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L’inspérée de Christian Bobin : Fenêtres sur le monde

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Christian Bobin est un écrivain de l’intime, des émotions les plus délicates, des petits riens du quotidien qu’il tamise d’une lumière évanescente, celle du regard par-dessus l’épaule, celle de l’hier ou celle des sentiments que l’on tait aux autres. Dans « L’inespérée », il livre à son lecteur des textes d’une intériorité qui tend à la pureté des émotions, des sentiments …

 

L’auteur y parle, toujours avec délicatesse, même lorsqu’il s’insurge, de l’amour (celui éprouvé pour une passante, un jour de pluie, celui d’une femme partagée entre son amant et son mari, celui de l’homme qui aime la distance pour écrire son amour à la femme de sa vie, l’écrit permettant, sans doute, ce que la conversation intime refuse à la pudeur), de l’amitié, de la banalité de la vie qui peut receler, de manière très inattendue, des joyaux que l’on espérait plus. Cependant, il ne reste pas sans réaction face à ce qui lui déplaît: son regard sur la société telle qu’elle est devenue est celui de la déconsidération, celui de l’amertume inacceptée. Les tranches de vie, entre deux images d’une grande poésie, cachent un aspect peu engageant de notre monde qui devient la proie d’une télévision à la trop grande place. Du coup, elle pervertit la pureté à laquelle Bobin aspire…d’ailleurs, il n’hésite pas à en faire le personnage central d’un texte au titre extrême « Le mal » (c’est dire son aversion pour cet écran qui rend captif): elle captive sans être captivante, elle est la nouvelle « nurse » des mondes clos, ceux de l’enfermement pénal, psychiatrique ou de la vieillesse, elle est partout et s’en fiche qu’on ne la regarde pas…elle est là et captera, à un moment où à un autre, un regard même morne. « Le mal » est un texte dont la violence des propos affleurent sous une écriture ciselée, décapante derrière sa richesse; il surprend, il interpelle et peut mettre mal à l’aise car Bobin ne fait aucune concession.
« L’inespérée » est un recueil qu’il est difficile de résumer tant les sensations, les émotions qu’il met en mots sont saisissantes, poétiques et entraînent le lecteur dans un monde à l’écart du monde, d’où seules des rumeurs lointaines des bruits du quotidien viennent troubler le recueillement dans lequel il s’est plongé; un recueillement sur la part d’ombre intime que chacun porte en soi. « L’inespérée » amorce une subtile méditation sur l’accommodement du monde avec les êtres et les choses, pose les jalons d’un voyage intérieur au long cours balisé par images sensibles de l’écriture de Bobin.

Il est facile de rapprocher Christian Bobin de Philippe Delerm, mais là où le second utilise l’encre de la nostalgie pour dessiner les volutes des souvenirs, le premier puise à la source de la mélancolie pour appréhender les illusions du monde. Toujours est-il que l’on ne quitte pas, comme on quitte un manteau, l’écriture ni l’ambiance étrange des textes de Bobin: elles s’installent durablement dans la mémoire de nos émotions, distillant le besoin de les feuilleter et de les ressentir à nouveau, au gré des envies. Les recueils de Bobin, comme ceux de Delerm, sont de ceux vers lesquels toujours on revient pour picorer des sensations, glaner des émotions et repartir avec une nouvelle énergie.

http://chatperlipopette.blogspot.com/
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