Dans le Danemark du milieu du XVIIIème siècle, A Royal affair est un drame historique abordant l’amitié et la passion amoureuse entre Caroline-Mathilde de Hanovre, mariée au roi du Danemark, un homme fou et imprévisible, et le médecin Johann Struensee, qui a fait évoluer le Danemark au siècle des lumières, par des réformes humanistes …
Au royaume de Danemark, en ce XVIIIe siècle plein de bruit et de fureur, règne le roi Christian VII ( 1749 – 1808 ), intelligent mais immature, que son éducation brutale a fait sombrer dans la paranoïa et qui vient d’épouser Caroline-Mathilde de Hanovre, une princesse anglaise de 15 ans qu’il délaissera le mariage tout juste consommé pour batifoler avec des putains et partir faire un tour d’Europe de deux années. Cette jeune femme répudiée mourra en exil à l’âge de 24 ans. La jeune reine enceinte va mettre au monde un garçon et bientôt tomber sous le charme du médecin de son royal époux Johann Struensee, qui a gagné la confiance du souverain et, inspiré des philosophes des lumières, entend jouer de son influence et mener des réformes humanistes dans un royaume corseté dans des principes d’un autre âge.
A royal affair, une histoire vraie qui aurait mérité plus d’ambitions
L’histoire est réelle mais le scénario trop lâche et les dialogues trop vagues pour rendre crédible la face psychologique et la vraisemblance historique qui feront que le docteur Struensee, après le coup d’état fomenté par lui, va régner à la place d’un roi qui a horreur d’être roi et conduire des réformes audacieuses comme la suppression de la torture, avec l’appui de la jeune reine qui est devenue sa maîtresse. Il y avait pourtant matière à composer un film passionnant, à sonder les coeurs et les esprits, à expliciter les situations, à argumenter de façon à mieux éclairer les réformes en cours et les personnages, mais Nikolaj Arcel s’est contenté de faire défiler sous nos yeux, durant 2h15, un très beau livre d’images et des héros inconsistants et terriblement ennuyeux qui semblent figés dans une posture beaucoup trop manichéenne à mon goût : il y a la reine ravissante et malheureuse, le roi déséquilibré, sujet à des hallucinations et qui finira fou, l’éminence grise d’une gravité inaltérable qui terminera ses jours sur l’échafaud devant la foule compacte d’un peuple qu’ll a tenté bien en vain de libérer, les bons et les méchants qui ne sont autres que le clergé et la noblesse bien entendu.
Mais ce film a du moins le mérite de nous montrer que peu de choses ont changé en ce monde depuis le XVIIIe siècle et que les privilégiés sont toujours récalcitrants dès qu’il s’agit de céder, ne serait-ce qu’une part de leurs privilèges… Malheureusement, pas une once d’humour ne vient égayer cet opus qui se focalise exclusivement sur les noirceurs du pouvoir, les petites trahisons, les jeux d’influence, tout cela survolé et sans épaisseur, hélas !
Un film décevant à tous niveaux
Oui, A royal Affair de Nikolaj Arcel s’avère un film décevant par manque d’ambition et d’ampleur et une direction d’acteurs aussi languissante et pusillanime que le scénario. Mikkel Boe Folsgaard, dans le rôle du roi Christian VII, est le seul vraiment crédible de par sa ressemblance avec le personnage et son interprétation fantasque. La charmante Alicia Vikander, qui était une délicieuse Kitty dans Anna Karénine, traverse le film avec grâce et élégance mais sans ferveur et sans minauderies d’ailleurs, quant à Mads Mikkelsen, dans le rôle de Johann Struensee, il nous accable pendant plus de deux heures d’une moue désabusée et irritante et se glisse dans la peau du célèbre médecin sans lui insuffler un soupçon de passion et un brin de subtilité. Reste des prises de vue qui sont belles, des robes, des éclairages, des paysages de neige qui composent un fort joli décor et tentent de subvenir aux insuffisances d’un film sans inspiration.
Bande annonce VOSTF de A Royal affair