Si vous souhaitez découvrir les monastères les plus beaux de Roumanie, probablement irez-vous en Bucovine. Le monastère de Voronet, classé au patrimoine de l’UNESCO figure parmi les monastères roumains les plus incontournables.
Les églises de la région nordique de Bucovine dont les fresques datent des 15e-16e siècles figurent au patrimoine de l’Unesco depuis 1993, aux côtés du monastère de Horezu, dans le sud de la Roumanie. Voronet, le plus connu et peut-être le plus apprécié des monastères de Bucovine, est situé à une quarantaine de kms de Suceava, et il fut érigé en 1488 par Etienne le Grand, prince régnant de Moldavie, sur l’emplacement d’une autre église, plus ancienne, en bois, dressée par Daniil l’ermite.La construction a duré 3 mois et 3 semaines seulement. L’architecture du Voronet est représentative pour le style dit moldave, un mélange d’éléments byzantins, gothiques ou d’art roumain traditionnel. Les fresques extérieures, qui suivent elles aussi, généralement, les règles de l’art byzantin, ont été ajoutées plus tard, vers le milieu du XVI-e siècle, sous le second règne de Petru Rares, fils naturel d’Etienne le Grand. Les moines qui ont réalisé ces fresques essentiellement byzantines y ont introduit des éléments d’art traditionnel local. Le célèbre « bleu de Voronet « inimitable, inexplicable, avait été rajouté sur l’initiative du métropolite Grigore Rosca, en 1547, une année après la mort de ce Voïvode.
L’église est à plan tréflé, spécifique du style moldave d’Etienne le Grand, alliant heureusement des éléments byzantins et gothiques. Elle est formée d’une galerie extérieure, avec une voûte engendrée par un arc en plein cintre, d’un pronaos, un naos carré, élargie par deux absides latérales circulaires, et un autel, selon les canons orthodoxes.
Le système de voûtes est harmonieux et structuré en arcs brisés, alternés avec des pendentifs qui font le passage au plan circulaire de la coupole.
A l’extérieur, les murs sont soutenus part de puissants contreforts. L’abside de l’autel est décorée de neuf niches, surmontées de claires-voies.
Le clocher cylindrique dispose de quatre fenêtres et de seize niches. La fresque intérieure comprend, sur la paroi ouest, un tableau votif qui présente Etienne le Grand, son épouse Voichita, et leur fils Bogdan et près de l’entrée sont représentés Daniil L’Ermite et le métropolite Grigore Rosca.
La galerie extérieure est divisée en cinq sections qui reproduisent le calendrier de l’église orthodoxe. Les scènes représentent des éléments de folklore et des aspects de la vie quotidienne du temps du métropolite Grigore Rosca.
Les tableaux les plus intéressants évoquent la « naissance de Jésus « ou le berger est habillé selon la mode des bergers moldave et « Saint Elie » dont le char est une copie fidèle des chariots utilisés dans cette région.
Cependant, la splendeur de l’église est donnée par la peinture murale extérieure, ayant recouvert les décorations initiales, réalisées en brique apparente et en disques émaillés de diverses couleurs. Sur le mur sud, les scènes se succèdent en trois registres : « L’arbre de Jessé » et deux frises avec des philosophes antiques.
Le reste de la façade présente « la vie de Saint Nicolas, « la vie et le martyre de Saint Jean le jeune de Suceava », « Saint Georges terrassant le dragon », « la vie de Saint Antoine le Grand » et « la vie de Saint Ghersim de Jourdain ».
Les deux dernières représentations, spécifiques de Voronet, se trouvent sur le mur nord. Toutefois, la plus ample composition est le « Jugement dernier ». Cette fresque occupe tout le mur ouest et comprend des scènes célèbres comme « les anges aux prises avec les diables « , « la Résurrection des morts” et “Les Archanges ».
Parmi les pécheurs conduits au jugement dernier, il y a beaucoup de turcs, les ennemis de la Moldavie du temps jadis, la composition ayant un réel caractère manifeste anti-ottoman.
Le bleu des fresques extérieures, intense, presque vivant, suggère le ciel et la mer, deux extrémités vers lesquelles se dirigent presque tous les personnages de ces compositions, ainsi que notre âme avide de pureté.
Ioana Stancescu
emporter le livre de Dominique Fernandez sur place pour lire sa description des fresques, c’est le meilleur des guides!
miriam
Ce monastère faisait partie comme plusieurs autres en Bucovine de mes projets de voyages en Septembre dernier, mais des contraintes personnelles m’ont obligée à renoncer à la découverte de ces merveilles. J’espère en avoir l’occasion courant 2010 et dans le fond, je me réjouis de cet empêchement, puisque cela me donnera l’occasion de revenir dans votre si beau pays, qui gagne à être connu et qui est trop souvent méconnu et méjugé!
Bravo pour vos contributions sur RRI.