La vie à Bombay : Faut-il tuer Kavita ?
La vie à Bombay est pleine de déboires ! Tous ces tracas quotidiens qui nous sont imposés, qui restent sans explication et qui défient notre imagination. Bien entendu ils mettent, aussi sévèrement que fréquemment, à l’épreuve notre patience. Si par nature nous ne sommes guère enclins aux récriminations, il y a des jours où, tel un certain volcan islandais, nous explosons !
Celui qui aurait la charge de nous défendre à la Cour d’Assise, si jamais nous dussions suivre jusqu’au bout les éclats auxquels nous conduirait inéluctablement notre emportement du jour, plaiderait certainement l’indulgence fondant sa plaidoirie sur la bien humaine exaspération qui assaille les infortunés que nous sommes lorsque beaucoup de ces déboires se produisent en même temps.
De grâce de quoi s’agit-il ? Et que Diable, oserions-nous commettre un crime pour de si futiles exaspérations ?
Il y a quelques temps, notre fournisseur de vin était à sec ! Non pas qu’il avait bu sa cave, mais il n’avait plus accès à ses fournisseurs habituels. Voilà peu, les bouteilles sont réapparues et voilà de nouveau notre homme déguenillé (oui car toujours fort mal vêtu) souvent à notre porte en compagnie des meilleurs amis de Bacchus. Compte tenu de l’importance de la bonne cause qu’il sert nous pardonnons volontiers à ce diantre sa si petite éducation ; après tout n’est-il pas rare de rencontrer un homme aussi peu éduqué et avec autant d’étiquette ?
Coté vin, les choses sont rétablies. Voilà qui devrait nous mettre de bonne humeur. Ben, non, car il y a tout le reste !
Il y a quelques temps notre grille pain a grillé ! C’est celui que nous avions acheté l’an dernier pour remplacer le précédent trépassé sous ses propres flammes. Les destins indiens doivent être bien particuliers car ici les grille-pains grillent au bout d’un an. Ou alors faute d’avoir lu le mode d’emploi en hindi nous n’avons pas vu qu’il s’agissait d’un auto-test !
Ou alors, autre forme inattendue de ce destin indien dont le mystère aurait probablement enchanté Descartes, il ne s’agissait que d’une surprenante manifestation de solidarité envers la machine à laver le linge, notre deuxième machine après que la précédente eut rendu l’âme sans agonie particulière. Un médecin spécialisé en machine à laver nous avait pourtant assurer qu’elle marchait alors qu’à l’évidence, sans tambour ni trompette, elle avait succombé. Nous eussions aimé que ce médecin (aussi technicien que je peux être bricoleur) aurait diligenté quelques lavements d’estomac, mais rien, à part un certificat de bonne santé hâtivement déposé sur un cadavre !
Nous pourrions presque passer sous silence les quotidiennes coupures d’internet. Et pourtant nous disposons de deux providers et switchons, tel des surfeurs expérimentés, d’un provider à l’autre en quelques cliks. Sauf que l’autre jour, toujours par esprit de solidarité, les deux providers faisaient une pause café en même temps !
Mais là depuis un mois, c’est une affaire d’eau qui nous plonge (c’est le cas de le dire) dans des abîmes d’exaspération. Notre filtre à eau ne marche plus. Voilà deux mois que nous tentons de contacter la société spécialisée pour son entretien afin qu’ils viennent voir ce qui se passe. Et il ne se passe rien ! Ont-ils filtré à l’anglaise ?
Restons dans l’eau, car ce n’est pas fini. Et c’est à cet instant précis que Kavita entre dans cette histoire. Kavita est la manager de la compagnie qui nous livre les bonbonnes d’eau (25 litres) qui trônent, à tour de rôle, sur notre fontaine. Nous ne sommes plus livrés ! Pour se faire livrer, il faut disposer de ces fameux coupons. Vos pourriez me dire ben quoi ils n’ont qu’à venir et vous leur donnez des coupons ! Oui normalement cela marche ainsi. Sauf que pour avoir des coupons, il faut les acheter. Il faut donc qu’un livreur de la société vienne chez vous avec ces coupons et que vous achetiez ces coupons ; jusque là c’est simple ! Mais bien sûr ceux qui livrent l’eau ne sont pas les mêmes que ceux qui livrent les bonbonnes. Donc nous n’arrivons pas à avoir ni coupons ni bonbonnes. Nous avons appelé, envoyé des mails à cette Kavita, la bobonne des bonbonnes ! A chaque fois Kavita se confond en excuses et promet de remédier sans délai à la situation. Et çà dure, çà dure… des jours, des semaines, des mois !
Je viens à l’instant de passer dix minutes au téléphone et cette société est totalement désorganisée ! Selon eux on n’aurait pas consommé d’eau depuis février ? Ils m’ont promis de venir lundi !
Il y a comme çà des Histoires d’O qui vous font demander si vous êtes en train de regarder un film ou si vous êtes dans la réalité.
Sans hésiter, je pense qu’il faut tuer Kavita ! Pour éviter que les choses se répètent Kavita…eternam !
Inde : Quand le recensement frappe à notre porte
Coup de sonnette samedi à 10h30 ! C’est le monsieur qui fait le recensement. Nous avions publié un article expliquant que l’Inde avait lancé le recensement décennal récemment. Voila donc le recensement qui frappe à notre porte !
La quarantaine, l’air bien fonctionnaire, le quidam nous dit bonjour et nous fait remarquer qu’il est déjà passé hier sur un ton qui pourrait nous faire croire que nous devrions lui présenter nos excuses pour ne pas avoir été présents à l’heure aléatoire à laquelle il est venu vendredi…
Nous voilà donc très intéressés car nous voulions justement savoir quelles questions allaient être posées dans le cadre de ce recensement ; les journaux avaient fait état d’une polémique sur le fait que les questions portaient sur la religion, les castes etc.. sans compter les questions sur l’eau courante, l’électricité, si on a une machine à laver (çà tombe bien, elle est en panne, va-t-il falloir la déclarer ?) … Bref, nous allions pouvoir en avoir le coeur net ! Allez savoir pourquoi, mais encore plus qu’Olivia, j’éprouvais beaucoup de bonheur à l’idée d’être recensé ! Mon imaginaire orgueil allant jusqu’à imaginer une question comme « avez-vous des oeuvres d’art ? », ce à quoi je lui aurais répondu que j’avais quelques aquarelles (de mon pinceau) dans l’appartement ! Ah qu’il est bon de se faire plaisir de temps en temps, et après tout un recensement cela ne se produit, comme les vraies éclipses, qu’une fois tous les dix ans.
Notre recenseur est un fonctionnaire indien de l’Etat du Maharashtra et porte sous son bras une grande planche à dessin (80 cm x 60 cm) sur laquelle s’empilent de grandes feuilles perforées remplies de cases colorées. Tout est écrit en marathi ou en hindi car bien sûr il y a différentes feuilles.
C’est parti, combien êtes vous ici ? Mâle ou femelle ? depuis combien de temps êtes-vous ici ? Combien de temps prévoyez-vous de rester ici (si nous avions répondu moins d’un an, nous n’aurions pas été recensés) ? Nom du père (cela doit faire maintenant un million de fois que je réponds à cette question, bien que le nom de mon père n’ait pas véritablement changé !), occupation, nom de la ville de naissance, date de naissance, êtes-vous propriétaire ou locataire…
Pour les noms le formulaire est rempli en hindi, il nous faut donc prononcer le nom pour que le recenseur en ait la bonne transcription phonétique en hindi.
Puis l’officier traitant nous dit que c’est fini et nous remercie de notre coopération. Nous devons néanmoins signer deux formulaires.
Mais pas question de le laisser partir ainsi ; on veut qu’il nous demande notre religion, notre caste, si nous avons une machine à laver etc…
Non, non, nous dit-il ? Est-ce parce que nous sommes étrangers ? Non, explique-t-il, on a trois catégories et les questions ne sont pas les mêmes. Ah et quelles sont ces catégories ? Il y a les très pauvres, les pauvres et les gens normaux. Et dans ce quartier, nous précise-t-il, ce sont que des gens normaux (normaux ici veut dire riches), donc on ne pose pas toutes ces questions.
Nous voilà normaux mais incomplètement recensés !
La roupie indienne se dote d’un symbole
Le gouvernement indien avait lancé le processus en mars 2009 en demandant des propositions de symboles. Mais il y avait un cahier des charges et le symbole devait refléter la philosophie et la culture indienne. Plus de 3000 propositions ont été faites et finalement 5 propositions ont été sélectionnées.
Le 15 juillet, le gouvernement a tranché. La proposition d’un étudiant informatique a été retenue : il s’agit d’une combinaison de la lettre romaine majuscule R et du caractère hindi Ra.
Le nouveau symbole sera utilisé une fois qu’il aura été intégré dans l’Unicode Standard ce qui prendra encore 18 mois ou deux ans.
« Ceci marque l’arrivée de la devise indienne en tant que devise forte sur la scène internationale et je pense que chaque Indien devrait en être fier« , a considéré devant la presse la ministre de l’Information, Ambika Soni.
Offrande et perte de cheveux en Inde
Je m’en plaignais depuis quelques temps. je perdais mes cheveux !
Bien sûr cela est lié à la mauvaise qualité de l’eau. Chaque fois que je prends une douche, donc tous les matins, voilà que je laisse au fond de la douche des dizaines de cheveux !
Puis Geoffroy et moi rencontrons une de nos amies étudiantes qui fait le même constat ; elle aussi perd ses cheveux. Mais ajoute-t-elle, « bon, c’est pas trop grave, je rentre en France dans quinze jours« . Oui elle, mais moi je vis ici encore pour quelques temps ! Puis nous dinons avec un ami français qui se lamente sur le même sujet. Il craint d’être chauve d’ici peu !
Bon, dans l’immédiat, je décide d’aller chez le coiffeur et me faire faire une coupe plus courte. Cela fera autant de cheveux qui ne seront pas donnés à l’ennemi.
Au pays des astrologues, le saturnisme serait-il le coupable ? Pourtant, les indiennes passent pour avoir de beaux cheveux et leur secret est qu’elles s’enduisent les cheveux d’huiles ! Je me vois mal faire de même ! En plus, il parait que cela prend un temps fou ! Bref de quoi s’arracher les cheveux !
Je repense à ce fameux temple de Tirupati que Geoffroy et moi avons visité près de Chennai et dans lequel les hindous accourent en masse pour se faire couper les cheveux. Leurs cheveux sont une offrande et à chaque coup de ciseaux ils font un voeu. Moi je ferai bien le voeu de garder mes cheveux !
Je râle car Geoffroy semble ne pas perdre ses cheveux ! Serait-ce parce qu’il reste moins longtemps sous la douche ?
Mais le problème est toujours là ! J’ai donc pris une grande décision. Je suis allée acheter 50 bouteilles d’eau Himalayan et vais me laver les cheveux à l’eau en bouteille, (4 bouteilles) d’accord c’est froid, mais c’est de l’eau pure ! Je suis contente, j’ai trouvé la solution grâce à mon imagination sans limite !
« A mon imagination, de champ point ! »
Oui, oui, je sais c’est un peu tiré par les cheveux, mais je n’ai pas envie de m’acheter une perruque à cause de ces conduites d’eau toute pourries de l’immeuble et de la ville. Sinon, chauve-qui-peut !
Un amusant coucou indien à Albert Einstein
L’anecdote est rapportée par le Business Standard, un quotidien économique qui brille davantage par sa sobriété que par son humour. La Chief Minister de Delhi devait faire une communication sur l’industrie hôtelière à un parterre de représentants de cette même industrie ; pour des raisons diverses, elle ne peut ou ne veut se rendre à ce colloque et y délègue à la dernière minute un de ses fonctionnaires, lequel porte un nom très philosophique : Kant !
Kant est quelque peu embarassé de se retrouver livrer à ces pros de l’industrie hôtelière et redoute à l’avance les questions trop techniques. Et Kant a une idée géniale. Pour expliquer sa présence, non prévue au départ, il démarre son speech par cette anecdote qui serait arrivée à Albert Einstein.
Aprés avoir reçu son Prix Nobel, Einstein est invité par des tas d’universités à prononcer des discours sur la relativité ! A chaque fois il se rend dans ces universités avec son chauffeur, lequel vient, à chaque fois, écouter son maître parler ! Au bout de deux mois, le chauffeur dit à Einstein : « Monsieur, cela fait trente fois que j’écoute votre discours et je le sais maintenant par coeur. Pourquoi ne ferai-je pas le prochain discours ? ». Interloqué et amusé, Einstein répond :: « d’accord » !
Lors du discours suivant, le chauffeur monte donc à la tribune tandis qu’Einstein s’installe discrètement au premier rang de l’auditoire. Le chauffeur prononce sans papier le discours d’Einstein, mot à mot, avec les mêmes intonnations, le tout religieusement écouté et chaleureusement applaudi. Einstein est bluffé !
Mais un étudiant se lève et pose une question sur l’équation de la relativité, question à laquelle notre chauffeur est totalement incapable de répondre. Cependant ce chaufeur est vraiment un malin. Il n’hésite pas et répond : « Monsieur, votre question est trop simple pour que je puisse y répondre ; elle est tellement simple que même mon chauffeur pourrait y répondre! » Et il pointe avec son doigt Einstein qui, comprenant la situation, se lève aussitôt et donne la réponse mathématique à la question !
Après cette magistrale introduction, Kant précise que son chauffeur (la ministre) n’étant pas là, les questions techniques ne sont pas les bienvenues ! Ceci a fait rigoler son auditoire et personne n’a osé lui poser de questions.
Et puisqu’on parle d’Einstein, il nous revient cette autre histoire qui vaut son pesant de pistaches ! On demanda un jour à Einstein qu’est-ce qui était vraiment infini et il répondit : « l’Univers et la bêtise humaine« .
Et il ajouta : « Mais pour l’Univers je n’en suis pas sûr à 100% ! ».
Un yogi a vécu 70 ans sans eau et sans nourriture
L’information a paru dans tous les médias indiens ! Un yogi de 83 ans se passe d’eau et de nourriture depuis 70 ans ! Rien de moins.
Le yogi, qui se nomme Prahlad Jani, est hospitalisé depuis mi-avril et est suivi par une équipe de médecins militaires (on parle de 30 médecins) qui l’observe 24h/24. Un médecin du Defence Institute of Physiology and Allied Sciences a déclaré que cette étude permettrait peut-être d’y voir plus clair sur les conditions de survie en l’absence d’eau et de nourriture. Il a même ajouté, le plus sérieusement du monde, que cela pouvait servir à préparer les prochaines missions sur Mars.
Les médecins ne lésinent pas sur les moyens : IRM, scanner, électrodes, analyse de sang etc… Notre yogi n’a qu’à bien se tenir.
Et tout cela est pris au sérieux car finalement il s’agit de trouver quelle est la forme d’énergie dont le yogi se nourrit pour survivre, puisqu’il n’a recours qu’à la méditation. Un médecin militaire a eu une pointe de réalisme en disant que « cela peut être utile pour nos soldats, même s’ils ne seront sans doute pas capables de méditer ».
Notre yogi, désormais héros national, a indiqué qu’il avait été béni par une déesse à l’âge de 8 ans et que depuis lors il n’avait plus besoin de boire ou de se nourrir (ce qui en passant ferait 74 ans et non 70, mais c’est un détail !).
On ne sait pas si notre yogi aspire au repas éternel !
Mata-Sari ; la Mata-Hari du Pakistan?
Voila une histoire qui nous rappelle Mata-Hari ; mais là cela vient de se passer en Inde ou plutôt au Pakistan.
Madhuri Gupta, 53 ans, est la 2° conseillère de l’Ambassade d’Inde au Pakistan. C’est une femme ambitieuse. Dans des circonstances que l’enquête en cours éclaircira
probablement, elle est amenée à rencontrer le Capitaine Rana, un officier pakistanais qui, selon toute logique, travaille pour l’intelligence pakistanaise.
Que se passe-t-il entre Madhuri et ce capitaine ? On se plait à imaginer aisément que leurs conversations furent plus galantes que diplomatiques… et les journaux indiens y
vont chacun de leur version ! Pour les uns ce ne furent pas des échanges de billets doux mais des échanges de billets verts ! D’autres assurent qu’en matière d’embrassade, Madhuri avait
embrassé l’Islam il y a quelques années !
Toujours est-il qu’à partir de cette rencontre avec ce capitaine pakistanais, la 2° conseillère de l’Ambassade se met à s’intéresser de très près à des sujets qui ne relèvent
pas de sa mission. Et elle transmet à ce capitaine pakistanais des informations confidentielles.
C’est tout ce que l’on peut savoir des articles écrits sur ce sujet d’actualité récente ; notre Mata-Hari est sous les verrous à Delhi et l’affaire choque car c’est le
premier cas d’espionnage et de trahison en Inde depuis l’indépendance. Les autorités indiennes cherchent à rassurer en expliquant que Madhuri était en charge de l’information mais pas des sujets
stratégiques ou de défense.
Il est probable qu’on n’en saura jamais beaucoup plus.
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