Comme moi, sûrement n’aviez-vous jamais entendu le nom d’Ernst Lossa avant aujourd’hui? Tiré du livre éponyme publié en 2008, le film historique Nebel im August (Brouillard en août) sorti en septembre 2016 en Allemagne raconte l’histoire tragique de l’un de ces enfants : Ernst Lossa assassiné à 14 ans en 1944 sous couvert d’euthanasie par le régime nazi comme plus de 10 000 enfants et 8000 bébés et nourrissons, et environ 200 000 allemands.
La Bavière fut une terre de prédilection pour les ignominies des dignitaires du IIIème Reich qui avant de s’en prendre aux Juifs dans les camps de concentration a rodé un système d’élimination des populations jugées « improductives » ou « inutiles » dans toute l’Allemagne… Ce film classique et touchant lève le voile sur une page d’histoire souvent méconnue voire encore tabou…
Ernst Lossa ; un symbole de la tragédie du programme d’euthanasie du IIIème Reich
Nebel im August évoque la tragédie de l’un de ces enfants : Ernst Lossa décédé à 14 ans un 8 août 1944 dans l’établissement bavarois de Kaufbeuren qui aurait tué de la sorte plus de 2400 enfants. Son crime? Etre orphelin de mère (avec ses deux soeurs), avoir un père nomade et issu de la communauté yéniche (Jenischen), assimilée aux tziganes et Rroms en raison de son mode de vie nomade. Autant dire que ses origines condamnaient presque à coup sûr cet enfant livré à des institutions allemandes qui voyaient en lui un coût inutile à supporter pour l’Allemagne et un ennemi de la race pure.
Ce garçonnet de 10 ans débrouillard, à la grande force de caractère et dont la maturité et la lucidité en faisaient presque un adulte avant l’heure, fut d’emblée catégorisé comme « bâtard tziganes » et fut l’un des milliers d’enfants assassinés sous couvert d’euthanasie. En dépit d’une santé robuste, il fut donc dès ses 10 ans envoyé dans une maison de correction à Dachau, avant d’être jugé irrécupérable et condamné à terme. C’est pourquoi il fut jugé « psychopathe asocial » afin d’être admis dans un institut psychiatrique, où son élimination serait inéluctable.
Qui sont les yéniches?
Il s’agit d’un groupe ethnique semi-nomade présent en Europe centrale, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, mais aussi en Hongrie, en Serbie et dans les pays baltes et en Alsace dans une moindre mesure. En Allemagne, on compte aujourd’hui 200 000 yéniches dont 120 000 en Bavière. Si la moitié sont totalement sédentaires, le reste de la communauté est semi sédentaire et environ 30 000 demeurent toujours nomades et se déplacent toute l’année en caravane.
Les Yéniches restent souvent marginalisés compte tenu de leur langue, leurs traditions et leur culture propres. Leurs modes de vie sont rudes et peu ouverts sur les autres communautés malgré des mariages mixtes ayant assimilé des influences extérieures et leur organisation autour de clans familiaux explique l’évolution en vase clos. Leur origine est mal définie et pourrait varier selon les pays. Ils pourraient provenir de groupes de commerçants itinérants juifs (Chochemer), même si certains affirment descendre des Celtes.
Pour en savoir plus sur les yéniches
Le programme d’euthanasie élaboré par les nazis sous le nom d’Aktion Brandt, ultérieurement renommé en 1945 Aktion T4, concernait des malades mentaux, neurologiques ou présents depuis trop longtemps en institutions, d’handicapés divers et variés, d’invalides, et même des anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Sans compter plusieurs milliers d’enfants et d’orphelins pourtant en santé mais considérés comme des « mangeurs inutiles ».
Un film utile et touchant malgré une réalisation trop classique
Depuis l’excellent film La Chute, qui éclaire avec justesse et réalisme les dernières heures précédant la mort d’Hitler, la nouvelle vague du cinéma allemand a commencé à explorer de multiples aspects douloureux et souvent méconnus, en lien avec le IIIème Reich depuis l’ascension au pouvoir d’Hitler jusqu’à la 2ème guerre mondiale et aux procès à l’encontre des nazis dans l’après-guerre. Toutes les oeuvres ou presque sont caractérisées par un vrai souci critique et une appréciable rigueur historique. Nebel im August : l’histoire d’Ernst Lossa n’y échappe pas.
Comme souvent, les films historiques allemands de la dernière décennie portant sur l’histoire de l’Allemagne se collettent à une réalité brutale, amère, crue et la révèlent sans chercher à la farder pour la rendre plus acceptable ou spectaculaire. Peu ou pas de pathos ici.
La réalisation de Kai Wessel se veut académique, trop sûrement, et joue beaucoup sur l’expressivité des visages, des images, des décors, des couleurs chaudes de l’été dans des paysages finalement presque bucoliques, qui contrasteront peu à peu avec la froidure et l’ignominie des missions d’euthanasie. Subtilement, après un début de film presque chaleureux, l’horreur s’incorpore dans les paysages et les lieux, quand les morts s’accumulent. Ces morts auraient en définitive pu sembler naturelles si elles n’avaient pas été si fréquentes et résulté d’un projet implacable où l’arbitraire a toute sa place comme le comprendra bientôt Ernst Lossa.
Le film n’échappe pas à quelques clichés. Les personnages d’adultes sont-ils de simples exécutants ou agissent-ils par idéologie car ils sont convaincus par les ordres de Berlin? La question demeure longtemps à l’esprit du spectateur comme du lecteur. Mais, chose appréciable, cette oeuvre évite l’écueil du moralisme et du manichéisme, même si les crimes décrits ne peuvent qu’inspirer le plus profond écoeurement et l’incompréhension. L’euthanasie est montrée sans qu’elle soit expliquée. Les actes, seulement les actes! Aller à l’essentiel aussi pour éviter les circonvolutions.
L’empathie envers le héros, incarné avec conviction par Ivo Pietzcker, et à l’égard de tous les autres enfants présentés est assez spontanée, mais elle ne l’emporte pas sur le développement du contexte historique et les réflexions soulevées chez le spectateur. Les expressions faciales d’Ivo Pietzcker donnent une épaisseur supplémentaire à son personnage. Son destin en fait un résistant, un survivant.
S’il se veut à la fois témoin et acteur donc élément névralgique de l’intrigue, Ernst Lossa trace néanmoins un fil conducteur vers tous ces petits êtres qu’on croise ou qu’on imagine, sans renoncer à une once d’espoir. Pour rendre l’histoire plus supportable, le scénario n’échappe pas à la tentation de ponctuer quelques scènes de messages positifs, à travers les amitiés et les solidarités qui émergent dans ces lieux sordides, où l’enfance n’est pas un bien précieux qu’on protège pour l’avenir mais un poids dont on cherche à se débarrasser.
L’institution psychiatrique du monastère d’Irsee est aussi scrupuleusement reconstituée grâce à un travail reposant sur de nombreuses années passées à éplucher les archives. Et on ne peut qu’apprécier cet accès assez pédagogique à un épisode d’histoire pourtant peu abordé dans les manuels scolaires. Tandis que l’idéologie nazie n’est quasiment pas exprimée, les faits et les actes sont suffisamment décrits et détaillés pour que le spectateur comprenne l’essentiel de ce programme d’euthanasie qui n’échappe pas à Ernst Lossa.
Pourtant, Soeur Sophia dont le rôle est tenu par Fritzi Haberlandt, rassure presque sur l’humanité en tentant de sauver certains enfants. En vain. Très bien jouée par Henriette Confurius, Edith Kiefer, l’infirmière en chef, religieuse et froide empoisonneuse, tel un ange de la mort, renforce le malaise durablement. En revanche, plusieurs personnages dont les rôles sont plus ambigus comme le calculateur médecin-chef Dr. Veit Hausen, auraient gagné à être plus fouillés et travaillés, à mon sens, en dépit de la prestation troublante de Sebastian Koch.
Procès des médecins : A noter que le Docteur Valentin Faltlhauser, psychiatre éminent à la tête de l’institution d’Irsee a été jugé pour son rôle et a été seulement condamné à 3 ans de prison. Ironie du sort, après avoir obtenu plusieurs reports pour son exécution, Faltlhauser fut gracié en 1954 par le ministre bavarois de la Justice au prétexte d’un état de santé ne permettant pas la détention.
Une majorité des 2000 médecins, 40 000 infirmières et personnels variés auraient participé à des degrés divers dans toute l’Allemagne à ces euthanasies. 350 seulement se défendirent devant les procès d’après-guerre en arguant qu’ils n’avaient fait qu’exécuter des ordres de leurs supérieurs et n’avaient pas d’autres choix. Seuls 40 médecins seront condamnés, de même que 200 membres du personnel administratif, fonctionnaires ou employés municipaux de certaines villes impliqués.
L’endoctrinement mêlant eugénisme et darwinisme social largement entretenu par un ouvrage comme Die Freigabe der Vernichtung lebensunwerten Lebens (L’autorisation de l’annihilation de la vie dénuée de valeur) de Karl Binding et Alfred Hoche publié en 1920, était en réalité ancien. Tout ou presque se prêtait à sa mise en place, même si le régime buta sur quelques oppositions plus juridiques que morales qui expliquent que l’Aktion T4 ne s’est officiellement déroulée qu’entre janvier 1939 et août 1941.
En octobre 1939, Hitler avait ordonné la « liquidation expresse » et l' »extension des mesures de destruction » des « vies sans valeur ». De plus en plus d’handicapés, malades mentaux et neurologiques, autres malades, déficients, aliénés, personnes frappées d’incapacité de travail, enfants et vieillards jugés « improductifs » sont visés pour que la Grande Allemagne compte sur une « communauté nationale saine ». Pourtant, dès 1929, Hitler évoquait la nécessité de « mesures radicales pour préserver la force ethnique (Volkskraft) du peuple allemand ».
Entre 1933 et 1936, des tentatives de mise en place de ces plans avaient été envisagées avec des propagandes par le biais de photos de malades mentaux dont on rappelait le coût pour la population. Pis encore, entre 5000 et 8000 bébés et nourrissons dans les centres pédiatriques Kinderfachabteilungen auraient été tués par sous-alimentation ou injections pour cause de malformations ou de maladies. L’année 1941 aurait donné lieu à l’élimination de 40 000 malades mentaux, ce qui réjouissait Goebbels dont une note dans son journal décrit la crudité du projet: « 40.000 sont partis, 60.000 doivent partir. C’est un travail difficile, mais nécessaire.«
Les spécialistes du nazisme s’entendent sur le chiffre de 200 000 à 250 000 victimes dont 10 000 enfants, puisque les catégories de malades n’ont cessé de s’élargir et les âges de victimes de s’abaisser, surtout quand l’Allemagne a commencé à sentir la défaite inévitable et exiger toujours plus d’économies pour l’effort de guerre.
Certains historiens estiment que le régime nazi aurait ainsi rodé ce que devait être la « solution finale du problème juif » si ce n’est que les éminences du IIIème Reich avaient méthodiquement démontré la nécessité de supprimer tout entrave à la pureté de la race et débuté leur eugénisme sur les allemands, ce qui permettrait de préserver la race aryenne, tout en réalisant des économies sur les soins, l’entretien et l’alimentation. A l’insu des malades et de leurs proches évidemment, le IIIème Reich a établi le programme Aktion T4.
Des meurtres déguisés sous une euthanasie au nom de la mort miséricordieuse
Le régime nazi, avec son cynisme habituel, avait justifié ce « programme d’euthanasie » auprès des allemands au nom d’une volonté de donner une « mort miséricordieuse » à des personnes en grandes souffrances, fussent-ils anciens combattants. Seuls ces « cas » là ont prêté à discussion et leur sélection fut confiée à un médecin dédié.
Le cynisme se retrouve jusque dans la dénomination des solutions alimentaires ordonnées aux malades concernés qui étaient soumis à une soupe appelée E-Kost ou Entzug-Kost : la vocation de ce « programme de sevrage » était de supprimer toutes les valeurs nutritives des aliments, le plus souvent des restes de légumes, pour aboutir à la dénutrition des patients avec pour objectif de les éliminer si possible dans un délai de moins de 3 mois. Ainsi aucune suspicion n’aurait pu renvoyer à une idée d’euthanasie. Quoi de plus normal que des malades déjà affaiblis (et surtout en temps de guerre) périssent?!
Les méthodes initiales jugées les plus efficaces car plus massives, furent les centres de gazage improvisés au début dans des camions où les malades étaient asphyxiés sous une heure environ par des doses de monoxyde de carbone. Une expérience menée sur des patients juifs dans des asiles dans le Brandebourg, tous gazés dans des camions, acheva de convaincre par son efficacité les derniers réticents.
Cependant, des témoignages de personnels d’autres asiles ou institutions recueillis lors des procès de l’après-guerre et consignés dans des archives, confirmèrent la tentation de résistance des patients qui comprenant leur sort à venir tentaient de fuir sans jamais y parvenir. La plupart subissaient donc des violences physiques sadiques avant d’être finalement gazés. Ces camions sont en outre les ancêtres et les modèles ayant inspiré les chambres à gaz, qui ont été ensuite élaborées dans le cadre de l’opération Reinhardt Aktion Reinhardt suite à la conférence de Wannsee, destinée à planifier la « Solution finale de la question juive ». Il était donc question de systématiser les procédures dans les camps de concentration et d’extermination et d’augmenter les performances de mise à mort de masse, sur toutes sortes de populations « parasites » en particulier juives, tziganes et communistes.
Si les camps d’extermination n’ont guère mobilisé d’opposants, car les rumeurs des actes attribués semblaient sûrement impensables, les suspicions soulevées dans quelques endroits comme Hadamar furent un temps suffisantes pour stopper l’usage de monoxyde de carbone dans des instituts et des camions ; les fumées générées étant trop ostensibles par les populations locales qui s’interrogeaient sur leur origine.
Ces voix en colère, malgré une faible portée, poussèrent les Nazis en charge du programme à développer de nouvelles solutions adaptées aux divers profils d’impuissants. A commencer par les « camps de repos » qui dissimulaient sous un terme bienveillant une réalité cruelle d’élimination systématique par le surdosage médicamenteux ou par le « traitement par la faim » qui ironiquement correspondait à un régime spécifique sans matières grasses (finalement peu éloigné des repas des camps de concentration) dont l’objectif était de tuer les malades sous 3 mois, sans qu’il puisse y avoir de soupçons chez les familles.
Avec leur méthodisme habituel et leur génie mortifère, les nazis implantèrent des instituts d’euthanasie qui ne s’appelaient pas ainsi bien sûr mais avaient pour unique vocation d’éliminer au plus vite les patients et des instituts intermédiaires créés pour éviter de trop laisser de traces et éviter aussi que des soupçons puissent générer de la contestation dans la population. Outre la famine estimée trop coûteuse et longue, les injections létales ont été mis en place et presque toujours privilégiées dès 1942, ainsi que d’autres méthodes plus isolées mais non moins dérangeantes … C’est ainsi qu’Ernst Lossa, le héros du film, conscient de ce qui l’attendant après avoir observé d’autres scènes avec des malades subit une injection surdosée de somnifères qui le mirent dans un état de convulsion pendant des heures, avant que sa mort soit attestée et attribuée à une pneumonie.
Effectivement, sous l’euphémisme euthanasie, se cachent souvent des meurtres de masse, des assassinats planifiés. C’est pourquoi le grand spécialiste américain d’Hitler, Ian Kershaw dont la bible sobrement intitulée Hitler est incontournable pour tout amateur d’histoire curieux d’en savoir plus sur le dictateur, évoque un « programme d’action d’euthanasie » d’euphémisme. Dans tous les cas, le terme « euthanasie » se doit d’être utilisé avec des guillemets, pour ne jamais oublier qu’il reste inadéquat et camoufle presque uniquement une ambition eugéniste.
Peu de personnes se sont élevées contre ces abjections qui ont persisté en réalité jusqu’à 1945 avec une méthodique sélection des malades (schizophrènes et nombre d’autres malades psychiatriques, syphilitiques, malades neurologiques, aliénés incarcérés ou étrangers internés …). Au début, quelques protestations de personnes isolées n’ont pas réussi à faire arrêter les euthanasies. Prudente face aux soupçons, l’Église catholique allemande a néanmoins tenté d’alerter, tout en restant assez discrète. Il faut attente une position ferme et publique de l’évêque de Münster Clemens August von Galen pour que l’information ait un plus large écho y compris à l’international. D’où l’arrêt officiel de l’Aktion Brandt à partir de septembre 1941, alors que les meurtres furent poursuivis grâce à des évolutions dans le programme pour mieux cacher les actions et les déguiser sous des méthodes moins.
Désolée si ce genre de sujet vous semble déplacé sur un espace plutôt dédié aux loisirs et aux voyages, je n’avais pas prévu d’en faire un article, mais j’espère que si l’occasion se présente je vous aurais convaincus de découvrir ce film édifiant ou le livre audio.
Acheter le livre Nebel im August sur la vraie histoire d’Ernst Lossa (en allemand)
Sur les pas de Ernst Lossa et des victimes des euthanasies du nazisme
Et pour relier le thème exploré autour de l’histoire de Ernst Lossa avec le tourisme mémoriel en Allemagne, vous pourriez être intéressé par quelques sites qui furent le centre de ces tragédies.
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A Berlin : ne manquez pas le monument en hommage aux victimes du programme Aktion T4 réalisé par Richard Serra à Berlin sur la Tiergarten strasse
Si vous souhaitez visiter le Berlin du IIIème Reich avec un guide, par exemple, pour mieux repérer les sites et intégrer les éléments historiques de base, n’hésitez pas à compléter votre circuit par le centre mémoriel des victimes d’euthanasies perpétrées par les nazis.
Le saviez-vous?
La terminologie Aktion T4 se réfère au bureau central des opérations et du programme d’euthanasie établié dans une somptueuse villa au n°4 de la Tiergartenstraße dans le quartier résidentiel très paisible de Charlottenburg à l’ouest de Postdamer Platz.
Bâtie entre 1888 et 1890, cette villa qui a été vendue pour un million de marks en 1909 par de riches banquiers juifs, la famille de Valentin Weisbach, a été confisquée à la famille Liebermann. Manfred et Wilhelm, les enfants de Georg Liberman, grand bourgeois juif, frère du célèbre peintre Max Liebermann, qui en avait fait l’acquisition, ont été persécutés dès 1933 avant de se voir confisquer leur bien, transformé alors en centre d’expositions artistiques et de ventes aux enchères.
Fortement endommagée en mars 1945, la villa fut détruite quelques années plus tard. Bien qu’elle n’existe plus aujourd’hui, l’adresse est un passage obligé si vous souhaitez faire du tourisme mémoriel dans Berlin. En effet, malgré une démarche tardive, le Bundestag en 2011 a accepté le projet d’un mémorial et d’un centre en l’honneur des victimes d’euthanasies et de stérilisations forcées que préconisait la politique national socialiste pour assurer la meilleure pureté de la race aryenne.
Le centre mémoriel du 4 Tiergartenstraße a été inauguré en 2014 en présence de représentants des familles des victimes, de membres du gouvernement fédéral et des Länder. L’historienne Annette Hinz-Wessels a méticuleusement reconstitué les étapes de l’Aktion T4 dans un excellent livre sur l’histoire du centre de décision du programme d’euthanasie du 4 de la Tiergartenstraße.
En savoir plus sur l’histoire de la villa du 4 Tiergartenstraße (en anglais)
Ersnt Lossa, un des destins tragiques de Bavière :
Au monastère bénédictin Irsee (Kloster Irsee) proche de Kaufbeuren, dans le diocèse d’Augsboug, se trouve une plaque commémorative en l’honneur d’Ernst Lossa. C’est dans ces bâtiments convertis en institut psychiatrique que vécut le jeune garçon entre le 5 mai 1943 et le 4 août 1944, après avoir quitté la maison de correction de Indersdorf à Dachau.
Hommage à Augsburg
En 2008, l’émotion suscitée par la publication très médiatisée du livre audio dédié à l’histoire d’Ernst Lossa conduit la ville d’Augsbourg à nommer une rue en son hommage, puisqu’il y était né en 1929. Sa soeur Amalie Speidel Lossa née en 1931, a été invitée à la découvrir en 2013 à la demande des autorités d’Augsbourg.[
La ville d’Augsburg reste le principal repère du jeune Lossa. La famille était très pauvre. En été, elle voyageait en caravanes dans toute la Bavière pour vendre les produits de mercerie que le père essayaient de proposer aux populations sans toujours recevoir le meilleur accueil. Des attaques nombreuses rendaient l’activité difficile, ce qui n’empêchait pas Ernst d’apprécier ce mode de vie nomade marchand.
En hiver, sa mère et ses frères et soeurs séjournaient au n°1 de la Wertachstraße chez la grand-mère. L‘appartement était probablement dans l’annexe secrète du bâtiment. Alors que la mère Anna était tombée enceinte d’un 4ème enfant, elle contracta la tuberculose. C’est en raison de cette vie difficile, qu’un fonctionnaire en réalité peu bienveillant qui jugeait les conditions trop mauvaises pour des enfants, décida du placement sous le prétexte qu’Ernst était un « asocial » comme tous les tziganes et assimilés. A partir du retrait des enfants à la mère, jamais plus la famille ne fut réunie et la mère mourut peu de temps après, tandis que le père tentait désespérément de survivre avec son commerce, en aspirant retrouver ses enfants.
Pour aller plus loin:
- Biographie d’E.Lossa sur Wikipedia (en allemand) – Page en français
- Acheter le livre audio Nebel im August (en allemand)
D’autres films à découvrir?
Sophie Scholl, les derniers jours : raconte une partie de l’histoire du mouvement Die Weiße Rose – la Rose Blanche ; un groupe de résistants allemands, créé en 1942 composé de quelques étudiants se réunissant dans un atelier de peinture de Munich, qui décidèrent de lutter contre le totalitarisme nazi, furent arrêtés par la Gestapo en 1943 et exécutés.
Le Labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens), on revit les affres d’un jeune procureur allemand décidé à faire payer les criminels nazis. Il se heurte au gouvernement et aux rouages de la justice qui tente de le bloquer pour éviter la révélation d’informations embarrassantes.
L’enfant de Buchenwald : ou comment un Kapo et plusieurs détenus dans le camp vont tenter de sauver un enfant juif de 3 ans découvert dans une valise. Un SS sadique va déployer tout son sadisme pour tenter de les faire avouer où est l’enfant.
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Des questions auxquelles n’ont pas répondu notre guide de voyage sur l’Allemagne ou les brochures officielles de l’office du tourisme ? Les voyageurs, expatriés et autochtones spécialistes de l’Allemagne vous répondent!
L’action t4 visaient à donner une « mort douce », comme ils disaient, aux bouches inutiles du Reich. Les handicapés mentaux, les anciens de la 1 ère mondiale invalides, des personnes comme Ernst Lossa Nebel ( nebel veut dire brouillard, comme dans « nacht und nebel » des camps de concentrations, qui ce traduit par « nuit et brouillard », dont Jean Ferrat en a fait une belle chanson)….. . Dans certains châteaux magnifiques (Harteim, Hadamar….) eurent lieu les premiers gazages au gaz des pots d’échappement des voitures (désolée mais j’ai un gros trous de mémoire sur le nom de ce gaz, dont je connais le nom mais qui est allé se perdre dans les mèandres de mon cerveau quelque peu en bataille).
Les médecins » choisissaient qui devaient y mourir ou vivre. La propagande de Goebbels y allait à tout va, jusqu’à des exercices de mathématique monstrueux donnés aux enfants des écoles ariennes. Mais étrangement les allemands se sont « réveillés » pour ces décès et des plaintes pleuvèrent. Même l’église protesta avec force (discours de Msr Gallen entre autre). Les corps brulés laissaient une odeur pestilentielle dans les campagnes et villages entourant ces endroits. Alors l’action t4 (T4 vient de la rue ou était installé les bureaux et personnes qui géraient cette action : Tiergardenstrasse au 4). Qu’a cela ne tienne. L’action t4 fut abandonné, selon leurs dires. Mais elle se transforma en action 14f13, c’est à dire que les personnes étaient conduites dans les camps directement ou elles étaient exterminées. L’action fut « déplacée » et là les protestations se firent d’un seul coup presque inexistentes. Lire : l’action T4, et récemment est sorti « Hadamar ». PS : excusés mes fautes, ou traductions. Mais l’age commence à transformer mon cerveau en gruyère et j’ai aussi oublié le nom des écrivains des 2 livres, pourtant ils sont dans ma bibliothèque.
Le livre « aktion T4 » a été écrit par Michael Tregenza.. « Hadamar » par Oriane Jeancourt-Galignani, Il est sorti au début de l’année.. » Les einsatzgruppen » par oggoreck Ralf « parrainné » par le mémorial de la shoah. tout comme « Aktion T4 ». Pour Heindrich, j’en ai plusieur dont « HHHH » dont on a tiré un film récemment, J’ai aussi « Heindrich et la solution finale » d’Edouard Husson , dont la préface est signée Ian Kershaw dont j’ai les 2 volumes de la biographie d’hitler. Comme vous voyez le deuxième guerre mondiale est une période de l’histoire qui me « fascine ».
J’ai vu Auschwitz, le Struhof… Dans ma bibliotèque il y a « mein kampf » acheté il y a des années quand il était interdit, alors que depuis le début de l’année ce livre est passé dans le domaine public. Si seulement les allemands et autres rares étrangers qui l’avaient eu entre les mains,avaient su lire entre les lignes, ils auraient vu le monstre derrière ce pavé immonde. Et en plus la structure est « décousue ». C’est mal écrit. Il n’était vraiment pas un grand écrivain. Et toute cette haine, colère et prétention, car il se voyait vraiment comme un sauveur pour l’Allemagne, baignant dans une crise qui n’en finissait pas, et qui croyait détenir la « vérité » et beaucoup d’allemand on cru ces conneries.
Ce qui m’attire c’est le comportement humain de ces hommes et femmes qui ont suivis comme un troupeau de mouton. Cette guerre a « révélé » tout ce qu’il y avait de pire en nous et savons nous si ces gens (nous aujourd’hui) auraient pu aller plus loin? Sans compté que les « suiveurs » d’hitler n’avaient vraiment rien de arien (goebbels , himler, le gros goering, heroinomane… Seul heindrich pouvait être considéré comme arien, cette petite abeille industrieuses à planifiée (pas que lui bien sur) la destruction de tous les autres, c’est à dire les non ariens (tziganes, homosexuels, témoins de jéhovah…….). En vérité, cela a commencé avec l’histoire de 2 de mes grands oncles qui n’ont pas survécus plus de 2 ans lorsqu’ils sont revenus des camps.Jeune, cette histoire de famille m’a ébranlée et depuis la morbidité de cette guerre me « fascine » et je ne trouve pas d’autres mot que « fascination ». Je voulais comprendre pourquoi mes grands oncles, les cauchemars qu’ils ont vécus et comment l’humain peut aussi en arrivée là. Tuer. Massacrer les « différents ». Enfin je n’arrête jamais de me poser des questions, je cherche, quoi, je ne sais pas mais je veux savoir, mais je ne saurais jamais. Je suis désolée de mes digressions, encore un de mes défauts.
Je ne connais pas cette histoire, je suis une passionnée de cette guerre. Merci pour ce partage
J’ai bien aimé l’histoire, j’espère que je pourrais voir le film en français ! J’ai trouvé des choses bien intéressantes, et je trouve ça horrible et inhumain de faire subir ça a des personnes qui n’ont rien de « malades mentaux » … quand je pense qu Hitler lui même avait parkinson vers la fin de sa vie, l’hystérique c’est lui qu’on aurait du enfermer dans un hôpital psychiatrique au lieu de l’emmener en prison pendant quelques mois !
Episode peu connu malheureusement et malgré tout un des nombreux crimes innommables du 3ème Reich …
Ça fait froid dans le dos Quelle histoire , impossible à regarder
Au cinéma le sujet est un peu abordé dans Amen, quand la nièce adorée du héros « nazi » Kurt Gerstein, malade et enfermée dans une institution, est assassinée avec le fameux Zyklon B qu’ironiquement il a contribué à élaborer pour soi-disant purifier l’eau sur les fronts. D’ailleurs tout le premier tiers du film porte sur cette thématique et on comprend bien que les rares ecclésiastes qui ont voulu attirer l’attention sur ce que les nazis faisaient aux propres allemands dans un premier temps ont pour la plupart mal fini.
C’est simple. Sans aller trop loin, voir la mini série américaine de « Holocauste », film 1 et 2 sur le thèma en question. Le filme hongrois « Le fils de Saul » pour le reste. Bien à nos jours, dans l’hôpital centrale de Vienne, ont à découvert 120 fétus dans des bocaux conserves au formol, appartenant à des enfants malades ou difformes de race inférieur, que les médecins nazis ont utilise pour leurs études scientifiques.
Disons que souvent cette partie de l’histoire est parfois évoquée très brièvement, en faisant référence à des malades psychiatriques, mentaux, handicapés… La mini série Holocauste, très critiquée car elle abordait la Shoah sous forme romancée avait un peu évoqué l’épisode avec la mort de la fille Weiss. Ensuite Amen a également évoqué, puisque la nièce du héros nazi périt de la sorte. En réalité la liste fut très longue car peu à peu les difficultés de l’Allemagne sur les terrains de combat ont poussé les nazis à faire un effort pour éliminer tous ceux jugés trop coûteux pour le pays d’autant qu’ils nuisaient aux yeux des Nazis à la pureté de la race.
c est une partie de l histoire inconnue par moi. Je vais regarder cela avec attention . 🙁
La Bavière ainsi que l’Autriche était le terreau de l’extrême droite, contrairement à la Prusse plus libérale et protestante, qui elle était plus réticente, bien que la plupart soient enclins à penser le contraire. Ceci dit certains catholiques allemands résistants ont payé le prix fort. Je pense au mouvement « die Weisse Rose » (la Rose Blanche). Dure de regarder en face ce de quoi l’humanité est capable et c’est loin d’être terminé je crains !