Un livre de voyage pour vivre un voyage en Roumanie de la Transylvanie au delta du Danube sur les traces du géographe Elisée Reclus… Plus qu’un guide touristique, un beau livre qui mêle histoire, traditions, anecdotes et tourisme !
Ça y est, vous avez choisi la prochaine destination de vos vacances… et ce sera la Roumanie ! Excellent choix! Si votre envie est de découvrir les sites importants du pays mais aussi sortir des sentiers battus, je ne serais que trop vous conseiller le livre Voyage en Roumanie, d’Alain Kerjean.
Voyage en Roumanie de la Transylvanie au delta du Danube
L’auteur, Alain Kerjean, découvre la Roumanie en l’an 2000. Douze voyages suivent. A l’été 2006, accompagné d’un jeune photographe roumain, Valentin Brutaru, il parcourt en un mois 6000 km de la Transylvanie au delta du Danube. Il a décidé de suivre les traces du géographe français Elisée Reclus, mondialement connu au XIXe siècle.
En guise d’avertissement, il écrit que pour découvrir ce pays, » il faut être un homme libre, à la curiosité universelle et proche de la nature pour être sensible à la Roumanie « .
Un périple de 6 000 kilomètres
Son périple, donc notre périple, commence à Mogosoaia, le Versailles de Bucarest, » un palais où toute l’histoire de la Roumanie surgit, aussi entremêlée que les fils de ces admirables tapisseries d’ateliers paysans « . L’auteur pose quelques repères historiques pour que le lecteur puisse mieux comprendre cette nation » qui bénéficie du voisinage de l’empire romain, puis de l’empire romain d’Orient (…) qui est la gardienne de la gloire de Byzance et sa continuatrice « . Notre voyage continue par les villages de Răşinari, Saliste, la visite des églises fortifiées de Slimnic, Mosna et Biertan, pour nous conduire jusqu’à Sighişoara où en pénétrant dans cette cité-forteresse, c’est » l’euphorie totale « . Le passage dans cette ville permet à l’auteur d’évoquer Vlad III de Valachie, et plus connu sous le nom de Dracula. L’histoire de Vlad l’Empaleur tiraille les Roumains entre le » sentiment d’humiliation devant cette grave offense à la spiritualité roumaine et à la fierté nationale et le potentiel touristique de cette légende « .
Notre voyage se poursuit au pays des Sicules, cette singulière communauté composée de la minorité hongroise de Roumanie, implantés à Corund, Târu Mureş et Gheorgheni, avant d’entrer en Moldavie, où » le contraste est total avec ce qui a été vu précédemment « . L’auteur nous invite à découvrir Iaşi, mais surtout les villages de Scobinti et Hârlău. Il nous emmène ensuite en Bucovine, à la découverte de la forteresse médiévale de Suceava, du rap et rock moldave, des traces de la gloire de Byzance sur les monastères de Moldoviţa, Humor, Dragomirna, Voroneţ ( » la chapelle sixtine de l’Orient « ) et Sucevita.
L’étape suivante se déroule à Câmpulung Moldovenesc. L’auteur évoque sa rencontre avec un géographe roumain qui s’est intéressé aux appréciations d’Elisée Reclus : » C’est l’un des meilleurs évaluateurs des perspectives de la Roumanie sur le plan économique « . En effet, le géographe français s’est penché sur les ressources naturelles disponibles en Roumanie (charbon, sel, pétrole) et a visité ce pays en 1873 puis 1883, dans sa période de transition entre l’âge féodal et l’époque économique moderne.
Après avoir franchi le col du Prislop, nous pénétrons, avec l’auteur, en Marmureş avec d’abord une visite de la ville minière de Borşa, des maisons en bois de Ruscova, et les églises en bois classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, puis les villes de Baia Mare, Posta… pour nous mener à Cluj et ses environs.
Notre trajet se poursuit vers le sud, vers la Transylvanie, cette région où Elisée Reclus craignait de voir » cette nature si belle soit un jour souillée par les hommes sans goût « . Finalement, l’auteur constat que les paysages sont encore intacts. En Transylvanie, Alain Kerjean s’attarde sur les ruines du château de Colt, que Jules Verne n’a jamais vu mais dont les descriptions donné par Elisée Reclus ont suffi à lui donner le décor pour son livre Le château des Carpathes. Après Petrosani, Vulcan ou le mont Retezat, direction Timişoara, où le centre-ville est un mélange d’art déco et de rococo autrichien mais avant tout un centre économique et culturel d’avant-garde.
De la frontière hongroises, nous longeons le sud des Carpates méridionales pour nous rendre au delta du Danube. Quelques escales en chemin à Horezu, Târgu Jiu, Curtea de Argeş, Sinaia et bien entendu la capitale roumaine, Bucarest…
Notre arrivée sur les bords de la mer Noire a lieu au port de Braila, puis nous remontont vers Tulcea, réserve naturelle de la biosphère, en nous arrêtant à Vama Veche où se déroule le » Woodstock roumain » (des rassemblements de jeunes sur la plage autour de la musique), Mahmudia ou Mamaia.
Une image juste du pays
Dans les beaux-livres, l’image des pays semble souvent trop idyllique. Ici, l’auteur n’esquive pas certains problèmes de la Roumanie telles que la corruption ou l’éducation et évoque la surenchère de la frime dans certaines villes, les verrues industrielles dans le paysage… Il évoque également les investissements étrangers et les liens étroits entre la France et la Roumanie.
» Dès qu’on évoque la Roumanie, c’est pour parler de la misère des pêcheurs d’esturgeons dans le delta, des « forçats venus de l’Est « , de la pollution laissée par la folle industrie communiste, du pillage des bijouteries ou de métaux par des » gens du voyage « . La Roumanie mérite qu’on s’intéresse à toute sa réalité« … Ce voyage en Roumanie, dans les pas d’Elisée Reclus, permet de le (re)découvrir. » Sous l’effet de l’ignorance, les Européens de l’Ouest imaginent que la Roumanie d’aujourd’hui est restée dans l’état où Ceauşescu l’a laissée en 1989 « . C’est loin d’être le cas et cet ouvrage le prouve. Mais comme le dit dans la préface Angela Gheorghiu, » c’est avec le coeur qu’on peut le mieux comprendre la Roumanie » alors il ne vous reste plus qu’à ouvrir votre coeur à ce magnifique pays.
Pour aller plus loin à travers les livres…
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