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Ce qu’en dit la Tanche : tas de veaux de mer!

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Je suis une tanche souvent rêveuse, toujours révoltée. Il n’en demeure pas moins qu’il me reste un neurone très particulier. Le neurone de la lucidité. Celui qui contemple, ahuri, comment brasse le marais. Et bien, il brasse la crasse. Que survienne un courant contraire et les tritons se réveillent, étonnés que des dégâts collatéraux soient à déplorer. Bon.

 

Je suis réaliste…

Vouloir plier le monde, le poissonoformer pour que chaque ablette fabrique son coin cube, où elle pourra abriter un couple cube, élever des alevins cubes, et, si les fifrelins sont là, se faire construire une piscine cube, et bien c’est une hérésie. Il va falloir, un jour, que le peuple sous marin comprenne que le rêve de l’antre particulier est tout simplement une utopie. Au nombre que nous sommes, toutes mers et lagons confondus, il n’y a pas assez de place. Et voui !

Je mets tous ça à la sauce armoricaine, usant d’un humour sans doute contestable alors que des familles entières sont dans l’affliction. C’est très vilain.

N’empêche…

La seule attitude intelligente, c’est de construire en hauteur. Mais pas n’importe comment. Entre la maison individuelle et les barres de la Courneuve, il y a forcément une solution viable, vivable, conviviale. Reste à savoir si ça rapporterait assez aux avides, aux aficionados du profit immédiat.

Parce que, chaque fois qu’on envahira un coin de terre qui appartient à la mer, au vent, au fleuve, à la neige, à la montagne, à la colline, au volcan… et bien il faudra le rendre, de gré ou de force.

Et je n’ose pas envisager ce qui attend tous ces gens, en majorité d’essence modeste, qui ont posés leurs pénates à dix mètres de la faille San Andréa, juste pour disposer d’un coin barbecue.

Mais ça, c’est une autre histoire.

La Tanche, le 2 mars 2010

 

La petite phrase du jour

Il faut imiter la source qui ne se tarit pas et non pas l’averse qui inonde la montagne.

Proverbe chinois

Je bouille…

Je fulmine plutôt. Faut dire que, coincée sur un salon tout le week-end, où je présentais un lot de perles remarquables dans des emballages de toute beauté, j’ai comme un souci avec le public des anchois dominicaux. Vendredi et samedi, les rencontres étaient agréables, les sardines intéressées. Mais aujourd’hui ! C’était le jour du thon de base, de la morue sablée, du marlin quotidien. Ça déambulait dans les allées en laissant l’alevin vivre sa vie d’alevin, sans se préoccuper des dégâts que ces chers petits, gavés de plancton mais surement pas dressés, pourraient commettre. Et pis les réflexions !!! Du nanan, du pur jus d’idiotie, de l’extrait d’arrogance, du parfum de bêtise.

Bref, si une perle grand luxe, travaillée pendant des semaines, emballée dans une boite signée par Pobla Pakisso coûte plus que 10 fifrelins, c’est déjà trop cher. Du Thon ! Donne un pinceau à ta sole, puisque c’est ce que tu penses, et laisse là barbouiller ton antre. On verra si le résultat est du même ordre.

Le pire : deux incidents croquignolesques…

… Monsieur et Madame Morue, accompagnés d’un adolescent boutonneux, passent sans jeter un œil. Ils ont l’air d’être des harengs-professaurs. Ya des museaux comme ça. Morussot commence à tripoter le montant de mon stand. Je précise, quand on tripote, on fait tout basculer, c’est du stand de foire, pas de la cabane au Canada. Je fronce un sourcil parce que Maman Morue ne dit rien. Le gamin s’arrête, mais il me lance un regard qui a l’air de dire « Salope, tu m’empêches de faire mes expériences de Morussot, je te pète la vessie à la première occase ! ».

… Artiste emballeuse qui donne des cours, pour arrondir ses fins de mois. Madame Sardine, intéressée, se renseigne. Artiste donne les prix et les conditions des stages. Pas vraiment onéreux : dix fifrelins de l’heure, fournitures comprises. A peine le salaire méditerranéen d’ingestion garanti. Madame Sardine s’offusque : « Comment ! Vous faites payer la formation !!! ». Mais non ! La Thonne, je vis d’eau et de compliments ! Pas de soucis !

J’en pouvais plus quand le salon a fermé ses portes : nageoires en compote, cerveau en vrac. Le pire, c’est qu’il avait neigé au marais, et verglacé, accessoirement. Je devais ramener une partie de l’expo au bureau. N’écoutant que mon courage, j’ai même fait une pointe de vitesse à 22 km/h. Ben voui, faut vivre dangereusement.

La Tanche, le 7 mars 2010

La petite phrase du jour

Quand on est Thon, c’est pour la vie entière, faut s’faire une raison.

Jean Belin

J’en suis coite…

Alors : 3.600 milliards de fifrelins correspondent à 6% du pognon injustement barboté (ou PIB) produit par l’ensemble de tous les poissons de toutes les mers du monde –environ 6 milliards-. Du coup, le total du PIB doit être de l’ordre de… voyons… règle de trois… 60.000 milliards, soit par tête de hareng environ 10.000 fifrelins. Bon j’ai simplifié. Ça veut dire que la poissonéité crée le smic du marais par poisson, environ. Pitin ! Si les ceusses qui captent tout investissaient dans les pays qui en ont besoin, yen aurait pas pour des siècles pour que les sardines, les ablettes, les soles, les dauphins, les orques, les … et leurs alevins aient de quoi vivre décemment. Déjà plutôt gaucho, la Tanche, et ben ça va pas s’arranger !!! Et après, on monte des jolis plans foireux pour faire de l’assistance, pour mettre des continents sous perfusion, histoire qu’ils ne s’en sortent jamais. Charognards !!! Ya de quoi s’entortiller le neurone dans les filins d’une méduse. Des fois, j’ai envie de prendre une matraque et de tout casser, mais là, je suis triste, juste triste… et un peu révoltée quand même. La preuve :

La MERseillaise

Allons poissons de la gadoue

Le jour de foire est programmé !

Contre nous, rois du boniment,

Les bavards meuglant sont levés.

Entendez-vous dans leurs campagnes

Mugir ces réclames en cabas ?

Ils viennent jusque dans nos soues

Essayer de chouraver nos sous ouh !

Aux armes Cabillauds

Morues et Merluchons

Volons, volons

Qu’un panier gros

Se fasse sur leur dos.

La Tanche, le 12 mars 2010

 

La petite phrase du jour

Quand l’argent sent le hareng, les richards sentent le pinard.

Pénélope Osition

Tas de veaux de mer !!!

Soirée électron sur Tifin. C’est tout pareil à avant, et probablement tout pareil à bientôt. C’est de l’ordre du « rêve et son interprétation ». Remarque, quand on analyse en permanence la parole de l’autre, il y a sans doute quelque chose de la pensée magique incantatoire. Reste à savoir si le Tas de veaux de mer croit à ses propres discours. . Langue de soie et discours gouailleurs. Tribuns débordants et mines chafouines ou inspirées. En tout cas, pour moi, le Grand Triton, l’a pris sa claque. Bien fait ! Cela dit, j’éprouve comme un malaise. Comme d’hab’ Ya eu le vilain Néléphant de mer, avec son journal censuré sous son triple menton, qui sortait sa sempiternelle ritournelle haineuse. Ya eu tous les poncifs habituels, les pièces vues et revues. C’est comme « les gendarmes », ça passe tous les étés à la télé. Ensuite, ya eu toutes les vociférations des uns et des autres, tous les triomphalismes habituels, toutes les conjectures sur les poissons qui avaient choisis d’aller au jardin plutôt qu’au scrutin. Bref, rien de nouveau sous le clapotis.

Tout ce que je sais, c’est pourquoi, moi, tanche moyenne, j’aurais pu choisir d’aller au boudoir plutôt qu’à l’isoloir. Ben parce que j’en ai plein la caudale qu’on nous raconte depuis vingt ans les mêmes fadaises : la crise qui frise, l’austérité qu’il faut bouffer. Passe que plus je bosse, moins je gagne. Passe que faire des études, c’est une course perdue contre l’étude du profit immédiat. Passe que vouloir être citoyen c’est presque une tare, vaudrait mieux être un têtard mal fini, égocentrique et arrogant, genre jeune encadré docteur es stratège en progression personnelle, c’est plus rentable comme profil. Passe qu’il vaut mieux être trader qu’emballeur. Parce qu’il vaut mieux avoir la canine acérée plutôt que la racine anémiée.

En tout cas, comme je suis bien contente de mon Président de Région, ben j’ai voté pour le soutenir. Même si la politique me fait plutôt gerber. Et pis, comme la soirée érection me gonflait, ben je regarde « Mon Oncle Charlie », sur comédie. C’est débile, mais ça repose.

La Tanche, le 14 décembre 2010

La petite phrase du jour

La politique est l’ensemble des procédés par lesquels des hommes sans prévoyance mènent des hommes sans mémoire.

Jean Mistler

Je suis fébrile…

Et je sous-estime mon état d’anxiété. En effet, mardi, je prends la direction de Parisilure, capitale du Marais. Et pourquoi, me direz-vous, curieux et intrigués. Où alors vous vous en foutez, mais je vais avouer tout de même. Et bien, en janvier dernier, par jeu, avec une pointe d’ego à brosser, je me suis présentée aux sélections de : « Questions pour un Champiomble Chevalier ». La poissonne panée avait, traitreusement, envoyé mes coordonnées pour convocation, sans me le dire…

160 à 180 ablettes. Les cinquante questions, restent 60 aficionados. Re cinquante questions, restent une trentaine de poissons lauréats. Et pis la photo, l’entretien. Huit jours plus tard, j’avais oublié, zappé, passé cette soirée là par Berthe et Roti. Ben voui, le gentil sélectionneur avait évoqué la possibilité d’avoir un an d’attente avant de recevoir le coup de bigornophone annonciateur d’enregistrement. Faut pas avoir des rêves au dessus de ses moyens.

Seulement voilà, il y a un mois, Gentil Sélectionneur m’a appelée, MOA !!! La tête de la Tanche !!! Donc : papotage, questionnaire, échange, consignes, recommandations, etc. La date étant hypothétiquement dans plusieurs semaines, j’ai re-oublié, re-zappée, re-passé l’appel par Verte et Sophie.

Sauf que maintenant, c’est dans trois jours. Et se pose à moi une question fondamentale, existentielle, essentielle, urgente, pointue, ardue, dramatique, tragique, effroyable, effrayante, terrifiante, horripilante (au sens premier : j’ai l’écaille dressée), affolante, qui me met en panique : comment vais-je me fringuer ? Ah !

Consignes : prévoir cinq tenues, des couleurs, des accessoires. Je n’ai, presque, que du noir dans ma garde-robe. Fouilla !!! Je viens de faire de tour de mes placards, j’embarque : cinq bas, huit haut, 3 kilos de bijoux, 250 écharpes, 3 paires de chaussettes, 3 paires de collants, mon sèche-cheveux, une ceinture (ma ceinture fétiche) et une seule paire de chaussures. Je ne crois pas que les caméras suivent les pieds des candidats, de mémoire.

Et je vais prévoir un container pour mon déplacement.

La Tanche, le 21 mars 2010

La petite phrase du jour

Quand la Tanche part vers la Manche, le wagon de fait profond.

Pénélope Primée

Ah ben quand même !!!

Deuxième tour pour les électrons. En direct live.

Je croyais qu’ils allaient annoncer un fléchissement de l’appauvrissement organisé du menu fretin…

Flûte ! J’ai parlé trop vite. Ben z’ont admis avoir perdu, mais du coup, vont se la jouer encore plus à dextre qu’à dextre. Z’ont pas comprite qu’on a, nous, poissons du fond, rotangles malmenés par les tempêtes boursières, envie de faire mieux que subsister, ou survivre. Vivre un peu, avec juste le niveau au dessus du minimum. Pas forcément envie de pouvoir s’offrir une belle auto jaune à hippocampe cabré. Nan !

Un Grand Triton à l’ego aussi vaste qu’un océan, ça n’écoute jamais les tanches qui barbotent entre les algues. Il a tord, le Grand Triton ! Nous, on sait pourquoi on a envie qu’il aille se faire sécher aux Seychelles et qu’il lâche l’affaire. Nous, on ne veut plus avoir à se battre pour payer les factures, pendant que d’autres se gavent de « la crise ». Elle a bon dos, la crise, comme purge pour nous vider les intestins, et la bourse. Les banques font des bénefs record. On a la septième fortune du monde entre nos murs, et c’est nous qui devons faire l’effort. Se fout de notre rostre, le Grand Triton.

La tôle d’aujourd’hui, c’est bien fait. Il a fait campagne sur le « Mouchoir d’Ava », il s’est planté. Le Mouchoir d’Ava, c’est du cinéma. Pas un fifrelin de plus dans nos escarcelles, la pauvreté qui gagne, le travail qui se fait de plus en plus pénible. Melle Exomile a de beaux jours devant elle. Ce sera la prochaine vedette du feuilleton. Les laboratoires pharmaceutiques peuvent lancer des recherches cliniques, ils les rentabiliseront, même si elles durent dix ans. Pour sûr ! On n’en a pas finite avec les pilules du bonheur. Ça va faire l’occasion d’accroître le gouffre de la sécurité sociale. Et nos impôts et charges.

Le Vieux Néléphant a fait son couplet sur sa victoire sans avoir rien gagné, même s’il faut constater qu’il nous a fait une jolie poussée d’acné sénile. Heureusement qu’il va canner ! Il se fait rance.

La jolie Rama devrait aller plus souvent à la pêche. Parole de Tanche. Quand elle dit que le PariSoce fait le brochet qui attend l’asticot, elle se goure. Un brochet, ça mange pas d’asticot, ça préfère un petit vif blanc, genre vairon, ablette ou gardon, si possible pas trop abîmé.

Total, pendant les jours qui viennent, pour calmer la ire populaire, je vous fiche mon billet que la loi sur la Zourka va passer dare-dare.

Bande de Thons !

La Tanche, le 21 mars 2010

La petite phrase du jour

Quand le Grand Triton prend un jeton, il envoie Anchois Mignon au pilon.

Pénélope Ortuniste

Je suis une chiure de mouche…

Ben voilà, j’ai été à mon jeu, que j’en rêvais depuis longtemps. Et je me suis vautrée comme une méduse sur un banc de sable. Il faut dire qu’aucune condition n’était réunie pour que ça marche. J’étais stressée à mort. Je devais prendre deux jours de congés, avant. Et bien je n’ai pas pu. Trop de taf. Il faut dire que j’aurais préféré prendre le train, mais la poissonne panée, qui m’accompagnait, déteste les transports en commun. Il faut dire que j’aurais bien aimé avoir un planning cool, pouvoir m’isoler, ne voir personne, respirer, quoi. Et bien je n’ai jamais pu me mettre dans un petit trou.

Bref. Comme à mon habitude, je n’ai rien laissé voir. Je fanfaronnais, je papotais, je souriais, je riais. Mais, à l’intérieur, c’étais dévasté comme un champ de bataille.

Total, quand mon tour est venu, le haut, au-dessus du pupitre, était avenant, détendu. C’est normal, j’ai l’habitude de parler en public, pour mon job d’emballeuse. Mais le bas jouait des castagnettes. J’aurais pu faire une démonstration de charleston tip-top ! J’ai été saisie d’un tremblement incontrôlable que je n’ai jamais pu calmer. Alors… le buzzer, autant dire que j’ai été incapable de l’écraser rageusement et agressivement, comme il aurait été nécessaire. Je connaissais les réponses, mais j’avais toujours un temps de retard. Ça doit arriver aux timides dans mon genre, qui donnent le change, mais qui, à l’instant important, ne savent plus gérer leurs émotions.

Et le soir, ça été l’horreur, j’avais envie de regarder la fin de l’enregistrement, mais il fallait faire ceci et cela, passe que le planning avait été rempli à l’avance. Parler, alors que je rêvais de silence. Ça fait trois mois que je n’ai plus un seul moment de silence.

En soi, ça n’a aucune espèce d’importance, de perdre ou de gagner à un jeu télévisé. Par contre, ça m’a renvoyé mes doutes, mes angoisses, mon manque de confiance en moi en pleine tronche. J’en ai la vessie natatoire liquéfiée. Ça m’a fait toucher du doigt que je me sens ballotée comme un paquet dont on dispose, et que je ne sais pas dire non. J’en ai le cerveau en bouillie. Je pense que je vais aller me chercher une oreille compatissante et professionnelle pour m’aider à résoudre ce problème d’estime de moi qui me grignote, et qui me tue, peu à peu.

Bon, ben voilà pour les états d’âme. Ça arrive qu’une tanche ait des états d’âmes. Ben voui !!! Pas souvent, mais ça arrive.

En ce qui concerne l’ambiance, l’enregistrement… C’est génial. L’équipe est d’une incroyable gentillesse, elle fait tout ce qu’elle peut pour vous mettre en confiance. Quant à Julien Lepers… je suis tombée sous son charme. C’est vraiment un Monsieur gentil, drôle et sympathique. Et il encore plus beau en vrai que dans l’aquarium.

La Tanche, le 26 mars 2010

La petite phrase du jour

Ce qu’on nomme cafard n’est souvent qu’une éclipse de nos illusions et un éclair de notre lucidité.

Fernand Vandérem

Je te dis…

A toi qui me lis, qui te promènes sur mes écrits, qui te permets de me nier en modifiant mes mots, en les interprétant, en les malaxant… je te dis : tu es une merde. Quand je parle d’estime de soi et que tu affirmes « amour-propre », tu me relègues dans un trou sale où ma vérité n’a pas d’importance. Où seule ta parole, est parole d’évangile. Tu me manipules. J’en ai croisé des comme toi, qui tentent de prendre le pouvoir sur l’autre en traduisant dans une langue pseudo-psycho-cacateuse les élans de leurs interlocuteurs.

Quand j’écris, c’est d’abord pour moi, ensuite, et accessoirement, parce que je ne souhaite pas imposer quoi que ce soit, pour témoigner de mes ressentis. Témoignage qui n’a de valeur que pour ceux qui se reconnaissent. Les autres ont parfaitement le droit de rire de moi, de s’en contrefoutre.

Mais Toi, Promeneur du néant, Guimachin, englué dans ton ennui quotidien, incapable d’exister sans faire-valoir, voilà bien longtemps que tu t’arroges le droit de m’asséner tes explications de texte qui ne présentent aucun intérêt, qui n’engagent que toi et ton nombril rabougri.

Alors, en vérité, je te le dis… puisque tu te sens capable de me définir, je vais te retourner le compliment : à mes yeux, tu n’es qu’un pauvre type vieillissant, qui pue déjà la mort et qui voudrait être reconnu par une femme pas si mal conservée. Mets toi la bite derrière l’oreille, retourne à tes études, et oublies moi. Merci.

La Tanche de mauvais poil, le 27 mars 2010

La petite phrase du jour

La colère use. Si l’on n’y prenait garde, les mufles vous tueraient vite.

Jules Renard

Les nageoires m’en tombent !!!

Cet espace, que je chouchoute, et d’autres d’ailleurs, m’apporteront toujours des cadeaux, des surprises qui m’étonnent. Voyez plutôt… ce matin, dans ma boîte aux lettres magique. Et je précise que je ne connais ni de sève ni de dent ce marlin prétendant. Même s’il est assez clair que je suis une tanche célibataire.

Lui :

Ma fille et ma tribu vivent à Marais-En-Concombre.

En Europe, les femmes mènent souvent une vie sédentaire (bureau, magasins, fauteuil, TV, petit jardin, promenade..), propice à l’excès de poids, à l’arthrose, à l’ankylose, voire la déprime…

Je mène une vie différente, saine, positive, et je vous offre le choix de le vivre par étapes. Si vous aimez les voyages (Camion 4X4 Camping-car, bateau, avion selon régions), j’ai ce qu’il faut ! Si vous souhaitez parfois aller à la découverte, vous initier progressivement à des loisirs de plein-air (mer, montagne été-hiver mais sans vitesse, ni compétition!) je saurai vous y aider, avec patience, et j’en serai très heureux! Ne pensez surtout pas que je sois submergé d’appels!! Beaucoup de femmes n’osent aborder une vie telle que je mène, pas toujours classique, j’en ai parfaitement conscience…Dommage pour moi (et peut-être pour elles), mais j’ai toujours préféré dialoguer en confiance et réalisme avec les femmes (c’est ainsi qu’on reste amis, confidents parfois, même quand la vie nous sépare). Vous ne m’avez apporté que du bien, et je suis un matou qui apprécie de vous faire ronronner, en douceur, le plus longtemps possible (quand c’est réciproque !!). Rassurez-vous, je ne suis pas possessif. Vous pourrez donc toujours conserver une vie autonome avec ou sans moi… Si la distance est un obstacle, si vous devez encore travailler, j’ai peut-être des solutions. La vraie priorité c’est l’envie ou pas de partager une tranche de notre vie future. Je n’ai rien à cacher… et là… coordonnées du Monsieur…

Moi :

Cher Monsieur,

J’aime assez qu’un message, une lettre, commence par une entame. Ma foi, vous êtes l’un de mes « prétendants » les plus prolixes. Je suis impressionnée par tout ce que vous êtes prêt à m’offrir. Vraiment. Je ne pensais pas que mon histoire de tanche pouvait à ce point déclencher une avalanche de propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres. Sauf que…

Et bien, je ne suis pas une poissonne qui apprécie les pygmalions, les papas qui prennent par la main et qui disent comment il faut vivre et penser. Vous savez tant de choses des femmes d’Europe que je me demande pourquoi vous naviguez encore en ces eaux. Changez de lagon ! Et puis vous avez le jugement assuré, lapidaire, la certitude ancrée, et une panoplie, sans doute, de solutions en kit prêtes à être montées. Toutes choses que j’exècre.

A ce que je lis, vous êtes largement véhiculé, et j’imagine que, malgré votre vie saine et différente, l’idée de faire votre bilan carbone ne vous effleure pas. Rassurez-vous, je ne suis pas écolo-intégriste. Voyez vous, je suis moi-même pourvue pour me déplacer, peut-être pas en camion, mais pour errer sur cette terre en quête de belles images. Il vous manque cependant le seul véhicule pour lequel je me damnerais : une moto. Que je suis bien assez grande pour m’offrir moi-même.

Et puis, il ne manquerait plus que vous soyez possessif ! Je suis rassérénée assurément. Vous êtes bien aimable de m’autoriser à conserver ma vie autonome, mon travail, et… j’imagine… mes amis, ma famille, mes relations. Dois-je vous remercier ?

Pour tout vous avouer, en vous lisant, j’ai eu l’impression que votre proposition n’était qu’un copier-coller d’un texte préparé longtemps à l’avance, et que vous balancez chaque fois que vous tombez sur un blog, un profil, un prénom qui vous interpelle. Quelle méconnaissance de la psychologie féminine ! Savez-vous, Cher Monsieur, que j’aimerais, dès la prise de contact, me sentir différente ? Que j’aimerais être abordée autrement qu’avec un contrat ? Que la meilleure façon de me faire fuir est d’étaler des richesses matérielles. Vous ne m’avez pas lue. Vous le sauriez, sinon. Je ne suis pas vénale.

Si je peux me permettre… remontez dans votre avion, mettez un peu d’humilité dans votre annonce publicitaire, et, surtout, personnalisez vos offres à votre clientèle.

Sur ces derniers mots, je vous salue bien et vous souhaite de trouver la femme intéressée matériellement, passive, obéissante, soumise, végétarienne, svelte, avec des articulations en béton, n’ayant pas de tendinite, n’aimant pas faire du shopping ni regarder la télévision, préférant le marathon à une balade tranquille main dans la main, capable d’escalader le Mont-Blanc et de traverser la Manche à la nage, toujours gracieuse, souriante, optimiste, et, bien évidemment, en retraite comme vous semblez l’être, afin que les problèmes d’éloignement géographique ou de disponibilité soient faciles à contourner.

La Tanche, le 31 mars 2010

La petite phrase du jour

Quand le Marlin fait le malin, la tanche fait la planche

Pénélope Ette

Le Jour où ma grand-mère s’est lancée dans la production de foie gras

 

Un matin, fraîche harnachée de cuir et de clous, ma grand-mère s’était levée avec une idée neuve, une envie subite : faire du foie-gras. Il faut dire qu’elle est gourmande, et que le parfum de ce met lui déride l’humeur, qu’il soit poêlé ou en terrine, escalopé ou tartiné, accompagné ou non de confit d’oignons. Merise sur le bateau, ayant perdu sa dernière dent, elle pourrait malgré tout savourer l’aliment, le laisser doucement fondre en bouche, avec, sur son visage ravagé, raviné comme une vieille pomme, une expression d’ineffable bonheur.

Le domaine est vaste, boisé. Quand on se promène dans les allées sablées, entretenues –et je sais l’énergie qu’il faut employer–, on découvre, de vallons en vallons, de clairières et futaies, l’histoire des lubies de ma grand-mère. Entre champ de bataille et roseraies, la terre, torturée, garde les stigmates des différentes expérimentations dont elle eut à souffrir. Le château, planté au milieu d’un carré de buis, lance ses tours jusque dans les nuages. C’est un endroit calme, où tout peut arriver, tant il est éloigné du monde des hommes.

Bref, parce que ma Grand-Mère se lançait dans une expérience nouvelle, il me fallait préparer le labeur. J’ai tout appris du canard, le mulard qui donne un foie gras solide, mais moins goûteux que celui du musquet, qui diminue d’avantage. J’ai construit un enclos, acheté les machines à gaver, accumulé des tombereaux de grain, organisé la chaîne de production. Pendant ce temps, l’ancêtre peaufinait son look d’éleveuse. Munie d’un fouet, perchée sur des bottes pointues, le blouson orné d’une tête de mort, l’œil agressif et charbonneux, elle suivait, attentive, l’évolution de son cheptel, du poids des malheureux volatiles, surtout.

Gaver un canard est une rude besogne entre entonnoir et sacs de blé. Les bestioles se débattent, rechignent, régurgitent. Durant toute cette période d’apprentissage, j’avais l’impression de donner du pinard à un assoiffé, du whisky à un écossé, de force plus que de gré.

Ma grand-mère ne se caractérise pas par la patience… Elle a vite l’adrénaline qui la submerge quand on lui murmure des mots tels que « demain » ou « plus tard » ou « il faut attendre un peu » ou « un mari n’est pas la fabrique d’une nuit ». Elle pique des colères qui font trembler jusqu’au dernier des harets, des lièvres et des garennes planqués dans les taillis touffus. Et cette nouvelle activité n’a pas échappé à la règle du « maintenant, tout de suite, d’abord !!! ».

Au bout de trois jours, ne voyant pas le foie des canards s’hypertrophier suffisamment, elle s’enferma dans son laboratoire afin de mettre au point une technique innovante. Ma grand-mère possède un laboratoire digne de Franky Stein ou du Docteur Mamuse.

C’est ainsi qu’au quatrième levé de soleil, je fus surprise de constater que mes canards, tous baptisés de tendres surnoms – Jules, Mignon, Maurice, Chouchou, Cabot, Totor, Ramdam, et j’en passe – n’avaient plus que leur organe pour survivre. Reconnaître le bouillant Johnny du calme Ylang était devenu une gageure, forcément. C’est pas deux lobes courbés qui se différencient notablement, surtout quand ils se carapatent, affolés. L’aïeule avait trouvé le moyen de créer une machine à transformer les oiseaux en foie sur pattes.

Dès lors, elle s’occupa elle-même de l’engraissage. Elle les poursuivait, toujours accompagnée de ses deux chiens, des cerbères bavant et grognant, baptisés Rocco et Freddy, et les taquinait du fouet jusqu’à ce qu’ils se gavent d’eux-mêmes. Pitoyable spectacle que ces morceaux rampant sur des lits de grains, absorbant à qui mieux-mieux la plus grande quantité possible de nourriture, afin d’échapper aux électrodes dans le pancréas, supplice ultime que la vioque infligeait aux anorexiques et autres récalcitrants. Elle avait conservé le cholédoque, la vésicule et ce fameux pancréas, aux fins de torture.

C’est à ce moment là que tout a été de mâle en pie. Un peu par ma faute, je dois bien l’avouer. Chaque nuit, j’allais dans l’enclos, pour tenter de repérer Mignon, mon canard préféré, du moins ce qu’il en restait. Mignon me rappelait un amour de jeunesse, soigné, précieux, et battant du cil comme un séducteur ténébreux. Sauf que les lobes ne reprenaient pas ces caractéristiques avantageuses. J’avais repéré l’animal à la couleur légèrement irisée de son enveloppe qui scintillait dans la nuit. Un coquet le reste, malgré les aléas de l’existence.

Et je leur parlais, pour les rassurer. Je leur ai raconté tout plein d’histoires jolies et poétiques. Je leur ai tenu des discours enflammés où révolution rime avec liberté, ou égalité résonne avec fraternité. Tout juste ce qu’il ne fallait pas faire. Au matin, ils se réunissaient et réfléchissaient, j’entendais leurs palabres animées jusque dans ma soupente.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, alors que ma grand-mère tentait d’attraper Maurice pour le passer à la casserole, elle a eu à faire face à une insurrection. C’est Ramdam qui a lancé l’assaut. Il a organisé les foies en décuries, à la romaine – je crois bien avoir évoqué Jules Lézard, au cours d’une longue nuit –. En guise de bouclier, des écorces de chêne. Deux décuries se sont sacrifiées afin de neutraliser les chiens. Rocco a été écrasé par une horde de foies furieux. Quand à Freddy, il est mort étouffé, Totor ayant réussi à pénétrer dans son gosier et à obstruer les voies respiratoires. Paix à leurs deux âmes !

Ma grand-mère s’en est tirée de justesse, engluée dans le gras, ficelée par les nerfs, arrosée par le sang. Si elle n’avait pas rampé jusqu’à la barrière de l’enclos, je crois qu’elle ne serait plus de ce monde.

Quand elle a été douchée, débarrassée des lipides qui avaient failli la tuer, elle s’est retournée vers moi, et il a fallu que je m’explique. Alors, je lui ai raconté toute l’histoire, comme je vous la raconte. Tout le temps que j’avouai mon rôle, elle me contemplait d’un air absent. Mais je n’ai pas échappé à la punition : elle m’a épilé les poils du nez à la pince à vélo. J’ai beaucoup pleuré.

Je m’en souviendrai des canards gras de ma grand-mère !

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