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Singapour, une ville qui n’existe plus

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Souvenirs d’une epoque… lointaine ? mais à quelle echelle ?

« JEAN ! Je viens d’apercevoir Jean » crie Pierre avec enthousiasme alors que nous remontons la South Bridge Road en taxi vers notre hôtel dans le quartier chinois, Il tape sur l’épaule du chauffeur. « Stop ! Stop here » ! Le chinois à tête carrée et cheveux coupés en brosse s’arrête brutalement et bougonne… « Ces européens, savent pas ce qu’ils veulent ».

JEAN me serre dans ses bras, m’embrasse sur le coin de la bouche en riant, attrape Anh Mei qu’il juche sur ses épaules et voilà notre trio d’il y a 3 mois reformé ! On a tant à se raconter depuis Penang qu’on en oublie les passants qui se laissent bousculer avec indifférence. Il est bien tel que nous l’avions laissé à Battu Férringhi notre corsaire des mers du sud, mais son oreille a perdu sa boucle d’or, signe de reconnaissance des hippies à l’époque héroïque de Katmandou et il a un pli amer au coin des lèvres. « Je n’ai pas retrouvé mon copain en Thaïlande. Apparemment, il s’est taillé avec tout mon fric.. Celui avec lequel nous devions acheter de la drogue pour la revendre en Australie… et acheter un voilier…tant pis. On fait la fête quand même ce soir pour célébrer nos retrouvailles, je connais une australienne qui pourra garder les enfants, Et puis j’ai une autre surprise… »

Nous traversons le quartier de Bancoolen Street dans un concert de klaxons et de cris de marchands ambulants. Anh Mei, ravie d’avoir retrouvé un admirateur inconditionnel, se love dans les bras de Jean et l’embrasse dans le cou en minaudant. « Promets-moi de me garder cette chipie et je l’épouse d’ici une dizaine d’années » dit Jean. « Tu ne sais pas à quoi tu t’engages avec cette minette capricieuse », cette petite bonne-femme qui clame, avec le ton de celle qui vient de remporter une victoire : « Moi je vais me marier avec Jean, nananna »

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Nous atteignons enfin le South East Asia Hôtel, à la façade lézardée, situé près d’une petite pagode. Des mémés chinoises en tenue traditionnelle, pantalons flottants et blouse à col Mao, achètent des bâtons d’encens par parquets tandis que derrière la grille dorée du temple taoïste, des familles entières, agenouillées secouent avec frénésie ces bâtons dans des boites de forme cylindrique, Une fumée épaisse grimpe vers le ciel, écœurante et douçâtre. Au 2e étage de l’hôtel, jean pousse une porte et il me faut quelques secondes pour réaliser que les formes généreuses allongées sur le lit appartiennent bien à Lyliane.

« Pas mal la surprise » dit Pierre en l’embrassant. « On pensait que tu voguais sur le yacht de ton richissime chinois… » « Oh il m’agaçait avec ses éternelles déclarations d’amour. Il me comblait de cadeaux, je croulais sous son adoration, mais jaloux comme un tigre dès que je posais le regard au-delà de sa personne. La prison dorée quoi… J’ai préféré débarquer à Singapour où j’ai retrouvé Jean par hasard…. » Et sur le ton de la confidence : « Je travaille maintenant à la « High Society », l’agence Escort la pus selecte de la ville. Seuls les riches hommes d’affaires y sont admis. Le patron – NATHAN – est ceylanais ; je crois qu’il n’aime pas les femmes mais se comporte en grand frère avec toutes ses filles. « Si j’étais assez riche, je les entretiendrais toutes pour qu’elles n’aient pas à travailler pour moi ! » a-t-il l’habitude de dire ironiquement. Le comble non ! S’il accepte de me faire travailler c’est parce qu’il croit que je n’ai plus d’argent pour rentrer en France. Il a bon cœur ! Tellement bon cœur qu’il paye parfois les études à certaines de ses filles, afin qu’elles trouvent vite un job régulier en dehors de l’Escort Service. Bien entendu je ne passe jamais à l’agence à cause des contrôles de l’émigration, Nathan me fixe mes rendez-vous par téléphone »

« Combien tu gagnes par booking ? «  « Environ 50 dollars singapouriens jusqu’à minuit ». Ce « en principe exclut l’arrangement possible entre l’escort et son client bien sûr.. » « Tu ne seras pas des nôtres ce soir alors ? » « Si je n’ai pas de booking, je vous accompagne, mais je suis tenue d’attendre jusqu’à 10 h30, alors ne comptez pas trop sur moi. De toute façon je suis quasiment bookée tous les soirs, lorsque Nathan dit qu’il a une française à ses clients asiatiques, c’est la folie…. »

« Elle est folle » dit Jean plus tard, « son chinois lui a donné suffisamment d’argent pour acheter son billet de retour en France mais elle a préféré s’offrir une nouvelle garde-robe et des parfums et maintenant elle travaille illégalement. Elle n’a surtout pas envie de rentrer en France et elle aime jouer avec le feu. Deux australiennes se sont fait pincer dernièrement par la police, elles ont eu les honneurs de la presse et un tribunal leur a infligées une amende. Plus question de revenir à Singapour, elles sont maintenant sur la liste noire des indésirables. »

Lyliane est libre, je l’envie de pouvoir décider de sa future destination, de rentrer ou de continuer le voyage, d’être comme l’oiseau qui se laisse porter au gré des vents, mais je l’ai  vue aussi en pleine crise à Penang, désorientée par cette vie de vagabondage. C’est elle qui m’enviait alors d’avoir mari et enfants. Elle pleurait sur mon épaule, rêvant à un bonheur impossible, consciente de n’être qu’un sex symbole pour les hommes qui la poursuivaient. Ces crises ne duraient jamais longtemps, le soir elle avait retrouvé son excitation et son allure aguichante et c’est moi qui, bouleversée par ses confidences et ses larmes, avait attrapé le cafard.

La fête à Singapour ne peut se passer du décor fou de Buggis Street. Jackie, Mariana, Sarah, plus féminines que jamais nous ont reconnus de loin et s’installent à notre table sous l‘œil jaloux des marins qui nous entourent. L’un d’eux, affublé d’une perruque et outrageusement maquillé, minaude et singe les travestis avec des gestes vulgaires, j’ai peur que n’éclate une bagarre. Elles sont nombreuses à Buggis Street. Jean, avide d’expérience, propose un rendez-vous à Sarah la plus belle, la reine des lieux. « Why not to night ? » demande-t-elle « Parce que je suis avec mes amis » répond Jean. « Alors demain ? » Au tour de Mariana de briguer un rendez-vous avec Pierre. « How much ? » lui glisse celui-ci à l’oreille ?’ « Oh for you… free ! »

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Jackie

Découvrez le blog de Michèle, une femme à la croisée des cultures …

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