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Europa Compostela : sur les chemins de Compostelle …

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Pèlerins solidaires de la Terre et des Hommes

Europa Compostela : partons sur les chemins de Compostelle pour une année sainte « compostellique  » faite de rencontres et d’enthousiasme…
En revenant de Madrid, au mois d’avril 2009, je me suis directement rendu à Reims. On va penser que le contraste est grand. Certes, d’autant plus que la pluie noyait le champagne et qu’il s’agissait de passer de la réunion d’un comité respectable de délégués de ministères de la culture, qu’il faut à chaque fois re-motiver et convaincre, à une assemblée qui regroupait ceux dont la conviction passe par les pieds, des milliers de kilomètres durant.

Il est des rendez-vous que l’on doit non seulement respecter, mais mieux encore, susciter. On pourrait croire que les chemins de pèlerinage sont seulement des lieux de tempérance, de respect et d’hospitalité.

Ils le sont.

Mais en même temps, ils suscitent des conservatismes, témoignages de pouvoirs anciens, de pouvoirs séparateurs jamais épuisés, avec parfois la tentation de garder à l’église et à elle seule ses prérogatives, en allant même contre l’esprit et la lettre des textes sacrés. Enfin, comme il normal, l’exercice d’un contrôle est une tentation commune qui – cela va de soi – ralentit les énergies et les innovations. Et, corollaire du succès, vient le temps de ceux qui cherchent comment canaliser les énergies, les exploiter et en faire seulement un produit.

Mais allons, c’est mon travail quotidien de mesurer ces effets et d’aller plus loin en les surmontant avec ceux qui cherchent le dialogue.

Le grand mouvement vers Compostelle, dont l’écho atteint même les journaux destinés au grand public – comment ignorer en effet un tel mouvement qui constitue une sorte d’ombre inversée de la course à l’argent et qui mobilise un aussi grand nombre de personnes de tous âges et de toutes origines que la fuite bancaire ? – ne s’épuise pas. Au contraire, il se diversifie vers d’autres chemins, d’autres parcours mythiques ou mythifiés, d’autres personnages dont les valeurs rassemblent.

A Reims étaient réunis les personnes qui constituent le moteur des associations de pèlerins en France. Et ils ont donné toute leur énergie pour relancer cette merveilleuse idée qui a déjà provoqué une fois l’enthousiasme : le relais, le passage de témoins – de bourdons – qui caractérise une opération qui se répand le long des chemins européens, chaque année sainte : Europa Compostela.

Et 2010 est une année sainte.

Tout cela pour dire qu’au croisement de différents chemins historiques, ce champ de rencontre qu’ont été les Foires de Champagne peut redevenir un lieu d’espérance pour aujourd’hui.

Je sais, je ne suis pas toujours aussi lyrique. Mais si je marche dans ma tête, avec un bélier devant pour enfoncer les résistances au dialogue, je dois aussi marcher avec mon corps. Comme eux !

Et les aider dans leur convergence, redite l’année prochaine, là où il le faut, quand il le faut, contre le doute de la solidarité.

Photographies : restauration de la cathédrale de Reims, logo d’Europa Compostela 2010 et rassemblement des délégués de la Fédération Française des Association Jacquaires.

Vers Compostelle – Reims imaginaire et réel

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Vers Compostelle… Je vous invite à faire de même : savoir inventer la ville que vous visitez ! J’ai déjà eu l’occasion d’écrire depuis Reims il y a un an en avril – trop brièvement certainement – du grand parcours de solidarité Europa Compostela qui, en cheminant vers Saint-Jacques de Compostelle de relais en relais, a commencé dans les neiges de la Norvège en février avec des skieurs valeureux et dans le soleil de Rome en avril avec deux futurs mariés, pour se terminer le 18 septembre prochain dans la capitale de la Galice.
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En plein milieu de mois de juin, j’avais accepté d’aller dire quelques motset accompagner pour un après midi ceux des pèlerins qui venaient de Canterbury, ou du moins ceux qui avaient tenu le bourdon venu d’Angleterre, avant de le transmettre à ceux qui s’étaient chargés de le porter jusqu’à Besançon.

A Reims, l’arrivée des marcheurs devait se prolonger par une visite de la ville, suivie d’un passage par la cathédrale, d’un pot du pèlerin au champagne, cela va de soi, avant un dîner amical.Mais même dans un parcours qui célèbre un vrai partage à l’échelle de l’Europe, puisque vingt mille kilomètres auront été parcourus par ces bâtons merveilleux, il est bon d’insérer des expériences, de faire naître le ludique et de flirter avec la mystification.

Saviez-vous que Reims est la ville la plus appropriée pour raconter la légendede Charlemagne et des quatre fils Aymon ?

On se souvient sans doute que les fils du Duc Aymon étaient prénommés Renaud (cousin apparenté dans les récits avec le Roland furieux – et amoureux – de l’Arioste), Guichard, Alard et Richard et qu’ils possédaient un cheval unique connu sous le nom de Bayart. Livre d’histoire un peu jauni !

Leurs exploits et le terrible appel à la vengeance que prononce sur eux Charlemagne se déroulent il est vrai majoritairement en Ardennes, mais également à Montauban dans le Tarn-et-Garonne. Renaud a – au sens propre – tué un neveu de l’Empereur aux échecs en lui lançant une pièce qui l’assomme.

La vengeance se comprend donc bien dans un contexte où la tête et les jambes comptent autant que l’épée et où la vendetta remplit une dette d’honneur.

Que Bayart, cheval doué de pouvoirs magiques, ait aidé les quatre frères à fuir et à se réfugier sur la Meuse au château de Montessor, ne fait que dorer la légende de plus d’éclat. D’autant plus que les paysages sont encore marqués du grand saut du cheval magique depuis une falaise surplombant le fleuve !

La légende dorée a, de fait, voyagé de pays en pays, tandis que Roland, triple figure dans les entours de Charlemagne, neveu sacrifié dans cette vallée de Roncesvales chère aux pèlerins de saint Jacques et combattant les maures auxquels il succombe par traîtrise, transformé par la beauté de la poésie italienne en personnage de révolte et libérateur, mais aussi devenu par sa parenté avec Renaud Aymon un ange maudit poursuivi par un anathème, se trouve statufié aussi bien à Dubrovnik qu’à Brême, dans le grand écart Nord-Sud-Est-Ouest des racines européennes.

Comme on le voit les figures se superposent, créant la confusion et le doute, dans un effet de miroir négatif, tandis que les romans de chevalerie arthuriens croisent les paladins carolingiens, avant de trouver leur parodie solaire avec Cervantès.

Il n’y a donc de ce fait aucun inconvénient à faire vivre le légendaire ardennais et tarnais à Reims, d’autant plus que l’on ne quitte pas une Région elle même double, Champagne / Ardennes, ni le cheval ardennais dont la race ancienne méritait qu’on la protège et pas uniquement parce qu’il descend de Bayart.

C’est donc avec fougue que Noël Orsat, qui rêve de compléter la Via Carolingia par une route des légendes de Charlemagne qui rejoigne Aix-la-Chapelle depuis la Meuse, a entraîné les pèlerins dont je faisais partie dans le lacis rémois en trouvant les étapes du récit là où la « confusion des temps » rejoint la « composition française » de notre enfance ; enfin la mienne.

Pseudo jeu d’échec dans le parc qui jouxte le « Manège », scène nationale installée dans un manège pour cavaliers et chevaux, se poursuivant en calèche ardennaise jusqu’à la porte romaine où se sont croisées l’espace d’un moment la Via Francigenaet la Carolingia, pour se terminer sans chevaux dans la redécouverte de l’éternelle cathédrale régulièrement blanchie et restaurée, où les vitraux de Marc Chagall jouxtent ceux de Brigitte Simon et Charles Marq et accueillent le recueillement des pèlerins.

Jeu d’échec et jeu de piste !

Si j’écris depuis plusieurs jours sur les espaces de vacuité ; il faut aussi que j’écrive sur les espaces en trompe l’œil.

Voilà qui est fait !

La Saint Jacques à Fontcaude

saint jacques à fontcaude

25 juillet 2012. C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé à Fontcaude. Abbaye et lieu d’amitiés multiples. Le hasard c’est l’obigation de José Maria Ballester, le père des itinéraires culturels, de se faire opérer et donc son impossibilité de répondre à une invitation pour la Saint Jacques. Mais la nécessité – il faut bien que je rende de temps en temps hommage à ceux de mes maîtres comme Jacques Monod et François Jacob qui ont reçu le Prix Nobel quand je rentrais à l’Université en reliant ces deux mots – était de ne pas décevoir quelques centaines d’auditeurs qui venaient en ce lundi écouter une belle histoire. L’histoire des itinéraires culturels depuis leur naissance en 1987.

Ils venaient tout autant écouter le chant grégorien remis en ordre par le maître des lieux, l’ange qui a su à la fois trouver les moyens de restaurer un patrimoine, de l’animer, de créer une Confraternité de Septimanie de Saint Jacques et d’y faire venir, comme il se doit, les croyants et les agnostiques, les marcheurs et les politiques et célébrer son ami disparu Georges Frêche : le Professeur Jacques Michaud.

On m’a demandé si j’étais souvent invité dans différents lieux d’Europe pour la Saint Jacques. En fait, ce n’est pas le cas ! De même qu’on ne me demande que rarement d’évoquer cet itinéraire pourtant fondateur pour lequel les universitaires se plaisent dans les querelles, voire les haines tenaces et où il m’est donc difficile de transmettre des faits précis.

Ce que je sais, je le dois à JMB mais qui, de fait m’a peu dit, à la réunion que j’ai préparée en 1993, année sainte et à une intervention à Burgos il y a de cela déjà sept ans. J’ai toutefois lu tout ce dont l’Institut dispose et tenté une synthèse pour un ouvrage qui n’a jamais été publié mais dont le principal sera repris par le Touring Club italien cet automne.

Ce que je sais, je l’ai aussi découvert à O Cebreiro en 2007 lorsque la Galice a su organiser un hommage à Elias Valina, ce juriste qui a en 1965 publié un ouvrage historique et juridique sur le Camino Frances, a commencé le balisage en Espagne et a su faire restaurer ce village perché, porte d’entrée du chemin en Galice où le soleil levant est si beau quand il lèche le granite.

J’ai parlé donc, jusqu’à ce que la pluie vienne, sans images, contrairement à ce que je fais à l’habitude et avec un grand étonnement de l’attention réelle, en étant porté par l’intelligence d’un public où pourtant je ne pouvais que rarement m’appuyer sur des visages connus. Ahn Dao Traxel, la fille adoptive de Jacques Chirac et son mari qui étaient venus remettre à un pèlerin « l’Etoile Européenne du dévouement civil et militaire » figuraient dans les premiers rangs. Les idéaux européens étaient donc représentés et je n’ai donc pas eu trop de mal à proposer un autre horizon que celui de la crise que les politiques ne savent ou ne peuvent arrêter.

Il s’agissait pourtant, dans ce lieu de culture vivante, loin de toute idée de frontière contraignante et en pariant sur l’importance encore aujourd’hui des grands espaces transfrontaliers comme cette Septimanie allant de Narbonne à Tolède, de revenir à la fois sur le rêve fascinant de la traversée et sur l’importance de la protection des valeurs, comme des nations. Il n’est jamais aisé de parler de la limite, de celles-ci en particulier, surtout quand son franchissement commençait pour les prisonniers français en Allemagne, par les barbelés du stalag. Frontière d’alors entre les démocraties libérées et le monde totalitaire espagnol où le saint national et le pèlerinage avaient été instrumentalisés par le régime franquiste durant tant d’années et le seraient encore jusqu’à l’agonie de leader.

Frontière franchie pourtant par le Père Henry Branthome. Pays redécouvert et filmé par ce religieux empli d’espoir, dans la puissance de son antique culture rurale, encore plus puissante au début des années cinquante que dans nos campagnes d’Île de France. Un film qui devint dans la nuit tombante, sur les murs de l’abbaye, un rappel un peu tardif mais nécessaire de ces instants où une démarche pionnière ouvre une voie.

Rêve de croyant rejoignant ainsi le rêve mythique de Charlemagne et, paradoxalement, le souci de Régis Debray de redéfinir ce que sont nos limites physiques quand elles s’inscrivent dans l’illimité des chemins et du paysage. La nécessité de cette protection de la peau, de l’importance du champ d’intérêt et de découverte dans lequel  nous nous inscrivons en marchant avec les autres et du rôle fondateur des iconèmes et des limites qui ponctuent le chemin et le définissent comme itinéraire. Comme l’écrit Debray « Là où le chemin creux s’enfonce dans le sous-bois, le monde se ré-enchante. »

De Saint Jacques le 25 juillet à Saint Olav le 29 juillet, un effet de miroir s’offre à nous. Les enfants morts de  la Norvège étaient bien présents dans cet après midi du sud de la France, comme les amis de Fontcaude l’étaient au cours des repas œcuméniques de Trondheim. Un jumelage devrait se faire…le 25 e anniversaire des itinéraires culturels y pourvoira peut-être ?

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