L’histoire du Musée s’étale sur à peu près un siècle, avec des hauts enivrants mais aussi avec des bas désespérants. Il est créé le premier octobre 1906, par l’effort de plusieurs personnalités de la culture roumaine. A l’époque, il s’appelait le Musée d’ethnographie, art national, art décoratif et industriel.
Musée du paysan roumain ; un condensé de la ruralité à Bucarest
Découvrir la Roumanie à travers ses maisons en quelques heures
Un mélange qui déplaît à son premier directeur, un éminent historien de l’art, Alexandru Tzigara-Samurcas. Il réforme tout de suite la jeune institution, la transformant en Musée d’Art National. Et il ne va pas s’arrêter ici. Pendant plus 40 ans de son directorat, Alexandru Tzigara-Samurcas jette les bases de la muséologie ethnographique roumaine. Le Musée d’Art National est son banc d’essai et les résultats ne se laissent pas attendre.
Très vite le musée et son contenu se placent dans l’avant-garde des concepts européens et mondiaux. L’exposition d’art paysan de 1931, ainsi que les participations aux expositions universelles de Rome, Barcelone ou Paris sont des succès incontestables. Le monde scientifique est d’accord – il s’agit d’une contribution importante au développement général de la théorie et de la pratique de l’exposition ethnographique.
En 1953, le musée est obligé de quitter son bâtiment en brique rouge et style brancovan, pour déménager successivement dans plusieurs locaux, attribués par le pouvoir communiste. Il fonctionne encore 25 ans sous le nom de Musée d’Art Populaire de la République Populaire, puis Socialiste, à partir de 1965. Le statut des muséographes est incertain ; ils sont confrontés, comme par tout ailleurs, aux ordres et aux programmes imposés par les institutions politiques. C’est pourquoi ils se voient obligés à renoncer dans leur démarche de présentation et publicitaire à bon nombre d’éléments, y compris aux symboles religieux de l’art paysan. (Ils ramassent pourtant beaucoup d’objet – les collections du musée se multipliant pratiquement par 3.)
En 1978, le musée cesse pratiquement d’exister, vu qu’il doit fusionner avec le prestigieux Musée en plein air du Village. Il reste donc sans siège ; les collections, entassées dans des coffres, sont éparpillées dans plusieurs coins de la capitale roumaine. En 1990, elles retrouvent leur espace original, l’imposant bâtiment de la rue Kisselef. Le Musée du Paysan Roumain est un musée témoignage. Il met côte à côte le passé et le présent pour reconstituer une bonne partie de la mémoire et de la biographie nationale roumaine. Les visiteurs peuvent ainsi communiquer avec les pensées et les états d’âme de la population rurale d’hier et d‘aujourd’hui, retirée discrètement derrière les objets – utiles, beaux ou moins beaux – qu’elle a fabriqué. MPR en statistiques – l’exposition occupe 8 mille mètres carrés et possède une centaine de milliers d’objets et 3 mille clichés sur verre – c’est-à-dire des photos ethnographiques anciennes, très coûteuses – ainsi qu’une grande archive de documents écrits et sonores. 18 mille objets en céramique, 20 mille pièces de costumes de tous les provinces roumaines, depuis la première moitié du 19e siècle à nos jours, 10 mille pièces de tissus ornementaux, 8 mille objets en bois, 3 mille icônes et objets rituels, 6 églises en bois (4 – in situ, 2 dans le musée), un riche patrimoine d’ethnographie universelle.
Voici en deux mots sur l’histoire de ce très beau musée qui organise chaque année, à Noël et à Pâques de magnifiques expositions en plein air où les visiteurs peuvent acheter toute sorte de souvenirs: costumes, objets d’artisanat, pain de miel sous différentes formes, bouteilles de vin, miel, pots de confiture, CD de musique traditionnelle. C’est très, très beau!
Où trouver le musée du paysan roumain à Bucarest?
Șoseaua Pavel Dimitrievici Kiseleff 3, București 011341
Ouvert tous les jours de 10h à 18h – Fermé le lundi
Ioana Stancescu