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Prokofiev était-il stalinien ?

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Le documentaire diffusé sur Arte le lundi 26 avril, « Serge Prokofiev, « le journal inachevé », nous laisse avec un goût…d’inachevé ! Il faut dire qu’il accorde une large part à l’interview commune du fils et du petit-fils du compositeur. En apparence, Prokofiev s’est laissé séduire par les sirènes du Stalinisme alors qu’au contraire l’autre Sergueï, à savoir Rachmaninov, ainsi que Stravinsky avaient opté définitivement pour la vie à l’Ouest. Pour autant, il est difficile de trancher la question. Ironie du sort quand même : Sergueï Prokofiev est mort le même jour que Staline !

Le chanteur Sting a adapté « Lieutenant Kijé » et en a fait « Russians », une chanson manichéenne peu conforme au compositeur qui ne l’était pas et qui créait à mille lieues de la politique.

« Back in USSR« 

Pourquoi Prokofiev a-t-il choisi de revenir en URSS qu’il avait fuie en 1918, au lendemain de la révolution d’Octobre ? Le documentaire ne lève pas vraiment le voile sur ce mystère.
On sait seulement que Prokofiev, qui avait réussi à se faire un nom aux Etats-Unis en tant qu’interprète lors de ses récitals à succès, se sentait frustré. Frustré, mais de quoi ? « d’être arrivé trop tôt », aurait-il dit. Sa musique avait en effet vingt années d’avance. Frustré par l’Occident qui tardait à lui réserver une place ? Sans doute quand on sait le caractère impatient du personnage, et son côté peu accommodant qui attirait des foules d’admirateurs mais peu d’amis.
Une musique pas facile non plus aux oreilles du commun – audacieuse et anti romantique – qui ne l’aida pas. Il faut dire aussi qu’il aimait à s’affranchir des règles harmoniques et rythmiques à l’instar d’un Richard Strauss qui lui aussi s’opposait aux disciplines de son époque.
Sa liberté le guidait et il avait une intuition pour le rythme.
Le documentaire d’Arte avait pour ambition de lever le voile sur ces 18 années passées en Amérique du Nord et en Europe.
Prokofiev rejoindra l’URSS en 1933. Mais à peine reconnu citoyen soviétique en 1937, il perd le droit de se rendre à l’Etranger pour se produire après 1938. Il doit alors composer des oeuvres plus conformes aux exigences du régime comme les musiques des films « Alexandre Nevski » et « Ivan le Terrible » du cinéaste propagandiste Eisenstein.
Mais cela ne suffira pas à calmer le parti qui procède à l’épuration des artistes jugés trop cosmopolites et pratique la censure de ses oeuvres.

Prokoviev à la fois honoré et persécuté

Prokofiev composa sous les contraintes fortes du régime des oeuvres malgré tout grandioses et demeurées célèbres : « Pierre et le Loup », « Roméo et Juliette », « Alexander Nevsky« , l’opéra « Guerre et Paix », les symphonies 5-6-7, plusieurs sonates pour piano.
Les purges staliniennes n’épargneront pas sa femme Lina qui sera envoyée en camp de travail parce qu’elle est étrangère. Elle restera huit années au goulag avant de pouvoir regagner l’Ouest.
Prokofiev meurt le 6 mars 1953 quelques heures avant Staline. Ses notes laissent penser qu’il aurait composé des oeuvres librement en URSS se réjouissant qu’on les ait prises pour des odes au communisme. Mais Prokofiev produira aussi des œuvres sans intérêt à la gloire du régime qui lui valent le Prix de l’ordre de Staline en 1942 et le statut d’Artiste du Peuple de la République socialiste fédérative soviétique de Russie en 1947.
Alors, Prokofiev libre ou docile ? Saura-t-on un jour la vérité ? Et qu’est-ce ici que la vérité ?

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