Vivre en Thailande, c’est découvrir que le « Bénéfice du doute » est une notion à géométrie variable.
Définition de « bénéfice du doute » : « A défaut de preuves patentes, renoncer à considérer quelqu’un comme coupable”. Est-ce que c’est à l’accusé de prouver son innocence ou à la justice de trouver des preuves de sa culpabilité ? En tout cas le « bénéfice du doute » en Thaïlande est une notion à géométrie variable.
Agong, le grand-père d’origine chinoise est mort en prison pour 4 sms qu’il « aurait » envoyé à une personnalité du gouvernement. Pauvre conducteur de camion, quasi illettré, comment pouvait-il connaître le numéro de téléphone personnel d’une sommité telle qu’un secrétaire particulier de Premier ministre ? Doute….
D’autre part, il n’avait probablement jamais envoyé de sms de sa vie… Doute…
Il allait chercher chaque jour ses petits enfants à l’école et devait leur apprendre, comme tous les grands-pères thaïlandais, à faire le « waï » et à respecter la famille, la religion, les gens riches et le roi… Doute…
Ceci dit on peut être un grand-père tranquille, sans éducation et connaître quelques grossièretés et insultes, genre pouffiasse, pute, con, tête de nœud, chatte… Mais doute quand même…
Si je sais que l’un de ces mots existe en thaï c’est parce que moi-même j’en ai fait les frais. J’étais en France et je voulais dire à mon « chéri » qu’il neigeait à Paris. (Hi ma tok : neige tomber…) sauf que j’ai utilisé deux mauvais tons et j’ai dit « hii maa tok »… A ma décharge, le mot neige n’est pas un mot que j’utilise souvent en thaï. Donc je suis pardonnable, mais ça a fait beaucoup rire mon compagnon car j’ai simplement dit – au lieu de neige tomber- (หิมะตก), chatte de chienne tomber (หี หมาตก) … comme quoi « hi ma » tons courts et hauts, ce n’est pas « hii maa » (tons longs et montants).
Donc à aucun moment on a accordé le bénéfice du doute à Agong. Pire, sa demande de mise en liberté provisoire a été refusée 8 fois de suite. C’est vrai qu’il n’avait pas l’argent pour payer la caution et son avocat allait demander un pardon royal… Jusqu’à sa mort Agong a nié les faits et plaidé non coupable… Demander la grâce du roi ne revenait-il pas à avouer un crime qu’il n’avait peu-être pas commis ?
En revanche, un autre fait divers fait la « une » de certains journaux thaïlandais en ce moment. Des militaires « violant » une femme, photos à l’appui… Six hommes et une femme (mauvais titre de film) Le chef des armées s’est tout de suite déclaré pour le « bénéfice du doute » concernant ces militaires.…. Elle – la femme – devait surement être consentante….Et puis un peu plus loin je lis : « bah ils devaient être en train de tourner un film porno »
Agong risquait de mettre le pays à feu et à sang, risquait d’ébranler les institutions thaïlandaises, tandis que des militaires violant une femme, ça change quoi au pays du sourire trop facile ?
Interrogation….
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