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Le 21 février, Journée Internationale de la Langue Maternelle

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Regard sur les langues et la tolérance des pratiques en Roumanie…

Le 21 février a été déclaré Journée Internationale de la Langue Maternelle par la Conférence générale de l’UNESCO de novembre 1999, dans le but de promouvoir la diversité culturelle et le multilinguisme. En théorie, tous les efforts de sauvegarder les langues maternelles sont censés encourager la solidarité entre les gens, la tolérance et le dialogue. Mais qu’en est-il de la pratique en Roumanie? Réponse, dans le reportage de Andreea Demirgian de RRI.

roumanie drapeauSouvent, la langue que les gens choisissent pour communiquer se transforme en une pomme de discorde. Souvent, le dialogue entre ces personnes s’arrête complètement. La minorité hongroise de Roumanie bénéficie d’enseignement dans sa propre langue depuis la maternelle jusqu’à l’université. Elle est représentée au sein de l’administration locale, au Parlement et au Gouvernement de Bucarest. On joue de nombreux spectacles de théâtre et d’opéra en hongrois, on publie de nombre de journaux et de livres dans cette langue. Par conséquent, la langue maternelle des quelque 1 million et demi de Magyars de Roumanie n’a rien à craindre. Parmi eux, certains se limitent à la simple communication. Mais au moment où ils tentent d’entrer sur le marché de l’emploi, ils se heurtent à un problème sérieux : le reste de la population ne parle pas le hongrois, affirme Karen Attila (il est appartient à deux minorités, étant mi – Roumain, mi – Arménien) :
«Je connais beaucoup de personnes qui, après avoir terminé une faculté en langue hongroise, ont du mal à trouver un emploi en Roumanie, ou bien à continuer l’activité à laquelle ils avaient consacré des heures entières d’étude. C’est là un véritable problème. Quant à moi, ma langue maternelle est le russe, alors que le hongrois est ma langue paternelle. Depuis plusieurs années déjà, je travaille en roumain. Une fois, dans la rue, quelqu’un m’a traité de «traître de mon pays». Et je me suis demandé à quel pays faisait référence ce collègue d’ethnie hongroise. Ce fut un moment très douloureux, mais, heureusement, ce genre de personnes sont de moins en moins nombreuses ».

Officiellement, la Roumanie compte environ 500.000 habitants d’ethnie Rom. De manière non officielle, leur nombre dépasse les 2 millions. Ils se sont battus pour obtenir des classes spéciales avec enseignement en langue romanes dans les écoles roumaines des localités ayant plus de 10 enfants tziganes. Et ils fini par avoir gain de cause. Désormais, il sont confrontés à un nouveau problème : les enseignants, constate le comédien Gabor Lajos :
«Je suis un tzigane né en Roumanie. Chez moi, je parle en romanes. Avec vous je parle en roumain, avec un Hongrois, j’utilise la langue hongroise. Je ne deviendrai pas Allemand du jour au lendemain tout simplement parce que je parle la langue allemande. Chaque nation doit connaître sa propre langue. Il ne faut pas essuyer avec une éponge la langue de ses parents. Je veux que mon enfant apprenne la langue tzigane, mais pas avec des profs qui cherchent des mots sur Internet et puis les enseignent aux enfants tziganes à l’école, sans bien connaître la langue. En Europe, on recense déjà 40 – 50 millions de Tziganes, et non pas de 2 ou 3 millions sur toute la planète. On parle déjà d’un peuple et non pas d’une tribu. Moi, je déclarerais la langue tzigane, langue européenne. J’aimerais qu’elle soit officiellement incluse parmi les langues de l’Europe, car à l’heure actuelle elle n’y figure pas».

Bien qu’ils ne disposent pas d’un nombre suffisant d’enseignants, les Roms de Roumanie bénéficient de places réservées dans les universités, ils sont très visibles dans la presse, dans les films, à la télé. Certains Roumains se sentent «agressés» par tant d’attention portée aux Roms. Ioan Petre en est un :
«C’est une honte ce qui se passe dans mon pays. La nuit du Nouvel An, sur toutes les chaînes de télévision on n’a vu que des Tziganes et des «manele» (musique orientale contrefaite). Qui plus est, en tant que Roumain, je ne trouve pas normal d’être ignoré à la poste, dans le département de Harghita, simplement parce que je n’ai pas salué les gens en hongrois. Je ne trouve pas normal que la population majoritaire soit forcée à s’adapter à la population minoritaire, se heurtant trop souvent à sa langue, ses coutumes et son comportement, différent des fois. Et il ne faut pas oublier non plus que l’essentiel d’un pays commence par sa langue officielle. Alors, je n’ai rien contre le fait qu’ils parlent leur langue, mais qu’il le fassent chez eux».

Au-delà des conflits des adultes, les enfants ont trouvé leur propre manière de communiquer. Catrina a 6 ans et vit en Allemagne. A la maison, elle parle en roumain, mais à l’école elle utilise l’allemand. Parfois, sur Internet, son amie de Bucarest, Irina, ne comprend pas très bien ce que lui dit Catrina. Pas grave, Catrina a trouvé une solution : elle a fait un dessin pour Irina :
«J’ai une surprise pour Irina : des étoiles, de petits cœurs et des gouttes d’eau. Pour qu’elle ne se fâche plus contre moi. Une fois, elle n’a pas très bien compris ce que je lui disais et elle était très triste… tu vois ?»

Depuis, elles jouent en toute sérénité, sans remarquer les distances, les accents, ou les langues.

Aut. Andreea Demirgian, trad : Valentina Beleavski

http://www.rri.ro/
Radio Romania International

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