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Îles et souliers

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Une paire de chaussures qui a vagabondé dans les îles peut-elle être porteuse d’espoir?

« Qu’est-ce que c’est que cette photo ? », vous demandez-vous sans doute. 

Il s’est trompé de blog, le quidam des îles lointaines. Ou alors, il a trop vadrouillé dans les confins et il nous revient avec des plombs défectueux. 

En fait, ces nobles chaussures ont une histoire insulaire que je m’en vais ici vous conter.

Tout a commencé avec Alain. Un jour de morosité, je discours avec Alain, un presque retraité désabusé de la vénérable organisation dans laquelle j’usais un bon tiers de mon existence, qui me dit : « Vieillir, c’est avoir moins envie. Un bon conseil, Damien, vit tes rêves avant qu’ils ne disparaissent ».

Pour employer un terme à la mode, en gros Alain me suggère de dégager avant que les ressources humaines, aiguillonnées par les grands manitous, ne me dégagent, un jour ou l’autre.  

Puis, je baguenaude dans les rues et je tombe sur ces hideuses chaussures. Hideuses, peut-être, mais porteuses d’une symbolique qui me parle en ces temps de crise professionnelle.

Travailler là me procurait certes une liberté financière pour payer les factures, mais pas ou plus grand-chose d’autre. Je sentais que je n’améliorais plus le monde ou plus spécialement la vie des autres. A quoi sert ce que je fais, telle était la question que je me posais souvent. Il faut trouver le sens, toujours le sens, rien que le sens. Ouais, on sait, facile à dire.

J’achetais les chaussures. Et – pour aller vite – je partis. Yes, I can.

Et comme tout le monde le sait ici, je partis vers les îles. Oh, pas celles dont on nous rabâche les oreilles et le porte-monnaie dans les publicités pour abribus, entre la boucherie et la laiterie. Celles qui sortent des sentiers battus, pas toujours exaltantes, mais forcément différentes.

Ces chaussures (lavables, donc exemptes d’odeurs nauséabondes à la longue), m’ont accompagné, transporté, propulsé dans moult îles lointaines.

(A ce stade, il peut être utile d’ouvrir vos atlas). Elles « ont fait » les îles de l’Ascension et de Sainte-Hélène. Elles m’ont épargné les coraux coupants comme des serpes des atolls de Midway, Clipperton et Funafuti. Elles ont cavalé aux îles Cocos et crapahuté sur les îles Christmas, Lord Howe, Chatham, Yap, Pohnpei, Kosrae, les îles du détroit de Torrès et de Raivavae. Elles sont restées sous le lit sur l’île de Norfolk et de Mangareva. Elles ont séché sous le soleil humide de l’île de Molokai.

Ces chaussures représentent la coupure, difficile mais féconde, entre ma vie professionnelle d’antan et celle de maintenant. Je n’ai plus d’oppresseurs sous le dos. J’y ai passé du bon temps. Je suis propriétaire de ma vie et non plus locataire d’une organisation en crise perpétuelle. 

Il est entendu que je me suis fourgué dans un autre sacré pétrin. Il est entendu que les « îles lointaines » ne nourrissent pas son quidam. Il est entendu que la carrière d’écrivain n’est pas la plus facile à vivre. Il est aussi entendu que je ne fais que commencer tout ça. Tant que ces chaussures me porteront là où je veux aller, dans les îles ou vers mes diverses espérances, je suis content d’avoir choisi cette nouvelle vie.  

Vivre son rêve n’a pas de prix, toutefois.

Sauf le prix de ces chaussures. Je ne suis pas fétichiste, mais je ne les solderais pas sur E-bay.

 Et ces chaussures iront bientôt se poser sur l’île Nassau dans les îles Cook. (Photo Google earth)

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