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Un bon chauffeur est un chauffeur heureux

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Quelques mois plus tard…je décide de partir au Guizhou,  province située au sud-ouest de la Chine, entre Yunnan, Guangxi et Sichuan, attirée, par ses paysages de montagnes karstiques et par ses minorités menacées par des politiques diverses, selon qu’elles se trouvent en Thaïlande, en Chine ou en Birmanie. Le gouvernement thaïlandais cherche à adopter un système d’intégration par l’implantation d’écoles et l’apprentissage de la langue thaïe dans les villages des « tchao khao » (les peuples de la montagne). Intégration partielle, car elle n’accorde pas la nationalité thaïe à ses minorités (ou tres peu) qui, souvent, ne disposent que de cartes de résidents. La junte birmane considère ses minorités comme des rebelles et tente de les asservir ou de les éliminer pour mieux s’approprier les richesses de leurs provinces, en majorité dans le nord du pays.

En ce qui concerne la Chine, le gouvernement ne donne pas l’impression de  combattre ses minorités, au contraire. En dehors de certains avantages –  comme la possibilité d’avoir plusieurs enfants au lieu d’un seul dans les villes par exemple –   il cherche  plutôt à développer une forme de tourisme  ethnique. Ces villages de minorités sont considérés comme autant des richesses nationales pour le pays, capable d’attirer des voyageurs et donc des capitaux. Mais à quel prix ? Des villages modèles sont crées pour les touristes, des musées, des spectacles folkloriques,  des parcs de nationalités comme j’ai pu en voir à Lijiang au nord du Yunnan. C’est un nouveau tourisme de masse chinois qui commence à découvrir des régions jusque là inconnues de lui dans le passé, faute d’argent, de temps, de curiosité ou… d’autorisation.

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On assiste donc  à une « folklorisation » des cultures de ces groupes ethniques. Terme utilisé par  Nicholas Tapp et Chen Chao  dans : « The Miao in Guizhou ». Cette « folklorisation »,  c’est « le processus de simplification et de vulgarisation des traditions culturelles millénaires ». Minorités  « contraintes » de garder leur identité pour attirer la curiosité des voyageurs… et des capitaux. (pas celles de mes photos…)

Blog - Sourire sur un marche

Xiao Miao et Xiao Chen (petit frère Miao et petit frère Chen) sont respectivement mon guide et mon chauffeur, l’un, pur chinois de Chengdu, fils de professeurs, l’autre tibétain du Sichuan, refugié du Tibet. Pour prouver à quel point le travail ne fait pas peur aux chinois, je dois expliquer que j’ai retenu voiture et chauffeur sur internet depuis Chiang Mai. Pas question de voyager en bus cette fois, je sors d’un accident de moto et j’ai beaucoup de mal à marcher. Ce que je ne savais pas en commandant ce trip, c’est que l’agence « Chinatravelz ». basée à Chengdu, au Sichuan, n’avait pas de succursale dans le Yunnan, et lorsque Miao et Chen me rejoignent à Kunming, ils ont déjà effectué 3 jours de voyage pénible dans les montagnes, et passés des cols enneigés

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Xiao Miao et Xiao Chen

Le chauffeur est fumeur, comme une grande majorité de chinois, pas la peine de récriminer, Miao remarque mon air contrarié : « My dear miss, il faut le comprendre, la cigarette est un bon moyen de maintenir notre petit frère éveillé. Et puis un bon chauffeur qui n’est pas heureux n’est pas un bon chauffeur ». Autre surprise, petit frère Chen est amoureux de musique « made in Tibet », un mélange sonore de pop chinoise aux résonnances tibétaines. Apres la cigarette, la musique inspirée des chants des lamas, le téléphone portable ! Le petit frère tibétain chante à tue-tête, fume comme un pompier et téléphone comme un amoureux, mais impossible de savoir s’il appelle toujours la même demoiselle au Sichuan ou s’il a des copines dans chaque province du sud-ouest de la Chine. Je rumine et prends plaisir à me laisser glisser dans une petite déprime ridicule, énumérant toutes les maladies possible que je risque d’attraper au cours de ce voyage : cancer passif, surdité, conjonctivite, bronchite (vitres ouvertes à l’avant), mal de mer (Xiao Chen conduit sa cherokee comme un bateau), et j’oublie la cystite, décidée que je suis à ne rien boire au cours des longues heures de trajet, afin d’éviter les arrêts dans les toilettes publiques chinoises !

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Le sourire craquant du chauffeur tibetain (on remarque le foulard tibetain au-dessus du retroviseur)

« Lahiba Lahiba » chante une voix féminine sur un mode si aigu qu’elle risque de faire péter les vitres de la voiture ou pire, le verre de mon objectif photo. Xiao Miao a emporté une collection de CD mais Chen n’en écoute que deux, toujours les mêmes. Interminables, les heures s’écoulent sur des routes défoncées et sinueuses et il fait presque nuit lorsqu’on atteint Xingyi, ville de courants d’air qui soulèvent un nuage de poussières sur les petits immeubles posés comme des cubes tristes et déglingués de chaque côte de la route. C’est clair et pourtant lugubre. Animée et fossilisée à la fois. Est-ce le froid qui donne cette impression de survie ? J’ausculte avec appréhension les buildings derrière lesquels se cache, je l’espère, un hôtel digne de ce nom. Le meilleur établissement est squatté par les membres du party – une redite dans presque toutes les villes – On se rabat sur un hôtel de seconde catégorie dans un quartier neuf ajoutée à la ville ancienne comme une vilaine verrue. Les avenues sont larges mais vides de circulation automobiles, sillonnées par des charrettes tirées par des petits chevaux. Un monde pour demain ou traîne un aujourd’hui pauvre et triste. Tout comme l’hôtel. La chambre est glaciale. Mais Xiao Miao, m’apprend à improviser une bouillotte : remplir une bouteille plastique vide d’eau bouillante (il y a toujours des bouilloires dans les hôtels chinois, pour le thé), et la glisser dans les draps avant de plonger. Le seul problème c’est qu’au milieu de la nuit, l’eau tiédie vous oblige à recommencer l’opération !

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Et le lendemain c’est la découverte d’un lieu fantasmagorique appelé « Wanfeng Li », les dix mille sommets : un amas de pics karstiques jetés dans la nature depuis le Yunnan jusqu’au Guangxi. On emprunte une route étroite a flanc de rocher et on grimpe au-dessus d’une plaine gigantesque où ont poussé ces milliers de cônes bizarres. On domine des villages Buyi aux toits en terrasses, des champs de légumes encerclent la montagne en d’étranges géométries colorées, comme dessinées par un artiste extra terrestre. Cet étrange phénomène de pitons émergeant de la brume se serait produit il y a un million d’années. Des pains de sucre à  rendre jalouse la majestueuse Rio de Janeiro !

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