Il était une fois, sur la Méditerranée, des artistes qui ont lancé à l’eau un bateau de la paix. Capitaine: Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky de Marseille. Membres de l’équipage: des poètes, acteurs, musiciens, plasticiens de France, Espagne, Italie, Algérie et Maroc. Leur mission: promouvoir l’art et la paix dans 24 pays de la Méditerranée à l’aide de débats, poèmes, changes culturels et artistiques. C’était en 2001. Et les revoici en 2003.
Après quelques années de pause, en 2007, l’Odyssée lancée par Richard Martin en Méditerranée est devenue l’Odyssée du Danube ayant pour nouvelle mission de créer un pont vers l’Europe Centrale et les nouveaux peuples qui ont rejoint l’UE : la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie. Et c’est ainsi que le bateau de la paix est parti de Vienne au début de cet automne pour Giurgiu (Roumanie), via Bratislava, Budapest, Turnu Severin et Cetate, avec une escale finale tout à fait spéciale à Bucarest.
Qu’est-ce que l’art ? Qu’est-ce qu’un artiste ? Quel est son rôle dans la société ? Les poètes est les hommes politiques doivent-ils travailler ensemble ? Ce sont là quelques unes des questions, dont les artistes- matelots de la paix cherchent la réponse.
3 acteurs roumains de renom Maia Morgenstern, Alexandru Darie et Virgil Ogasanu ont répondu à l’invitation de Richard Martin et ont rejoint l’Odyssée du Danube, aux côtés d’une centaine d’artistes de 25 pays d’Europe et de la Méditerranée. Ensemble, ils ont fait 9 escales en Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie et Roumanie. C’était pour la première fois qu’ils se rendaient dans ces deux derniers pays.
Ami de Richard Martin, Virgil Ogasanu a accompagné les artistes dès leur premier périple dans la Méditerranée, en 2001. Une expérience extraordinaire, à son avis. «J’ai rencontré des Roumains partout, en 2001, lorsque les Roumains n’étaient pas si nombreux à l’étranger. A Ithaque, une femme née à Braila en 1936 ou 37 nous attendait vêtue du costume traditionnel. Et elle était également là au moment de notre départ à 5h du matin. C’est une rencontre, n’est-ce pas ! Et c’est justement ça, l’idée : se rencontrer, mieux se connaître», affirme Virgil Ogasanu dans une interview publiée par la presse roumaine. Cette année, vu l’adhésion de la Roumanie à l’UE, il se dit très content de porter, aux côtés d’autres pays francophones, un message culturel dans les pays riverains du Danube.
Les saltimbanques du vaisseau de la paix ont été très bien reçus en Roumanie, notamment dans les villes danubiennes de Cetate et Turnu Severin. C’est le poète Mircea Dinescu qui les a accueillis à Cetate. Malgré une pluie battante, ils ont organisé un accueil typiquement roumain : avec barbecue et plats traditionnels, musique roumaine et beaucoup de bonne humeur. Mircea Dinescu a également profité de l’occasion pour transformer Cetate – petite ville oubliée du Danube, en un port culturel et il souhaiterait continuer ce projet dans les années à venir. Les habitants de Turnu Severin ont été tout aussi chaleureux.
A Bucarest, l’écho de l’Odyssée du Danube fut moins fort, probablement faute de médiatisation. Bucarest n’est pas riverain du Danube, mais c’est là qu’habite Virgil Ogasanu, l’un des messagers de la paix embarqués sur le bateau des artistes, de Richard Martin. Ils ont invité les Bucarestois au théâtre Nottara pour un débat sur le thème «Poètes et politiques» et pour un concert de l’orchestre international de l’Odyssée. Cet orchestre international est coordonné par le compositeur espagnol Cuco Perez. Il joue de l’accordéon, accompagné par une guitare italienne, une clarinette albanaise, des percussions camerounaises, une flûte de pan roumaine et de très belles voix serbe, marocaine et algérienne.
Malheureusement, peu de gens ont répondu à l’invitation. Même si la presse roumaine a consacré plusieurs pages à l’Odyssée du Danube, les rencontres de Bucarest ont été peu médiatisées. Néanmoins, il y a quelque chose de beaucoup plus grand qui se passe à Bucarest. C’est ici que se développe le réseau roumain de l’Institut International du Théâtre Méditerranéen.
Et voilà! Mission accomplie : l’Odyssée du Danube est vraiment parvenue à rapprocher l’Europe centrale de la Méditerranée. Quant aux nouveaux projets, sachez que Marseille, la ville de Richard Martin, a déposé sa candidature pour devenir Capitale Européenne de la Culture en 2013. Les Odyssées de la Méditerranée et du Danube ont donc un bel avenir devant elles.
Un reportage réalisé par Valentina Beleavski
Photos: Serge Alexandre, l’Odyssée du Danube.