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Un nouveau musée Gustave Courbet à Ornans

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Il y avait foule, vendredi dernier 1er juillet, pour l’inauguration officielle du nouveau musée Gustave Courbet d’Ornans (Doubs), réouvert après trois ans de travaux de réhabilitation et une très large extension. Un chantier porté par le Conseil Général du Doubs dans le cadre de son projet « Pays de Courbet, pays d’artiste ». A la « maison natale » du peintre (l’hôtel Hébert), s’ajoutent désormais deux bâtiments mitoyens, la maison Borel et l’hôtel Champereux, assurant 2000 m2 de surface disponible, tant pour recevoir les collections permanentes que les expositions temporaires.

Le défi architectural ne manquait pas d’audace, car il convenait de préserver l’atmosphère originelle du lieu, les parquets et les boiseries d’époque, tout en assurant une circulation fluide des visiteurs et en respectant les standards muséographiques de dernière génération. Les choix de l’architecte, Christine Edeikins, de conserver les volumes existants tout en ouvrant le bâtiment sur l’extérieur offrent un résultat convaincant. L’idée de jouer sur des effets de transparence, d’ouvrir le musée sur les rives de la Loue et les falaises peintes par Courbet, grâce à une galerie vitrée (et même un plancher transparent au rez-de-chaussée), donne au musée une nouvelle dimension en privilégiant la lumière.

Certes, cette approche esthétique trouve quelques adversaires qui dénoncent la construction d’un « Courbetland », mais il en est ainsi de tous les projets novateurs : le Centre Pompidou, en son temps et, plus récemment, la pyramide du Louvre suscitèrent de vives polémiques qui finirent par s’estomper avec les ans. Sans doute est-il commun de regretter la confrontation, dans un même ensemble, d’éléments architecturaux d’époques et de styles différents, mais qui, aujourd’hui, viendrait, à titre d’exemple, reprocher au Mont Saint-Michel les sept siècles qui séparent l’église abbatiale de sa façade ?

A l’intérieur du musée, les collections permanentes occupent 16 salles au long d’un parcours muséographique chronologique et biographique moderne, bien pensé, articulé autour de plusieurs thèmes : la jeunesse du peintre (ses premiers maîtres, sa formation, ses premières commandes, sa fréquentation de la bohème parisienne), la rupture de 1850 (incluant une présentation de ses grands formats dans un espace audiovisuel), les paysages du Doubs, la modernité, l’exil en Suisse. La dernière salle rend en outre hommage au peintre Robert Fernier, fervent courbettiste qui fut à l’origine du premier musée et l’auteur d’un monumental catalogue raisonné de l’œuvre du maître-peintre d’Ornans.

Si les tableaux les plus mondialement célèbres de Courbet ne figurent pas dans ce musée, la collection présentée n’en revêt pas moins un intérêt capital pour la connaissance du peintre. Parmi les 75 objets proposés (toiles, dessins, sculptures, documents), on peut en effet découvrir quelques-unes de ses premières œuvres (des paysages datant de 1837-1838), d’inattendues peintures religieuses (Saint Nicolas ressuscitant les petits enfants, 1847, Le Réveil de saint Jérôme, vers 1840), de beaux portraits (dont ceux de son grand-père Oudot et de son ami Urbain Cuenot), une remarquable série de paysages régionaux (Grotte de la source enneigée, vers 1866, Le Halage, bords de la Loue, 1863, etc.) et quelques productions de ses suiveurs (dont Cherubino Pata et Trouillebert). A noter encore deux tableaux du maître du réalisme annonciateurs de l’Impressionnisme (Soleil couchant, 1875 et La Plage de Trouville, vers 1865), quatre toiles emblématiques, Pirate prisonnier du dey d’Alger (vers 1844), Le Renard pris au piège (vers 1860), Autoportrait à Sainte-Pélagie (vers 1872) et Le Château de Chillon (1874), enfin, deux sculptures, Le Pêcheur de chavots (1862) et Helvetia (vers 1875).

En inaugurant le premier musée Courbet d’Ornans, en 1971, Jacques Duhamel avait lancé : « Voilà vraiment Courbet chez lui ». Si l’actuel ministre de la Culture était absent à l’inauguration, car en voyage en Asie du Sud-Est (information qui provoqua d’inévitables sourires parmi le public invité…) où il accompagnait le Premier ministre, la phrase de Jacques Duhamel n’en reste pas moins d’actualité. Non seulement Courbet est-il chez lui dans ce musée, mais il semble y être doublement : dans sa maison natale d’abord puis, par la transparence des vitrages, dans le paysage franc-comtois auquel il était viscéralement attaché et qu’il peignit jusqu’à la fin de sa vie.

P.S. Le prochain article rendra compte de la première exposition temporaire du musée, «Courbet – Clésinger, œuvres croisées».

Illustrations : Vue extérieure du musée – Vue de l’une des salles de la collection permanente, © Varlet, Musée Gustave Courbet.

Thierry Savatier

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