En 2008, 102 personnes se sont lancées dans une grande aventure : le Paris Pekin en cyclotourisme. Pendant près de 5 mois, cette équipée a pédalé à travers 12 pays, les 12 623 km du Paris – Pékin. Parmi eux, le doyen, un chaurien d’adoption nommé Jean Pierre Bourgeau avait 76 ans ! Retour sur une aventure humaine où voyage se conjugue avec rencontres, passion du vélo et dépassement de soi.
L’expérience du Paris Pekin en cyclotourisme est partie d’une idée folle de célébrer l’ouverture des Jeux Olympiques dans la capitale chinoise. Mais pour tous, la participation au projet n’est pas allée de soi. Pendant l’année qui a précédé le début de l’épreuve, le doyen, par exemple a dû compter sur le soutien financier amical des membres de son petit club de vélo et a même du effectuer une demande de prêt personnel qui n’était pas simple à obtenir compte tenu de l’âge de notre cycliste et la difficulté de l’épreuve. Comme le confie le doyen du Paris Pekin, cette étape pourtant essentielle a été plus pénible et fastidieuse que les milliers de kilomètres passés sous un soleil de plomb dans les steppes désertiques, tant cela semblait relever du parcours du combattant.
Riches de rencontres, dans des contrées qui leur étaient méconnues pour la plupart et où ils ont toujours bénéficié d’un accueil inoubliable comme s’ils étaient des héros, les participants du Paris Pekin ont multiplié les découvertes culturelles et naturelles dans des pays extrêmement variés. Pas une journée sans pédaler, sans traverser les pays par des routes plus ou moins praticables, surtout à partir de la Serbie et de la Roumanie, où les coureurs ont senti qu’ils basculaient totalement dans une aventure qui allait leur réserver bien des surprises. Traversées de rivière en bac artisanal, avec les vélos sous le bras, roulage aux côtés des charrettes, des animaux ce qui avait des airs folkloriques, parcours sur la route de la soie, à travers les steppes avec le désert à perte de vue pendant des centaines de kilomètres sans voir une âme, ni trouver une goutte d’eau, l’entrée en Chine avec toute l’émotion liée à la tension de l’arrivée qui approchait peu à peu. Que de moments mémorables et fantastiques pour ces vadrouilleurs.
De Paris à Belgrade, de Bucarest à Odessa et Rostrov, puis cap sur la mythique route de la Soie. Plusieurs voyages en un, avec en Europe un fil conducteur naturel, le Danube, avant que s’annoncent l’Eurasie et l’Asie. Après le majestueux Danube, l’équipée découvre la fascinante Volga, puis s’engage dans les steppes sans fin du Caucase entre Kazakhstan, Kirghizistan… Des paysages éblouissants, ponctués de hautes montagnes dont les sommets sont couverts de neiges éternelles. Dans les steppes, quelques coureurs à cheval, des nomades vivant dans des yourtes et perdus au milieu de rien. Puis après trois mois de périple, c’est l’Empire du Milieu qui apparaît. Mystérieux, source de fantasmes et de clichés. Deux mois encore avant d’atteindre Pekin avec ses airs de mégalopole, surtout après avoir passé des semaines dans la campagnes chinoises les plus reculées.
Les participants du Paris Pekin ont surtout partagé une aventure humaine hors du commun au cours de laquelle ils ont autant appris sur eux-mêmes et sur leurs capacités à repousser les limites souvent dans des contextes périlleux ou totalement insolites, qu’à vivre ensemble et aller au contact des différences.
Loin d’être rassasié par son aventure du Paris Pekin, voilà que Jean Pierre Bourgeau s’est lancé dans une recherche de financement de projet pour accomplir ce qui pourrait être à 80 ans son ultime aventure à longue distance, puisqu’il serait question de relier Angkor toujours et uniquement à vélo depuis le Sud de la France.
