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Holocauste ; la saga de 2 familles dans l’Allemagne Nazie (Série Tv)

Holocauste

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Holocauste est une mini série américaine réalisée en 1978 par Marvin Chomsky. Cette superproduction n’a pas manqué de créer la polémique, à sa sortie, car il s’agissait de la première oeuvre télévisée à aborder la Shoah, alors appelée Holocauste (terme religieux impropre désignant un sacrifice dans la Grèce antique), sous l’angle d’une fiction, de manière émotionnelle, à travers la destinée de deux familles berlinoises, une allemande « aryenne », les Dorf, pauvres mais ambitieux, et une  juive allemande, les Weiss, issus de la bourgeoisie et précipités dans les tourments et la tragédie de la Shoah…

Dans la catégorie « film seconde guerre mondiale », voici donc une présentation de la série Holocauste.

Holocauste, série accusée de voyeurisme qui fit polémique

holocauste

D’aucuns ont reproché à Holocauste d’être un « soap opera familial », où la Shoah n’était qu’un prétexte pour raconter une histoire familiale imaginaire, en utilisant des événements tragiques qui renforçaient le pouvoir dramaturgique de la saga.  D’autres ont même été jusqu’à parler de « voyeurisme abject », de « commercialisation de la Shoah et de la mort », de « pornographie mémorielle », en estimant qu’il était inacceptable d’évoquer des événements historiques en les mêlant à des éléments de fiction, au risque de tomber dans la caricature ou de commettre des erreurs historiques graves.

Les critiques concernant Holocauste sont multiples et variées, mais la principale reste peut-être la banalisation de la Shoah. Ce reproche est-il pertinent, alors que la série a contribué pour beaucoup à la découverte des événements perpétrés à l’encontre des Juifs dans l’Europe du 3ème Reich? Même si la série a aujourd’hui beaucoup vieilli, elle continue à alimenter ce débat sur la trivialisation et les transgressions de l’Histoire,  dès lors que le cinéma (notamment hollywoodien) et l’image de fiction s’efforcent de présenter la Shoah, témoignent et transmettent une vision hybride de l’histoire, et ont la prétention d’expliquer l’élimination d’un peuple, par l’édulcoration des camps de concentration, des représentations parcellaires et trop émotionnalisées et une sorte de désacralisation de la mémoire. Hollywood, à travers ses artifices, abolirait-il le caractère unique de la Shoah?

Holocauste, condensé de l’Histoire du nazisme et des Juifs

L’ambition d’Holocauste est pourtant grande et à la mesure  du travail pédagogique encore bien nécessaire à la fin des années 1970, pour faire comprendre la Shoah.  Holocauste aborde la période 1935 – 1945. En 8h30, elle tente de restituer chronologiquement  les grandes étapes de l’histoire du nazisme et des Juifs. Depuis la montée en puissance d’Hitler dite « montée des ténèbres » (épisode 1), jusqu’à la chute du 3ème Reich, on assiste à trois temps majeurs : le temps des lois anti juives de Nuremberg édictant des dizaines d’interdits, le temps des ghettos, où la mort rode partout, et où l’enfermement, les privations et les choix cruels pour survivre imposent parfois des sacrifices qui posent des questions morales et de culpabilité et le temps des massacres et des camps où la déraison, la folie de l’homme convaincu de sa défaite le pousse à commettre l’impensable  … Holocauste se veut finalement une oeuvre didactique pour ceux qui n’aimeraient ou ne connaîtraient pas spécialement l’histoire, mais sauront découvrir l’essentiel de l’action des Nazis de manière romanesque et donc quelque peu romancée.

Antisémitisme latent, Ségrégations, humiliations, pogrom de la nuit de Cristal prétexte à toutes les persécutions contre les juifs au prétexte de l’assassinat par un Juif à Paris du diplomate Vom Rath, séparations des familles, déportations vers la Pologne, ghettoïsation, constitution du Judenrat, conseil juif du ghetto de Varsovie, obligé de choisir parmi la population accablée par tous les maux, ceux qui partiront les premiers vers les camps en sachant que personne n’en reviendra probablement, éliminations de masse avec la « shoah par balle » et les massacres de Babi Yar (« la route de Babi Yar » épisode 2), résistance du ghetto de Varsovie et destruction de ce dernier  (épisode 3  – « la solution finale »), concentrationnisme, de Buchenwald, à Thersiendstadt, d’Auschwitz à la révolte de Sobibor… La série est ainsi l’une des premières à mettre en évidence les phases de la mise en place de l’extermination des Juifs, après leur affaiblissement progressif à coup d’interdictions.

On découvre donc comment les Nazis testèrent les gaz sur leur propre population de malades et de malades mentaux dits « improductifs », puis comment s’élabora la stratégie de destruction du « péril juif », avant que soit instaurée, sous la férule d’Heydrich,  la Solution Finale avec la systématisation des camps de concentration et des chambres à gaz, le fameux « traitement spécial » pour éliminer plus vite, par dizaines de milliers chaque jour, les Juifs de toute l’Europe  (« les rescapés », épisode 4) …

Holocauste : Manichéisme, résistances, lâchetés et héroïsmes

Des personnages forts et denses, les Weiss, concentrant tragédies et héroïsme, sont les supports « positifs » de la fiction et produisent facilement par leurs caractères très marqués pour ne pas dire stéréotypés, l’attachement voire l’adhésion des spectateurs. Et pour cela, il fallait que ces personnages, héros ordinaires,  soient exposés de manière plus ou moins naturelle – mais au prix de grosses ficelles aussi – aux grands moments de l’histoire du nazisme.

Côté Allemand, la schématisation des positions est tout aussi évidente : seul Inga, chrétienne, unie par le mariage à la famille Weiss, fait office de résistance farouche au pouvoir, alors que sa famille se réfugie dans la lâcheté et s’efforce de ne pas se faire remarquer. Le frère d’Inga est bien engagé, mais par défaut, bien plus que par choix. Sauvé par son beau-frère Rudi, il n’hésite pas à le dénoncer comme Juif ! La famille Dorf, quant à elle, n’est pas non plus l’archétype des nazis convaincus pour qui l’idéologie d’une race supérieure compte plus que tout  :  à travers son destin, on découvre surtout comment le nazisme a aussi su se nourrir d’opportunisme pour faire émerger des créatures acquises à sa cause …

holocauste

C’est au travers de l’oeil du servile Erik Dorf, juriste de formation rentré au service de Reinhardt Heydrich (directeur du SD puis du RSHA) par arrivisme pour gagner de l’argent, que l’on suit la destinée des Juifs et celle des Weiss, dont le père, médecin, avait pourtant soigné Marta Dorf, la femme d’Erik, à l’époque où ils étaient sans le sous.  Sans cesse poussé par sa femme qui était convaincue par l’idéologie nazie dans la mesure où elle leur garantissait considération, puissance et fortune, Dorf n’est ni le simple exécutant, ni l’un des penseurs de la Solution Finale ; il est un stratège et un artisan au rôle subtil.

Ce choix d’Erik Dorf comme témoin oculaire et simple « transmetteur d’ordre » est édifiant et renvoie à une réflexion sur l’éthique et la culpabilité : il est censé être « neutre » à l’égard des Juifs, comme il l’avoue à Heydrich lors de son entretien d’embauche. Et c’est d’ailleurs cette pseudo neutralité qui accentue l’horreur de sa mission et le côté méprisant du personnage, alors même que Dorf va se fanatiser au fur et à mesure qu’il va observer chaque phase d’élimination pourtant déjà insupportable. En effet, cet homme était à la base cultivé et son seul tort en temps de crise économique dans l’Allemagne nazie était d’être pauvre et donc sans réseau et sans travail. Sans adhérer au parti Nazi, il sollicite Heydrich pour obtenir un emploi et s’engage dans la police. Son intelligence va l’aider à gravir les échelons et à devenir le plus proche collaborateur d’Heydrich, ce qui lui permettra également de participer à la Shoah tout en se défendant toujours d’en avoir été l’un des acteurs, jusqu’aux derniers instants de son existence. Fin linguiste, il est par exemple l’ inventeur d’un terme comme « territoire juif autonome », qui remplace le mot « ghetto » qu’il jugeait comme trop négatif. Sa froideur et son recul extrême ne lui exempteront pas les doutes, le sentiment de dégoût ou d’horreur, bien qu’il ne cesse de se radicaliser dans ses propos à l’égard des Juifs et  aille même jusqu’à reprocher au Reich Führer Himmler de ne pas aller assez loin vis à vis de la Solution Finale !

Holocauste : un casting de choix

Inga et Karl Weiss meryl streep et james woods

Une pléiade d’acteurs comme James Woods, Meryl Streep, Michael Moriarty, Rosemarry Harris, Fritz Weaver, Joseph Bottoms, ont figuré au générique et ont souvent été révélés! Certains offrent même une prestation magistrale, à l’instar du débutant James Woods, encore bien réservé, dont le personnage Karl Weiss  s’inspire du courage de son épouse allemande, Inga Helms (Meryl Streep) et se nourrit de son amour même dans le doute, pour proposer une belle vision de la résistance, alors que sa personnalité d’artiste pouvait en faire un personnage plus faible que celui de son frère, Ruddy (Joseph Bottoms) qui d’emblée apparaît comme un modèle de courage dans l’action. C’est souvent leur excellente interprétation, qui assura au-delà des critiques, le succès d’Holocauste dans le monde entier, y compris en Allemagne, dans la RFA de l’époque, car la RDA refusa la diffusion de la série. La qualité d’Holocauste fut reconnue par 8 Emmy® Awards et 2 Golden Globes®.

Holocauste, une oeuvre utile malgré l’aspect romancé

Malgré les reproches que l’on peut adresser sur la justesse historique, les camps trop américanisés ou la fictionnalisation qui produit des incohérences ou des scènes improbables (comme la visite d’une femme dans un camp de concentration pour rencontrer son mari), Holocauste fut pour plusieurs générations (notamment d’Américains) une oeuvre majeure, qui  permit de prendre conscience de ce que fut la Shoah! Peut-être d’ailleurs que ce statut de série qui fit connaître les persécutions nazies à l’égard des Juifs au plus grand nombre, est en partie responsable de l’amertume des détracteurs dont les oeuvres ont finalement pu être moins utiles?!

Holocauste existe en coffret de 3 DVD (français, anglais).

Photos de de la série Holocauste

Holocauste vidéos du film en anglais

Voir la suite sur Youtube en anglais …

Pour aller plus loin :

Nota Bene : pour découvrir les faits historiques tels qu’ils sont connus d’après les historiens, n’hésitez pas à consulter les liens.

Distribution (Wikipedia) :

Fritz Weaver (VF : Bernard Murat) : Josef Weiss
Rosemary Harris : Berta Palitz-Weiss
James Woods (VF : Pierre Arditi) : Karl Weiss
Meryl Streep (VF : Annie Sinigalia) : Inga Helms-Weiss
Joseph Bottoms : Rudi Weiss
Michael Moriarty : Erik Dorf
Ian Holm : Heinrich Himmler
Sam Wanamaker : Moses Weiss
Blanche Baker : Anna Weiss
David Warner (VF : Michel Leroyer) : Reinhard Heydrich
Tovah Feldshuh : Helena Slomova
Tom Bell : Adolf Eichmann
Hans Meyer : Ernst Kaltenbrunner
David Daker : Rudolf Hess
John Rees : Artur Nebe
John Bailey : Hans Frank
Anthony Haygarth : Heinrich Müller
Murray Salem : Mordechaj Anielewicz
Lee Montague : Oncle Sacha
Robert Stephens : Kurt Dorf
Deborah Norton : Martha Dorf
George Rose : Monsieur Levy
Käte Jaenicke : Madame Levy
Michael Beck : Hans Helms
Jeremy Levy : Aaron
T.P. McKenna : Paul Blobel
Nigel Hawthorne : Otto Ohlendorf
Sean Arnold : Hermann Höfle
Erwin Steinhauer : typiste de Buchenwald
Llewellyn Rees : Père Bernhard Lichtenberg

Sandrine Monllor (Fuchinran)

2 commentaires sur “Holocauste ; la saga de 2 familles dans l’Allemagne Nazie (Série Tv)”

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