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Emilie Les filles de Caleb ; une série québécoise remarquable entre passions et tragédies…

les filles de Caleb

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Emilie Les filles de Caleb, c’est l’histoire d’un amour passionnel entre Emilie Bordeleau, jeune institutrice pleine de fougue et Ovila Pronovost, son élève à l’âme d’aventurier et très indépendant qui est tombé amoureux d’elle dès qu’il l’a rencontrée.

La télésérie de 20 épisodes Les filles de Caleb Emilie, intitulée en France Emilie la passion d’une Vie, plonge le téléspectateur dans le Québec rural entre les années 1890 et 1917. Elle explore à travers les amours tumultueux d’Emilie et Ovila, le quotidien et l’histoire de ce Québec rude, avec une touche de nostalgie, au point qu’elle reçut un succès exceptionnel, à l’instar du roman dont elle est tirée. D’ailleurs bien après sa diffusion, la série entraîna un engouement durable auprès de nombreux fans et même un pèlerinage sur les lieux de tournage.

La série Emilie les Filles de Caleb, connue sous le titre originel Les filles de Caleb, a été diffusée en France pour la première fois en 1993 sur FR3 sous le nom Emilie, la passion d’une vie. Elle est l’adaptation d’un roman d’Arlette Cousture, qui n’est autre que la petite fille d’Emilie et Ovila. Dans le tome 1 des filles de Caleb Le chant du coq, l’écrivaine s’inspire de la vie de ses grand-parents, Emilie et Ovila, pour dépeindre le Québec de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle en y ajoutant son imaginaire pour raconter une histoire touchante entre amour fou et tragédies variées.

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Emilie Les filles de Caleb, une histoire du Québec d’antan

Fin du 19e siècle, petit village de St-Stanislas. Emilie Bordeleau est la fille aînée et adorée de Caleb et Célina Bordeleau, deux braves paysans, dont la vie de labeur est difficile mais comblée par une famille soudée. Emilie a 13 ans, elle a un caractère bien affirmé ; tête de mule, un peu farouche et passionnée, elle est rêveuse, ambitieuse et libre, elle ne veut pas être condamnée au travail des femmes de son temps ; elle veut devenir institutrice et le deviendra, car elle a une soif d’apprendre sans fin. Son père ne voit pas forcément l’utilité d’aller à l’école pour une fille et bien qu’il soit aimant avec ses enfants et bienveillant, il reste persuadé que la place d’une fille est derrière les fourneaux.

Emilie Bordeleau est non seulement assoiffée de savoir et bourrée de principes, mais elle est aussi extrêmement fière. Si fière qu’elle décide de vivre tous ses rêves et ses passions. Éperdument amoureuse de l’un de ses élèves qui l’aime en secret depuis le premier jour, la jeune institutrice renonce à son métier pour construire une famille, avec le voeux de réussir là où tant de couples semblent échouer et ne pas laisser trop de place à l’amour dans leurs vies… Où la mènera ce choix si risqué d’un mariage d’amour?

La série Emilie Les Filles de Caleb, se déroule donc dans la « belle province », plus précisément en Mauricie, et couvre une période de 26 ans entre 1892 et 1917 (*). Emilie Bordeleau n’est pas une simple héroïne de roman. C’est un personnage réel, que les Québécois ont considéré, en découvrant son histoire, comme l’une des figures emblématiques de l’histoire du Québec. Emilie est la grand-mère de l’auteur, elle-même fille de Blanche, l’un des enfants d’Emilie, qui deviendra infirmière en Abitibie et donnera matière à un autre roman Les filles de Caleb, Le cri de l’oie blanche et à la série Blanche. Nathalie Jean, chercheuse notamment passionnée par la vie d’Emilie, a consacré quatre ans à la reconstitution et l’évocation dans un livre de la vraie histoire d’Emilie Bordeleau et d’Ovila Pronovost, ce qui constitue une lecture complémentaire édifiante.


Emilie les filles de Caleb, une série à la qualité remarquable

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Je me souvenais de la toute première diffusion de cette série à succès qui a bercé  mon adolescence. J’avais trouvé cette histoire magnifique dans sa dimension passionnée mais aussi si authentique et tragique. Une destinée de femme trop moderne qui n’a jamais su renoncer à sa passion et qui s’est brûlée les ailes en vivant un amour fou et impossible parce qu’elle fut souvent trop fière ou intransigeante avec son « bel étalon » …

Emilie Les filles de Caleb n’est pas une série historique à proprement parler. Néanmoins, son approche quasi ethnologique d’une époque et d’une terre, sont riches d’enseignements sur le Québec alors très partagé, entre les villes tournées vers la modernité et se développant à toute vitesse et les campagnes dont les habitants soumis à un travail pénible et peu rémunérateur, refusent souvent l’instruction pour se réfugier dans les croyances  populaires entretenues par un catholicisme très puissant. On y découvre bien des détails de la vie paysanne dans cette région rude où le travail, le manque d’argent et les naissances multiples rythment le quotidien, avec leur cortège de morts. La société québecoise reste enracinée ici dans des pratiques religieuses qui permettent de surveiller tout ce qui se passe dans la vie de ses voisins. Le qu’en dira-t-on règne partout et tout le temps, et en dépit de la force de caractère d’Emilie Bordeleau, jamais vraiment, elle ne parviendra à l’éviter ou le dépasser, car les normes sociales sont finalement écrasantes, quel que soit le niveau d’éducation et d’instruction.


Une réalisation classique, soigneuse et très réaliste

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Réalisée par Jean Beaudin avec sensibilité (et sans sensiblerie ce qui aurait pu être le piège pour un drame sentimental) et avec un souci permanent du détail, la série Emilie Les filles de Caleb est de facture très classique et s’avère d’une remarquable fidélité et qualité. Elle pourra apparaître lente (trop lente?) à beaucoup, mais cette lenteur favorise aussi la contemplation de l’environnement et l’immersion dans le quotidien des héros … Emilie la passion d’une vie est si criante de réalisme qu’elle est redoutablement efficace et touchante pour nous emporter dans un tourbillon de vie aux tournants tantôt dramatiques, tantôt heureux mais le plus souvent tragiques. Ce réalisme est parfois très froid et même douloureux, à l’image d’une époque d’une grande dureté où la mort sème la tristesse et la résignation, et sépare autant qu’elle pourrait rapprocher…

Si l’amour et la passion charnelle sont en général suggérés, d’autres événements comme la scène d’accouchement aux forceps de Félicité Pronovost transmettent presque la douleur de la mère éprouvée par son dernier accouchement et la perte de trois de ses enfants dès les débuts de son mariage. On souffre avec cette mère qui n’en peut plus et hurle malgré son habituel sens de l’acceptation des choses de la vie. Emilie, dont certains accouchements notamment le premier, ont été délicats prolongera à plusieurs reprises, cette sensation d’un corps éprouvé, prématurément usé et traversé par toutes les secousses de l’enfantement.

Des acteurs attachants et talentueux

Servie par le duo magistral Marina Orsini – Roy Dupuis dont l’alchimie crève l’écran, Emilie les filles de Caleb, bénéficie d’une distribution de qualité, jusque dans les rôles très secondaires. Chaque personnage est à sa juste place et livre une partition sans faute. Bien qu’il y ait peu de raisons de rire ou de sourire, les acteurs nous transmettent la forte volonté de vivre des personnages, à travers quelques fous rires qui confortent la complicité des acteurs et apportent un peu de légèreté à une histoire éprouvante. Avec beaucoup de pudeur et de justesse, les grands événements de la vie des héros et de leurs familles, les choix et renoncements, les maladies, qui s’enchaînent, les accouchements qui se succèdent aussi, nous sont livrés comme des clés pour mieux révéler l’histoire sociale du Québec et le décalage qu’il peut y avoir entre la modernité intellectuelle de l’héroïne et les réalités du quotidien.



Une plongée dans le Québec d’antan

Les décors d’Emilie Les filles de Caleb sont très réussis ; les espaces naturels sont simples mais extrêmement bien reconstitués. En revanche, je regretterais la temporalité parfois difficile à saisir qu’on ne perçoit parfois qu’en suivant le fil des saisons, marqué par les couleurs de l’été et de l’automne ou la froidure de l’hiver puis la fonte des neiges. Vu que la période traitée s’échelonne sur 25 ans, on peut se perdre par rapport aux années et on subit avec une certaine violence les changements physiques des personnages.

De toute évidence, les paysages et l’environnement ont également participé en grande partie à l’attractivité de cette série, qui a donné lieu à un véritable culte au cours des années 90 au Québec, au point qu’un musée avec une visite guidée avait été ouvert sur les lieux de tournage de la série. Hélas, ceux-ci ont aujourd’hui disparu laissant les fans dans une grande nostalgie…

Voir aussi les résumés des 3 premiers épisodes d’Emilie Les filles de Caleb…

Emilie Les Filles de Caleb :  revivez les aventures d’Emilie Bordeleau et Ovila Pronovost …

Avec Roy Dupuy (Ovila Pronovost), Marina Orsini (Emilie Bordeleau), Pierre Curzy (Dosithée Pronovost), V. Leflangeais (Félicité Pronovost), M. Tremblay (Célina Bordeleau), G. Houde (Caleb Bordeleau)…

https://www.youtube.com/watch?v=V-dqbk56HFg

Fiche technique d’Emilie Les filles de Caleb

Réalisation: Jean Beaudin
Scénario: Arlette Cousture / Fernand Dansereau

Pays: Canada, Québec – Langue: français

Durée: 20 épisodes de 55 min

Direction artistique: Ronald Fauteux

Musique: Richard Grégoire

Production: Michel Gauthier / Lorraine Richard

Production Distribution: Cité-Amérique International

Images: Thomas Vamos

Son: Claude Hazanavicius

Montage Son: Michel B. Bordeleau / Louis Collin

Jean-Pierre Pinard / Raymond Vermette

Image: Christine Denault / Jean-Guy Montpetit

Costumes: Michèle Hamel
Sandrine Monllor (Fuchinran)
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