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Randonnée et pèlerinage avec Saint Vincent en pays bourguignon

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stvincent… Petit pèlerinage sous la protection du Bienheureux préféré des Bourguignons : Saint Vincent (Carte IGN 2720 O).

Rappel de la règle du jeu : Le parcours proposé à la sagacité des blogo-randonneurs ou des rando-bloguistes ne comporte aucun nom de commune. Seuls sont cités les lieux-dits, hameaux et points « remarquables ».Comme d’habitude, il s’agit d’une boucle dont la longueur totale est d’une vingtaine de kilomètres….



Si Edward Smith , capitaine du Titanic, au lieu d’aller tutoyer les icebergs, avait voulu atteindre le village d’où nous allons partir, il aurait dû viser un point situé, approximativement, par 47°40’ de latitude Nord et 3°40’ de longitude Est. Certes, il lui aurait fallu prévoir une embarcation à fond plat, et même très plat. L’improbable ruisseau qui arrose les jardinets de la localité n’est navigable qu’en période de très hautes eaux pour des embarcations type kayak (et encore). N’empêche, il a ses avantages. On n’y rencontre ni icebergs, ni ours blancs, ni Leonardo di Caprio et,  chaque automne, à une vingtaine de mètres de sa rive gauche, monte la rassurante fumée de l’alambic où se distillent, avec le marc de la dernière vendange, des eaux de vie de cerise et de prune qui valent parfois le détour.

A ce moment de mon exposé, j’en vois qui froncent des sourcils menaçants. Je les approuve :  il  est un peu tôt pour siroter « la petite goutte dont vous me direz des nouvelles ». De plus, la modeste vingtaine de kilomètres qui nous attend, compte quelques montées assez raides  et autant de descentes possiblement glissantes.  Evitons les risques inutiles et remettons plus tard la dégustation des produits à la fois alcooliques et locaux. Leurs, nombreux, mérites ne s’apprécient vraiment qu’à partir d’un certain niveau de confort tranquille, incompatible avec la balade à venir et l’attention (certes minimale) qu’elle demande.
Assez tergiversé, il est temps de partir. Abandonnant votre conduite intérieure sur la place de l’église où vous l’avez garée, mettez résolument cap au sud sud-est  pour rejoindre le GR 13 et ses balises blanches et rouges. Il grimpe droit dans la pente en direction du bien nommé plateau de Belle Vue. Juste avant la fin de la côte, il part sur la droite en direction du promontoire de la Grande Côte. A moins que vous ne désiriez cueillir, sur le genévrier qui orne ce point de vue, les baies qui parfumeront votre prochaine choucroute, laissez le suivre son bonhomme de chemin de randonnée. Ce détour gastronomique ajouterait un bon kilomètre à votre ballade.
Vous ne souhaitez pas dépasser les cinq lieues ? Continuez en direction d’une antenne de radar où la piste se divise en deux. Prenez celle de gauche. Faites une centaine de pas, arrêtez vous et regardez. Sans presque vous en rendre compte, vous avez atteint la fabuleuse altitude de 299 m au dessus du niveau moyen de la mer. Notez l’endroit, il pourra servir en cas d’aggravation de la fonte des glaces. En attendant, admirez l’harmonie des douces collines entre lesquelles se faufilent l’Yonne et la Cure.  A une dizaine de kilomètres au nord-ouest, les tours des quartiers hauts de notre petite préfecture ont des airs de château fort. Quant à  l’autoroute qui, sur les crêtes de l’ouest, a remplacé une ancienne voie ligure, elle ne trouble en rien la sérénité de l’ensemble, noyée qu’elle est entre les bosquets de pins noirs, les taillis de feuillus et les champs.
Dès votre sortie du village, les vignes vous ont accompagné. Ici le pinot noir est roi et, mis à part quelques arpents de l’antique césar, il n’a pas de concurrent. Juste avant les vendanges, c’est un plaisir inconnu aux gens d’ailleurs que de grappiller au passage un raisin noir dont le sucré est relevé par une pointe d’amertume qui vous laisse la bouche et les mains poisseuses et au  cœur l’espérance des futurs flacons qui ensoleilleront les dimanches d’hiver et feront chanter les soirées d’été. Mais aujourd’hui, « adieu panier, vendanges sont faites » la fin de l’automne a dépouillé les ceps de leurs dernières feuilles. A peine s’il reste dans quelques treilles des grappillons recroquevillés et noircis que même les moineaux méprisent. C’est donc sans regret qu’on franchit la frontière de ce petit, mais très estimable, vignoble en atteignant la jolie route qui conduit à la ferme de Sainte-Hélène.
Huit cents mètres de descente régulière en direction de la ferme. D’un côté des friches et un verger de cerisiers, de l’autre la lisière du bois de Senoy ; on s’engage à gauche sur la première et vaste piste forestière. Il flotte dans l’air une odeur de champignons mais ce n’est pas ici que vous trouverez des petits-gris que les savants appellent des tricholomes terreux dont il faut user (ils sont délicieux) mais pas abuser (leur consommation trop fréquente produit les mêmes effets que l’huile de ricin). Des sangliers ont labouré les talus qui bordent le chemin, lequel continue de dévaler sa pente jusqu’à une petite départementale (numérotée 38 dans le catalogue du Conseil Général). On la suit sur une centaine de mètres. Un écart à droite, pour le raccourci qui coupe son unique lacet et on reprend le bitume jusqu’à l’entrée de la Vallée du Bois.
En face de vous s’ouvre un large chemin blanc, ponctué de poteau téléphonique. Il vous conduit jusqu’à l’orée du Vaux Lacasse où après avoir laissé sur la gauche le terrain de jeu des amateurs locaux de motos tout terrain, on va monter entre chênes, hêtres, frênes et noisetiers en direction du Mont Matin. Le dénivelé n’a rien de rude, au contraire, on grimpe presque sans s’en apercevoir et c’est seulement quand on va, comme le loup, sortir du bois que la pente s’accentue légèrement.
Faites, si vous m’en croyez, une nouvelle halte à l’abri de la haie par laquelle se termine la forêt que vous avez traversée. Avec un peu de chance, vous avez trouvé quelques noix sous le bel arbre que vous venez de laisser à votre gauche. Pourquoi ne pas les croquer en les arrosant d’un peu d’eau (ni trop fraîche, ni trop tiède) ?
Encore deux cents mètres et, sur la gauche un chemin d’exploitation vous emmène entre la vallée de Paradis et la butte du Moulin du Bois jusqu’aux champs des Montaigus qui culmine à l’invraisemblable hauteur de 341 m. Splendide ! N’est-il pas ? Certes, juste derrière vous, sur l’autoroute, les berlines ronronnent, les motos feulent, les trente tonnes mugissent et les canisses anti-congères craquettent, mais, comme le vent vient de l’ouest tout cela n’est pas gênant. D’ailleurs, après un nouveau tour d’horizon pour vérifier que les Martres d’Avallon, le relais de Molesmes, le Tertre de Chichery et les crêtes de Chablis sont toujours à la même place, vous repartez plein nord jusqu’au premier carrefour. A votre droite une croix rouillée commémore une mission oubliée. Partez sur la gauche. Un très bon chemin s’en va vers la ferme du Mont de l’Epine. Prenez le en lorgnant au passage les semblants de fossé. L’exquise doucette y pousse qui fait de si bonnes salades. A la ferme sur laquelle a longtemps flotté l’étendard de la marque Honda, tournez à angle droit (sauf si les tricholomes terreux vous intéressent : il y a des nids un peu plus loin sur la gauche). A partir de là, dirigez-vous plein sud, entre la Pièce de Branloir et la vallée de la Collinette jusqu’à trouver les marques rouge et jaune d’un sentier de pays dédié au regretté Nicolas Restif de la Bretonne. Troisième arrêt pour extraire du sac où on l’avait soigneusement calé, le thermos de vin chaud préparé « secundum artem » avec ce qu’il faut d’orange, de sucre, de citron, de cannelle et de vin rouge , le tout réveillé par un trait de la goutte de Mémère Rachel. Non, je ne me contredis pas ! Contrairement à ce que pourraient croire des ignorants le vin chaud, à cette heure et en cet endroit n’est pas une boisson alcoolisée mais un médicament à la fois moral, littéraire et physique.
–    Moral : car il le donne, surtout si la bruine est trop insistante, la glaise trop collante et le vent de nord-ouest trop humidement glacial
–    Littéraire : Restif a écrit une telle quantité de chapitres qu’il est impossible qu’il n’y en ai pas, au moins un où il ait parlé du vin chaud. Si ce n’est pas dans la Vie de mon Père, c’est dans Monsieur Nicolas et si ce n’est pas dans Monsieur Nicolas, c’est dans le Paysan perverti ou peut-être dans les Nuits révolutionnaires ou encore dans les Contemporaines. On pourra choisir selon l’humeur et les compagnons (ou les compagnes) d’aligner quelques phrases sentencieuses sur l’évolution des mœurs et la dureté comparée des temps entre le XVIII° et le XXI° siècle à moins qu’on ne préfère placer quelques allusions égrillardes aux fantaisies de l’auteur de l’anti-Justine et du Pied de Fanchette. Le mélange des deux n’est pas interdit.
–    Physique : Vous marchez depuis trois heures, il fait froid, vous n’avez pas assez mangé ce matin, le coma hypoglycémique guette. Il vous faut d’urgence un apport de sucre, le vin chaud va vous sauver la vie ! Merci qui ? Merci Chambolle !
On dira ce qu’on voudra mais ça requinque ! En avant pour les derniers kilomètres ! Entre la vallée de Tache d’Huile et celle du Crot Bouillot, votre chemin effleure de nouvelles vignes. Relevant d’un autre terroir, elles portent les raisins blancs de l’aligoté, du sauvignon ou du chardonnay. Si le souvenir du vin chaud n’était pas si récent, on se laisserait bien aller à disserter sur les mérites comparés de l’andouillette au sauvignon et du jambonneau à l’aligoté mais il a plu et la descente requiert un peu de vigilance. Il vaut donc bien mieux se concentrer sur les accidents du terrain pour arriver entier à la départementale 956. On traversera cette voie à avec les précautions d’usage pour emprunter le large chemin de terre qui, après un tournant à gauche, vire franchement à droite pour l’ultime grimpette de la journée. L’essentiel de l’effort se passe en sous bois ce qui est fort agréable en été et d’autant moins déplaisant en hiver qu’on débouche sur LE belvédère local équipé d’une table d’orientation en céramique et en couleur à partir de laquelle on peut, si on en a le loisir et l’envie, mettre un nom sur les villages alentours et indiquer, pendant qu’on y est, les directions à suivre pour gagner Orléans ou Paris. A vos pieds, le village du départ vous attend, tassé au creux de sa reculée. Les ceps de pinot noir sont là, alignés comme à la parade. Ils accompagneront  votre descente par la vallée de Beaumont, jusqu’aux maisons où ils passeront le relais à des panneaux de taille et de couleurs diverses qui tous vous invitent à visiter caves et caveaux. « Le bon vin réjouit le cœur de l’homme (et de la femme) ». Mazelot et Palotte ne demandent qu’à remplir votre verre pour vous inviter à un autre voyage. Laissez vous tenter. Rien ne pouvait mieux vous y préparer que les heures que vous venez de vivre.


Chambolle

Cette illustration sonore “décalée” fera sans doute rire Chambolle ?

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