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Le Petit Trianon de Floresti : un palais hélas tombé dans l’oubli

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Le Trianon – voilà un nom aux résonances très spéciales, pour les Roumains aussi. Après s’être lancée imprudemment dans la première conflagration mondiale, frôlant le désastre, la Roumanie s’est retrouvée, à la fin de la guerre, dans le camp des vainqueurs. Le Traité de Paix de Trianon, conclu le 4 juin 1920, fixait les nouvelles frontières du Royaume de Roumanie, connu depuis sous le nom de “La Grande Roumanie”.

Le document fut signé par 16 pays alliés auxquels s’ajoutait la Hongrie, en tant que successeur de l’Autriche-Hongrie. Dans ses chapitres 27 – 35, le Traité de Trianon définissait les frontières de la Hongrie avec les Etats voisins, la Roumanie comprise. Les délégués au Congrès de paix ont signé le traité au Palais de Trianon, à Versailles.

Dans une petite commune du sud de la Roumanie, appelée Floresti, du département de Prahova, à quelque 80 km au nord de Bucarest, une des grandes et riches familles roumaines – celle des Cantacuzène – ont construit un palais nommé “Le Petit Trianon”, inspiré du glorieux Trianon, mais aussi du Petit Trianon de Paris. C’est l’homme politique Gheorghe Grigore Cantacuzino, surnommé “le Nabab” en raison de son immense fortune, qui a entamé la construction du palais, en 1911, à la demande de sa nièce Alice. C’était un édifice comme on n’en avait jamais vu en Roumanie. La princesse Alice Cantacuzino avait souhaité que le palais compte 150 chambres à coucher, 7 salles de bal, un grand nombre de salons et un immense parc de 150 hectares couverts d’espèces rares de plantes et d’arbustes et prévu d’aqueducs, de terrains de chasse, de golfe et d’équitation.

Le Petit Trianon roumain, bâti en style néoclassique français, excellait dans tous ses détails architecturaux. Le rez-de-chaussée comptait 15 pièces, dont une, censée être la salle d’honneur, avait une superficie de 70 mètres carrés. Le parc abondait en arbres et plantes rares, apportés à Floresti avec beaucoup d’efforts et d’argent. Cet immense espace abritait de nombreuses espèces animales, le parc étant un véritable écosystème. Il était également prévu d’un étang, de petits ruisseaux et de ponts, de fontaines et de jets d’eau et même d’un petit pont sculpté en béton armé. Celui-ci était en tout semblable à un pont en bois massif, car on en avait même sculpté les clous. Pourtant, malheureusement, en 1913 Gheorghe Grigore Cantacuzino meurt, sans voir son palais terminé. En fait, terminé il ne le sera jamais. En 1914, les bâtisseurs français, italiens et grecs avaient achevé l’extérieur de la construction et le toit. Les murs épais en brique étaient couverts de travertin. Les matériaux destinés à l’extérieur n’ont plus servi à personne – sauf aux voleurs. Stockés dans le sous-sol du bâtiment, ils y restèrent pendant de longues années, avant d’être volés. Après la mort du Nabab, personne ne s’occupa plus du palais, qui ne fut jamais habité. Le princesse Alice est partie à l’étranger et le don de son oncle, surnommé “Le château de la princesse” tomba dans l’oubli. Personne ne l’en tira, depuis 1918.

De nos jours, le Petit Trianon de Floresti se meurt. Il n’a plus de toit. Les murs intérieurs sont tombés en ruine et les briques qui n’ont pas encore été volées gisent par terre; pourtant les murs extérieurs sont intacts. Le temps impitoyable, l’absence de travaux d’entretien et les actes répétés de vandalisme ont préparé une triste destinée à ce palais.

La série des dévastations avait déjà commencé pendant la première guerre mondiale, lorsque les occupants allemands ont enlevé toute la tôle en cuivre qui recouvrait le toit, les poêles en faïence et les pièces de mobilier. Au début de la deuxième guerre mondiale, impressionnés par la beauté et le raffinement du palais, les troupes de l’Allemagne nazie commencent à poster des sentinelles autour de l’édifice. Grand amateur d’art, le général allemand Paulus écrivait dans ses mémoires – je cite: “A part le pétrole et le Palais de Peles, à Sinaia, la vallée de la Prahova recèle une autre richesse inestimable: le Petit Trianon, un palais encore plus magnifique et plus réussi que son original parisien”. Paulus exagérait, sans doute, pourtant ses affirmations n’étaient pas trop loin de la réalité.

Après la guerre, la série des dévastations allait continuer. En 1944, l’Armée Rouge emporta quelques colonnes ioniques en pierre de Albesti. Ensuite, pendant des années, les paysans de la région ont arraché au corps de l’édifice les pierre et les éléments décoratifs baroques, renaissance ou néoclassiques, pour en orner leurs étables et leurs soues. Les orages et la grêle ont endommagé la structure de résistance du bâtiment, de sorte que les cheminées et certains murs intérieurs se sont écroulés lors du tremblement de terre de 1977. Durant le régime communiste, le palais a abrité le siège d’une entreprise agricole d’Etat, ensuite une école de dressage canin, une unité militaire et, depuis 1965, un hôpital destiné aux malades de phtisie.

Malgré les promesses des autorités, le drame du Petit Trianon de Floresti-Prahova reste l’oubli. Un nom comme le Trianon mériterait une meilleure mémoire.

Photos par Bogdan Boboc

Texte : Steliu Lambru; Dominique

https://www.rri.ro

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3 commentaires sur “Le Petit Trianon de Floresti : un palais hélas tombé dans l’oubli”

  1. bonjour,
    je suis bien content que vous avez aime mes photos. j’ai visite plusieurs fois ce palais et je l’ai recommande a tous mes copains. en plus, ce n’est pas si loin de bucarest ou des stations de ski de Valea Prahovei, donc ca vaut un petit detour
    Floresti, c’est un endroit magnifique, malheureusement en ruines… comme pas mal de monuments de Roumanie. helas…

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