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Retour mélancolique dans les îles lointaines : le rabat-joie et la laitière

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Comme je l’avais prévu, le retour de mes îles lointaines fut mélancolique. Je m’y attendais. Mais c’est toujours difficile, mes retours ont un goût de rance. Mes yeux se refusaient de voir la beauté autour de moi : le lac qui scintille, la montagne qui brille au clair de lune, les narcisses qui transforment les pentes en une neige de printemps, mon chien qui ne m’a pas oublié, le pain qui croustille et tout ce monde qui babille dans ma langue natale.

Je ne voyais que le terne. Le mauvais temps, la grisaille européenne, les mêmes unes de journaux déprimantes, les factures à payer, les rappels de factures à payer.

De retour dans mon île du vallon, il était temps de faire ce que Damien – ce rabat-joie – rechigne : défaire le bagage, mettre à laver le linge moite et malodorant, déballer des souvenirs qui me donnaient les larmes aux yeux. Et puis décacheter les lettres des éditeurs qui écrivent tous « non » de la même manière.

Et puis, là, maintenant, je rentre de chez la laitière.

Il y avait foule chez la laitière.

La laitière demande à une dame dans la quarantaine :

Alors, Madame, comment ça va aujourd’hui ? Vous ne partez pas en vacances, bientôt ?

La Madame répond que non, elle n’a pas d’argent, elle est au chômage, elle ne trouve rien, alors pas de vacances. Un morceau de gruyère, s’il vous plaît.

La laitière demande à un Monsieur à l’air triste :

Alors, Monsieur, comment va votre mère ?

Et le Monsieur lui dit que sa maman n’en n’a plus pour très longtemps, elle abandonne la vie, vous savez. Un morceau de vacherin, s’il vous plaît.

La laitière demande à Damien :

Ça fait longtemps ! Où étiez-vous donc passé ? Vous avez bonne mine !

Et là, le Damien, vous savez le petit chanceux qui vadrouille et navigue vers les îles des confins, celui qui vit ses rêves, celui qui écrit dans ce blog dont vous avez la gentillesse de lire quand vous êtes libres et qui sais que pour vous, la vie n’est pas toujours tendre ; et bien ce Damien-là se tait, accablé et pétrifié sous une cascade de sentiments peu flatteurs.

Au retour, j’ai fumé une pipe dans un champ fleuri. J’ai regardé mon chien batifoler, la truffe terreuse. J’ai respiré un bon coup l’air suave de mon île du vallon.

Et je me suis souvenu que le voyage permet de relativiser sa propre existence. Le Damien mélancolique et rabat-joie avait oublié cette vérité première.

La laitière me l’a rappelée.

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