Et si nous partions faire un petit tour dans la Serbie en fêtes pour trinquer avec un ou plusieurs verres de rakija à l’occasion de la Rakijada de Pranjani près de Cacak? En Serbie, le Rakija, cette eau de vie de fruits distillée avec des méthodes traditionnelles dans tout le pays, fait partie intégrante du patrimoine culturel et culinaire serbe. Cet héritage n’est pourtant pas anodin du point de vie social.
En Serbie, certains s’inquiètent du fait que la tradition (du rakija, mais pas seulement) soit aussi devenue une promotion de l’alcoolisation souvent excessive auprès des serbes de tous âges qui voient dans cette forme de « binge drinking » une manière de rester et prouver leur force, leur résistance, ou tout simplement, de manière inconsciente leur virilité. D’ailleurs, il existe un concours officiel d’ingurgitation de rakija, nommé le rakijada. Ce concours inauguré en 2002 dans un petit village, Pranjani (Прањани), près de Cacak, dans le district de Moravica, réunit tous les amateurs du pays, mais aussi depuis quelques années des touristes venus défier les locaux. Les dates sont variables : entre la deuxième moitié du mois de Mars et début avril… Une manière de célébrer la venue du printemps à l’instar de la Frühlingsfest de Munich?
Disons le tout de go, le rakijada est un rendez-vous de mâles, une affaire d’hommes qui ne se discute pas (vraiment) avec tout ce qu’il peut y avoir de macho dans ce genre de représentation populaire. Bien sûr, cela n’exclut pas la présence des femmes, qui dansent et chantent sur des airs de musiques locales et autres incontournables fanfares et accompagnent les exploits de leurs conjoints. En gros, le principe est très simple : ce sont les hommes qui consommeront le plus de rakija dans les délais les plus brefs qui recevront tous les honneurs et notamment le diplôme du meilleur buveur.
Certes, le jeu de la biture express n’est pas des plus malins (pour rester dans les euphémismes), il n’en reste pas moins révélateur de l’importance de l’alcool dans les modes de festivité serbe et il est à la mesure du niveau dramatique de crise sociale dans une société d’après-guerre en proie à une triple crise identitaire, économique, politique, et en recherche d’un avenir dont elle ne sait pas vraiment s’il se situe vers l’Est ou vers l’Union européenne.
En dehors du contexte du concours, la pratique serait de plus en plus répandue (dans les villes), à côté des usages traditionnels du rakija, bu en général en guise d’apéritif pour célébrer les grands jours ou les repas du dimanche! En Serbie, ce spectacle d’ingurgitation ne concerne pas comme dans certains pays d’Europe occidentales les jeunes. C’est un moment de partage et de sociabilité inter-générationnel dont les pires exploits se retrouvent sur la toile (voir ci-dessous) comme s’il s’agissait d’afficher fièrement ses performances ou leurs résultats assez pathétiques, à l’instar de ce que l’on retrouve déjà chez les amateurs de binge drinking du monde entier.
Il faut quand même savoir que les alcools forts en Serbie ne sont pas limités à 37°5 d’alcool ; certains rakija dépassent allègrement les 50 ou 60°… Boire donc un litre ou plus de rakija dans le moins de temps possible tout en essayant si possible de tenir debout tient parfois de la mission suicide et les dégâts ne sont pas spécialement beaux à voir pendant ou à la fin du concours, ce qui gâche un peu l’ambiance! Tout d’abord, on verse le rakija dans un tube afin de mesurer la quantité, puis les concurrents le dégustent en bouteille ou en petits verres, en faisant évidemment cul sec… après s’être marqué de la croix pour en appeler à Dieu!
A découvrir si vous n’avez pas peur des ambiances de cuite avec des gens qui s’effondrent un peu partout !
Triste spectacle de ceux qui ont abusé du rakija :
Où se situe Cacak en Serbie?
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oh CACAK, mon papa est né là-bas!!!!!!!!!