Notre histoire commence le 14 juin 1848, lorsque le gouvernement provisoire de la Valachie a décidé par le premier décret émis, que le symbole national de l’Etat soit le drapeau rouge, jaune et bleu. Par cet acte, les révolutionnaires de 1848 ont légiféré, dans l’esprit de la Révolution française, que le nouvel Etat roumain moderne soit différent de l’ancien régime, aussi par ses armoiries officielles. Les autorités révolutionnaires ont invité tous les participants à l’édification du nouvel Etat. L’implication affective et volontaire à la construction de l’Etat, de la nation et de la tradition, a été souhaitée.
Les autorités ont exposé en public le drapeau nouvellement adopté, afin de l’inoculer dans la mentalité de communion du nouveau citoyen avec les symboles de l’Etat et de ses institutions. L’Etat national a souhaité que les citoyens se retrouvent dans les symboles révolutionnaires. Il souhaitait également s’assurer de la loyauté de ses citoyens.
Les timides essais d’arborer la chromatique spécifique du drapeau- avant 1848- ont été au nombre de trois. En 1821, le dirigeant du mouvement révolutionnaire de Valachie, Tudor Vladimirescu, a utilisé un drapeau avec des franges rouges, jaunes et bleues. En 1834, le prince régnant de la Valachie, Alexandru Dimitrie Ghica, a insisté auprès de la Sublime Porte pour que celle-ci permette à la principauté d’employer le drapeau rouge- jaune- bleu. La société “Filarmonica” a émis en 1848 une médaille aux armoiries de la Moldavie et de la Valachie sur le fond tricolore déjà mentionné. Pour les deux principautés roumaines, les Règlements Organiques de 1831 avaient fixé les couleurs symbole de chacune: bleu et rouge pour la Moldavie et bleu et jaune pour la Valachie.
Au sujet de la signification des couleurs, Mme Maria Dogaru, chercheur aux Archives Nationales, précise : “Au Moyen Age, à l’époque moderne et même contemporaine, l’héraldique a des règles particulièrement sévères et chaque couleur a une signification. Nous ne pouvons pas appliquer sans dérogation ces règles héraldiques sévères à l’histoire du tricolore. Ce qui s’est dit jusqu’ici, sans qu’il y ait d’assurance dans cette appréciation, a été que le rouge est l’expression du sang versé le long des siècles par ceux qui ont défendu la terre ancestrale, le jaune, c’est le blé et la couleur des champs, résultat du travail de ceux qui ont peiné sur la terre. Le bleu symbolise la sérénité, l’espoir, l’éternité, la durée dans les temps.
La forme finale du drapeau a été rendue définitive en 1872, avec la composition des nouvelles armoiries de l’Etat et avec la disposition des couleurs à la verticale. L’acte de 1918, par lequel la Transylvanie, le Banat et la Bukovine se sont joints à la Roumanie, a consacré le tricolore avec les nouvelles armoiries royales, remplacées par d’autres une fois les communistes arrivés au pouvoir. Ces armoiries représentaient une sorte de paysage avec des montagnes, des champs de blé, des derricks, tout cela éclairé par un soleil au-dessus duquel régnait l’étoile communiste. Les armoiries voulaient mettre en évidence les richesses de la Roumanie, l’esprit travailleur du peuple. La chute du régime communiste a entraîné bon nombre de changements, y compris le fait que les armoiries ont disparu du drapeau roumain, qui n’a gardé que les couleurs.
Ioana Stancescu
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