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Visiter Prague sur les traces de Kafka

Photo de Kafka dans la vitrine d'une bibliothèque

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prague vieille ville

Visiter Prague en routard, c’est le meilleur choix pour apprécier vraiment la capitale Tchèque. Voici une visite de Prague sur les traces de Kafka, à la découverte des attractions touristiques et des monuments qui constituaient le paysage et le quotidien de Kafka dans cette ville qu’il détestait. Si vous allez à Prague, vous ne pourrez absolument pas échapper à Kafka…

kafka prague

Partout, on peut suivre les pas de Kafka, ressentir son âme, imaginer sa longue et frêle silhouette se faufiler dans les ruelles, en craignant les ombres, le terrible Golem ou encore ce dominant Château – figure du Père tyrannique – auquel il a consacré l’un de ses plus beaux romans… Des tours sont organisés par des agences pour vous faire découvrir en une ou deux heures les lieux où Kafka se promenait. Assez chers pour le contenu des visites, ces tours sont avant tout une manière d’exploiter le patrimoine culturel pragois en profitant non sans cynisme de la célébrité de Kafka. Cependant, vous pouvez également réaliser un tour en itinérant sur les traces de Franz Kafka. Suivez moi.

kafka

Ce génie de la littérature qui a marqué son siècle par son oeuvre visionnaire est probablement le Praguois le plus connu dans le monde. Une visite de la Vielle Ville suffit à rappeler que Kafka a marqué Prague de son empreinte si spécifique.

Bien sûr, Kafka n’aimerait pas l’idée d’être devenu un simple produit de consommation, un argument de vente pour des Tours à thèmes au prix prohibitif et complètement « bidons » « sur les traces de Kafka ».

prague franz kafka

Dans les librairies, en France, on trouve des tas de biographies plus ou moins bonnes. Hormis celle de Max Brod, il n’y en a pas plus de trois ou quatre qui sont sérieuses et utiles, mais Kafka est devenu vendeur et l’objectif est de cerner cet être si particulier, qui apparaît toujours comme un mystère insaisissable et une matière inépuisable, à tel point que ça en devient écœurant.

A Prague, on peut acheter des T-shirts à son effigie, s’offrir ou ramener à un ami un mug, du papier à lettre, un tapis de souris ou autre gadget, mais on ne trouvait pas l’intégrale de son oeuvre traduite en Tchèque. C’est dire ce que les Tchèques ont longtemps tardé à reconnaître Kafka, ce qui est aujourd’hui le cas et constitue une réhabilitation de sa mémoire et une intégration au patrimoine de cette ville, qui lui inspira certains de ses pires cauchemars. Faut-il rappeler que ce visionnaire faisait peur ? : que son oeuvre fut persécutée par les communistes, par les nazis et qu’hélas, une partie fut anéantie en ces diverses occasions…

prague ruelle et porche

Prague, aux impressions gothiques et baroques, est aujourd’hui une ville bondée de touristes pas toujours respectueux ou curieux et la plupart recherchent Kafka, sans même trop savoir qui il était, ce qu’il écrivait ou pensait… Trop souvent, ils passent en coup de vent devant le musée et éventuellement sa statue et ne s’intéressent pas aux pierres, aux façades, aux portes, aux rues pavées que Kafka a foulées de son pas élancé, aux ponts qui furent parfois des points de traversée angoissants, aux bancs où il se reposait en observant d’un regard aiguisé ses semblables, aux cafés où il rencontrait ses amis artistes pour des réunions littéraires.

Il est impossible d’arracher Kafka à Prague et inversement… Kafka est partie intégrante de cette ville et dès qu’on pénètre dans la Vieille Ville, dans Mala Strana ou Josefov, on a l’impression que son esprit continue à habiter, à hanter chacun des espaces qu’il a occupés, plus ou moins longtemps ou même symboliquement.

Ceux qui ne souhaitent pas jouer les voyageurs itinérants peuvent effectuer une visite de Prague à travers les yeux de Kafka, avec un guide en français, à partir de 24€/ personne pour une balade de 2h30.

Prague à l’époque de Kafka

Pour appréhender Kafka, il faut déjà imaginer, fantasmer même, utiliser tous ses sens, fermer les yeux, se poser, savoir patienter, puis observer, scruter et se souvenir de ce qu’était aussi le contexte social, historique, ethnique et culturel de cette ville, qui a cristallisé beaucoup de ses angoisses…

Kafka à Prague, ce sont des objets, des lieux, des figures représentés sous l’aspect d’une fausse normalité…

Et puis, évidemment, Prague révèle aussi bien des inspirations et des rêveries de Kafka : c’est à la fois les ténèbres et la lumière, le réel et l’irréel ou le « surréel », le diurne et le nocturne, la réalité et le songe, et des voyages incessants entre ces mondes…

Escaliers, rues, façades, murs, fenêtres, ponts, portes : Prague serait-elle une ville fantôme, statique, où l’on est pris par une sorte d’asphyxie, un peu comme quand Kafka essayait d’échapper aux pesanteurs de sa ville et à une étouffante famille …?

Visiter Prague sur les traces de kafka
Image d’une bibliothèque avec des documents d’époque

Pour ceux qui aiment Kafka ou qui voudraient se laisser tenter par une découverte peu commune, je vous propose de lire cet article… puis de vous laisser porter selon votre inspiration, sans autre guide que votre imaginaire…

Topographie de Prague:

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Carte centre ville historique de Prague

La vie de Kafka a été étroitement inscrite dans une topographie qui va de la Place de la Vieille Ville, dominée par les deux tours du Tyn, au château de Hradcany – encore aujourd’hui siège et symbole du pouvoir temporel – qui domine Prague sur l’autre rive de la Vltava, en passant par les ruelles sombres de Mala Strana à l’extrémité du Pont Charles.

Pour saisir l’esprit kafkaïen et la manière dont ses origines juives ont transpiré dans ses écrits, il faut parcourir l’ancien ghetto juif Josefov, l’un des derniers à avoir subsisté puisque celui de Varsovie et tous ceux de Pologne furent détruits, que ceux de Bucarest et de Budapest sont pour ainsi dire constitués de frontières invisibles, imaginer l’ombre et la présence effrayante du mythique Golem, les synagogues dont il n’en reste plus que 7 sur plus de 30, le plus grand cimetière Juif d’Europe avec plus de 12 000 tombes.

« Juste devant ma fenêtre (…) j’ai la grande coupole de l’Église russe (Saint Nicolas – Nikolaikirkan), [pur baroque de Bohème] avec ses deux clochers, et, entre les clochers et l’immeuble voisin, j’aperçois un petit pan triangulaire découpé dans le Mont Saint Laurent (Laurenzberg/Petrin), avec une toute petite église au loin. A gauche, je vois l’Hôtel de ville et sa tour monter à pic, dans une perspective que personne n’a peut-être encore jamais vue. » [Lettres à Felice de Kafka]

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L’Église est richement dotée : elle vaut surtout pour la fresque de la coupole représentant l’Exaltation de la Sainte Trinité, la chaire, le dôme et le clocher.

Le dernier repos de Kafka : la tombe de Kafka

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Kafka a vécu ses derniers mois hors de Prague, contre l’avis de ses parents. A 40 ans, il rencontre une jeune polonaise éprise de liberté et profondément ancrée dans sa culture yiddish, Dora Dymant, lors d’un séjour sur la Baltique, dans un camp de jeunes Juifs. Ainsi, naît immédiatement entre eux un tendre amour mêlé d’admiration … Lisez pour en savoir plus Dora Diamant, le dernier amour de Kafka de Kathy Diamant. Dora est la « dernière compagne », ce qui est honteux pour les parents très rigides de Kafka qui désapprouvent la vie de couple sans mariage.

Mais Kafka, au crépuscule de sa vie, ne franchira jamais le pas du mariage. En revanche, sur la demande de Dora (Diamant également), il part s’installer à Berlin, qui est à l’époque en 1923 la capitale culturelle et intellectuelle d’Europe, voire du monde. En pleine crise de la République de Weimar, Kafka choisit le pire moment pour éprouver une véritable indépendance, rendue d’autant plus difficile que la maladie l’affaiblit et ne lui permet plus de travailler. Il vit de sa demi pension du bureau d’assurance où il était employé et il tente difficilement d’écrire et de conserver un éditeur. En effet, les éditions qui le publient ne vendent pas beaucoup de ses oeuvres et hésitent à reconduire son contrat ; d’où sa tentative désespérée pour produire « L’artiste de la faim », qui prend dès lors tout son sens.

L’hiver 1923-24 est terrible et en plus de la faim, le froid aggrave l’état de Kafka, qui part alors à Vienne, dans un sanatorium, avec Dora. Les dernières semaines seront éprouvantes, car l’état de Kafka est désespéré, mais Dora est très mal perçue par les esprits bien pensants de l’époque qui n’admettent pas une relation non maritale. Elle sera la cible de nombreuses médisances qui affecteront aussi Franz Kafka.

Il meurt le 3 Juin 1924 à Kierling et c’est à Milena Jesenska, l’une de ses compagnes (tchèque), que revint la publication de son éloge funèbre.

Kafka sera rapatrié à Prague où son corps sera inhumé dans la tombe familiale du « nouveau cimetière juif » ouvert au XIXème siècle pour palier le manque de place des cimetières centraux : Nový židovský hřbitov (Prague-Strachnitz).

La tradition juive veut que l’on dépose sur la tombe des cailloux pour signifier que l’on « pense » au mort.

Le cimetière donne une réelle impression étrange et parfois dérangeante d’abandon… Sauvage, peu ou mal entretenu, on y trouve des allées d’imposants monuments, appartenant aux familles juives aisées qui côtoient une majorité de tombes plus modestes et oubliées. Rappelons que la communauté juive de Prague, qui était l’une des plus importantes d’Europe a été quasiment éliminée avec la Shoah. Moins de 4000 Juifs vivraient aujourd’hui à Prague.

Tombe de Kafka

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Musée Kafka de Prague

Le musée Kafka est un site incontournable à Prague pour tout amoureux de l’oeuvre de Kafka. Ceux qui ne connaîtraient pas Kafka peuvent envisager le musée Kafka, même s’ils manqueront peut-être de quelques repères. Par conséquent, commencez peut-être par découvrir la maison natale de Kafka où l’on découvre les bases nécessaires pour faire connaissance avec Kafka.

Une exposition dédiée à La ville de Kafka : Kafka et Prague a été initiée à Barcelone en 1999 avant d’être transférée au musée juif de New York puis à Hergetova Cihelna à Prague. L’exposition qui se tient en été est divisée en deux sections, l’espace existentiel et la topographie imaginaire de Kafka.

On y découvre à travers des archives, des photos d’époque et une synthèse à propos de Prague et de Kafka, une Prague énigmatique ; des lieux comme la maison, le bureau, l’école, la synagogue, qui révèlent autant d’allégories et de métaphores…

L’entrée coûte 120 Kc pour les adultes, 60 pour les enfants. Le musée est cher pour ce qu’on y voit. Si on connaît bien Kafka, on n’y découvrira pas grand chose si ce n’est quelques photocopies de ses manuscrits. Le musée propose surtout des photos, assez connues, mais il n’apprend rien sur l’influence de Kafka, la manière dont il a vécu à Prague, la réception de son oeuvre depuis les années 60, quand quelques intellectuels d’Europe occidentale l’ont fait découvrir au monde.

Pour aller plus loin :

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Entrée du musée Kafka
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Musée Kafka à Prague

Lieux de vie de Kafka


Naissance de Kafka : La maison natale de Kafka & le musée

Franz (Frantisek de son prénom tchèque) Kafka est né en 1883 au coeur de la Vieille Ville, dans la maison « U veze » (A la tour). Cette bâtisse, proche de l’église Saint Nicolas, est aisément repérable, puisqu’on peut y voir, en ornement de façade, le buste de Kafka, réalisé par le sculpteur Hladik.

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maison natale de Kafka – crédit photo: maisonsecrivains.canalblog.com

Cette maison a été autrefois la résidence du « scribe de la Vieille ville ». La situation géographique de cette maison natale cristallise en quelque sorte les tensions, les angoisses et surtout l’identité sociale et culturelle de Kafka, un Pragois, pas vraiment tchèque, de confession Juif, mais de langue et de culture allemande. Une identité qui condense la complexité d’une ville où trois communautés cohabitent étrangement … À l’instar de Dublin ou de Lisbonne, Prague trouve dans la personnalité et dans l’oeuvre de Kafka une raison supplémentaire à la touffeur de son mystère…

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Dora Diamant

La maison n’est pas à l’identique de ce qu’elle était à la naissance de Kafka, car elle a subi un incendie en 1897 qui l’a quasiment détruite et a a été reconstruite en 1906, dans un style du XXème siècle.

Aujourd’hui, on peut y découvrir le musée Kafka avec ses expositions, des pièces originales du quotidien de l’écrivain. Cette découverte est bien sûr utile, même si selon moi, ce n’est pas la plus authentique pour revivre la « vie » de Kafka dans cette ville qu’il n’a quasiment jamais quitté si ce n’est dans les derniers mois de sa vie passés entre Berlin et Vienne, avec sa compagne Dora Dymant.

Voilà un aperçu des « possessions » de la famille Kafka, la première table et où il travaillait pendant ses études…

La famille Kafka appartenait à la classe « moyenne » commerçante et a souvent déménagé, ce qui explique que l’on retrouve Kafka en plusieurs endroits de la « Vieille Ville ». Il faut dire que depuis peu, les Juifs avaient le droit de sortir du ghetto Josefov dans lequel ils étaient condamnés à rester toute leur vie depuis les premiers décrets du Moyen-Age, qui devaient les stigmatiser. Le père de Kafka, très ambitieux, se considérait moins comme un Tchèque que comme un sujet de l’empereur de l’Empire austro-hongrois… et cette appartenance désirée la « communauté allemande », qu’Hermann Kafka a transmise à son fils en lui faisant faire ses études dans de brillants établissements allemands, était perçue comme un gage d’ascension sociale.

Kafka est un peu l’héritier de la première génération de Juifs « libres », du moins en apparence, car Kafka a souvent rapporté, en parlant de sa détestation de Prague, qu’il ressentait dans chaque regard des Tchèques et des Allemands, la haine du Juif, un antisémitisme féroce.

Les années 1880 ont pourtant été un tournant économique et culturel, qui se confirme en 1890 puisque les Juifs ont alors le droit d’aller dans des écoles autres que celles du ghetto et beaucoup vont apprendre l’allemand (90% se déclarent de langue allemande ; contre 52% en 1910) et suivre une éducation « allemande ».

Les maisons où vécut Kafka …

Voilà les diverses maisons où Kafka vécut:

Jusqu’en Décembre 1885, les Kafka vécurent dans Novo Mesto, c’est-à-dire la Ville Nouvelle : ils occupèrent notamment le numéro 56 de la rue Ve Smeckach. A cette époque, de nombreux mouvements sociaux agitent cette zone et l’insécurité les pousse à effectuer une série de déménagements, ce qui va les conduire jusqu’à Josefov, puis à nouveau dans la Vieille-Ville. 1885 et 1888 sont des années noires pour la famille, qui perd deux de leurs fils, Georg en 87, puis Heinrich en 1888. Kafka restera donc le seul garçon restant dans cette fratrie où il élabore des liens affectifs très forts avec sa soeur Ottla, mais entretient des rapports froids et distants avec ses deux autres soeurs Elli et Valli. Ces morts permettent probablement de comprendre pourquoi Hermann Kafka a autant investi ses ambitions dans ce fils.

Entre 1885 et 87, les Kafka occupent le numéro 187 de la rue Dusni. Cette rue s’appelle la « Rue de L’Esprit Saint », titre très évocateur qui démontre parfaitement la cohabitation des religions dans un espace très réduit. La rue Dusni marque aussi la frontière entre la Vieille Ecole et la ville médiévale juive. Autre symbole rappelant sa présence, même momentanée : la statue en hommage à Kafka, érigée depuis 2003, près de la Spagnelska synagoga (synagogue espagnole), un bâtiment de style neomauresque destiné à la population juive sépharade, qui date du XVIIIème s et a été construite à la place de la « Stara Skola » (« Vieille synagogue » en yiddish, école en Tchèque). La plupart des nouveaux immigrés Juifs s’y installent.

L’une des plus célèbres maisons où vécut Kafka est une oeuvre d’art, une maison médiévale nommée « La Minute » Dům U Minuty

Il y vécut entre 1889 et 1896.

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U minuty – photo : wikimedia.org
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Dům U Minuty – Prague

C’est dans la maison « Aux 3 Rois » aux airs baroques que Franz Kafka eut pour la première fois une chambre bien à lui. Dans son ouvrage dédié à la Prague de K., Klaus Wagenbach rappelle le témoignage d’une domestique des Kafka : « sa chambre était sobrement meublée. A côté de la porte il y avait un bureau sur lequel était posé le Droit Romain en deux volumes. En face de la fenêtre, une armoire; devant celle-ci une bicyclette; puis le lit; à côté du lit, une table de nuit, et près de la porte, des rayonnages à livres, et un lavabo.« 

prague maison aux 3 rois

Le pont Charles (Karluv Most)

Liaison entre Mala Strana et la Vieille Ville, le pont Charles est tout un symbole que Kafka ne manquait pas d’apprécier dans ses moindres détails …

Pont Charles Prague
Pont Charles – photo : www.fotopraha.com

Gustav Janouch, Conversations avec Kafka

« Kafka m’expliqua les statues du pont, me fit remarquer divers détails, me montra de vieilles enseignes, des porches, des encadrements de fenêtres et des ferronneries. Sur le pont Charles, Kafka tendit sa main droite pour me montrer un petit ange taillé dans le grès qui, derrière une statue de la vierge, se bouchait le nez, les doigts raides. »

La Ruelle d’Or : tentative vaine d’indépendance?!

En 1916-17, Kafka vécut seul et sortit donc de la Vieille Ville pour s’établir dans la fameuse Ruelle d’or Zlatá ulička, qui est souvent visitée par les troupes de touristes, en raison de cet « évènement ».

La rue est une attraction constituée de maisonnettes aux couleurs bariolées qui ressemblent à des maisons de poupées. Visitable pour 1€50 ou dans un forfait avec le château et la cathédrale, elle est située le long de la muraille Nord et donne sur la Fosse aux Cerfs, vous pourrez désormais y découvrir des boutiques. Kafka habita au numéro 22, la maison bleue, minuscule et à l’ameublement sommaire, qui est aujourd’hui transformée en librairie consacrée évidemment aux oeuvres de Kafka…

zlata ulicka ruelle d'or maison ou vecut kafka a prague

Autrefois, la ruelle abritait les alchimistes, les orfévriers (d’où son nom) et les ouvriers de la cathédrale St Guy pendant sa construction, puis ses maisons de « poupée » servirent à loger la garde du roi Rodolphe II au XVIème siècle.

Kafka en 1922 face à la maison Oppelt

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Il vécut dans une maison située derrière l’Eglise de Notre Dame du Tyn


L’éducation de Kafka

Comme je vous le disais, Hermann Kafka, ce père qui terrifiait Franz autant qu’il le respectait, avait pour son fils de grandes ambitions. Kafka fut un brillant élève. Il fit un doctorat en droit, par pragmatisme, car son père estimait que ce diplôme était le seul acceptable pour faire carrière, alors que Franz Kafka était passionné par la littérature et se serait rêvé en étudiant en lettres ou en philosophie. Mais pour le Père, ce n’était même pas pensable, ni négociable.

Hermann Kafka envoya son fils dans les meilleurs établissements allemands, ce qui explique que Kafka ait choisi l’Allemand pour toutes ses oeuvres et n’écrivait presque qu’en allemand, si ce n’est avec quelques amis proches. Selon Kafka, l’allemand était une langue beaucoup plus précise et rigoureuse que le tchèque, mais on ne peut pas oublier non plus que toute son éducation se fit en allemand. L’allemand était la langue qui garantissait l’ascension ou l’intégration sociale dans les milieux les plus prisés. Pour garder un lien avec la langue tchèque, il demanda par exemple à sa compagne Milena, traductrice de ses oeuvres en langue tchèque, de lui écrire uniquement en tchèque.

gymnazium staromesto namesti prague

Gymnázium – Staroměsto námesti

Citarna (salle de lecture)

Kafka réalisa une partie de ses études dans les salles baroques du Palais Golz-Kinsky de style rococo, que vous retrouverez sur la place centrale de la Vieille Ville, accolé à “la cloche de pierre”. Il s’élève fièrement derrière la statue de Jan Hus, l’homme qui apporta la Réforme en République Tchèque… Au rez-de-chaussée, Hermann Kafka y possédait une boutique, à l’époque où le palais abritait un lycée allemand. Et durant un temps, sa famille y séjourna, comme Alfred Nobel…

palais kinsky prague kafka

Kafka et la religion juive

La synagogue Vieille-Nouvelle

Kafka était très croyant et dans les dernières années de sa vie, il a beaucoup travaillé pour mieux connaître le judaïsme et la culture, la langue yiddish, qu’il a apprise au contact de Dora. Malgré tout, cette judéité n’est pas vraiment le fait d’une transmission familiale, puisque son père allait rarement à la synagogue, si ce n’est pour les grandes fêtes, pas plus de deux ou trois fois dans l’année selon plusieurs sources biographiques reconnues… C’est dans la plus ancienne synagogue, la synagogue Vieille-Nouvelle, que priait Hermann Kafka, accompagné de son fils… La voici d’ailleurs en photo, comme elle était à l’époque de Kafka.

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La synagogue Vieille-Nouvelle est d’obédience ultra orthodoxe, donc très attachée à une croyance ascétique, faite de frugalité, de travail et de prières. Il ne s’agit pas de la plus ancienne synagogue en réalité ; une synagogue datant du XIème siècle aurait été construite, puis détruite ; d’où le nom de « vieille-nouvelle » attribué à cette synagogue du XIIème siècle. Cette synagogue est entourée de mystère, elle aurait été construite avec des pierres ramenées de Jérusalem et elle a vu passer l’un des plus célèbres rabbins, le très savant Jehuda Lew ben Bezabel, dit le rabbin Löw, créateur du légendaire Golem.

Si vous avez vu le film Kafka de Soderbergh, vous ne pourrez vous empêcher, à la tombée de la nuit, de penser à ce Kafka mystérieux, souvent réduit à des jeux d’ombres fuyantes, au pied du Château, étrange et effrayant….

Laissez glisser vos pas sur les pavés de Mala Strana, le « Petit Côté », qui entoure le Château…

Ces voies-là, bien au-delà des promenades de Kafka, sont chargées de siècles d’histoire et à la lumière d’un lampadaire, quand la lune est pleine, l’atmosphère est vraiment spéciale…

**** Des anecdotes à Prague ****

La maison de droite est celle où Albert Einstein joua du violon pour Kafka, alors qu’il était professeur à l’université de Prague entre 1911 et 1912


Vie sociale et intellectuelle de Kafka

Kafka et les cafés de Prague, une grande histoire… Contrairement à ce que beaucoup imaginent, Kafka n’était pas un homme sombre, replié chez lui, solitaire et sans ami. En réalité, si ses nuits étaient hantées par ses angoisses et ses cauchemars et accentuaient le sentiment de solitude, Kafka avait de nombreux amis et relations parmi les cercles intellectuels praguois, dont s’enorgueillissait la ville. Cela explique aussi que plusieurs lieux, notamment des cafés, voire des cabarets, aient été fréquentés par Kafka, qui était souvent accompagné de son ami Max Brod.

Pour les redécouvrir, laissez vous transporter …

Dans un immeuble de la rue Řetězová appelé U třech divých (Aux trois sauvages):

Café Montmartre à Prague

Appelé Cabaret à la Belle Epoque, a été fondé en 1911 et selon la légende, il a vu passer dans ses murs la majorité des intellectuels praguois, Jaroslav Hašek, František Langer, les Longen, Eduard Bass, Franz Kafka, Franz Werfel, Max Brod, Johannes Urzidil ou encore Gustav Meyrink. Dans ce café se tenaient des cercles de réflexion en allemand et en yiddish, qui reflétaient la diversité culturelle de la ville, non sans goût de la polémique. Le Café a également porté le sobriquet « Le Martet ».

A l’époque de Kafka, le Cabaret possédait une célèbre piste de danse, surnommée l’Enfer, en raison de sa fresque magnifique signée V. H. Brunner, où étaient représentés les 7 péchés capitaux.

Mais le lieu a surtout acquis son prestige en devenant le rendez-vous phare de la République Tchécoslovaque après la guerre. Il fut le repère des cubistes, qui apportèrent des pièces maîtresses, des tableaux parodiques et diverses décorations qui enrichirent des « autels » dédiés à des rites de messes noires, sous l’égide de Waltner.

Une salle entière réalisée par Jiří Kroha révèle un style cubisto-expressionniste.

Le café Montmarte Řetězová 7, Praha 1, 110 00

Café Louvre

Albert Einstein et Franz Kafka furent aussi les figures éminentes qui fréquentèrent le Café Louvre – Kavarna Louvre, même si selon certains, Kafka et Max Brod auraient été un moment expulsés des lieux.

Le Café Louvre n’est pas qu’un simple café, on y trouve des salles de repas, un billard, une terrasse et des petits salons pour plus d’intimité. Il s’agit d’un établissement de plusieurs pièces, situé dans la Narodni et fortement inspiré de l’atmosphère de l’ancien Empire austro-hongrois. Son histoire commence en 1902 pour être tristement interrompue en 1948 quand le régime communiste ferme ses portes. Le Café était un lieu privilégié des familles bourgeoises et aristocrates de Prague et cette clientèle aisée explique l’aura de prestige, le style si particulier et authentique avec ses murs et ses moulures aux couleurs rosée et crème. Le Café a été entièrement restauré pour sa réouverture en 1992, ce dont les Praguois se réjouissent.

Kavárna Louvre à l’époque de Kafka

café louvre prague kafka

Café Louvre – Národní 20

Café Arco – Arco kavarna

cafe arco prague

 Fondé en 1907 au rez-de-chaussée d’un bâtiment Renaissance qui appartint au poète Vit Ventulin de Turtelstejn, le Café Arco est probablement l’un des lieux d’élection de Kafka les plus connus.

Son architecture de caractère a été confiée aux soins de Jan Kortela et l’intérieur est façonné par Frantisek Kysela. Sa façade noircie par le smog fait partie de cette ambiance et ce passé si particulier.

La célébrité du Kavarna Arco doit dans ses premières années au fait qu’il ait accueilli les cercles littéraires de Kafka et de ses amis, et la lecture publique de quelques unes de ses oeuvres, à commencer par La Métamorphose. Il faut savoir qu’à Prague, ville où les intellectuels jouissaient d’une belle réputation, la littérature était essentiellement « orale », les oeuvres étaient proposées en lecture par leurs auteurs dans des cafés comme celui-ci.

café arco prague kafka

C’est essentiellement le Cercle de Prague et ses membres qui investissent les lieux, à ce point qu’ils furent surnommés les « Arconautes » non sans mépris dans la bouche de Karl Kraus, qui juge ces intellectuels, tous juifs et de culture allemande, comme des « snobs qui se donneraient des airs mystiques seulement parce que les instituteurs, les employés aux écritures et les journalistes sont athées et imbus de science » …

Autour de Kafka, on retrouve toujours Max Brod, mais aussi ses proches amis Felix Weltch, Hugo Bergmann, Oskar Baum, parfois le jeune poète Franz Werfel et le plus jeune encore Johannes Urzidil, le journaliste Egon Erwin Kisch. Se joindra bientôt à eux, une femme, Milena Jesenska, qui rencontrera d’ailleurs Kafka et deviendra par la suite la lectrice ou la traductrice de ses oeuvres, mais qui fera aussi la connaissance de son mari, le brillant et séduisant Ernst Polak.

Rue Hybernská, 16

Ceux qui imaginent Kafka comme un homme retranché et très solitaire découvrent peut-être le goût de Kafka pour les sociabilités dans les cafés. Les lieux qu’il affectionnaient sont connus d’ailleurs pour l’activisme de leurs habitués et la richesse de l’activité et la réflexion intellectuelle qui s’y déroula notamment pendant la première moitié du XXème siècle, puis pendant la lutte contre le communisme.

Le Café Slavia

Ce café est une Institution situé face au Théâtre national, sur les rives de la Vltava : aujourd’hui, Milan Kundera en a fait son repère, Vaclav Havel a utilisé le café comme dissident, ce qui explique le passé très riche de l’établissement, ouvert depuis 1881. Il a vu passer entre ses murs des figures intellectuelles éminentes, notamment des auteurs et leurs amateurs éclairés, mais aussi des militants politiques pendant la période communiste.

En savoir plus sur le Café Slavia…

Smetanovo nábřeží 1012/2 – Praha 1

Le Café Kafka- Franz Kafka Kavarna

Le Café Kafka est un lieu incontournable pour les touristes qui viennent y découvrir ou redécouvrir ce génie de la littérature au détours de portraits d’époque, de photos de l’ancien ghetto, notamment à l’époque de Kafka. Il est ouvert de 10h à 22h et la légende des touristes lui prête le fait qu’il serait hanté par le fantôme de Kafka, ce qui lui vaut une réputation énigmatique la nuit et ajoute un supplément d’intérêt à son ambiance étrange.

Široká 12/64, Praha 1, Metro: Staroměstská/Tram 17, 18

café kafka

Kafka au travail

Kafka fit le choix de se plier à une vie laborale des plus ordinaires pour s’offrir le loisir d’écrire et de lire autant qu’il le souhaitait. Il travailla notamment chez un assureur. Vous pourrez découvrir l’immeuble des Asicurazioni Generali où Franz Kafka travailla entre 1906-1907. Il se situe sur l’avenue Venceslas, dans le quartier moderne de Novo Mesto…

Immeuble des Asicurazioni Generali prague novo mesto

Promenades de Kafka

Kafka aimait se balader et avait ses habitudes. Dans le très bon ouvrage « La Prague de Kafka », l’auteur rappelle qu’il aimait particulièrement :

1. le mont Saint-Laurent est en fait la colline Petrin (Laurenzberg) qui offre un magnifique panorama de Prague

visiter prague sur les traces de kafka
Colline Petrin Prague

2. le belvédère, le parc Chotek et le petit-côté

3. le parc la pépinière, et le faubourg de Troja

Au faubourg Troja, se trouve le château de Troja, Trojský zámek

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Photos de l’époque de Kafka: Cliquez pour agrandir…

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Des questions auxquelles n’ont pas répondu notre guide de voyage sur Prague ou les brochures officielles gratuites de l’office du tourismeLes voyageurs, expatriés et autochtones spécialistes de la République tchèque vous répondent!

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