Sortir a Munich. Loisirs et Culture: découvrez l’Agenda 2013 des manifestations théâtrales à Munich.De nombreuses représentations et une programmation variée vous attendent.
Le Deutsches Theater bientôt de retour à Munich
Le 13 de la Schwanthalerstrasse
La restauration du Deutsches Theater de Munich, la grande salle munichoise de la Schwanthalerstrasse, sera bientôt achevée. Le 22 mars 2013 le Deutsches Theater présentera son dernier spectacle sous le grand chapiteau de Fröttmaning qui a accueilli ses activités pendant les travaux pour une durée totale de 1618 jours, soient 1284 représentations pour plus d’un million de spectateurs. De quoi redonner aussi du lustre à ce quartier de la Schwanthalerstrasse qui a été en chantier pendant plus de quatre longues années.
Le public a cependant supporté ce long déplacement sans faillir, mais les nombreux fans de la prestigieuse salle munichoise seront heureux de retrouver les représentations du Deutsches Theater dans leur théâtre d’origine enfin entièrement rénové. Munich et la Bavière vont enfin pouvoir renouer avec la longue tradition de ce théâtre de comédies musicales, de concerts, de ballets et d’opérettes qui avait ouvert ses portes en 1896 et dont la saison des bals est devenue une tradition légendaire. La saison 2013-2014 aura donc lieu au centre de Munich, les travaux de rénovation auront duré deux ans de plus que prévu.
Rendez-vous bientôt à la Schwanhalerstrasse
Cabaret par le Théâtre-am-Gärtnerplatz à la Reithalle de Munich
Photo Christian Zach
Le Gärtnerplatztheater présente à partir du 21 février une nouvelle production de la célèbre comédie musicale CABARET dans une mise en scène de Werner Sobotka . L’orchestre est dirigé par Andreas Kowalewitz et les chorégraphies sont confiées à Ramesh Nair. Nadine Zeintl, bien connue du public autrichien pour sa participation dans de nombreuses comédies musicales, chante Sally Bowles.
Première ce 21 février à la Reithalle.
Représentations du 21 février au 10 mars. Reprise du 18 au 27 juillet.
Cabaret: Markus Meyer et Nadine Zeintl brûlent les planches à la Reithalle
Monter Cabaret, c’est oser s’attaquer à un fameux morceau et risquer la comparaison avec une des comédies musicales les plus réussies de Broadway et un des meilleurs films de l’histoire de la comédie musicale. Monter Cabaret, c’est immanquablement faire surgir les images de la double interprétation du Maître de cérémonie par Joel Grey, et, plus encore de celle de Sally Bowles par Lisa Minelli.
Le Theater-am-Gärtnerplatz a relevé le gant avec une équipe enthousiaste de musiciens, de comédiens, de chanteurs et de danseurs. La mise en scène de Werner Sobotka efficacement soutenue par les excellentes chorégraphies de Ramesh Nair est tout bonnement épatante. Monter Cabaret, c’est travailler sur un fil: il faut à la fois entretenir la référence à la production d’Harold Field à Broadway et au film de Bob Fosse, et en donner une nouvelle lecture, imprimer un ton nouveau, apporter un regard neuf. Et c’est une réussite totale: Sobotka et Nair ont su réaliser ce travail d’équilibriste avec un ensemble d’acteurs qui fait revivre au public la tragédie de la montée du nazisme dans le Berlin appauvri et décadent des années 30.
La distance scénique est conventionnellement abolie par les quelques tables disposées directement sous la scène et qui rappellent les tables des spectateurs des cabarets. L’action se situe au Kit Kat club, un cabaret berlinois interlope de la fin des années 1920: des portes s’ouvrent pour laisser apparaître les pauvres créatures qui font métier de comédiennes ou de comédiens dans une ville en crise, qui essaye d’en oublier les effets par les grimages de la décadence, de l’alcool et du sexe facile. Dans une loggia en mezzanine, huit musiciens jazzies accompagnent le spectacle. Les décors d’Amra Bergman-Buchbinder sont sobres, -la Reithalle de dispose pas de cintre ni de machineries-, et jouent d’ingéniosité symbolique: quelques aménagements rapides de chaises, un panneau ci et là, et le cabaret cède la place à l’appartement de la logeuse Schneider, ou au petit commerce de fruits de Monsieur Schultz, un Juif qui ne veut pas croire au pire parce qu’il est Allemand et fier de l’être.
La traduction en langue allemande ne pose évidemment dans ce cas pas de problème, tout au contraire puisque elle contribue au réalisme: on parle allemand dans le Berlin des années charleston.. Judicieusement, quelques chansons des plus connues ont cependant, dans la même logique, été conservées en anglais, Sally Bowles étant anglaise et le jeune écrivain Cliff Bradeshaw américain. Qui plus est la diction des acteurs est à l’aune de leur naturel, excellente!
Si la musique nous est connue, l’adaptation musicale présente quelques effets intéressants par des jeux de répétition ou d’accentuation de lenteurs. Andreas Kowalewitz joue à bon escient du rythme et accompagne parfaitement la montée de la tension dramatique avec ses excellents interprètes. L’orchestre, réduit à huit musiciens, fait partie du jeu scénique dans les épisodes de cabaret ou lors des fiançailles de Schultz et de Madame Schneider, pour disparaître en arrière-scène dans d’autres tableaux.
La version du Gärtnerplatztheater fait la part belle au théâtre. A la première, on a vu un Markus Meyer fâcheusement grippé stupéfiant de professionnalisme dans une interprétation du personnage du Maître de cérémonie, avec une gestuelle typée, nerveuse et mécanique, très chorégraphée, et un travail sur le chant, où le chanteur parvient à créer une nouvelle personnalité au rôle, tout en gardant des références au travail de Joel Grey. Il en va de même du travail scénique de la révélation qu’est Nadine Zeintl, une jeune comédienne qui combine des talents accomplis d’actrice, de chanteuse et de danseuse. Un timbre chaud, qui ose les rocailles, avec des profondeurs, de la puissance, une énergie dans l’expression émotionnelle. Son May be this time et son final méritent à eux seuls qu’on revienne voir le spectacle. Son jeu intense d’actrice, fougueux, passionné, déchirant, témoigne d’un talent des plus rares.
Si les premiers rôles sont parfaitement habités, les autres comédiens ne sont pas en reste de talent. On oublie rapidement les conventions théâtrales pour vivre l’action comme si on en était. Quand à la fin du premier acte résonne le chant patriotique nazi dans la voix pure et flûtée d’un jeune chanteur dans le rôle d’un jeune hitlérien, quand la vitrine de Schultz est brisée parce qu’il est Juif et quand le monde s’effondre au deuxième acte, cela nous semble tout proche de notre réalité, et on se dit que le danger totalitaire est peut-être à nos portes, même si la réalité du cocon munichois en semble artificiellement éloignée. Le salut nazi du jeune hitlérien qui clôt le spectacle nous est adressé, et ce n’est pas une provocation.
A voir et à revoir à la Reithalle jusqu’au 10 mars, puis du 18 au 27 juillet.
Le livre de la jungle au Deutsches Theater
Une comédie musicale pour petits et grands
Le Staatstheater am Gärtnerplatz et le Deutsches Theater nous invitent en décembre et en janvier à revivre l’histoire de Mowgli dans la version pour comédie musicale d’Alexander Berghaus, d’après le célèbre roman de Rudyard Kipling, sur une musique de Bob Edwards et de Hans-Wolfgang Bleich. La mise en scène et la chorégraphie en ont été confiées à Alexandra Frankmann. C’est Andreas Kowalewitz qui dirige l’orchestre.
Josef E. Köpplinger, le nouvel intendant du Théâtre de la Gärtnerplatz, est familier de cette comédie musicale puisqu’il l’avait mise en scène à Berlin en 1994, où il avait alors recueilli un grand succès. Près de 20 ans après, il a reprogrammé à Munich cette oeuvre qui convient particulièrement bien aux enfants et aux familles.
Le tigre rôde dans la jungle et les animaux de la forêt se font du souci pour Mowgli, un jeune humain qu’ils ont recueilli et élevé. Baghera la panthère et l’ours Baloo parviendront-ils à sauver le fils de l’homme des attaques et de la convoitise du tigre?
ou sur le site du Théâtre am Gärtnerplatz
Anything goes de Cole Porter au Deutsches Theater
Un dernier spectacle au Deutsches Theater sous le grand chapiteau de Fröttmaning avant le retour au bercail dans le centre de Munich. Pour la première fois à Munich, la comédie musicale Anything goes de Cole Porter dans une mise en scène de Joseph Köpplinger, le talentueux Directeur général du Theater-am-Gärtnerplatz, avec Reno Sweeney dans le rôle d’Anna Montanaro! Chansons dans l’original anglais, dialogues en allemand.
Synopsis
Daniel Prohaska (Billy Crocker),
Anna Montanaro (Reno Sweeney)
Première partie: Billy Crocker, courtier à Wall Street, s’embarque clandestinement sur un navire faisant la liaison New York – Londres, dans l’espoir d’y retrouver une jeune femme dont il est amoureux. Au nombre des passagers, on trouve : Elisha J. Whitney, patron de Billy, parti négocier un gros contrat ; Hope Harcourt, héritière d’une grosse entreprise familiale, et sa mère Mme Wadsworth T. Harcourt ; Sir Evelyn Oakleigh, fils aîné d’un lord anglais ; Reno Sweeney, ancienne chanteuse de cabaret et amie de Billy, « reconvertie » en évangéliste ; ‘Moonface’ Martin, gangster de seconde zone, et son amie Bonnie Letour, travestis en ecclésiastiques. Un véritable évêque également à bord, Henry T. Dodson, pris pour ‘Moonface’, est débarqué par la police juste avant le départ du navire…
Deuxième partie: Billy, d’abord pris pour « l’ennemi public n° 1″ et de ce fait, « courtisé » par tous, est finalement emprisonné à bord comme imposteur, lorsqu’il révèle être un simple courtier. ‘Moonface’, qui s’est proclamé « ennemi public n° 13″, est mis au cachot avec lui. Lorsque le navire accoste en Angleterre, les deux hommes parviennent à s’évader et, accompagnés par Reno, se rendent au domaine de la famille Oakleigh, pour des raisons diverses révélées à l’acte I : la jeune femme que Billy aime (et réciproquement) est Hope, dont le mariage a été arrangé avec Sir Evelyn, afin d’éviter à l’entreprise Harcourt de tomber en faillite ; Reno, de son côté, est tombée amoureuse d’Evelyn (et vice-versa) ; quant à ‘Moonface’, finalement bien inoffensif et sympathique, il s’est lié d’une forte amitié avec Billy. Dans la demeure des Oakleigh, on retrouve Elisha, dont le « gros contrat » consiste à racheter très cher la maison Harcourt. Le mariage arrangé, devenu inutile, est donc annulé, ce qui permet à Billy et Hope d’une part, à Reno et Evelyn d’autre part, de projeter leurs mariages respectifs… (Wikipedia)
Première le 28 février, représentations jusqu’au 22 mars
Crédit photographique: Christian Zach
lllusion conjugale au Teamtheater Tankstelle
Reprise de l’excellente pièce d’Éric Assous – en langue française
Un public de francophones ravi et complice a pu assister hier soir à la première de l’Illusion conjugale que représente la Compagnie Antéros à la TANKSTELLE.Le texte d’Eric Assous est réglé comme du papier à musique. Intelligent, rapide, acerbe, redoutable et éminemment drôle, il nous donne à voir une nouvelle version d’une situation classique du théâtre français, celle qui met en présence le trio habituel du mari, de la femme et de l’amant supposé.Un couple infidèle décide de régler ses comptes et de jouer au petit jeu dangereux de la vérité, mais les partenaires sont inégaux, au mari m-as-tu-vu qui affiche une réussite professionnelle cinglante avec un profil de gagnant grande gueule fait face une femme perspicace et incisive qui restera maîtresse du jeu. En fait le jeu se joue à douze contre un, le mari finit par avouer une douzaine de maîtresses éphémères, sur le mode vite fait bien fait, des maîtresses coincées entre deux réunions de ses voyages d’affaires, alors que la femme ne concède qu’un seul amant, une liaison de 9 mois, dont on ne sait si elle est terminée, avec un seul homme. D’un côté des passades, de l’autre ce qui a tout l’air d’une relation amoureuse. Les enjeux sont différents, et tous les stéréotypes habituels qui opposent psychologie féminine et masculine sont utilisés. On est au vingt-et-unième siècle, la pudeur et les sens du secret ne sont presque plus de mise, la psychologie relationnelle de bazar est passée par là, on est frottés au discours freudien et même lacanien, notre société compétitive est modulée par des techniques agressives de vente auxquelles on a tous été confrontés ou que nous utilisons nous-mêmes, on a fait des thérapies et si on n’est pas passé soi-même sur le divan, notre meilleur(e) ami(e) en fait une depuis trois ou quatre ans. De nouvelles modalités relationnelles en résultent nécessairement, et cette pièce en est l’expression.
Jeanne et Maxime pourraient avoir été élevés par George et Martha, les protagonistes de Qui a peur de Virginia Woolf?, mais Eric Assous traite le jeu de la vérité avec beaucoup moins de cynisme destructeur et davantage d’humour et de tendresse que dans la pièce d’Edward Albee. Comme chez Albee, il leur faut un témoin sans lequel le jeu ne serait pas complet, et comme Maxime soupçonne son meilleur ami, un dénommé Claude, d’être l’amant de sa femme, et que justement le meilleur ami téléphone pour proposer une partie de tennis à Jeanne, il l’invite à déjeuner. Le trio est réuni, et enfermé, avec une situation à la Huis clos, mais sans que le jeu des quatre vérités devienne jamais vraiment tragique. On ne saura jamais si Claude et Jeanne sont amants, c’est Maxime, plus balourd, qui se fera piéger, et qui avouera avoir couché, entre autres, avec l’ex femme de Claude, qui l’a récemment quitté. A la réussite matamoresque et goujate de Maxime, qui étale succès professionnels, voitures de luxe et de nombreuses maîtresses, Assous oppose le personnage de Claude, un loser doux et tendre, plus réservé. A la fin de la pièce, on n’est pas plus avancé qu’au début, l’amour, les amours et l’amitié semblent cependant l’emporter. La vie va continuer, avec sa complexité, ses petits arrangements et ses petites menteries. Les amis resteront amis, le couple continuera à fonctionner, et peut-être Claude et Jeanne resteront-ils amants, ou le deviendront-ils, alors que Maxime continuera à jouer les coucous. Eric Assous a ciselé sa pièce avec toute l’efficacité de l’esprit français qui fuse à toutes les répliques. C’est notre monde qui est représenté là, il nous en présente le miroir avec suffisamment de tendresse pour que nous sortions amusés et ravis du spectacle.
Les décors ne jouent pas un grand rôle dans cette pièce. Les trois comédiens portent le poids de la pièce et de sa réussite. C’est l’exploit que réalisent Marcus Morlinghaus (Maxime), Marie Nebel (Jeanne) et Thierry Seroz (Claude) qui ont su rapidement abolir la distance théâtrale et nous faire participer au jeu de l’amour, des amours, de la tragédie, de la tendresse et de l’humour. De superbes comédiens, avec une forte présence en scène, beaucoup de naturel et de vivacité, une excellente diction, l’enthousiasme et l’art du métier.
Un bon moment francophone à Munich, une pièce à ne pas manquer.
Voici ce qu’ont dit les spectateurs qui ont déjà vu la pièce:
« L´illusion conjugale… un régal ! »
« A moi de vous recommander chaudement la très belle et bonne pièce « l´illusion conjugale » au Teamtheater Tankstelle…. un vrai régal ! Une très bonne interprétation, un fond de scène très sympa, un rythme d´enfer et des répliques cinglantes… allez vous y régaler ! »
« Encore merci pour cette excellente soirée, vous avez tous les trois merveilleusement joué, et le texte, la mise en scène, le décor, tout était aussi superbe (je n’ai qu’un regret, c’est de n’avoir aucune soirée libre la semaine prochaine pour venir à nouveau vous voir…).
Tout le monde a adoré! On a finit la soirée au coin du feu avec nos amis et nous avons refait le monde autour du sujet de la pièce, et il y a de quoi dire. »
« Nous avons passé une excellente soirée ! Nous avons apprécié votre jeu, le décor sobre mis en valeur par les lumières, la mise en scène et trouvé le texte très intéressant ! Quelle finesse d’observation et cette variété d’émotion exprimée, bravo ! Merci pour ce que vous nous avez donné ! »
» Nous étions plongés dans le spectacle. Nous avons vraiment beaucoup aimé. Je ne connaissais ni l’auteur ni la pièce. J’ai été très impressionné que vous ayez choisi cette dernière. Car elle est loin d’être simple à interpréter et à mettre en scène. alors un GRAND BRAVO. Nos félicitations pour votre performance collective d’acteurs. »
Une coproduction de la Cie ANTÉROS* et du TEAMTHEATER TANKSTELLE.
du mercredi au samedi du 6 au 23 mars + dimanche 24 mars 2013 à 20h
au Teamtheater Tankstelle, Am Einlaß 2a à Munich
avec Marcus Morlinghaus (Maxime), Marie Nebel (Jeanne), Thierry Seroz (Claude)
Mise en scène: Vincent Kraupner
Dramaturgie et Production: Petra Maria Grühn
Décor et Costumes: Monika Staykova
Lumières: Solveig Perner
Assistants à la mise en scène: Natia Unti
Attachée de presse: Almut Steinlein
Droits d’auteur à la SACD, Paris
Une coproduction de la Cie ANTÉROS et du TEAMTHEATER TANKSTELLE.
plus d’informations sur www.cie-anteros.com
Réservations au 089-260 43 33 et bientôt sur www.teamtheater.de
Didon et Enée en Afrique au Théâtre Cuvilliés
Didon Stephanie Krug (c) Hermann Posch
Le titre de l’oeuvre revisitée y insiste, l’action se passe sur les côtes africaines, à Carthage. Cosi facciamo repense l’opéra de Purcell en y ajoutant la confrontation en miroir de la musique arabe. De part et d’autre de la scène l’orchestre baroque qui interprète la partition de Purcell sur des instruments anciens et deux musiciens d’origine irakienne (Saad Tahir, Bassem Hawar ou Roman Bunka) qui jouent et chantent, en prolongation ou en dialogue avec la musique de Purcell, des mélodies mâqam avec des instruments de la musique arabe traditionnelle tels le djoze, l’oud, le darbuka, le req ou le daf, accompagnés au luth par l’excellent Joel Frederiksen. C’est là tout le paradoxe et l’originalité de ce groupe de musiciens: issus de la formation classique la plus pointue (ses fondateurs ont notamment participé aux séminaires de Nikolaus Harnoncourt au Mozarteum de Salzbourg en 1998, où ils se sont rencontrés), ils organisent le dialogue et le contrepoint de deux musiques, renouvellent le genre et contribuent à une réflexion musicale sur un monde contemporain en pleine (r)évolution que l’actualité mouvementée dramatique du monde arabe met particulièrement en lumière. Qu’on ne se trompe pas sur le propos, l’expérience n’est pas politique, mais bien celle d’une fascination musicale.La musique de Purcell et les mélodies mâqam se complètent et se font écho, les plaintes, la douleur et l’agonie de Didon s’expriment dans des modulations similaires et différentes à la fois avec un effet de dialogue musical des plus réussis.
La mise en scène est a minima. Les sables des rivages africains reçoivent les traces des pas d’Enée qui n’arrive à Carthage que pour mieux en repartir et le corps douloureux et prostré de Didon qui de l’amour connaîtra surtout les affres. Heike Hannefeld joue notamment sur les effets d’un théâtre d’ombre grandeur nature décalqué sur une grande toile de fond de scène qui en fin de deuxième partie sera relevée pour laisser place aux lumières aveuglantes d’une série de néons parallèles suspendus à la verticale dans un effet à la Dan Flavin. Sa direction d’acteurs privilégie souvent les expressions hiératiques qui soulignent la solennité majestueuse de la musique, c’est le choix assez conventionnel et peut-être un peu trop figé et stéréotypé de l’emphase corporelle dans l’expression des affects de colère, de fureur et de désespoir.
Mais ce sont surtout la musique et le chant qui sont privilégiés, comme en témoigne la présence en scène des deux groupes de musiciens qui encadrent le déroulement de l’action. Les chanteurs sont tous de belle tenue, la Didon de Stéphanie Krug recevra des applaudissements des plus nourris. Le public sort manifestement enchanté de cette expérience musicale qui conduit la musique baroque sur les rivages de la modernité.
Mise en scène et décors Heike Hanefeld
Lumières Gerrit Jurda.
Comédie musicale: Onkel Präsident au Prinzregententheater
Direction musicale Marco Comin
Mise en scène Josef E. Köpplinger
Décors Johannes Leiacker
Costumes Marie-Luise Walek
L’homme de la Mancha en octobre à la Reithalle par le Theater-am-Gärtnerplatz
Crédit photographique: Christian Zach
Joseph Köpplinger, le directeur général du Theater-am Gärtnerplatz présente en ouverture de saison la comédie musicale L’homme de la Mancha de Dale Wasserman dans la mise en scène originale d’Albert Marre.
La comédie musicale américaine Man of La Mancha inspirée du roman de Miguel de Cervantes avait été créée en 1964 dans le Connecticut puis en 1965 à Broadway avec les paroles du chansonnier Joe Darion et sur une musique de Mitch Leigh. Le Theater-am-Gärtnerplatz en donne à partir du 2 octobre la version allemande, dans la traduction de Robert Gilbert datant de 1968.
Le librettiste Dale Wasserman avait d’abord écrit une pièce qui mêlait la vie de Don Quichotte et celle de Cervantes, et qu’il avait intitulée Don Quichotte. Elle avait été d’abord présentée à la télévision en 1959 puis sur scène. C’est le metteur en scène Albert Marre qui convainquit Wasserman de l’adapter en comédie musicale et lui présenta le parolier Joe Darion et le compositeur Mitch Leigh. Leigh, qui n’avait pas l’expérience de la comédie musicale, mit deux ans pour achever la partition. Jacques Brel découvrit importa la comédie musicale en 1967 à Carnegie Hall et convainquit le Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles de la monter en français en 1968. Le célèbre chanteur belge incarnait Don Quichotte alors que le rôle de Sancho Pança était confié à Dario Moreno et Joan Diener qui avait créé le rôle aux Etats-Unis et…ne parlait pas un mot de français. La production belge connut un immense succès et devait être présentée avec les mêmes chanteurs au Théâtre des Champs-Elysées, mais Dario Moreno fut foudroyé par une attaque cérébrale et dut être remplacé au pied levé. La production en allemand, dans la traduction de Robert Gilbert, précéda de quelques mois celle de Bruxelles. La première eut lieu à Vienne au Theater-an-der-Wien en janvier 1968, avec Josef Meinrad dans le rôle-titre. Arthur Hiller porta la pièce au cinéma en 1972 avec Peter O’Toole et Sophia Loren en Dulcinée.
Du 2 au 19 octobre à la Reithalle
Direction musicale Andreas Kowalewitz / Liviu Petcu Mise en scène Josef E. Köpplinger
Cervantes / Don Quijote Erwin Windegger Diener / Sancho Peter Lesiak
Aldonza / Dulcinea Carin Filipčić
Dernière minute La troupe et l’orchestre du Théater-am-Gärtnerplatz particperont à une flash mob de trois minutes en costumes ce lundi 23 septembre devant l’entrée du Kaufhof au Stachus. Attention, cela ne dure que trois minutes et c’est à 16 heures! Il peut se passer beaucoup de choses en trois minutes: Erwin Windegger, alias Don Quijote, chantera le célèbre „Ich träum den unmöglichen Traum“ (rêver un impossible rêve). Souvenez-vous…
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d’une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu’à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D’atteindre l’inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l’étoile
Peu m’importent mes chances
Peu m’importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l’or d’un mot d’amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s’éclabousseraient de bleu
Parce qu’un malheureux
Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s’en écarteler
Pour atteindre l’inaccessible étoile.
Venise sous la neige de Gilles Dyrek au Teamtheater Tankstelle de Munich
VENISE SOUS LA NEIGE
une comédie en français de Gilles Dyrek
avec Marie Navarre-Nebel (Patricia) Thierry Seroz (Jean-Luc) Cécile Bagieu (Nathalie) et Marcus Morlinghaus (Christophe)
Mise en scène Marcus Morlinghaus Production/Dramaturgie Petra Maria Grühn Décor et Costumes Monika Staykova
Une coproduction de la Cie ANTÉROS et du TEAMTHEATER TANKSTELLE
Entraînée par son copain Christophe avec qui elle vient de se disputer, Patricia arrive furieuse à un dîner « entre amis » où elle ne connaît personne. Comme elle ne dit pas un mot, on la prend pour une étrangère. Elle entretient alors le quiproquo et fait voler la soirée en éclats…
ça ne se passe à Venise, mais on se gondole quand méme!
Première le 05 octobre 2013 à 20h au TEAMTHEATER TANKSTELLE, Am Einlaß 2a, à Munich.
Cela se joue jusqu’au 9 novembre.
La Semele de Haendel traverse brillamment le ciel munichois au Théâtre Cuvilliés
Holger Ohlmann (Cadmus), Jennifer O’Loughlin (Semele), Franco Fagioli (Athamas), Ann-Katrin Naidu (Ino)
Munich est en mal de baroque et le Theater-am-Gärtnerplatz, dont ce n’est cependant pas la vocation première, vient opportunément occuper une niche béante, ce répertoire brillant par son absence à l’Opéra d’Etat de Bavière. Et comme le siège du Gärtnerplatztheater est fermé pour restauration, l’admirable bonbonnière rococo qu’est le Théâtre Cuvilliés s’imposait tout naturellement pour y produire l’opéra-oratorio Semele de Haendel. Le public munichois s’y est rendu comme un seul homme, avec pour résultat qu’on y joue à guichets fermés, le joyau conçu pour la Cour du Prince Electeur de Bavière étant trop petit pour répondre à la demande.
La production du Theater-am-Gärtnerplatz a parfaitement répondu aux attentes: la direction musicale de Marco Comin, la complicité de l’orchestre et des choeurs, la mise en scène de Karoline Gruber et un plateau bien distribué ont contribué à un spectacle des plus réussis pour la plus grande joie des spectateurs ravis d’en être. A tout Seigneur tout honneur, Marco Comin donne une direction d’orchestre d’une sensibilité exquise avec une attention dans le soutien apporté aux chanteurs et une balance exacte entre l’orchestre, les solistes et les choeurs. Il a un sens raffiné de l’esthétique baroque et de l’expressivité ornementale et souligne avec bonheur les aspects italiens d’une partition qu’il parvient à rendre extrêmement vivante. La proximité de l’orchestre et de la salle permet d’observer la précision soutenue du doigté du chef d’orchestre. Il y a de la poésie dans le langage de ces mains qui travaillent avec une délicatesse, toute en nuance et en précision.
Avec Comin, la musique de Haendel devient une fête jubilatoire. Il crée un écrin musical aussi réussi qui vient en plein soutien du travail des solistes. La préparation des choeurs par Jörn Hinnerk Andresen participe de la même qualité, les parties chorales sont un régal tout au long de la soirée. Karoline Gruber adopte un langage scénique qui souligne la folie amoureuse d’une Semele qui court à sa perte en suivant les commandements de son hubris (ὕϐρις ) démesurée. Jupiter en devient plus humain que la mortelle qui jamais ne jouit de son bonheur mais se détruit en en voulant toujours davantage. Karoline Gruber voit davantage de Thanathos que d’Eros dans la fille de Cadmus et concrétise sa vision en introduisant la mort dès le décor du premier acte. Elle place l’action au XIXème siècle, cela a pour effet d’embourgeoiser l’opéra, l’hubris de Semele relève dès lors davantage de la folie neurotique que d’un défi lancé aux dieux.
Lors du premier acte, un mariage collectif est organisé à la cour du Roi Cadmus, les choristes ont tous revêtu qui des robes et des voiles de mariées qui des fracs et des hauts-de-forme. Mais si les mariés se croient à la fête, la cérémonie se déroule dans un cadre sinistre qui présage du drame à venir: le mur de fond de scène est tout entier occupé par un columbarium devant lequel se déroule la cérémonie du mariage. Lorsque Semele refuse d’épouser Athamas et invoque Jupiter, un grand papillon coloré apparaît dans l’ouverture d’une des dalles du mur qui s’est descellée, comme la réponse du dieu à la femme qui l’aime, un second papillon plus grand encore traverse la scène, puis le mur s’entrouvre et Semele y disparaît. S’avancer vers l’Olympe, franchir la paroi du columbarium, c’est pour Semele faire un premier pas vers sa mort.
Des montgolfières traversent le ciel munichois
Le monde des dieux apparaît comme l’envers du décor de celui des humains par la grâce du plateau tournant. Des papillons géants continueront de traverser la scène, colorés et joyeux comme les amours jupitériennes qu’ils évoquent. Junon apparaît alors au sommet de son corps divin, en papillon de nuit géant sur lequel viennent se projeter des dessins de scènes de séduction tels que la fin du 19ème siècle a pu se les représenter, courtisanes au bain, ou, clin d’oeil munichois, le voluptueux faune alangui de la glyptothèque avec un papillon en guise de cache-sexe. Ce sont là les fantasmes douloureux et courroucés de la déesse suprême, blessée par les frasques incessantes d’un mari par trop volage, qui viennent s’imprimer sur les ailes de Junon, le lourd fardeau d’une femme trompée qui préparera bientôt sa vengeance. Jupiter essaye de combler l’insatiable Semele par des parures appréciées des dames qui descendent du ciel comme pour un défilé de haute couture. Il fait venir Ino pour donner compagnie à Semele, ce qui est l’occasion d’un voyage céleste dans un ciel cotonneux plein d’humour que Karoline Gruber situe au-dessus du sommet des tours de la Frauenkirche, la cathédrale emblématique de la ville de Munich.
Un humour iconoclaste: un des bulbes d’une des tours de l’église Notre-Dame s’ouvre comme un bar de salon où viennent se servir les habitants célestes. Des montgolfières chargées de choristes traversent ce nouvel Olympe, un moment de douceur souriante et de répit au coeur du sombre drame de Semele. Bientôt se succéderont des images plus inquiétantes dans le monde des mortels: les dalles du columbarium se sont descellées pour dévoiler un charnier chaotique avec des membres épars couverts d’oripeaux de mariés et de mariées: l’homme baroque est un être-pour-la-mort. Alors que les humains meurent ou que les couples à peine unis se séparent, Junon accompagnée d’Iris vont réveiller un sinistre Somnus, travesti en un gothique Edward Scissorhands qui sera chargé d’endormir les dragons gardiens du séjour de Semele ainsi que Jupiter. Semele verra défiler les différents âges de sa vie dans un miroir présenté comme un théâtre dans le théâtre.
Le décorateur Roy Spahn a reproduit le cadre de scène rouge et or du théâtre Cuvilliés: Semele se mire dans ce miroir et des figurantes vêtues à l’identique de la protagoniste viennent figurer les différents âges de sa vie jusqu’à la vision ultime de son urne funéraire. Mais ni les avertissements d’un Jupiter désolé, ni les présages n’y feront rien: Semele exige du dieu qu’il lui apparaisse sous sa forme divine, et mourra foudroyée dès que le dieu, tenu par le serment qu’elle lui a arraché sous le conseil de Junon, se révèle tel qu’en lui-même. Le final reprend la scène de l’ouverture: un public de mariés célèbre le mariage d’Athamas et d’Ino, dont l’amour persévérant a triomphé.
Le théâtre dans le théâtre: Semele et les étapes de sa vie,
Jupiter porteur de l’urne funéraire
Semele est interprétée par Jennifer O’Loughlin qui incarne avec force ce rôle qui exige de l’endurance, et parvient encore à se surpasser dans son aria final avec des aigus puissants et réussis. Une belle prestation, même si ses vocalises manquent souvent de précision avec des notes qui parfois se chevauchent. L’Athamas de Franco Fagioli est très remarqué au premier acte: le contre-ténor donne un grand numéro de bravoure baroque qui recueille des applaudissements spontanés, avec des basses étonnantes, mais sa prestation d’artiste vedette reste un peu isolée au sein d’une distribution moins rompue aux prouesses du chant baroque. Ferdinand von Bohmer assure un Jupiter de bonne qualité, de même qu’Adrineh Simonian en Junon. L’Ino d’ Ann-Katrin Nadu le Cadmus d’Holger Ohlmann sont également de fort belle tenue. La basse István Kovács est remarquable en Somnus, c’est une des révélations de la soirée, avec un phrasé magnifique et un chant très habité.
Une production du Theater-am-Gärtnerplatz au Théâtre Cuvilliés de Munich jusqu’au 7 novembre 2013.
Crédit photographique: Thomas Dashuber