Qui sont les principaux représentants de la culture roumaine à travers le monde? Ionesco, Cioran, Eminescu, Caraghiale, Eliade, Enescu, Cotrubas ou encore Brancusi? Chacun dans le domaine de la pensée, de la littérature ou des arts a su faire découvrir la Roumanie …
Etabli en France, membre de l’Académie Française, Eugène Ionesco est considéré comme le fondateur du théâtre d’avant-garde et le créateur du théâtre de l’absurde, aux côtés de Samuel Becket et Jean Genet. Les secrets de la vie ont toujours fasciné Eugène Ionesco. Il a toujours cherché à trouver la raison de l’existence de l’homme, de son rôle sur la terre. A la fin de sa quête, il avoue tirer la conclusion que ce genre de questions n’ont pas de réponse…
Emil Cioran: établi en France en 1937, il nous a laissé une des œuvres les plus troublantes du 20e siècle. Suite à la parution en 1949 en France du “Traité de décomposition”, le philosophe a été considéré comme “le sceptique d’un monde en déclin”, “le nihiliste du 20e siècle”. Cioran avouait lui-même, qu’il “s’était obligé à détruire toute notre illusion et à garder intact pour nous le souvenir du néant”.
Ion Luca Caragiale est considéré comme “le plus grand créateur de vie de toute notre littérature” et le seul dramaturge à avoir créé une tradition dans le théâtre roumain. Grâce à la comédie de situation et de langage, tout comme à ses personnages extraordinaires, les salles de théâtre sont pleines et archi – pleines lorsqu’on joue les pièces de Caragiale, depuis la première d’“Une nuit orageuse” jusqu’à nos jours. Il est aussi le créateur d’un style d’interprétation “Caragiale”, étant toujours présent aux répétitions pour discuter chaque détail avec les acteurs.
Mihai Eminescu (1850-1889) “est celui qui a marqué la transformation la plus profonde de la poésie roumaine. Il est la plaque tournante de notre poésie, et aucun autre grand poète roumain n’a pu le dépasser. Bien qu’ils aient également changé la poésie, aucun d’entre eux ne nous donne l’impression qu’il a mis fin à une page de l’histoire pour en commencer une autre”. Ce sont les mots de Nicolae Manolescu, le plus grand critique contemporain roumain.
Esprit plurivalent, écrivain et historien des religions, Mircea Eliade étudie assidûment, dès son adolescence, de nombreux domaines tels la chimie, la biologie et jusqu’à la philosophie et l’orientalistique. Il quitte définitivement la Roumanie en 1942. Il est conférencier dans plusieurs universités prestigieuses du monde. Parmi ses œuvres fondamentales comptent “Le traité de l’histoire des religions”, “Le mythe de l’éternelle rentrée”, “L’histoire des croyances et des idées religieuses”. En 1957 il s’établit à Chicago, où il reste le titulaire de la chaire de l’histoire des religions jusqu’à la fin de sa vie, en 1986.
Au seuil entre les 19e et 20e siècles, Stefan Luchian continue l’oeuvre de ses deux grands prédécesseurs – Nicolae Grigorescu et Ioan Andreescu – et transporte la peinture roumaine dans le modernisme. Dans sa monographie consacrée à Stefan Luchian, Jacques Lassaigne écrit que le peintre trouve une solution spécifique roumaine au problème de l’expression, une solution qui est également authentique et originale, chargée d’une valeur générale qui dépasse le problème local d’un pays…
Constantin Brancusi compte parmi les créateurs qui ont marqué d’une manière décisive l’évolution de la sculpture moderne, dont l’écho raisonne encore dans l’art d’aujourd’hui. Un représentant du postmodernisme, Carl Andre, reconnaissait en Brancusi un modèle de son propre oeuvre. Richard Kostelanetz, un commentateur du postmodernisme, essayait d’expliquer la substance de la création de Brancusi par le pouvoir du sculpteur de maintenir le contact avec les forces spirituelles inaccessibles à ses semblables: “Les formes de Brancusi ne sont pas abstraites, mais chargées de symboles, des sens philosophiques pour la plupart, ses créations surprennent l’essence du monde réel”.
Alexandru Ciucurencu débute après avoir parachevé ses études à Paris. Il est le lauréat du Salon Officiel de 1930. En 1937, il représente la Roumanie à l’exposition Universelle de Paris, et, quelques années plus tard, à la Biennale de Venise. Voici ce que Radu Ionescu écrivait dans une monographie sur A. Ciucurencu: “La place qu’il occupe dans l’art roumain est considérable et nous pourrions oser le comparer à Luchian. Les deux ont ouvert, chacun à son époque, une porte vers le renouvellement de l’art. De cette manière, ils n’ont pas marqué leur époque uniquement par leur oeuvre, mais aussi par leur autorité, qui s’est manifesté – de manière directe ou indirecte – sur leurs contemporains”.
Chef d’orchestre, philosophe, mathématicien, personnalité artistique unique dans la musique universelle de la deuxième moitié du 20e siècle, Sergiu Celibidache est né le 28 juin 1912. Il nous a quittés le 15 août 1996. Il est devenu presque un mythe dans le monde de la musique. La plupart des fois, son nom est mentionné auprès des chefs d’orchestre les plus grands du monde. Sergiu Celibidache s’est imposé par sa présence spectaculaire au pupitre, par sa gestuelle expressive et fascinante et par ses idées originales, uniques pour ce qui est de l’interprétation de plusieurs styles musicaux.
Tout comme George Enescu est un symbole de la création roumaine dans le domaine de la composition, Dinu Lipatti occupe une place unique dans l’art de l’interprétation. Il est né le 19 mars 1917. La leucémie a arrêté brusquement sa vie à 33 ans seulement, le 2 décembre 1950, dans une localité près de Genève. Dinu Lipatti compte parmi les plus grands pianistes, grâce à sa sensibilité hors du commun, sa technique impeccable et à sa manière de sentir en profondeur la musique.
Née le 9 juin 1939 à Galati (ville port sur le Danube), Ileana Cotrubas a eu une carrière de plus de 25 année sur les scènes les plus importantes du monde, où elle a collaboré avec de grands artistes lyriques et chefs d’orchestre. Ileana Cotrubas se distingue par sa voix claire, sa diction parfaite, sa sensibilité hors du commun et son talent scénique particulier.