Bucarest en danger? En Roumanie tout est possible, même la démolition d’une maison ancienne, à valeur architecturale certaine. Des titres similaires apparaissent de plus en plus souvent dans les quotidiens bucarestois. En effet, depuis plusieurs années, le patrimoine architectural de la capitale roumaine est torturé par des projets immobiliers modernes qui poussent comme des champignons. Tout se passe vite, voire trop vite pour les responsables du Ministère de la Culture, qui n’ont pas le temps de réagir. En plus, ça se passe en fin de semaine.
Ce fut le cas d’une maison unique pour la capitale roumaine, qui a été démolie cet hiver en quelques heures. La mairie d’arrondissement avait délivré une autorisation de démolition jeudi, et samedi des bulldozers ont rasé la maison du boulevard Aviatorilor, dans le centre-ville. C’est une méthode à succès puisque de cette manière les responsables du Ministère de la Culture n’ont pas le temps de réagir, ni de contester la décision des autorités locales. Une autre façon de remplacer un immeuble ancien par un bâtiment en acier et verre, c’est de le laisser dans un état avancé de dégradation, étape suivie parfois d’un incendie mystérieux, voire louche.
Pour l’instant, la crise économique et la chute du marché immobilier a ralenti l’essor qu’avait connu la construction de buildings à Bucarest. Les maisons anciennes de la capitale roumaine qui échappent à la démolition sont pourtant soumises à des rénovations qui dans la plupart des cas changent leur aspect d’origine. Cadres des fenêtres en PVC blanc, toitures en tôle et du polystyrène sur les façades, l’utilité prime au détriment de l’esthétique.
Une situation similaire est à retrouver à Varsovie, dans le quartier Mokotow ; on y trouve de nombreuses maisons anciennes, notamment des années 30. Mais ce style, ce charme, est de plus en plus souvent troublé par un habillage un peu particulier : le polystyrène, un matériau isolant utilisé pour lutter contre le froid, dont la pose peut dénaturer les façades de façon irréversible…
Un reportage de Damien Simona de RFI.
«Bucarest, la mal aimée», un projet pour protection du patrimoine architectural de la capitale
En Roumanie, la réduction de l’empreinte carbone ne compte pas parmi les soucis des Bucarestois. Pourtant, de plus en plus d’habitants de la capitale et des autres grandes villes roumaines déplorent l’urbanisme chaotique qui se fait au mépris du patrimoine architectural. Le boom immobilier des dernières années et les lacunes de la législation ont favorisé la construction d’immeubles de bureaux dans le centre historique de Bucarest, près de monuments d’architecture. La construction d’un gratte-ciel collé à la cathédrale catholique St. Joseph a provoqué une vague de critiques et même des protestations. Finalement, la justice a arrêté le chantier, mais les procès se poursuivent dans d’autres instances. Des jeunes photographes amateurs et étudiants en architecture se mobilisent pour éveiller les consciences ; ils militent pour la protection du patrimoine architectural de la capitale. Le fruit de leur travail se retrouve dans une exposition à titre suggestif « Bucarest, la mal aimée ».
Alex Diaconescu de RRI.
Le marché immobilier peut vite devenir incontrôlable effectivement si le gouvernement n’apprend pas à le gérer au mieux
En France aussi ça arrive… C’est arrivé dans les années 1970, ça reprend aujourd’hui… avec la bénédiction de l’Etat. A pleurer…
Voir sur: http://nouvellefeuille.canalblog.com/archives/2010/03/06/17143557.html