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Atoll de Johnston: du péril jaune aux fourmis jaunes.

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Vous voulez aller sur l’atoll isolé de Johnston, dans le Pacifique central ?

Cela tombe mal. L’île est interdite aux visiteurs. Sauf si vous voulez devenir volontaire.

Depuis mai 2005, les militaires et une poignée de scientifiques ont quitté cet atoll aride, isolé, situé à 1325 kilomètres d’Honolulu, aux îles Hawaï. Il appartient aux Etats-Unis.

L’atoll Johnston additionne les paradoxes. Depuis 1927, l’atoll a été désigné réserve naturelle. Toutefois, la marine américaine en reçut le contrôle en 1934, relayée en 1948 par l’US Air Force. Pendant la guerre du Pacifique, il a servi de base aérienne et de ravitaillement. Dans les années 1960, il a été le site d’essais nucléaires et toujours de base arrière pour ravitailler les troupes engagées dans la guerre du Vietnam. En attendant, officiellement, il était toujours une réserve naturelle.

Ensuite, il a stocké, puis détruit toutes les armes chimiques de l’armée américaine.

Du coup, les quelques 1100 militaires et scientifiques ont quitté définitivement l’atoll en 2005. Dans cette vidéo, on voit les installations de destruction des armes, une piscine de taille olympique, un réfectoire qui est la copie conforme de tous les réfectoires de la planète, un bassin aux requins, des scientifiques portant une combinaison digne des films d’horreur.

L’armée, en partant, a dit : l’atoll est sain. L’atoll est propre. Tout va bien. No problem. Over and out.

L’atoll de Johnston fait partie des Îles mineures éloignées des Etats-Unis. Il appartient à la zone classée Pacific Remote Islands Marine National Monument depuis janvier 2009. Une idée de George W.Bush, fortement influencé par son épouse, Laura.

D’après les scientifiques environnementalistes qui ont repris le contrôle de l’atoll (US Wilflife Service), Johnston ne serait pas aussi propre que cela. Il y a de la dioxine (Agent orange) qui contamine encore près de deux hectares de terrain, et qui a migré tranquillement dans le lagon. Il y a du PCB. Il y a du plutonium provenant de deux essais atomiques avortés dans les années 1950 et 1960.

Depuis janvier 2010, l’atoll doit faire face maintenant à un ennemi tout aussi redoutable que le péril jaune et rouge des merveilleuses et glorieuses années soixante : les fourmis jaunes, moins connues sous le nom de Anoplolepis gracilipes.

On ne sait pas d’où elles viennent. On sait les dégâts qu’elles occasionnent. Elles mangent les œufs des oiseaux, dévorent les oisillons, creusent des galeries dans le sol, le transformant en une croûte friable et totalement aride en l’espace de quelques mois. Une saleté d’insectes, voraces et féroces, insensibles au climat sec et aux alizés permanents, indifférents aux efforts entrepris par les bonnes volontés pour réhabiliter l’atoll et ses déchets chimiques et nucléaires en une réserve naturelle digne de ce nom.

La fourmi jaune est le cheval de Troie qui aurait pu vous permettre de visiter l’atoll de Johnston. Une annonce publiée récemment demandait des volontaires. C’est-à-dire des gens de bonne volonté, une fois de plus, prêts à sauver dans des conditions difficiles  et gratuitement les espèces menacées.

Que dit l’annonce ? L’annonce dit ceci (extraits):

– Vous aurez l’opportunité, en tant que volontaires, de vivre dans un endroit isolé. Vous serez entourés d’oiseaux et de vie marine. Johnston est un endroit isolé où les urgences médicales s’effectuent par bateau, ce qui prendra trois à quatre jours d’Honolulu. (…).

 

Les conditions de vie sont primitives (sous la tente) et un ancien blockhaus sera utilisé pour les repas et le stockage de vivres. Vous vous laverez dans l’eau de mer. Aucun ravitaillement pendant les neuf mois de votre séjour ne sera assuré. Les volontaires devront travailler 40 heures par semaine, mais vous aurez l’occasion de travailler plus, de jour comme de nuit.

 

J’ai raté l’annonce. Le travail devait débuter en juillet 2010.

Si j’avais su, j’aurais postulé pour devenir volontaire.

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut vivre dans une réserve naturelle depuis 1927, polluée de déchets nucléaires et chimiques depuis soixante ans, attaquée maintenant par les fourmis jaunes.

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