Lorsqu’il s’agit de l’expansion du Sida en Europe, il faut savoir qu’en Roumanie, par exemple, le virus a connu une forte progression durant le régime communiste qui a carrément ignoré le problème, le mettant même sous silence. Détails, avec Valentina Beleavski de RRI.
L’évolution du SIDA en Roumanie
A l’époque communiste, le sida était un sujet tabou en Roumanie, rien n’ayant été entrepris pour enrayer la propagation du virus. D’où cette particularité de l’épidémie en Roumanie : le grand nombre d’enfants (7.000 au moins) contaminés par des transfusions de sang non vérifié et des équipements médicaux non stérilisés la fin des années ’80. D’autres facteurs favorisaient également la contamination, à savoir le système sanitaire en faillite, les autorités qui refusaient de prendre des mesures de prévention, des conditions de vie plus que précaires, la mauvaise alimentation et le fait qu’avant son premier anniversaire, un enfant roumain faisait 5 fois plus de piqûres qu’un enfant de l’Europe Occidentale.
En fait, selon un rapport de Human Right Watch, dans les années ’80, dans nombre d’hôpitaux de Roumanie on administrait jusqu’à 120 piqûres à un enfant dans un délai de 4 semaines. Par conséquent, le virus était déjà très bien enraciné dans le pays et commençait à se répandre, alors que les autorités refusaient d’accepter que le sida était une menace pour la Roumanie. Les cas de mortalité infantile étaient réduits au silence. Un seul hôpital était doté de l’équipement nécessaire pour effectuer les tests de contamination, et des centaines de cas avaient été dépistés, mais jamais rapportés avant la chute du communisme.
Depuis son apparition en 1985, le virus du SIDA a contaminé au total 16.077 personnes en Roumanie. Parmi elles, plus de 5.500 sont décédées et plus de 500 ont été perdues des évidences. Selon les statistiques, fin juin 2008, plus de 7700 Roumains étaient séropositifs, la plupart d’entre eux ayant entre 15 et 19 ans. Le 1er décembre 2009, 342 nouveaux cas de contamination avaient enregistrés sur l’ensemble du pays, dont 147 étaient des femmes et 195 – des hommes. Pour la même année, les statistiques font état de 87 décès. Heureusement, le nombre des contaminations est en baisse et se situe en dessous de la limite de 500 personnes établie par le programme national de lutte contre cette maladie. « Cela signifie que les campagnes de prévention et les traitements de bonne qualité ont porté leurs fruits », déclarait pour la presse le secrétaire d’Etat au ministère de la Santé Adrian Streinu Cercel, le 1er décembre, à l’occasion de la Journée Internationale de la lutte contre le virus du SIDA. Selon le représentant de l’UNICEF en Roumanie, M. Edmond Mc Loughney, le programme déroulé en Roumanie est un point de référence pour les autres pays de l’Europe de l’Est. Toutefois, il n’a pas échappé à la crise économique, qui a bloqué plusieurs fois l’allocation des fonds nécessaires à la poursuite de la campagne de prévention et à l’achat de médicaments.
A ce programme national s’ajoutent des initiatives appartenant à différentes ONG roumaine ainsi qu’à la Croix Rouge.
La Roumanie arrive, dans ces conditions, à limiter la transmission du virus sur le territoire du pays et à maintenir le plus grand taux de survie de cette partie de l’Europe, assurant une qualité de vie plus élevée aux patients. D’ailleurs, l’espérance de vie parmi les malades du SIDA a considérablement augmenté ces 2 dernières décennies, de 6 mois seulement au début des années ’90 à au moins 20 ans à l’heure actuelle.
Les femmes et le sida en Roumanie
En Roumanie les cas de contamination par le virus du sida sont en baisse, mais au niveau mondial, près de 7000 personnes sont infectées chaque jour, 95% provenant des pays pauvres.
A l’occasion de la Journée Internationale de la femme, le 8 mars, plusieurs organisations ont lancé un cri d’alarme à propos de la situation des femmes face au sida dans de nombreux pays d’Afrique. Le rapport 2008 de l’Onusida fait état de 33,4 millions de personnes infectées, dont plus de la moitié sont des femmes. Selon cette agence des Nations unies qui travaille sur le sida, les femmes et les jeunes filles sont davantage exposées aux risques de transmission du VIH – SIDA à cause des violences auxquelles elles doivent plus souvent faire face. Dans le même temps, les traitements contre cette maladie sont fréquemment inaccessibles aux femmes qui en ont le plus besoin. (Véronique Gaymard de RFI).