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La Nef des fous de Turf (bande dessinée française)

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Folie, débauche, décadence, perte des valeurs… Turf plonge les lecteurs de la Nef des fous, série en 7 volumes, dans un univers loufoque et plein de secrets…
J’ai relu l’intégrale de la Nef des fous de Turf, n’ayant jamais pris le temps de lire les derniers tomes.

Puisant son titre chez Sébastien Brandt, auteur d’un célèbre livre de la Renaissance illustré par Dürer puis repris par Jérôme Bosch dans son non moins célèbre tableau qui décrivait la société des hommes comme une nef peuplée de fous, c’est-à-dire les hommes, pleins de vices et de faiblesses, dirigée par personne, voguant donc au hasard de la volonté d’une figure demiurgique capricieuse, cette série de sept bande-dessinées se distinguait dès le début par son ambition.

nef des fous tome 1Le tome 1, « Eauxfolles, » s’ouvre dans un monde très steampunk inspiré à la fois de l’architecture victorienne mais avec un cachet mittleuropa absolument délicieux. Les situations, les dialogues, les
personnages semblent puisés de ces pièces de théâtre qui ont pour cadre des royaumes et principautés du XIXe siècle aussi petites que ridicules, avec des noblesses creuses et des rois fantoches.
Un vrai régal. « En ce 77ème brumore de l’an 627, dans la bonne ville d’Eauxfolles, » des évènements étranges se cumulent: « il a été établi les faits suivants: que la population se plaint de bruits
anormaux; qu’un trafic de coloquintes géantes a été repéré; que des monstres non-répertoriés ont élu domicile dans les égouts. En conséquence, Ministres et Sous-Ministres demandent au Roy
d’autoriser le rétablissement de l’ordre dans les plus brefs délais. » Voici donc les personnages: Clément XVII, le petit roy, son Grand Coordinteur (qui est grand, donc), Ambroise, la Reine, la
Princesse Chlorente qui ne veut pas se marier et n’apprécie que son Fou, Arthur, ainsi que les deux policiers qui découvrent le trafic de coloquintes et enquêtent de manière aussi volontaire
qu’incompétente. C’est drôle, c’est absurde et c’est vraiment réussi.

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/d38ff_NefDesFous_La_T02.jpgLe tome 2, « Pluvior 627 » du nom du mois des pluies qui ne dure qu’un jour, est consacré au coup d’état organisé par Ambroise
pour devenir le Grand Purificateur et ainsi le nouveau maître d’Eauxfolles. Là encore, le burlesque et l’absurde le disputent à un sens du récit admirable. Le rythme est vraiment soutenu; les
évènements s’enchaînent avec un réel plaisir. A peine Ambroise se réjouit-il du succès de son coup d’état qu’un mystérieux personnage arrive, lui gâchant tout le plaisir, le Prince
Putatif…

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/d38ff_NefDesFous_La_T03.jpg« Puta-quoi? » Le tome 3, « Turbulences » nous présente les difficultés qui s’accumulent pour le pauvre Ambroise Ier (et la Reine
qui veut en faire son amant) notamment en ce qui concerne le Prince Putatif tandis que le roy Clément et ses Ministres croupissent dans les geôles du palais et que les deux policiers continuent
leur enquête aussi inefficace que drôle. Mais la saveur de ce tome vient de la série de meurtres perpétré par Ambroise à l’encontre du Prince Putatif qui semble renaître de ses cendres à chaque
fois. Pendant ce temps, Chlorente et Arthur explorent un étrange monde dans lequel ils sont arrivés peuplés de créatures difformes ou bleues avec des bonnets blancs…

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/d38ff_NefDesFous_La_T04.jpg« Au Turf, » le tome 4, nous montre le pauvre Ambroise dépassé par les évènements (une inondation gigantesque) et les meurtres
tandis que son mystérieux protecteur semble avoir d’autres buts et résinstalle Clément XVII sur le trone d’Eauxfolles. Les deux récits secondaires — l’enquête des deux policiers et l’exploration
du monde parallèle par Arthur et Chlorente — se poursuivent sans qu’on voit bien où ils vont nous mener.

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/d38ff_NefDesFous_La_T05.jpgLe tome 5, « Puzzle » nous présente le retour au pouvoir de Clément et la poursuite des récits secondaires, qui passent
d’ailleurs au premier plan. On a le sentiment que Turf joue la montre, les péripéties s’enchaînent sans vraiment apporter quelque chose au récit qui se perd en méandres.

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/d38ff_nef06v.jpg Le tome 6, « Les Chemins énigmatiques » voit la conclusion de l’enquête de nos deux intrépides policiers, toujours aussi
attachants car inefficaces. Mais justement, on voit (ainsi qu’on pouvait le craindre) que le long récit de leur investigation qui a commencé dans le tome 1 n’aboutit à rien de précis. Leurs
actions, au final, n’ont aucune conséquence dans le cadre narratif si ce n’est qu’elles ont permis au lecteur de voir les coulisses des agissements d’Ambroise. C’était pratique, mais en terme de
récit, plutôt décevant.

https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/cebca_nef.jpgEnfin, la série s’achève avec le tome 7, « Terminus, » qui nous révèle la vérité derrière la Nef des fous et son mystérieux pilote démiurgique. J’avoue que je suis resté sur ma faim et
que cette fin m’a déçu car elle prend la forme d’un monologue par le demiurge illustré, en quelque sorte, par la fin de l’exploration d’Arthur et Chlorente mais qui, à l’instar de l’enquête
policière, n’aura aucune conséquence sur le monde. On a ainsi droit à un récit à travers des flash-back mais sur le mode narratif. Comme il aurait été intéressant d’insérer un tome entier
consacré à cette période lorsque Ambroise fut choisi par hasard pour devenir l’instrument de la volonté du démiurge au lieu de multiplier les intrigues secondaires, les péripéties qui, en fin de
compte, n’ont rien apporté au récit.

Bilan global: une série agréable à lire, qui démarre sur les chapeaux de roue, immensément appréciable par son sens de l’humour absurde (je crois que c’est vraiment la forme d’humour que
j’apprécie le plus), son sens des dialogues, ses jeux sur le langage, ses personnages aussi stupides qu’attachants, mais dont le récit s’effiloche au fur et à mesure pour se terminer sur une note
décevante. Malgré tout, le dessin est agréable et l’inspiration jules-vernesque est un atout pour moi qui adore les références dans lesquelles la série plonge. C’est sans doute pour cette raison
que la déception fut aussi grande.

 

  • La Nef des Fous (scénario, dessins et couleurs), collection Terres de Légendes :
1. EauxFolles, janvier 1993.
2. Pluvior 627, juillet 1994.
3. Turbulences, janvier 1997.
4. Au Turf, janvier 2001.
5. Puzzle, mai 2005.
6. Les Chemins Énigmatiques, janvier 2007.
7. Terminus, février 2009.
HS. Le Petit Roy, novembre 1998.

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