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Voyage en Mauritanie

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La Mauritanie nous attend… Nous entreprenons ce voyage en 2001… Une belle expérience à découvrir … Départ le soir du 22…vers Marseille ! Où nous arrivons vers 22 heures 30. Hôtel Best Western et réveil à 3 heures du matin, le 23, pour un enregistrement à 3 heures 30. L’avion part avec retard, comme tous les avions !

Voyage en Mauritanie, du 22/11/01 au 30/11/01.

Départ le soir du 22…vers Marseille ! Où nous arrivons vers 22 heures 30.

Hôtel Best Western et réveil à 3 heures du matin, le 23, pour un enregistrement à 3 heures 30. L’avion part avec retard, comme tous les avions !

Arrivée à Atar vers 10 heures heure locale. Il fait seulement 19° à l’extérieur.

Nous sortons de l’aéroport, tout neuf, et nous trouvons celui qui va être notre guide pendant notre séjour :  Ali, 46 de pointure de chaussures, au moins 1 mètre 90….

Nous allons être entassés à 7 dans un 4×4 – pour 5 places !-, à savoir le guide, le chauffeur, le cuisinier (pris au passage à Atar, sur la place du marché), et nous 4, voyageurs du désert.

Maudit 4×4 ! Il n’arrête pas de crachoter, de tousser et de caler : cela nous vaudra un changement de véhicule avec le déchargement puis le rechargement…chez Salima voyages, le loueur de 4×4. Achat d’un chech noir pour 1.500 ouguiyas (52 FRF., c’est du vol !).

L’aperçu que nous avons de la ville d’ATAR est furtif, mais dés que nous descendons du véhicule, nous sommes assaillis par des vendeurs enfants qui n’ont qu’une gamme très réduite de produits : chechs, dattes (excellentes), petits objets…

Nous reprenons donc la route en allure accélérée : il faut arriver à Ouadane, cité du désert envahie par les sables, avant la nuit…C’est de là que nous ferons notre périple à pied et à dos de chameau…

Sur le chemin, je devrai dire la piste, tantôt goudronnée, tantôt empierrée, tantôt rien du tout, nous sommes arrêtés deux fois : une fois par la police à la sortie d’ATAR, une fois en rase campagne (encore qu’il ne s’agit guère de campagne !) par la gendarmerie. Ils ne s’émeuvent pas du tout de nous voir à 7 pour 5 places !

Arrivée à Ouadane en fin d’après midi après avoir traversé un paysage montagneux et lunaire, fait de pierres, de soleil et sans verdure. Nous n’avons pratiquement croisé aucun véhicule.

Nous nous installons dans l’auberge locale – la seule – et nous déplions nos affaires sous la tente qui va nous servir d’abri. Le confort est rustique, mais pas inexistant : il y a douche froide et W-C. Il y a même l’électricité, fournie par un groupe électrogène.

Ouadane est une ville en ruines, mais classée Unesco, à laquelle s’accrochent quelques habitants sans ressources : cette ville a eu son heure de gloire du temps des grandes caravanes, il reste 400 maisons sur 3.000…le sable a fait son œuvre. C’est d’ailleurs une constante dans ce pays : il est littéralement poussé irrésistiblement vers l’océan Atlantique, tant le sable l’envahit.

Nous prenons notre dernier dîner « continental » et passons notre première nuit du désert.

24/11/01, c’est le départ…

Nous faisons connaissance d’Olivia ,37 ans, suisse allemande, infirmière en psychiatrie, qui séjourne depuis une huitaine de jours à Ouadane et qui va se joindre à nous pour la suite. Elle ira parcourir la Mauritanie au delà de notre séjour avec Bruno, toulousain, 45 ans, architecte défroqué (il faut bien vivre) devenu cadre dans un centre de travail destiné aux handicapés mentaux, Philippe, parisien, 49 ans, qui gère une association de réinsertion pour les malades du sida et qui ira avec nous jusqu’à Chinguetti où il passera une semaine supplémentaire consacrée à la calligraphie.

Notre cuisinier se prénomme Mohamed. En fait, il n’est pas chargé de faire la cuisine, mais à laver la vaisselle et à « dresser » la table. C’est Ali, le guide qui nous fera la cuisine (nous sommes en plein ramadan, mais les caravaniers en sont dispensés).

Il y a également trois chameliers, mis à l’écart, dont le plus jeune a 28 ans et le plus âgé 50 (il en paraît 20 de plus). Ils sont mis à l’écart par le guide et le cuisinier : ils mangent ensemble, la nourriture que nous mangeons n’étant pas bonne pour eux !

Les chameliers s’occupent cependant de nous : ils nous font le pain, chaque soir pour le lendemain, avec de la farine de blé. Cette grosse galette, sans levure, cuit sur un feu de bois et forcément on y trouve un peu de bois et un peu de sable qui crisse…Ils nous font également, matin et soir et selon la tradition, le thé, qui est un thé de Chine vert. La tradition veut que nous buvions trois verres d’affilée.

Nous voilà donc partis, le guide, magnifique dans son boubou bleu et sa canne – simple bâton de bois -, devant, accompagné du cuisinier, puis nous 5, puis derrière encore les chameliers et leurs 7 chameaux…

Les chameaux sont de curieux animaux : on les dit peureux et râleurs. Ils ont deux caractéristiques physiques étonnantes : leurs pattes arrières se plient exactement de manière contraire aux nôtres, et ils ont entre les deux pattes avant un espèce de coussinet qui leur permet de s’allonger sans que le ventre ne touche sable ! Durant tout notre trajet (80 km environ) nous ne les verrons pas boire. Ils mangent un peu de blé et surtout des feuilles garnies de longues épines qu’ils arrachent aux rares arbres et qu’ils dévorent délicieusement…Ils sont loin d’être bêtes : nous en avons vu un qui chargé, mais toujours allongé sur le sol, se débarrassait de sa charge en se couchant sur le côté, ce qui obligeait le chamelier à tout défaire et à tout refaire…

Cette première partie de désert est dans l’ensemble caillouteuse, ce qui facilite la marche mais parfois il y a des plaques de sable qui ralentissent la marche : on a l’impression de monter un escalier mécanique en panne !

A des yeux non exercés, tout paraît semblable à tout mais plus le temps avancera plus les différences de paysage deviendront évidentes.

Nous nous arrêtons sous un arbre pour le déjeuner, préparé par Ali. Il s’agit de conserves, toutes d’importation, la Mauritanie ne produisant rien pour ses 2,5 millions d’habitants groupés sur la côte, dans un pays dont la surface est de quatre fois celle de la France. Une exception cependant : la Mauritanie produit du riz aux abords du fleuve Sénégal.

Nous mangeons de bon appétit sur une grande natte, une fois les chameaux déchargés – ces derniers iront vaquer librement à leurs occupations, encore que certains d’entre eux soient entravés des pattes avant – et avec des couverts, mais tout dans le même bol, des haricots verts, des betteraves rouges, du maïs, du thon, des pois chiches etc…Nous buvons de l’eau purifiée et le thé des chameliers…Puis sieste : ce sera le programme de chaque journée.

Reprise de la marche vers 16 heures, moment où le soleil est déjà moins violent. Nous nous arrêtons vers les 18 heures et nous nous montons la tente qui sert de salon et d’abri pour notre guide et le cuisinier.

Les chameliers allument un feu de bois (du bois qu’ils ramassent sur le chemin et que portent les chameaux) sur lequel va trôner une cocotte noire d’usage et dans laquelle ils feront cuire du riz et quelques patates et parfois un peu de viande. Comme c’est la coutume, ils mangeront de leur main droite, accroupis.

Notre guide pendant ce temps prépare le repas et nous l’aidons pour ce faire : cela fait longtemps que je n’ai pas épluché autant de légumes ! Nous disposons d’oignons, de carottes, de patates, de pommes de terre. Ali, lui, dispose d’un butagaz sur lequel il cuisine les plats : du riz, des pâtes et même un délicieux couscous. Parfois, Ali ajoute quelques morceaux de viande de chameau ou de chèvre qui sont proprement immangeables pour cause de dureté. Il y a forcément un peu de sable dans tout ça, mais finalement, cela n’a pas grande importance.

Nous prenons nos sacs de couchage pour dormir à la belle étoile (il y en a une quantité phénoménale) mais j’ai du mal à trouver un emplacement…ce qui me vaut ce dialogue avec Régine : où vais je m’installer ? Réponse : n’importe où…Question : mais c’est où n’importe où ?

Enfin le problème se règle et je m’endors non sans avoir longuement contemplé le ciel…

Le matelas mousse qui nous a été fourni est mince et il est vite douloureux de se mettre sur le côté : on ne peut guère dormir que sur le dos et sur le ventre…L’ennui se sont ceux qui ronflent de manière tout à fait immodérée…

Le lendemain, nos compagnons de route nous dirons avoir eu froid dans leurs sacs : ils ont des sacs de 0 à -1°, alors que les nôtres sont de 0 à -5°…en plus, j’ai ma polaire que je mets torse nu comme indiqué par Emmanuelle. Bruno, le toulousain, n’en croit pas ses yeux et promet de le faire savoir dés son retour à Toulouse…

25/11/01.

Nous nous réveillons au petit matin (le ciel est couvert) et prenons notre petit déjeuner : vache qui rit, confiture, et même beurre pour ce premier petit déjeuner, nescafé ou thé en sachet.

Puis c’est le démontage de la tente et le chargement des chameaux. Le soleil est levé et la température va progressivement monter à 35°. Le sable a un comportement curieux : il est très vite chaud mais dés que le soleil se couche, il devient froid…

Régine soigne avec un collyre l’œil enflé d’un chamelier (coup de sable, probablement) et comme ses soins auront un succès certain, se sera le défilé des bobos réels ou parfois imaginaires…il est vrai, comme le dit Régine que ce sont des hommes peu habitués à être entourés…

Tous vont faire leurs prières cinq fois par jour, après des ablutions symboliques : il n’y a pas d’eau à dépenser pour cela et d’ailleurs, aucun de nous ne se lavera pendant notre trajet, sauf aux arrêts Oasis….du reste, ce n’est pas absolument nécessaire : le désert ne salit pas !

L’après midi, je décide de monter sur le chameau : il s’agit en effet d’une méharée…et non d’un trekking ! Trois phases : la première consiste, le chameau une fois allongé sur le sol à se hisser sur la selle (horrible instrument de torture en bois recouvert d’une couverture), la deuxième à saisir la corde qui entoure la queue de l’animal, donc derrière soi, et à saisir dans le même temps la selle à l’avant, la troisième phase consiste au lever de l’animal qui se lève d’abord par les pattes arrières puis ensuite par les pattes avant…Une fois fait, les jambes disposées de part et d’autres du chameau il n’y a qu’à se laisser aller au cahotement de l’animal…mais franchement, pour des fesses d’occidentaux bien nourris, c’est du martyr même si Régine avait pensé à prendre du mytosil…..et comme les chameaux sont peureux, il suffit que l’un d’eux prenne la mouche pour que tout ce petit monde s’emballe, à la manière des moutons…Régine en sera la victime ! Elle est délicieuse à parcourir le désert avec sa casquette (les cheveux roux en débordent !)Formule 1 à laquelle elle a cousu un mouchoir de coton de façon à garder sa nuque à l’ombre !

Le désert n’est maintenant plus que de sable. A midi, nous arrivons à l’oasis de Tenochert où nous déjeunerons. On y pratique un peu de culture vivrière (entre autre du maïs).

Je m’offre un coca tout frais ! (500 ouguiyas, soit 17,50FRF, moins cher qu’à la Bastille !)

Nous en profiterons également pour nous doucher : c’est la douche africaine, à savoir un grand bidon métallique rempli d’eau froide sur lequel flotte une demi bouteille de plastique et voilà ! A la sortie de l’auberge, trois femmes ont étalé leurs objets à vendre : quelques colifichets, quelques étuis, mais rien de bien beau ni de très travaillé. Bruno et Philippe se dévouent et achètent deux trois bricoles, juste pour faire plaisir.

Je suis, pour ce qui me concerne, chargé d’écrire les deux trois lignes de remerciement sur le livre d’or de l’auberge. Il y passe pour l’essentiel des français (j’ai même failli m’étonner du faible nombre de touristes non francophone alors que je suis moi même un touriste !). En fait, Mohamed, qui est déjà venu en France à Montauban pour un stage me dira qu’il se sentait comme chez lui en France.

En clair, il y avait 1.500 touristes en Mauritanie pour l’année 1998. C’est dire qu’il y a de la place ! Du reste, à ma connaissance, il n’existe que deux guides, dont l’un minuscule, sur la Mauritanie.

Nous reprenons notre chemin, toujours dans le même ordre, et nous campons à nouveau en plein désert, toujours à la belle étoile. Un chamelier me donne une espèce de pointe de flèche en silex ( ?) taillée il y a beaucoup de siècles. En fait, il y a quantité d’objets préhistoriques qui affleurent et que les gens ramassent et dont ils font commerce au grand dam de notre guide.

26/11/01, les choses se gâtent !

Il est environ 6 heures moins 20 du matin quand nous sommes réveillés par…la pluie ! Incroyable ! Les autochtones en sont les premiers surpris, d’abord par ce que la saison des pluies, c’est août et septembre (deux jours maxi), et deux par ce que voilà plus d’un an qu’il n’a pas plu !

C’est la fuite éperdue : je me réfugie en slip chez notre guide et son cuisinier, sac de couchage à la main, et nous nous retrouvons tous, Olivia, Bruno, Philippe, Régine et moi dans la tente qui est trop petite pour nous accueillir. Nous attendrons là la fin de l’averse.

La tente ronde est imperméable car elle est faite d’une bâche mais qui hélas, ne descend pas jusqu’au sol. Sur 50 cm est cousue une toile qui elle prend l’eau et elle en prend beaucoup car c’est sur cette portion de toile que ruisselle l’eau de pluie. Tant et si bien qu’à l’intérieur de la tente et sur 50 cm, c’est le no man’s land ! Cela réduit d’autant la surface habitable…

La pluie finit par cesser, les chameliers battent le rappel de leurs chameaux qui sont libres d’aller où bon leur semble la nuit – si bien que parfois, il faut faire des km pour les retrouver à la trace…

Nous partons sous un ciel couvert, avec à peine quelques rayons de soleil parfois…il fait froid car il y a un peu de vent, mais enfin on voulait de l’aventure, alors on ne va pas se plaindre ! Et puis les gens du pays sont si contents !

Le sable a changé de couleur sous ce ciel sombre, il est parfois rose, jaune ou blanc…et le vent qui passe sur les dunes les a ridées à la façon de ces coups de râteau donnés par un jardinier japonais.

Il est vrai que la pluie nous facilite la marche : le sable est plus dur et de fait nous nous enfonçons beaucoup moins.

Nous passons devant l’oued R’Ghaiwiya où nous nous procurons quelques pastèques, comme les chameaux sont loin derrière (ils ne suivent pas exactement le même chemin que nous car ils des difficultés à monter sur les dunes – ils portent jusqu’à 150 kg -, et passent par des défilés entre ces montagnes de sable), notre guide prend son chech, y met les fruits et dispose le tout autour de la taille.

De quoi parle t’on dans le désert ? De tout et de rien bien sûr, mais aussi des métiers de chacun et paradoxalement car ce n’est vraiment pas le lieu, de la circulation à Paris (ah ! ces encombrements !), de la recette de la quiche lorraine ou de la soupe à l’oignon…gratinée au fromage râpé…

Pour ma part, j’apprends beaucoup de choses sur les handicaps mentaux et sur les difficultés innombrables que peuvent avoir les malades du sida à se loger ou à retravailler…L’architecture est aussi un sujet de discussion, comme le sont les procédures d’adoption : Bruno et sa femme cherchent à adopter un enfant haïtien, mais ce n’est pas facile !Philippe nous fait part de son expérience du Burkina Faso où il s’est rendu il y a peu (un reportage télévision doit être diffusé sur Arte le 18/12…tous à vos écrans !).

Nous nous arrêtons, toujours dans le même oasis, pour déjeuner. Nous montons la tente pour la faire sécher au vent.

A peine arrivés, deux femmes dont l’une très jeune allaitant un enfant, déballent leurs objets à vendre. Rien de mieux que d’habitude, mais c’est à nous de nous dévouer. Aussi, nous achetons, après négociations, une théière en étain un peu cabossée (proposée à 5.000 ouguiyas soit 175 FRF. montant ramené à la moitié, après l’efficace intervention de Régine). Les prix proposés sont totalement irréalistes, mais on sent bien que ce n’est pas forcément volontaire et qu’il s’agit plus d’un manque de référence que d’autre chose. Car que vaut quoi dans le désert ? Et de fait à nous deux nous aurons dépensé 260 FRF., sans pouvoir acheter grand chose, pour une semaine…et malgré un achat exceptionnel de chaussures en toile !

Car il faut le dire : Régine se fait quelques ampoules et moi j’ai 4 ongles de pied en fort mauvais état (je m’attends à ce qu’ils tombent dans quelques semaines, ça me fera des pieds tout neuf pour le troisième âge !)

Après le déjeuner nous reprenons notre marche vers Chinguetti. Il fait toujours frais pour ne pas dire froid.

Nous nous arrêtons dans un paysage idyllique fait de dunes et de quelques vagues arbrisseaux. Là il s’agit bien entendu de monter la tente, de dîner et de se préparer à la pluie qui ne va pas tarder : en fait nous l’aurons toutes les nuits.

Les chameliers utilisent une bâche plastique, l’entrée de cette tente improvisée se fait sens contraire du vent, ils montent un mur d’objets hétéroclites (selles de chameaux, caisses, réserves d’eau, nos bagages…) et créent ainsi une tente à 5 places où iront dormir Olivia et Bruno, Philippe et nous deux occupant la tente du guide et du cuisinier. Car il ne tarde pas à pleuvoir dru.

27/11/01.

Un jour avant d’arriver à Chinguetti…les pieds en sang ou en ampoules : nous n’avons plus de pansements car bien entendu nous les avons partagés…Nous nous levons mouillés mais après un bon petit déjeuner et trois verres de thé (c’est du mini en quantité genre verre à vodka), nous repartons je ne dirai pas bon pied bon œil, mais enfin au moins bon œil !

Le paysage encore mouillé est superbe : un photographe s’en donnerai à cœur joie, il existe d’ailleurs des livres d’images splendides.

La journée se passe tantôt à pied tantôt à dos de chameau. J’observe avec curiosité que les mauritaniens urinent soit à genoux dans le sable, soit accroupis.

Nous discutons avec Mohamed et Ali sur le statut de la femme mauritanienne. Nous apprenons que la loi veut que pour témoigner en justice la parole d’un homme suffit alors que si c’est une femme il faut en réalité deux témoignages féminins pour valoir un témoignage masculin…Et ils ont l’air absolument convaincu de cette nécessité et avancent des arguments de bric et de broc pour tenter de justifier l’injustifiable !

La journée se passe ainsi en discussion aimable sur tous les sujets du monde, on apprend qu’il était prévu avant les événements du 11 septembre d’avoir trois rotations aériennes à Atar par semaine, mais que pour l’instant cette extension est remise à plus tard.

On nous explique que le tourisme diffuse un peu de richesse dans la mesure ou cela fait travailler les chameliers (pas toujours les mêmes), les auberges (même principe).

Mohamed nous fait une sortie contre la prévarication et estime – peut être a t’il raison – que la Mauritanie est potentiellement un pays riche compte tenu de sa faible population et il regrette la sortie de la zone franc. Il est vrai que ce pays possède de très importantes réserves de minerai de fer et bénéficie d’un océan extrêmement poissonneux.

Le déjeuner se passe sans signe particulier et nous poursuivons notre marche jusqu’à la halte du soir. Après avoir monté la tente et épluché les légumes, nous nous installons pour dîner sous la tente et éviter ainsi la pluie qui recommence à tomber.

Comme il n’y a rien d’autre à faire qu’à dormir, nous nous installons le plus confortablement possible. Philippe tente une sortie malgré la nuit qui tombe vite.

Un quart d’heure après, notre guide nous demande où il se trouve : nous n’en savons rien, cela l’inquiète et il part avec le cuisinier à sa recherche alors que la nuit est tombée. En fait, Philippe s’est perdu, et Ali et Mohamed suivront ses traces pour le retrouver en criant son nom au vent.

Il pleut fort quand tout à coup Philippe est retrouvé, il avouera après avoir eu une belle peur et craint d’avoir eu à passer la nuit dehors sous la pluie, à l’abri d’une dune…le seule chose qu’il avait, c’était son flash d’appareil photo…Il passera une bonne nuit, mais je suis sûr que son sauvetage sera vite connu de toute la Mauritanie !

28/11/01, arrivée à Chinguetti.

Nous allons faire cette arrivée à dos de chameaux et nous aborderons le point final de notre périple en fin de matinée après avoir conversé autour d’un puits dont l’eau est très claire mais aussi très profonde. J’en profite pour me doucher la tête et cela fait beaucoup de bien car ça change des lingettes (il faut dire qu’on se salit très peu dans le désert et l’air n’est évidemment pas pollué). Nous filons, à l’allure de nos chameaux entre les dunes, il y a un peu de verdure, quelques dattiers, et nous apercevons la ville de Chinguetti qui est en fait double : la vieille ville partiellement ensablée (le niveau du sable atteint parfois le premier étage des maisons) à droite et la ville nouvelle, à gauche, située un peu plus en hauteur. Ces deux villes sont séparés par un oued, à sec depuis longtemps : son lit sert d’ailleurs de terrain de football pour les jeunes.D’autres jeunes utilisent les dunes comme piste de luge et dévalent les pentes assis dans de vieilles carcasses de pneu…

Nous arrivons à l’auberge du « Balancier » dans la vieille ville, où nous récupérons nos affaires. C’est bientôt le moment de l’adieu aux chameliers à qui nous allons offrir quelques menus cadeaux (tee shirt, thé vert de Chine…).Régine les soigne pour la dernière fois : l’un s’est arraché un ongle d’un doigt de pied et visiblement, c’est douloureux. Le même tient absolument à avoir du collyre dans l’œil, alors que tout va bien !

Après avoir installé affaires dans une chambre en « dur », je confie à Ali ma paire de chaussures de tennis à la semelle décollée, mais sa réparation ne tiendra pas longtemps et j’aurai à investir dans une paire locale.

En attendant, et après avoir déjeuné, nous nous baladons dans Chinguetti la neuve : le tour en est vite fait, mais nous sommes surpris par le nombre de « galeries d’art » qui vendent des colifichets, des bracelets, des colliers….Il y a l’électricité et l’eau courante, un bureau de poste fermé à l’heure à laquelle nous nous promenons, des coiffeurs (l’un d’entre eux fera le bonheur de Bruno qui se fera tailler la barbe), quantité d’épiceries, une ambulance et un dispensaire, un cordonnier, un vendeur d’essence et au moins un marchand de chaussures chez qui je passerai demain pour m’équiper.

Nous rentrons à l’auberge où nous dînons, je suis une fois de plus de la corvée du livre d’or, certains font un brin de toilette et je me rase pour la première fois depuis notre arrivée dans le désert ! L’électricité de l’auberge est fournie par un groupe électrogène réticent, mais je suis au bic jetable ! L’eau de la douche est très froide et j’ai décidé de ne pas m’y frotter !

La nuit ne sera pas mauvaise, mis à part les ronflements intempestifs de certains et un ou plusieurs moustiques qui vont s’acharner sur nous.

29/11/01 visite de la vieille ville.

Tôt le matin, nous partons à la découverte de la vieille ville et de sa bibliothèque, de réputation internationale.

En fait, cette bibliothèque est privée : elle appartient à une famille dont nous rencontrons le représentant qui est économe au lycée de Chinguetti. Il s’exprimera dans un très bon français.

Il nous fait visiter un premier local où il a amassé sur des étagères des livres actuels et dans un coin, des livres en langue étrangère. Le local est à peine éclairé, ce qui facilite la bonne conservation des documents. Mais enfin, disons-le, cette première pièce ne présente pas grand intérêt.

Il nous montre le système ingénieux de serrure où il faut employer, non pas une clé pour ouvrir, mais une sorte de brosse métallique munie de pointes qui s’ajustent dans le penne. Régine aura l’honneur d’ouvrir ainsi la troisième porte, celle des manuscrits.

En attendant, nous passons dans la deuxième pièce, celle qui contient des souvenirs de famille (instruments, bols divers etc…). En fait c’est un bric à brac poussiéreux d’objets hétéroclites dont l’intérêt n’est pas évident dans la mesure où cette civilisation utilise toujours les mêmes instruments depuis plus de cent ans…

Nous pénétrons enfin dans le saint des saints : la troisième pièce, qui contient de précieux manuscrits classés dans des boites d’archives en carton !

Nous en passons quelques uns en revue, dont un qui a eu les honneurs à la fois des termites, (il est troué en son centre et le restaurateur est mort qui savait les phrases manquantes) et d’Arte.

Une fois la visite achevée et payer notre entrée, nous nous dirigeons vers la ville neuve, beaucoup plus animée, d’autant que c’est le marché que la vieille ville.

Il n’y a pas grand chose à vendre, quelques légumes (carotte, oignon, tomate…) et de la viande de chèvre ou de chameau. Nous achetons une espèce de beignet pour faire couleur locale et nous trouvons des chaussures à mon pied pour 800 ougaiyas (prix de départ 1.000, les locaux achètent à 700.).

Nous terminons notre visite en nous asseyant sur des marches, tout à coté du cordonnier. Là, tout prés, sur le sol, des hommes jouent à un jeux qui s’apparente au jeu de dames.

Nous rentrons déjeuner à l’auberge, j’écris l’habituel compliment sur le livre d’or, nous chargeons le 4×4 et direction Atar.

Le trajet s’effectue sans problème, nous nous arrêtons pour admirer fort Saganne et des peintures rupestres découvertes par Théodore Monod qui est le grand homme pour les mauritaniens.

Nous parvenons à Atar en fin d’après midi et là, premier incident d’intendance : notre guide nous avait réservé des chambres dans une auberge, mais comme nous n’étions que 5, l’aubergiste a préféré héberger un groupe de touristes plus nombreux… (Ce ne sera pas notre dernière surprise en matière de surbooking). Mais comme il y a de nombreuses auberges à Atar, nous trouvons facilement de la place pour une nuit qui allait s’avérer comme la plus difficile de notre séjour…çà à cause des ronfleurs et aussi des moustiques (il y a des flaques d’eau un peu partout dans les rues).

En attendant le dîner, nous nous baladons sur le marché, pauvre. Nous achetons deux kilos de dattes pour nous et deux pantalons (importés d’un pays voisin, la Mauritanie n’ayant pas d’industrie textile) comme cadeau pour Ali et Mohamed.

Rentrés à l’auberge, notre guide nous confirme notre départ pour le lendemain, lever à 5 heures et quart, aéroport à 6 heures pour un envol vers 9 heures 30.

30/11/01 en avion vers Paris.

Nous sommes pile poil à l’aéroport à 6 h du matin. Un groupe est devant nous et enregistre ses bagages. Notre tour arrive et nos posons nos deux sac sur la balance, lorsque tout d’un coup, le chef d’escale Point Afrique (organisme par lequel nous avons voyagé) nous prend à part et nous dit qu’il y a surbooking (25 passagers en trop pour 148 places !) et que nous avons été désignés pour rester à Atar aux frais de la princesse, jusqu’à lundi pour le prochain avion !

Nous lui indiquons que nous ne sommes pas du tout d’accord et qu’il doit se débrouiller pour nous trouver deux places et nous lui demandons sur quels critères s’est fait cette exclusion…car il y a d’autres groupes qui s’enregistrent : j’en déduis que Point Afrique préfère éliminer ses voyageurs individuels plutôt que de refuser sur un avion affrété par lui, de prendre des passagers de Nouvelles Frontières !

Le procédé est absolument scandaleux, (il est invraisemblable que l’on ne sache pas combien de passagers sont susceptibles de partir d’Atar un jour donné- il n’y a que 2 vols par semaine, assurée par la Cie Aéris) d’autant que nous travaillons tous les deux dés lundi !

Toutefois, la chance sera de notre coté : en effet un groupe Point Afrique se désiste et nous pourrons embarquer in extremis : j’ai le numéro 117 et Régine, restée en carafe plus longtemps que moi, a le numéro 144 ! Il était temps !

Comme de bien entendu, l’avion, comme à l’aller termine sa course à Marseille et comme nous n’étions décidément pas prévu, nous n’avons pas de billet pour le trajet Marseille Paris…si bien que sitôt arrivés nous nous précipitons vers le comptoir d’Air France, où une hôtesse bien inspirée va réussir avec diverses autorisations à nous émettre deux billets sur Paris !

Comme l’avion ne part qu’à 21 heures (je pense qu’il s’agit là du tarif le moins cher) nous allons errer dans l’aéroport de 15 heures à 20 heures…J’en profite pour prendre une douche réparatrice et nous allons de café en caf é jusqu’au départ vers Paris ! Nous serons à l’appartement vers 1 heure du matin ! Quelle journée !

Bien, je suis bon pour écrire une lettre de réclamation !

Jean-Marie Lambert

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