Aimée et Jaguar (Aimée und Jaguar) ou une histoire d’amour lesbien sur fond de drame historique et de tragédie. Aimée et Jaguar, c’est l’exploration du Berlin de 1943 dans le regard de ces deux femmes – l’une juive et résistante, l’autre modèle de la femme et mère de famille aryenne – ; deux femmes que tout oppose, et qui défient les valeurs sociales et familiales et les conventions de l’Allemagne nazie… Aimée et Jaguar est injustement passé inaperçu à sa sortie en 1998, alors que ce drame est remarquablement interprété, audacieux, sensuel et dérangeant.
D’aucuns imaginent encore le cinéma allemand comme vieillot et ennuyeux. Pourtant, Aimée et Jaguar n’a rien du film historique allemand au style académique. Sans renoncer à certaines conventions, Aimée et Jaguar aborde avec justesse le thème trop rare au cinéma du saphisme, tout en dépeignant une société obsédée par le délire de triomphe de la théorie aryenne. Dans un tel contexte, cette passion entre Aimée et Jaguar est doublement condamnée d’avance, d’autant que l’on considère l’homosexualité comme une maladie mentale et que les Juifs sont plus que jamais persécutés. Mais qu’importe!
Aimée et Jaguar ; un amour au féminin dans le Berlin nazi
Ce film allemand, réalisé par Max Farberbock, est adapté d’une histoire vraie, à savoir la biographie d’Erica Fischer Aimée und Jaguar. C’est une œuvre sensible et fort intéressante, qui explore avec un regard « allemand », l’Histoire de l’Allemagne nazie en guerre et de plus en plus convaincue de la nécessité de la Shoah, à travers l’amour passionnel, charnel et clandestin, qui lie deux femmes que tout devrait opposer. L’une, Felice Schragenheim (Maria Schrader), juive résistante, impulsive et pétillante, prête à tout pour vivre chaque instant pleinement ; l’autre Lilly Wust (Juliane Köhler) femme d’un Nazi convaincu parti au front et mère de famille, en apparence une parfaite aryenne qui n’en est pas moins frustrée à l’idée de vivre avec un homme qu’elle n’aime pas, en cherchant des amants qui ne la satisfont pas davantage …
Les sentiments cachés qui se déroulent au jour le jour, au fil des lettres enflammées ou des gestes d’une extrême sensualité révèlent l’attirance bientôt confirmée des deux femmes devenues amantes et leurs angoisses. Ils permettent de mettre aussi en lumière le quotidien des Berlinois, mais aussi l’irrépressible besoin de liberté que certaines femmes essaient de conserver, au risque parfois d’oublier la méfiance nécessaire en temps de guerre quand l’Allemagne commence à réaliser qu’elle ne vaincra peut-être pas…
Tout en pudeur, Max Farberbock filme ses héroïnes dans des scènes où la poésie, la sensualité se marient à l’érotisme. Le réalisateur évite le piège des caricatures, du militantisme ou du manichéisme pour dévoiler une rencontre dans tout ce qu’elle peut avoir de simple et si complexe, au-delà même des événements qui motivent les choix ou les précipitent, jusqu’à la perte de toute maîtrise.
Aimée et Jaguar ; deux actrices justes et excellentes
Même si l’on peut regretter quelques longueurs car l’histoire peine à commencer, la tragédie de ces femmes perdues entre leurs désirs et leurs espoirs est par moment poignante. Les deux actrices principales sont excellentes ; notamment l’interprète de Lily, déjà très connue outre-Rhin et remarquée plus tard pour son rôle d’Eva Brown dans La Chute. D’ailleurs Maria Schrader et Juliane Köhler ont reçu l’Ours d’Argent pour leur prestation et le film a également obtenu le prix du cinéma allemand 1999 et la nomination du film étranger 1999 aux Golden Globes.
On retrouve parsemées tout au long du film des évocations en guise d’hommages subtils au cinéma sulfureux de Fassbinder dans les années 70. Aimée et Jaguar est sans nul doute l’un des films qui a lancé ce que certains appellent désormais « la nouvelle vague du cinéma allemand ». En effet, le cinéma allemand nous offre depuis une décennie un renouveau, riche en émotions et en réflexions sur le passé nazi de l’Allemagne ou plus largement sur l’histoire de l’Allemagne au XXème siècle à travers La Chute, Les derniers jours de Sophie Scholl, La Vie des autres par exemple. Le regard de Max Farberbock reste nuancé et beaucoup plus juste que la majorité des œuvres américaines en particulier, qui ont épluché cette Histoire.
Un hymne à la vie impérieuse, à la liberté vitale, à l’amour éternel…
Voir la bande annonce en anglais
Réalisé par Max Farberbock
Avec Maria Schrader, Juliane Kohler, Johanna Wokalek, plus
Long-métrage allemand . Genre : Drame
Durée : 02h04min Année de production : 1998
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Sujet dérangeant….des maladresses certes mais très féminin et émouvant
J’ai un peu de mal à comprendre une si grosse déception, malgré tout… C’est vrai qu’il y a des longueurs, mais dans l’ensemble, je trouve le film bon!
non pas en colère : cela n’en vaut pas la peine…
Warum sind Sie so böse ? Was ist geschet ? Ach !!!….
ça chouine trop . vraiment non! oui une « catastrophe » ce film!
une pure merveille !!!