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La Strada de Fellini : un chef d’oeuvre poignant (Cinéma italien)

la strada de fellini

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la strada de fellini

La Strada de Fellini est l’un des chefs d’oeuvre du cinéma italien des années 50. Réalisé par Fellini en 1954, ce drame, qui réunit Giulietta Masina et Anthony Quinn, deux acteurs d’exception, est peut-être aussi l’un des plus poignants qu’ait produit le 7ème Art… En 1957, il reçut d’ailleurs l’Oscar du meilleur film en langue étrangère…

La Strada de Fellini ; le cinéma vérité à l’italienne

La Strada de Fellini raconte l’histoire touchante de Gelsomina, gamine naïve et généreuse que sa mère, dans l’incapacité matérielle de l’élever, vend à un hercule de foire, brutal et obtu, nommé Zampano, qui se plait à éblouir les badauds en jouant sur les places publiques les avaleurs de feu et les briseurs de chaînes. Malgré la dureté avec laquelle il traite Gelsomina, celle-ci ne sait que faire pour amadouer le coeur aride de son compagnon.

Né à Rimini le 20 janvier 1920 dans une famille de la petite bourgeoisie italienne, Fellini entre dans la vie active grâce au journalisme, puis aborde l’écriture de scénarios, avant de faire la connaissance de Giulietta Masina, qu’il épousera en 1943.

Sa rencontre avec le grand metteur en scène Rossellini va être l’événement qui  le détermine à se consacrer désormais et exclusivement au cinéma. Il participera à la co-écriture du scénario de Rome, ville ouverte et d’Amore, deux films parmi les plus célèbres de Rossellini, avant de se lancer dans le long métrage. Son premier film à connaître une carrière internationale sera La Strada qu’il tourne en 1954 et où il affirme déjà son originalité en s’éloignant du cinéma néo-réaliste de son maître. Cette oeuvre est un véritable hymne d’amour à sa femme Giulietta, comme le seront peu de temps après Les nuits de Cabiria et Juliette des esprits.

La Strada de Fellini raconte l’histoire touchante de Gelsomina, gamine naïve et généreuse que sa mère, dans l’incapacité matérielle de l’élever, vend à un hercule de foire, brutal et obtu, nommé Zampano, qui se plait à éblouir les badauds en jouant sur les places publiques les avaleurs de feu et les briseurs de chaînes. Malgré la dureté avec laquelle il traite Gelsomina, celle-ci ne sait que faire pour amadouer le coeur aride de son compagnon.

Arrive alors un autre saltimbanque Il Matto ( le fou), à la fois funambule, musicien et poète, qui va séduire la jeune femme grâce aux merveilleuses histoires qu’il lui raconte sous forme de paraboles. Exaspéré par la relation qu’ils entretiennent et gagné, sans doute, par la jalousie, Zampano tue le musicien, plongeant Gelsomina dans un désespoir silencieux. Prostrée dans son chagrin, elle semble se détacher de ce qui l’entoure, être de plus en plus étrangère à ce monde sans amour. Voyant qu’elle ne lui est plus utile à rien, Zampano l’abandonne au bord de la route, comme une pauvre bête malade.

Passent les années… Revenant un jour sur les lieux, il s’inquiète d’elle, apprend qu’elle est morte et, pour la première fois de sa vie, pleure.

La Strada de Fellini, long métrage ambitieux, ne reçut pas, lors de sa sortie, le succès qu’il méritait, bien que l’interprétation de Giulietta Masina fut saluée comme une prouesse et qu’elle eût accès d’emblée à l’Olympe des dieux et déesses de la pellicule. Il est vrai qu’elle est admirable dans ce rôle, où son jeu se concentre dans ses regards, ses expressions, ses mimiques. Créé pour elle par son mari,  le personnage de Gelsomina est celui d’une femme-clown qui vit dans un monde dur et brutal.

Allégorie des victimes de la violence, elle aime et veut être aimée avec candeur. Ne dit-elle pas à propos de l’hercule de foire qui est devenu son maître : Si moi, je ne reste pas avec lui, qui donc restera ? Répétant cela comme pour s’en convaincre. Il est évident que c’est là une sorte de plaidoirie qui a pour objectif de montrer du doigt certaines anomalies de la condition féminine de l’époque, en Italie du Sud plus spécialement. D’autre part, cette oeuvre, qui ne fut pas toujours bien comprises de la critique, est une conte métaphysique qui, par le biais du personnage d’ Il Matto ( le fou), sorte d’archange qui défie les lois de la pesanteur en dansant sur une corde au-dessus d’une humanité pervertie et cruelle, développe une parabole chrétienne sur le sort dévolu à la pureté et à l’innocence. On pense à  L’Idiot de Dostoïevski , à La Pesanteur et la Grâce de Simone Weil.

On est frappé également dans la Strada de Fellini par la divergence qui existe entre Zampano et Gelsomina : l’un s’opposant à l’irrationalité de sa compagne par sa force animale, son insensibilité et son incapacité à comprendre son âme poétique ; l’autre, que tout émeut et ravit, confiante, naïve, résignée, sait, par contre, observer et surtout penser. Elle pense à l’avenir. Son optimisme vient de l’art du masque, fiction honnête opposée à celle de Zampano qui joue comme il vit, totalement dépourvu de regard intérieur. Il réagit instinctivement avec ce que lui a donné la nature : des muscles d’acier et une avidité gloutonne. Aussi une division nette entre deux réalités s’affirme-t-elle dès les premières images.

Au cours du voyage de ces deux créatures qui sont ensemble sans trop bien savoir pourquoi, Gelsomina apparaît par contraste avec l’ombre massive et ténébreuse de Zampano, singulièrement douée pour exprimer spontanément l’étonnement, les peurs, les joies frénétiques et les abattements. Incorrigiblement dissonant, Zampano, quant à lui, craint l’harmonie spontanée et se montre lâche à l’égard des sentiments, si bien que la jeune apprenti-clown fait en sorte, pour ne pas le froisser, d’étouffer le don reçu et d’apprendre par mimétisme. On la voit d’ailleurs s’insérer facilement dans le théâtre de rue et remporter un vif succès personnel dans  » la farce pour rire  » auprès des adultes et, plus particulièrement, des enfants qui se reconnaissent en elle.

Dans ce rôle, Giulietta Masina est poignante de réalisme et de poésie mêlés, personnage touchant s’il en est et sans malice, comme épargné par le mal, et qui fait tellement penser à son pendant masculin : Charlot. Quant à Anthony Quinn, il s’est totalement investi, immergé dans la peau de ce lutteur de foire, buté, vaniteux et violent, qui donne à ce film une force prodigieuse. Pour l’irascible bateleur qu’il est, seul le vent d’été sur la mer accompagnera – à la fin du film – les souvenirs que lui évoquent les notes de la triste chanson de la femme-clown qu’a entonnée une voix féminine, des notes qui lui ouvrent enfin les pleurs du repentir sur la plage solitaire de la condition humaine. L’incomparable effet de ce chef-d’oeuvre réside là, dans la cohabitation conflictuelle de la dure réalité et de la fable féroce, entre la magie cruelle de l’existence privée de pensée de Zampano et la pensée artistique privée d’existence de Gelsomina.

Quand on parlait à Fellini du cinéma-vérité qui fut celui de l’après-guerre en Italie, il rétorquait qu’il était plutôt pour le cinéma-mensonge.  » Le mensonge est toujours plus intéressant – affirmait-il – que la vérité. Le mensonge est l’âme du spectacle et moi, j’aime le spectacle ».

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