Visiter Prague sur les traces de Kafka, c’est notamment partir à la découverte de l’un des plus grands hommages rendus dans la ville de Prague à cet auteur essentiel du XXème siècle. La statue de Franz Kafka, réalisée en l’honneur des 120 ans de sa naissance, entre la vieille ville Prague et Josefov, l’ancien quartier juif, incarne un mélange d’étrangeté, de mystère, de superstition et d’absurde.
Visiter Prague sur les traces de Kafka
Comment visiter Prague sans découvrir l’une des personnalités intellectuelles qui lui soit le plus fortement attaché? En explorant la Vieille ville de Prague et Josefov, on découvre de nombreuses traces de Kafka. Outre la maison natale de Franz Kafka, le musée Kafka, la statue de Kafka est peut-être l’un des hommages les plus touristiques. La statue de Kafka est à l’image de celui à qui elle rend hommage… Etrange. Sa découverte rappelle l’importance de l’attachement (bon ou mauvais) entre Kafka et sa ville natale, Prague, qu’il a très peu quittée, si ce n’est en quelques occasions, notamment après avoir appris qu’il était atteint de tuberculose en 1917 et avait besoin de séjours dans des sanatoriums …
La statue de Kafka chevauchant un homme sans main, ni tête, se situe au coin des rues Dusni et Vezenska ; un lieu éminemment symbolique, puisqu’il marquait bien la frontière topographique et mentale entre la Vieille Ville chrétienne et la ville juive « médiévale ». Bien que cela puisse étonner, cette statue équestre » en bronze n’a pas plus de 4 ans! D’une hauteur de 4 mètres, elle vient clore un hommage à Kafka pour les 120 ans de sa naissance, en 2003.
Pour ceux qui préfèrent voir Prague à travers les yeux de Kafka grâce à une visite guidée, on trouve des tours d’environ 2h30-3h à partir de 24€ par personne…
Statue de Kafka, hommage à un auteur mal reconnu à Prague
Si Kafka jouit d’une grande reconnaissance dans les pays occidentaux notamment en France et en Allemagne où certains experts ont apporté des travaux essentiels à la redécouverte et à la compréhension de sa littérature, la République Tchèque et Prague en particulier ont longtemps tardé à reconnaître Kafka. On peut regretter l’utilisation qui est faite de sa mémoire pour des intérêts financiers, purement touristiques, mais ainsi vont souvent les choses dans des villes au tourisme « jeune », massif et anarchique. Malgré tout, l’Association des amis de Kafka, fondée en 1990 et qui attribue chaque année le Prix littéraire Franz Kafka, a mené une lutte pour la mémoire de cet auteur et ne peut que se réjouir d’un tel ouvrage, qui vient rappeler à chacun l’importance de Kafka dans le prestige intellectuel de Prague au XXème siècle. D’ailleurs, le projet n’a pas abouti sans mal, que ce soit du point de vue technique (il est toujours difficile de réaliser une statue de cette hauteur) en particulier.
Si Prague s’enorgueillit désormais d’avoir abrité Franz Kafka et présente la statue comme une « fierté », on ne peut pas dire que ce soit grâce à la bonne volonté ni au soutien financier des autorités. Tout ou presque a reposé sur l’énergie et les fonds de l’Association des amis de Kafka et la fondation Nova. Tout au long des mois nécessaires à sa réalisation dans un jardin à une quinzaine de kilomètres de Prague, le sculpteur a vu défiler des milliers de curieux Tchèques, qui se pressaient pour toucher la statue et notamment la « poche » de l’homme qui porte Kafka, ce qui fait dire aux superstitieux que cela porterait bonheur. La statue traduit bien le mystère de Kafka, cet homme insaisissable qu’on ne peut jamais vraiment comprendre… Aujourd’hui, beaucoup de touristes venant à Prague passent à leur tour par cette statue qui est située entre l’Eglise du Saint Esprit et la synagogue Espagnole, à côté de laquelle vécut la famille Kafka entre 1885 et 1887. Comme un symbole, même s’ils ne connaissent pas Kafka.
La création a été réalisée par le plasticien Jaroslav Rona, qui confie ce dont il s’est inspiré : « J’ai voulu que la statue exprime le déchirement, la division intérieure que l’on trouve dans les textes de Kafka. Alors j’ai décidé de faire deux personnages. Je me suis inspiré de sa nouvelle ‘Description d’un combat’. C’est l’histoire de deux personnes, qui font connaissance dans une soirée, quelque part près de Petrin à Prague. Ils se promènent, traversent le pont Charles et dans la Vieille-Ville, celui qui s’appelle K. monte soudainement sur les épaules de son interlocuteur jusqu’à présent admiré. Ils l’apprivoise et le prend pour un cheval. Ils traversent des paysages imaginaires, qui naissent dans l’esprit du cavalier. »
Si vous voulez prolonger votre balade et visiter Prague sur les traces de Kafka en itinérant, découvrez cette idée de circuit proposé pour retrouver tous les lieux où vécut Kafka et n’oubliez pas bien sûr de visiter la Prague juive et l’ancien ghetto de Josefov, en revivant la légende du Golem….
Le quartier juif de Prague se visite avec un guide ; comptez à partir de 35€ par personne pour une visite de 2h30 à 3h en groupe comprenant l’entrée dans les principaux sites : deux synagogues dont la synagogue espagnole, ancien cimetière, musée juif. Il faut envisager autour de 65€ pour une visite privée en français.
Pour aller plus loin :
- La Prague de Kafka
- Franz Kafka (Wikipedia)
- Kafka Museum (eng)
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