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Bucarest insolite : regards sur une ville mal aimée qui résiste

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Trêve de discours sans concessions sur les périls urbanistiques et patrimoniaux qui continuent à peser sur Bucarest et qui ne doivent surtout pas conduire à ce que les Bucarestois et les visiteurs ne se sentent pas/plus propriétaires de leur patrimoine, au simple motif que celui-ci est en danger.

Calea Victoriei, pe jos à pied, redécouvrons Bucarest

Quand on descend Calea Victoriei, artère centrale de Bucarest, et que l’on slalome à pied entre les voitures garées sur l’esplanade séparant l’ancien palais royal (qui abrite le Musée national d’art de Roumanie), de la Bibliothèque centrale universitaire et du théâtre de l’Athénée, on se dit que, décidément, la bagnole est reine à Bucarest et l’urbanisme inexistant.

Il y a dans les tiroirs de certains cabinets d’architecte des projets de piétonisation partielle du centre ville. Mais aussi longtemps qu’il n’y aura pas de Plan de déplacement urbain défini et que les Bucarestois auront de nouveau les moyens de trouver une alternative fiable et crédible à la voiture, penser Bucarest sans voitures ne sera qu’une vue de l’esprit.

Du coup, l’initiative proiect pietonal (« projet piéton ») du collectif d’architectes POINT 4 soutenue par la revue Arhitectura est intéressante : loin de penser la restructuration radicale de Calea Victoriei, les architectes proposent l’installation d’un trottoir en bois surélevé qui permettrait la circulation fluide et sécurisée des piétons, tout en limitant physiquement l’emprise des voitures. Dans leur optique, ce projet renvoie à l’histoire de Calea Victoriei , qui s’appelait auparavant Podul Mogo

Lire entre les cartes, un plaisir bucarestois

Grand succès samedi à Bucarest lors de la Nuit européenne des musées initiée par le Ministère de la culture et de la communication français et parrainée par le Conseil de l’Europe. Plaisir étonnant, par une douce nuit annonçant déjà l’été de voir déambuler dans les rues de Bucarest, du Musée national de géologie au Musée national d’art contemporain des cohortes de jeunes allant écumer la quinzaine de musées partenaires de l’opération, qui pour certains ont du accueillir en une nuit plus de visiteurs que pour tout le reste de l’année.

J’ai ainsi au gré de mes pérégrinations avec des amis découvert le Musée national de cartes et des vieux livres (Muzeul naţional al hărţilor şi cărţii veci) créé dans les années 1990 dans une jolie villa résidentielle sur la base d’un legs de M. et Mme Adrian NASTASE (ancien Premier-Ministre, par ailleurs très connu par sa tante…). Présentation riche (mais sans mise en perspective historiographique et muséographique) de fragments d’Europe, sous forme de juxtaposition de cartes permettant de voir fluctuer du 15ème au début du 20ème siècle les zones d’extension et d’influence des Empires européens et de voir apparaître puis se stabiliser, péniblement, les frontières des Etats modernes. Un musée qui mérite que l’on y retourne avec quelques livres d’histoire sous la main pour se concentrer sur la remontée du Prut et du Dniestr et mieux comprendre comment les histoires moldave, roumaine, russe et polonaise sont imbriquées dans cette région d’Europe. Ou traverser de manière imaginaire le Danube et les Carpathes avec l’Empereur Traian pour aller à la confrontation avec Decebal (et semer ainsi la graine fondatrice de l’identité roumaine). Ou relever la toponymie des villages transylvains visités par des moines franciscains et transcrite de manière parfois étonnante (les monts métallifères mentionnés, en français dans le texte, comme Mont Saint-Michel !).

Et dans la foulée, l’exposition sur l’Europe aux yeux de la cartogrophie (Europea in oglinda cartografiei) présentée jusqu’au 30 mai au Musée national de Cotroceni, hélas encore plus confidentielle, mérite le détour. Mais pour y parvenir, il faut être doublement initié : savoir que l’exposition existe et montrer patte blanche pour pouvoir, après être rentré au Musée Cotroceni (palais présidentiel) sur réservation préalable, comprendre que cette exposition est présentée dans une salle annexe et insister pour y aller. La nuit des musées passée, nous étions deux à voyager dans le double-espace du temps historique et de la représentation géographique pour mieux comprendre à quel point la Roumanie s’est construite patiemment à la croisée des Empires et des barrières naturelles.

Peaux en stock : chez Dan COMA, maroquinier à Bucarest

Un sous-sol regorgeant de peaux plus fines et délicates les unes que les autres, dont du cuir d’agneau orange, identique à celui utilisé par Hermès. Normal, Dan COMA, LE maroquinier bucarestois, a le même fournisseur, près de Lyon, où il se rend régulièrement.

Chez lui, bottines sur mesures, reliures à la demande du client, sacs de voyage individualisés. Dan COMA a pignon sur rue dans deux boutiques de Bucarest, mais c’est chez lui, Bd. Constantin Prezan, qu’il faut aller pour découvrir son univers personnel, son showroom et son atelier, réunis en une demeure des années 50 à l’abri du tumulte de la ville, insoupçonnable si on ne connaît pas l’adresse.

C’est lui ou sa compagne qui vous ouvrira la porte pour vous mener à son salon où vous pourrez observer robes créés par sa compagne, accessoires et outils du maroquinier ayant traversé les tumultes du 20ème siècle et créations variées, individualisables ad libidum, pour un prix somme toute modeste.

Un îlot de savoir-faire, de tradition, de quiétude, dans une ville où, hélas, tout ce qui est beau et luxueux, semble trop souvent devoir être importé. Sauf les créations de Dan COMA et des créateurs qui, un peu plus nombreux chaque jour, aèrent Bucarest.
Galeria Galla, Bd. Ion Mihalache nr. 113

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