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Grottes en Croatie : dans les entrailles de la terre et du karst

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grotte de vrelo a fuzine

Que diriez-vous de vous accorder un moment à part lors de vos vacances en Croatie? Et si vous exploriez l’une des grottes cachées dans les massifs karstiques du Velebit ou de l’Istrie, pour y croiser peut-être une créature étrange et qu’on ne trouve que dans les cavités des Alpes juliennes et dinariques? Il y a des rencontres dont on se souvient pour leur rareté.. Faire connaissance avec le proteus anguinus, être vivant très particulier, longtemps considéré comme la preuve de l’existence des dragons…

Les touristes préparant leur futur (premier?) séjour en Croatie en itinérant recherchent souvent des activités incontournables dont on parle partout dans les guides de voyage, sur les forums et les réseaux sociaux. Pourtant, on a tout à gagner à sortir des évidences et se montrer curieux en voyage en Croatie.

Ce n’est pas en Croatie que j’ai fait la connaissance du proteus pour la première fois, mais dans l’une des plus belles grottes d’Europe à Postojna en Slovénie, où le proteus, a eu même droit à son musée dédié. Surnommé “salamandre des grottes” ou “poisson humain”, cet être vivant cavernicole que l’on ne trouve que dans les grottes karstiques dinariques en particulier en Slovénie et en Croatie est fascinant.

(*) Le karst est le nom donné à la roche érodée par l’eau.

rencontrez le proteus des balkans, le “dragon” du karst, UNE ÉTRANGE ET RARE CRÉATURE

De son nom français protée anguillard, le proteus est unique et rarissime et ne se trouvait et se reproduisait que dans les grottes jusqu’à ce que des scientifiques mènent en 2016 l’expérience de sa procréation assistée dans un aquarium en Slovénie.

Plus qu’un animal, le proteus est une énigme, vivant à l’abri dans le silence et l’intense obscurité des grottes parfois pendant plus de 100 ans. Ne vous fiez pas à son apparence ou sa taille, il s’agit d’un redoutable prédateur. Peut-être le pire dans les grottes. Et si en définitive, plus encore que l’ours brun, le proteus anguinus, espèce endémique des Balkans, était l’animal le plus typique de la Via Dinarica ?

Depuis des millions d’années, le proteus anguinus défie des conditions improbables, vit dans les entrailles des grottes, exclusivement dans les zones aquatiques, contrairement à d’autres familles d’amphibiens. Selon des légendes croates comme slovènes, les habitants des régions montagneuses vivant près des grottes étaient effrayés et ne pénétraient jamais dans les gouffres et cavernes à cause de ce curieux être vivant. Le proteus était la preuve de l’existence de dragons menaçants, selon eux. Ils étaient convaincus que ces créatures, qui parfois pouvaient surgir à l’extérieur des grottes à la faveur de grandes crues, étaient des bébés dragons.

proteus anguinus

Sa spécificité est d’être aveugle et d’évoluer donc grâce à ses autres sens comme l’odorat et le toucher grâce auxquels il se repère. Son apparence est peu séduisante ou du moins intrigante. Il nage en ondulant son corps, à l’instar des serpents ou des anguilles, et ses fines pattes presque invisibles semblent peu utiles. A tort.

Son mode de vie grégaire est assez peu connu des biologistes. Les mâles et les femelles ont tendance à vivre chacun de leur côté, dans les replis rocheux, sous les roches et à l’intérieur des fissures, où ils peuvent se mettre à l’abri d’agressions d’autres occupants des grottes. La vie dans de telles profondeurs et dans une complète obscurité explique pourquoi le proteus a une peau totalement blanche et parfois même transparente et des yeux invisibles recouvert de peau. Ces quelques informations glanées à la sortie de la grotte de Postojna il y a plus de 23 ans et lors de ma visite du musée du proteus, m’ont donné envie de m’intéresser davantage à cet animal, croisé dans la plupart des grottes que j’ai visitées depuis en Slovénie et en Croatie.

Au-delà de sa capacité à dépasser tous les obstacles liés à sa cécité grâce à ses récepteurs sensoriels chimiques, photosensibles, mécaniques et électriques, j’étais intriguée par l’extrême dureté de son quotidien. Il faut bien imaginer que la vie du protée est un combat de presque tous les instants pour sa survie et pour se nourrir. Un combat coûteux en énergie quand on sait que la rareté de la nourriture et de son renouvellement à certaines périodes, oblige les protées à s’affronter parfois jusqu’à la mort pour quelques insectes, crabes ou gastéropodes croisés sur leur chemin.

Leur métabolisme s’est adapté à ces conditions et stocke les ressources liées à la nourriture ingérée. Les spécialistes affirment que des protées pourraient survivre pendant au moins dix ans lors des périodes de disette alimentaire. C’est dire ce que le proteus a su s’adapter à son environnement hostile avec des aptitudes peu imaginables pour l’observateur néophyte.

Arrivés à maturité sexuelle autour de ses 15 ans, les proteus mâles s’avèrent encore plus redoutables en période de reproduction, puisqu’ils doivent à la fois défendre leur territoire et tout mettre en oeuvre pour attirer le plus de femelles possible, en âge de procréer. Peu de choses distinguent les mâles et les femelles visuellement, y compris pour des yeux avisés de spécialistes.

En revanche, lors de la période de reproduction, les mâles se repèrent enfin à leurs cloaques gonflés, leurs nageoires légèrement enroulées et à une peau très brillante, alors qu’il n’y a pas de transformation physique chez les femelles. Ovipare, chaque femelle pond jusqu’à 70 oeufs, qui mettront environ 140 jours pour arriver à l’éclosion et à l’apparition de têtards. En un mois environ, ces têtards se métamorphoseront en larves et prendront leur apparence définitive.


Dans quelles grottes croates admirerez-vous des proteus anguinus?

Maintenant que vous avez fait connaissance avec le proteus, où pourrez-vous l’observer dans son milieu naturel dans les grottes en Croatie? Le proteus, c’est une sorte de rencontre de l’extrême et rien ne vaut de jouer les spéléologues pour l’appréhender et l’observer dans son milieu naturel… Bien sûr, on peut déjà l’observer dans les grottes, où quelques spécimens sont exposés pour satisfaire la curiosité des visiteurs amateurs.

Si vous vous laissez tenter par une expérience spéléologique, non seulement, vous défierez les labyrinthes des cavités karstiques, le dénicher dans les failles et les rivières souterraines que comptent la Croatie. Si les grottes de Slovénie sont plus impressionnantes et recherchées par les touristes lors de leur séjour dans la “petite Suisse des Balkans”, les grottes d’Istrie, du Velebit nord et de Dalmatie du nord révèlent aussi des univers d’une grande richesse.

Ce goût des univers souterrains, des profondeurs, des mystères et des défis que la Terre offre en Croatie suppose d’être un bon expert en spéléologie. Renseignez vous auprès des associations de spéléologie en Croatie pour vous adonner à un tel voyage dans un gouffre comme celui de Lukina Jama–Trojama ; la grotte la plus profonde explorée à ce jour en Croatie ( mètres). Il existe néanmoins quelques visites de grottes, où l’on propose des initiations et des mini expéditions dans les entrailles croates. La grotte de Cerovačke pećine en faisait partie, mais elle est fermée au moins jusqu’à 2021.

En revanche la grotte Špilja Modrič près de Zadar invite les visiteurs les plus motivés à une immersion de 2h30 dans la grotte pour ne pas jouer juste les observateurs, mais pour la découvrir de façon plus active. Vous apprécierez aussi la grotte de Baredine près de Porec ou la grotte de Strašna peć sur l’île de Dugi Otok, qui sont très faciles d’accès.

Parmi les évidences si vous aimez explorer des grottes sans forcément vous lancer dans une expérience de spéléologie poussée, je vous recommande la grotte de Barac, située à 15 km environ de Plitivcka Jezera près de Rakovica. Peut-être avez eu la curiosité de découvrir la grotte de Šupljara au coeur même du parc national de Plitvice ou le site géologique de Karlovci, entre roches, gouffres et grottes de dolomites et de calcaire vieilles de plus de 160 millions d’années à l’époque du Jurassique, que l’on déniche sur le sentier de Čorkova uvala dans la forêt tropicale. En complément, Baraćeve špilje constitue une excursion très agréable dans les environs de Plitvice, si vous voulez terminer votre journée en Lika, après votre visite des lacs.

grotte de barac près de plitvice

Les grottes du Gorski Kotar sont parmi les beautés naturelles incontournables dans la région de l’arrière pays de Rijeka. Ce Gorski Kotar est le carrefour assez sauvage et peu peuplé, entre le Kvarner côté Adriatique et la Lika senj, marquée par les massifs dinariques du Velebit. Pourtant, la grotte Vrelo à Fužine, qui se révèle plus spectaculaire grâce à des éclairages colorés, la grotte de Bukovac près de Lokve ou la grotte la plus grande, mais peut-être la plus difficile d’accès, Hajdova hiža Drgomalj et la grotte de Lokve ne sont pas si connues et donc peu touristiques par rapport à d’autres attractions de la nature en Croatie.

grotte de vrelo a fuzine
Grotte de Vrelo à Fuzine

Ne manquez pas la grotte Lokvarka  est une jolie étape dans ce que les croates considèrent comme le royaume des grenouilles. A Lokve, on repère l’une des plus grandes concentrations de ces amphibiens, qui sont très présents aussi sur la rivière Cetina, la rivière Neretva et la rivière Sava, où les habitants les consomment comme un mets royal! D’ailleurs, Lokve a créé un musée des grenouilles pour leur rendre hommage.

Des grenouilles au protée, il n’y a donc que quelques pas… La grotte de Lokve est l’occasion de les faire pour le plaisir d’un voyage souterrain réjouissant. Découverte en 1912, électrifiée en 1935, la grotte de Lokve, déterminante dans le développement du tourisme local, est devenue la plus grande grotte aménagée pour les touristes en Croatie.

Une belle mise en lumières dévoile quelques unes de ses spécificités. Un seul regret, le circuit est trop court, il ne parcourt que 1179 mètres dans la grotte à 275 mètres de profondeur, dans une température ambiante entre 6 et 8° ce qui en été, est une bonne idée de rafraîchissement.

grottes de lokvarka
Sandrine Monllor (Fuchinran)

4 commentaires sur “Grottes en Croatie : dans les entrailles de la terre et du karst”

  1. Vous pouvez en voir en France ! A la Grotte de Choranche, dans le Vercors en Isère. Ils sont élevés en aquarium dans le cadre d’un programme de préservation de l’espèce. C’est un animal tout à fait fascinant !

  2. Sandrine Monllor (Fuchinran)

    Tu as raison Sylvie. ça n’est possible pour l’observer qu’avec des experts et quand on a un bon niveau de spéléologie… Il y a des supers spécialistes en Croatie dont ceux qui ont étudié l’évolution du proteus dans Lukina Jama … Ils sont allés jusqu’à 1400 mètres sous la terre, c’est impressionnant et quand ils racontent, on se rend compte encore difficilement de ce que ça représente… En revanche dans les diverses grottes, ils montrent en général des protées … pour qu’on puisse se représenter déjà physiquement à quoi ils ressemblent…

  3. je ne pensais pas qu’on avait l’autorisation d’aller dans les endroits où il vit, c’est une espèce protégée je crois. en même temps il faut avoir de bonnes notions de spéléo pour le faire donc c’est pas à la portée de tous et là les tongs sont in-ter-di-tes

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