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Musée des Civilisations Anatoliennes d’Ankara : de l’Anatolie à la Turquie …

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Le musée d’Ankara abrite peu d’oeuvres concernant la civilisation grecque, mais au vu de la richesse de ses autres collections nous ne pouvons l’ignorer. Le musée occupe deux bâtiments datant de l’époque ottomane (XVème siècle), un ancien bazar pour l’un et un ancien caravansérail pour l’autre.


  • La période néolithique (pierre polie): VIIème au Vème millénaire av JC
  • La période chalcolithique : l’âge du cuivre, 5000 à 3000 av JC.
  • L’âge du bronze ancien : fin du IVème millénaire, début du IIIème millénaire.
  • L’âge du bronze moyen : les marchands assyriens (1950 à 1750 av JC
  • La période hittite ancienne (1750 à 1200 av JC).
  • La période hittite récente (1200 à 700 av JC).
  • Les Phrygiens (1200 à 700 av JC).
  • Les Ourartéens (900 à 600 av JC).
  • Les civilisations anatoliennes après le VIIème siècle av JC.Les migrations doriennes, dès le IIème millénaire av JC, marquent le début des premières colonies grecques en Anatolie occidentale. On peut alors distinguer plusieurs périodes artistiques :
    – la période protogéométrique (1100 – 950 av JC) : céramiques faites au tour de potier et décorées de motifs réalisés au compas.
    – la période géométrique (950 – 650 av JC) : abandon des cercles pour des motifs angulaires.
    – la période archaïque (600 – 480 av JC) : en céramique on fabrique des vases à figures noires et rouges.
    – la période classique (580 – 334 av JC) : style gréco-perse
    – la période hellénistique (330 – 30 av JC)
    – la période romaine (30 av JC – 395 ap JC)
    Toutefois, le musée d’Ankara n’expose pas les objets de cette période dans l’ordre chronologique mais suivant la matière dans laquelle ils ont été réalisés.

    • Les objets en pierre
    • La céramique
    • Le bronze
    • L’or
    • Le verre
    • La terre cuite

La période néolithique (pierre polie): VIIème au Vème millénaire av JC

Au néolithique, les hommes deviennent agriculteurs et se sédentarisent. Au début de cette période, l’homme ne fabrique pas encore de récipients en terre cuite (période acéramique), il utilise des corbeilles et des récipients de bois ou de pierre. Le centre néolithique le plus évolué est Çatalhöyük à 52 km au sud-est de Konia.

Ci-dessous : reconstitution d’un sanctuaire néolithique du site de Çatalhöyük (6800 ans à 5700 ans avant notre ère) : petite pièce carrée bâtie sur le modèle des maisons de l’époque. Les murs étaient ornés de têtes de taureaux, symboles de force et de virilité, et d’étonnantes peintures .

Çatalhöyük est l’une des premières villes du monde, elle n’avait pas de rues (sans doute par souci de sécurité), les maisons étaient accolées les unes aux autres, groupées autour d’une cour centrale, on circulait par les toits en terrasse. Chaque maison se composait d’une vaste pièce, d’une cuisine et d’un dépôt. La pièce principale était entourée d’une banquette, possédait un foyer et des fours. Les murs n’avaient ni fenêtre ni porte, la lumière entrait par une ouverture au plafond desservie par une échelle. Les morts étaient enterrés dans leur maison (Auparavant les corps étaient exposés à l’extérieur des murs pour que les vautours décharnent les dépouilles.): les enfants sous le plancher, les adultes sous les banquettes. Des offrandes funéraires étaient déposées près des morts.

Sanctuaire du site de Çatalhöyük : peintures murales datant du VIIème millénaire av JC, découvertes dans les flancs d’un tumulus de la plaine du sud de Konya. Ces fresques représentent des scènes de chasse, des taureaux, des cerfs, des sangliers, des ours, des figures humaines, des chasseurs, des mains, des déesses… Elles étaient liées à des rites funéraires, chaque année, après les cérémonies, elles étaient recouvertes de plâtre (à un endroit on a retrouvé 12 peintures différentes intercalées entre 100 couches de plâtre).

Une des peintures représente l’éruption d’un volcan en arrière plan de la cité.

Site de Çatalhöyük: les représentations de déesses-mères indiquent la présence d’un culte de la fécondité. Certains ont émis l’hypothèse que ces déesses seraient une matérialisation du double empire de la vie et de la mort, la mère serait dispensatrice de vie et de mort (la mort serait une naissance à rebours).

Déesse-mère en train d’accoucher sur un trône entre deux léopards, animaux sacrés (Çatalhöyük : terre cuite de 20cm, 5750 av JC); Statuette (4,1cm) de déesse assise (Çatalhöyük, 6ème millénaire av JC); Statuettes de déesses jumelles (Çatalhöyük : marbre, 17,2cm).

Statuette de déesse (Hacilar : terre cuite, 24cm, 6ème millénaire); Statuette de déesse (Çatalhöyük : pierre noire, 15,5cm, 6ème millénaire)

Entre 6500 et 5000, la poterie fait son apparition à Hacilar, les terres cuites et polies sont destinées au culte. Les habitants de Hacilar enterraient leurs morts hors de la ville contrairement à ceux de Çatalhöyük.

Récipient en forme de cerf (13.6cm), Hacilar, 6ème millénaire; Récipient en forme de tête de femme (13.1cm), Hacilar 6ème millénaire

Au néolithique, les hommes deviennent agriculteurs et se sédentarisent. Au début de cette période, l’homme ne fabrique pas encore de récipients en terre cuite (période acéramique), il utilise des corbeilles et des récipients de bois ou de pierre. Le centre néolithique le plus évolué est Çatalhöyük à 52 km au sud-est de Konia.
Ci-dessous : reconstitution d’un sanctuaire néolithique du site de Çatalhöyük (6800 ans à 5700 ans avant notre ère) : petite pièce carrée bâtie sur le modèle des maisons de l’époque. Les murs étaient ornés de têtes de taureaux, symboles de force et de virilité, et d’étonnantes peintures (voir page suivante).
Çatalhöyük est l’une des premières villes du monde, elle n’avait pas de rues (sans doute par souci de sécurité), les maisons étaient accolées les unes aux autres, groupées autour d’une cour centrale, on circulait par les toits en terrasse. Chaque maison se composait d’une vaste pièce, d’une cuisine et d’un dépôt. La pièce principale était entourée d’une banquette, possédait un foyer et des fours. Les murs n’avaient ni fenêtre ni porte, la lumière entrait par une ouverture au plafond desservie par une échelle. Les morts étaient enterrés dans leur maison (Auparavant les corps étaient exposés à l’extérieur des murs pour que les vautours décharnent les dépouilles.): les enfants sous le plancher, les adultes sous les banquettes. Des offrandes funéraires étaient déposées près des morts.

Sanctuaire du site de Çatalhöyük : peintures murales datant du VIIème millénaire av JC, découvertes dans les flancs d’un tumulus de la plaine du sud de Konya. Ces fresques représentent des scènes de chasse, des taureaux, des cerfs, des sangliers, des ours, des figures humaines, des chasseurs, des mains, des déesses… Elles étaient liées à des rites funéraires, chaque année, après les cérémonies, elles étaient recouvertes de plâtre (à un endroit on a retrouvé 12 peintures différentes intercalées entre 100 couches de plâtre).

Une des peintures représente l’éruption d’un volcan en arrière plan de la cité.

Site de Çatalhöyük: les représentations de déesses-mères indiquent la présence d’un culte de la fécondité. Certains ont émis l’hypothèse que ces déesses seraient une matérialisation du double empire de la vie et de la mort, la mère serait dispensatrice de vie et de mort (la mort serait une naissance à rebours).

Déesse-mère en train d’accoucher sur un trône entre deux léopards, animaux sacrés (Çatalhöyük : terre cuite de 20cm, 5750 av JC); Statuette (4,1cm) de déesse assise (Çatalhöyük, 6ème millénaire av JC); Statuettes de déesses jumelles (Çatalhöyük : marbre, 17,2cm).


Statuette de déesse (Hacilar : terre cuite, 24cm, 6ème millénaire); Statuette de déesse (Çatalhöyük : pierre noire, 15,5cm, 6ème millénaire)

Entre 6500 et 5000, la poterie fait son apparition à Hacilar, les terres cuites et polies sont destinées au culte. Les habitants de Hacilar enterraient leurs morts hors de la ville contrairement à ceux de Çatalhöyük.

Récipient en forme de cerf (13.6cm), Hacilar, 6ème millénaire; Récipient en forme de tête de femme (13.1cm), Hacilar 6ème millénaire

La période chalcolithique : l’âge du cuivre

5000 à 3000 av JC.

Cette période a été nommée ainsi (chalcolithique) car l’on commence à utiliser le cuivre en plus de la pierre. La culture la plus évoluée du chalcolithique ancien est celle de Hacilar. Les maisons de cette localité sont de plan carré ou rectangulaire, elles ont des fondations de pierre, des murs en pisé et un toit plat. On pénètre dans les maisons qui se jouxtent par une porte ouvrant sur une vaste cour. Chaque maison possède un lieu de dévotion, un puits et un atelier de poterie.
Poteries peintes de Hacilar et de Canhasan.
A cette période, l’ensevelissement des morts varie selon les régions de l’Anatolie : enterrement dans les villes ou hors des villes, soit dans des jarres, soit dans des sépultures de pierre en forme de coffre. Pour les offrandes aux morts, on met des poteries, des bijoux ou des armes

Récipient peint à anse (11.8 cm), Hacilar: deuxième moitié du 6ème millénaire; Hacilar (11.2 cm) ; Coupe (8.8 cm) Hacilar; Jarre peinte (51 cm), Canhasan, 1ère moitié du Vème millénaire.

L’âge du bronze ancien

Fin du IVème millénaire, début du IIIème millénaire

La découverte du bronze est une grande révolution technique; en même temps, les premières cités-Etats voient le jour, véritables centres urbains dotés d’un palais, d’habitations et de corps de métiers. Alacahöyük est la capitale du petit royaume des Hattis, peuple dont on ignore l’origine. Les villes sont toutes entourées de fortifications, les maisons sont serrées les unes contre les autres et ressemblent à celles de l’âge du cuivre. Le commerce et la métallurgie se développent.

Les objets déposés dans les tombes comme offrandes funéraires témoignent du niveau remarquable atteint dans le domaine de l’art des métaux. Les Anatoliens réussissent à allier le cuivre et l’étain pour obtenir le bronze et fabriquer des armes, des récipients, des bijoux ou autres objets décoratifs. Ils utilisent également le cuivre seul, l’or, l’argent et l’électrum (alliage d’or et d’argent). Les métaux sont coulés, moulés ou battus.
Le cerf et le taureau représentent des divinités, ces figurines devaient être utilisées lors des cérémonies, maintenues sur un support.

Statue de taureau (bronze, Alacahöyük 37cm 2ème moitié du IIIème millénaire av JC); Statue de cerf (bronze, Alacahöyük, 52.5 cm, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC).

Les disques solaires ornés de taureaux et de cerfs aux bois géants figurent sans doute l’univers, on devait les porter lors des cérémonies religieuses et ils étaient déposés comme offrande dans les tombes.
Les riches sépultures découvertes à Alacahöyük sont des cellules rectangulaires aux murs de pierre. Le mort était placé en position foetale (les genoux ramenés sous le menton) avec les offrandes au milieu de la tombe, elle-même recouverte de planches de bois puis de terre pour former un toit plat. Les têtes et pattes des taureaux sacrifiés étaient déposées sur le tombeau.

Symbole rituel solaire (bronze, Alacahöyük, 24 cm, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC); Symbole rituel solaire (bronze, Alacahöyük, 23 cm, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC).

Les statuettes féminines représentant la déesse-mère sont très stylisées et étonnamment modernes dans leur ligne, elles sont en bronze, argent ou electrum.

Statuette de femme, (Hasanoglan, or et argent, 25 cm, fin du IIIème millénaire av JC). Les bandeaux croisés sur la poitrine doivent représenter un détail vestimentaire; Statuette de femme stylisée (Alacahöyük, argent, 16.6 cm, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC); Statuette de femme allaitant son enfant (Horoztepe, bronze, 21.5 cm, fin du IIIème millénaire av JC).

Bracelet or (Alacahöyük, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC); Couronne or (Alacahöyük, 2ème moitié du IIIème millénaire av JC). Cliquer sur les photos pour agrandir les bijoux.

Statuette féminine d’albâtre (5.2 cm) à corps circulaire et portant deux têtes sur deux longs cous. Le corps est orné de cercles et de motifs géométriques pour évoquer la féminité (Kültepe, début du 3ème millénaire); Statuette de femme en forme de violon représentant la déesse-mère (Kalinkaya, terre cuite, fin du IIIème millénaire av JC).

L’âge du bronze moyen: les marchands assyriens

1950 à 1750 av JC

Cette période marque le début de l’histoire en Anatolie avec l’utilisation de l’écriture. Les premiers échanges commerciaux entre l’Asie-Mineure et la Mésopotamie commencent sous l’impulsion des marchands Assyriens qui fondent des comptoirs (karum) en Anatolie. Ils se déplacent et transportent leurs biens par des caravanes d’ânes. Ils apportent de l’étain, du poil de chèvre, des étoffes, du matériel de tissage et emportent de l’or et de l’argent. Ils introduisent leur langue, leur écriture cunéiforme (on a trouvé de nombreuses tablettes d’argile sur lesquelles les commerçants inscrivaient leurs comptes) et leurs cylindres-sceaux. Ces commerçants ne se mêlent pas de politique, ils n’ont aucune visée militaire, ils paient des loyers et des taxes aux seigneurs anatoliens en échange de leur protection. L’Anatolie est alors dominée par les cités-royaumes féodales des Hattis. Les négociants assyriens s’installent hors des murs des cités dans un quartier appelé « karum ». Le plus important de ces comptoirs est Kültepe (karum de Kanis).

Statuette féminine, nue et souriante, en ivoire (9.3 cm)
(Kültepe, 19ème siècle av JC)

Durant cette période, l’usage du tour, en poterie, se répand, l’écriture apparaît en Anatolie et les Hittites entrent en scène. Les tablettes écrites, retrouvées dans les maisons des marchands assyriens, sont en général rectangulaires, rédigées en assyrien, l’écriture cunéiforme étant tracée au stylet sur de l’argile. La tablette était glissée dans une enveloppe cachetée, également en argile, le tout était mis au four et cuit.

Coupe à haut pied, 21.7 cm (Kültepe 1800 av JC); Récipient à bec en forme d’animal, 23 cm (Kültepe 1800 av JC); Récipient double de forme humaine (31.5 cm) Kültepe, début du 2ème millénaire av JC; Enveloppe d’argile fermée, elle contenait une tablette écrite en caractères cunéiformes (Kültepe 1800 av JC).

Les Hittites en Anatolie

Vers 1850 av JC, les Hittites, peuple indo-européen, venus du nord, arrivent en Anatolie. Leur langue s’apparente au tokharien du Turkestan oriental. Parures, outillage, armement et céramique montrent par ailleurs des affinités culturelles avec d’autres populations des steppes d’Eurasie : c’est pourquoi l’on pense que leur habitat primitif se situait au-delà de la mer Caspienne.
En Anatolie, ils s’établissent d’abord à Kültepe où ils se mêlent à la population locale des Hattis avant de fonder leur propre capitale, Kussar qu’ils transféreront ensuite à Hattusas (Bogazkale). C’est la conquête de cette dernière ville, attestée par la rédaction d’une tablette au XVIIème siècle av JC, qui marque l’avènement de l’Empire hittite. Ils adoptèrent rapidement l’écriture cunéiforme empruntée à la Mésopotamie, comme l’ont révélé les 25 000 tablettes retrouvées à partir de 1905 par des archéologues allemands dans les ruines de Hattousa, leur seconde capitale (auj. Bogazköy, à l’est d’Ankara).

L’Ecriture Cunéiforme

C’est aux Akkadiens, ancêtres sémites des Arabes et des Hébreux, que l’on doit la vulgarisation de l’écriture cunéiforme (« en forme de clou »), inventée par leurs voisins, les Sumériens, au 4ème millénaire av JC. Deux mille ans plus tard, la langue akkadienne était en effet parlée dans toute la Mésopotamie, et l’écriture cunéiforme devint son plus précieux véhicule, couvrant des milliers de tablettes d’argile. Ce mode d’écriture permettait de transcrire d’autres langues, tels le babylonien et l’assyrien.

L’homophonie et la polyphonie conduisent inévitablement vers une notation phonétique. Pourtant, l’écriture cunéiforme, bien que très complexe, ne s’est jamais transformée en une écriture phonétique et elle n’a pas été abandonnée au profit d’une écriture alphabétique.

En savoir plus sur la naissance et le développement de l’écriture cunéiforme…

L’histoire des Hittites est divisée en deux grandes périodes, l’Ancien Empire et le Nouvel Empire.
Sous l’Ancien Empire (XVIIème-XVème siècle av JC), le roi Labarnas II lance une expédition contre Babylone qu’il détruit (vers 1595), il annexe en même temps le royaume mésopotamien des Hourrites. A son retour, il se rebaptise Hattusili Ier, et fonde à Kushshar un royaume dont le cœur se trouvait dans la boucle du fleuve Halys (Kizil Irmak aujourd’hui). Grâce à l’usage des chevaux, qui font la suprématie de leur armée, les Hittites ne cesseront d’agrandir leur territoire.

A partir du 15ème siècle av JC (début du Nouvel Empire), ils dominent ainsi toute l’Anatolie centrale, étendant leur hégémonie des rives de l’Eupbrate à la côte égéenne et s’aventurent même jusqu’à Damas.
En 1285 av JC, Hattusili III décide d’affronter le tout-puissant Ramsès II, c’est la célèbre bataille de Kadesh où il n’y a aucun vainqueur, il en résulta un pacte de non-agression, Hattusili III accorda la main de sa fille à Ramsès il et signa avec lui le premier traité de paix de l’histoire (1278 av JC) qui fixait le partage de la Syrie. Une période de paix et de prospérité s’en suivit.
L’Empire hittite évolua ensuite en un Etat quasi féodal. Pour subsister, une caste de guerriers privilégiés, qui devait son ascension au progrès des techniques militaires, reçut du roi des fiefs, vastes domaines qui devinrent rapidement de véritables principautés indépendantes. L’empire, ainsi affaibli dans son unité, fut détruit vers 1100 par l’invasion des peuples de la Mer, venus d’Europe. Les populations hittites, fuyant vers le sud-est, furent progressivement assimilées, mais des cités-États néo-hittites se maintinrent au sud-est (tel Karatepe) et à l’ouest de l’Empire, le long de l’Anti-Taurus, avant d’être absorbées par l’Assyrie au VIIe siècle.

Le système économique sur lequel reposait la civilisation hittite se caractérisait par le centralisme : le palais royal dirigeait, à l’aide d’une bureaucratie de scribes, toute l’économie du pays (la gestion du domaine privé du roi, celle des temples et celle des institutions privées). Ainsi se mit en place dès le XIVème siècle un système caractéristique du despotisme oriental, où même le commerce est contrôlé par le palais royal, et où l’ensemble de la vie sociale est dirigé par une bureaucratie liée au roi par serment et soudée par des règles de fonctionnement hiérarchique très précises.
La richesse des Hittites provenait en partie du commerce du bronze. Les principales mines de cuivre du Moyen-Orient se trouvaient en effet près de Kanesh. Si l’extraction du cuivre était gérée par des marchands assyriens, sa transformation était réalisée sur place par des forgerons probablement hourrites et organisés en caste. C’est d’ailleurs aux forgerons de Syrie du Nord que l’Empire hittite dut une grande partie de sa puissance, car ils découvrirent au XIIIème siècle av JC. la carburation du fer, qui rend ce métal plus dur et moins cassant que le bronze en le transformant en acier : le monopole des armes en acier sera la base principale des succès militaires hittites.

La période hittite ancienne

1750 à 1200 av JC

Vers la fin de la période des colonies marchandes assyriennes, le roi Anitta entreprend d’unir les cités-royaumes hittites d’Anatolie et fonde le premier Etat centralisé. Après le départ des marchands assyriens, Hattushil Ier déplace la capitale de Nesha (Kanis) à Hattuscha (Bogazköy). Dans la deuxième moitié du IIème millénaire av JC, sous le règne de Shuppiluliuma Ier, le royaume hittite se renforce et se transforme en Empire, il forme alors avec l’Egypte et le royaume de Babylone la troisième puissance politique de l’Asie antérieure. L’art du royaume hittite ancien est en grande partie lié à la tradition anatolienne, la céramique maintient, pour la technique et la forme, la tradition mise au point par les colonies marchandes assyriennes.


Récipient à une anse contenant le symbole de l’aire sacrée (8.4 cm) Eskiyapar, XVIIème, XVIème siècle av JC; Récipient en forme de grappe de raisin 14 cm Bogazköy, XVIIIème av JC; Rhyton (vase à boire rituel) 14.5 cm (Kültepe 19ème siècle av JC)

Les rhytons (vases à boire rituels) sont fabriqués avec un soin particulier, beaucoup prennent la forme du taureau; Rhyton en forme de taureau, dieu de la tempête (90 cm) Bogazköy, XVIème av JC; Rhyton en tête de taureau 15.8 cm (Tokate XVIIème, XVIème siècle av JC)

Statuette en bronze (11.4 cm) d’un dieu en train de marcher qui porte le traditionnel chapeau pointu des Hittites, XVIème, XVème siècle av JC.
Bas-relief (225 cm) du dieu de la guerre Calcone provenant de la porte royale de Bogazköy, XIVème – XIIIème siècle av JC. Le dieu, à l’allure martiale, coiffé d’un casque et armé, barre l’entrée de la ville aux êtres néfastes. Toutes les murailles entourant la ville sont percées de portes ornées de sphinx, de lions, de dieux.
Les temples hittites de Bogazköy ont tous une cour entourée de pièces et de portiques. La statue du dieu se trouve dans la cella mais le culte est exercé en plein air.

Tablette cunéiforme en terre cuite (26.5 cm), Bogazköy, XIVème – XIIIème siècle av JC. Le texte en hittite décrit une cérémonie de sacrifice; Prêtre habillé d’un long manteau conduisant des animaux. Alacahöyük, XIVème siècle av JC; Roi et reine priant sur l’autel devant le taureau, Alacahöyük, XIVème siècle av JC.

La période hittite récente

1200 à 700 av JC

Les invasions des peuples de l’Egée mirent fin à l’Empire hittite déjà affaibli. La ville de Bogazköy fut incendiée et détruite. Les Hittite se réfugièrent dans les régions montagneuses du Taurus et y fondèrent les dernières principautés hittites sans pouvoir recréer l’unité politique. Vers 700 av JC, la civilisation hittite disparut suite aux attaques assyriennes. L’art de cette période se manifeste par une conjugaison de l’architecture et de la sculpture. Les portes des murailles et les façades des palais sont recouvertes de magnifiques orthostates : panneaux de pierres dressées composant de longues frises de bas-reliefs. Empruntés aux Assyriens, ce mode d’ornementation architecturale perdura pendant près de 7 siècles.

Char de guerre qui piétine un ennemi, mise à part la coiffure, cette oeuvre est inspirée de l’art assyrien (Karkemish basalte, hauteur : 175 cm, VIIIème siècle av JC). Karkemish était la capitale du plus important royaume néo-Hittite après l’effondrement de l’Empire.
Deux soldats tuent un prisonnier en lui enfonçant un couteau dans le crâne (760 av JC)

Sphinx à tête d’homme et de lion (Karkemish, basalte, hauteur : 134 cm, XIème siècle av JC).

Soldats casqués partant à la guerre (Karkémish, basalte, hauteur: 130 cm, VIIIème siècle av JC); Scène de musique (lyre et flûte) accompagnée de danses VIIIème siècle av JC).

Gens de la Cour et soldat (Karkemish, basalte, hauteur : 111 cm, VIIIème siècle av JC); A gauche : inscriptions en hiéroglyphes (Karkemish, basalte, hauteur : 111 cm, VIIIème siècle av JC), A droite : le roi Araras et son fils Kamanas (Karkemish, basalte, hauteur : 115 cm, VIIIème siècle av JC; A gauche : les enfants du roi Araras (Karkemish, basalte, hauteur : 119 cm, VIIIème siècle av JC), A droite : l’épouse du roi Araras avec son fils dans les bras et tenant un animal en laisse (Karkemish, basalte, hauteur : 115 cm, VIIIème siècle av JC

Statue du roi Tarhunza (Malatya, calcaire, hauteur : 318 cm, VIIIème siècle av JC). La chevelure bouclée, la barbe, le vêtement, les sandales à grosses semelles dénotent une influence assyrienne; Bas-relief de la déesse Kubaba (Karkemish, basalte, hauteur : 82 cm, XIème siècle av JC). La grenade et les cornes permettent d’identifier la déesse.

Les Phrygiens

1200 à 700 av JC

Les Phrygiens pénètrent au début du XIIème siècle av JC en Anatolie où ils détruisent toutes les grandes villes, ils fixent leur capitale à Gordion, ville puissamment fortifiée. L’apogée du royaume phrygien se situe dans la seconde moitié du VIIIème siècle av JC. Au début du VIIème siècle, le royaume s’affaiblit avec l’invasion des Cimmériens, puis il tombe sous le joug des Lydiens. L’invasion perse, vers 550 av JC, marque la fin des Phrygiens.
Les Phrygiens enterraient leurs morts dans des chambres funéraires en bois de cèdre, couvertes de terre, de façon à former un tumulus. De riches présents étaient déposés dans la tombe, près de l’urne qui contenait les cendres du défunt. Les plus grands tumuli se trouvent à Gordion, le plus important est celui du roi Midas, il a 50 mètres de hauteur et 300 mètres de diamètre. Dans ce tombeau, se trouvaient des panneaux de bois sculptés, sur des trépieds de grands chaudrons de bronze remplis de récipients plus petits : petits chaudrons, coupes, louches…, de nombreuses fibules de bronze. Seuls 25 tumuli ont été fouillés sur la centaine qui se trouve aux environs de Gordion.

Petit chaudron (hauteur : 16 cm) avec sa louche en bronze. Gordion, Grand tumulus, VIIIème siècle av JC; Rhyton en tête de bouc. Bronze, Gordion, Grand tumulus, fin VIIIème siècle av JC; Rhyton en forme de chèvre appartenant à un enfant de la famille royale. Terre cuite, Gordion, tumulus P, fin VIIIème siècle av JC.

Grande poterie (42 cm) à 4 anses décorée d’animaux peints. Alisar, VIIIème siècle av JC; Terre cuite (30cm) appartenant à un enfant de la famille royale, fin VIIIème siècle av JC. Gordion, Tumulus P; Récipient à long bec verseur, terre cuite. Gordion, tumulus W, début du VIIIème siècle av JC; Récipient à bec verseur (14 cm). Bronze, Gordion, Grand tumulus, fin du VIIIème siècle av JC.

Fibules. Bronze, Gordion, Grand tumulus, fin du VIIIème siècle av JC.

Détail (deux guerriers) d’un paravent en marqueterie de bois, VIème siècle av JC; Lion, andézite (110 cm), Ankara, fin VIIIème siècle av JC.

Cybèle, calcaire (126 cm), Bogazköy, milieu VIème siècle av JC. La déesse est entourée de deux musiciens, l’un jouant de la flûte et l’autre de la lyre. Les plis du vêtement et les traits archaïques du visage de la déesse-mère (symbole de fécondité) montrent une influence grecque.

Les Ourartéens

900 à 600 av JC

Les Ourartéens fondèrent un Etat autour du lac de Van au début du 1er millénaire av JC. Cet Etat fut anéanti par les Mèdes et les Scythes vers 600 av JC. Les Ourartéens ont prouvé leur habileté dans la construction de leurs palais et temples, les adaptant à la configuration géographique de la région. Ils ont élevé des édifices monumentaux avec des blocs de pierre de 20 à 25 tonnes. Ils ont utilisé, sur des fondations de pierre, des structures en bois défendues par des murailles comportant de nombreux bastions. Dans le domaine de l’art, les peintures murales, de couleurs vives sont remarquables, les motifs les plus fréquents sont des compositions géométriques ou florales, des griffons ou sphinx ailés de part et d’autre de l’arbre de vie, des dieux montés sur des animaux sacrés, des scènes animalières. Le travail du bronze est une autre caractéristique de cette civilisation : casques, boucliers, plaques votives, ceintures et surtout chaudrons décorés de figures animales ou humaines qui ont été exportés en Phrygie, en Italie, en Grèce continentale.

Chaudron en bronze (51 cm) sur trépied (66 cm), avec 4 têtes de taureaux à la place des poignées. Altintepe, début du VIIème siècle av JC; Chaudron décoré de têtes humaines.

Plaque votive en bronze (15,7 cm), VIIème siècle av JC; Ils ont utilisé plusieurs types de sceaux et ont introduit l’usage du cylindre-sceau. Cylindre-sceau en stéatite (silicate naturel de magnésie), hauteur : 2,2 cm, Patnos, VIIIème siècle av JC.

Statuette (10 cm) de lion assis. Ivoire, Altintepe, VIIIème siècle av JC; Griffon ailé (12,4 cm). Ivoire, Altintepe, VIIIème siècle av JC.

Bloc de pierre avec de l’écriture cunéiforme. Deux lions s’affrontent, surmontés d’un dieu ailé (Teishaba, dieu de la tempête). Forteresse de Kef, VIIème siècle av JC; Vase peint à figure humaine (14.6 cm) Patnos, IXème siècle av JC; détail du vase

Les civilisations anatoliennes

Après le VIIème siècle av JC.

Les migrations doriennes, dès le IIème millénaire av JC, marquent le début des premières colonies grecques en Anatolie occidentale. On peut alors distinguer plusieurs périodes artistiques :
– la période protogéométrique (1100 – 950 av JC) : céramiques faites au tour de potier et décorées de motifs réalisés au compas.
– la période géométrique (950 – 650 av JC) : abandon des cercles pour des motifs angulaires.
– la période archaïque (600 – 480 av JC) : en céramique on fabrique des vases à figures noires et rouges.
– la période classique (580 – 334 av JC) : style gréco-perse
– la période hellénistique (330 – 30 av JC)
– la période romaine (30 av JC – 395 ap JC)
Toutefois, le musée d’Ankara n’expose pas les objets de cette période dans l’ordre chronologique mais suivant la matière dans laquelle ils ont été réalisés.

  • Les objets en pierre
  • La céramique
  • Le bronze
  • L’or
  • Le verre
  • La terre cuite

Les objets en pierre

Chapiteau ionien au lion, tombeau de Mykos. Calcaire, Ankara, Vème siècle av JC; Tête de tyran en marbre (27 cm), Karadeniz Ereglisi, 530 av JC; Tête de femme en marbre (40 cm), Ankara, 2ème siècle av JC.

Soldat, marbre (92 cm), Eskisehir, époque romaine; Statue de Hygeia, déesse de la santé Marbre (92 cm) Eskisehir, époque romaine.

La céramique

Vase à figures rouges (30 cm) Sinop, Vème siècle av JC; Amphore (31 cm) Kültepe époque hellénistique; Le chasseur, sur son cheval cabré, porte des vêtements de style oriental. Le col du vase est décoré d’écailles de poisson et de branches entrelacées.

Le bronze

Tête d’homme en bronze (37 cm) Maras, IIème siècle (époque d’Hadrien); Statuette d’Aphrodite (12 cm) Kirsehir époque romaine; Buste de Trajan en bronze (63 cm de diamètre) Ankara, IIème siècle.

L’or

Boucle d’oreille en or émaillé (2,5 cm de diamètre) IVème siècle AV JC; Boucles d’oreille en forme de pigeon (hauteur: 3,2 cm) IVème siècle av JC; Boucle d’oreille au sphinx (hauteur : 2,1 cm) Isparta IIIème siècle av JC.

Le verre

Il a commencé à être produit en Mésopotamie vers le milieu du IIème millénaire av JC. Les objets fabriqués jusqu’à la période hellénistique l’ont été par coulage, moulage ou taille (la technique du soufflage n’était pas encore découverte).

Amphore en verre (13,4 cm) (époque hellénistique); Flacon à parfum (6 cm) IIème siècle

La terre cuite

Statuette de Cybèle en terre cuite (hauteur : 14,5 cm) Gordion, époque hellénistique.

1 commentaire pour “Musée des Civilisations Anatoliennes d’Ankara : de l’Anatolie à la Turquie …”

  1. Quid des traces de plus de VII siècles de présence celte attestée en Anatolie avant de se fondre dans les Turcs à partir du XIème siècle? Galatie (d’où vient Galata Saray) avec pour capitale Ankyre (Ankara).

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