient de Dumitru Flucuş, le maire de la commune :
«Un des résultats de ce projet sera la rédaction d’un manuel consacré aux pratiques écologiques. Nous estimons un tirage de 5000 exemplaires, à utiliser dans un cours optionnel organisé dans les écoles du département de Braşov. Ce manuel est censé promouvoir notre commune et familiariser les élèves avec les problèmes auxquels nous sommes confrontés et qui sont les mêmes partout en Roumanie. Nous insisterons à ce que ce manuel soit utilisé dans toutes les écoles de la région et nous espérons que d’autres départements du pays pourront bénéficier des résultats de notre travail».
Attirer les nouvelles générations vers l’environnement et l’agriculture bio est donc une priorité pour les fermiers de Şinca Nouă, eux aussi des jeunes pour la plupart, leur moyenne d’âge étant de 38 ans.
Comment peut – on avoir une vie moderne et en même temps en harmonie avec la nature ? Comment peut – on être écologique, de sorte que l’écologie deviennent un style de vie et non pas une mode ? Les habitants de Şinca Nouă semblent avoir trouvé une solution.
Aut. : Daniel Onea, trad. : Valentina Beleavski
