La Nuit des Musées est un événement culturel qui connaît un succès grandissant en Roumanie. A Bucarest, comme dans tout le monde, de nombreux roumains ont pu découvrir gratuitement quelques 70 musées…
Événement de succès initié par la Ministère Français de la Culture et de la Communication parvenu à sa septième édition, la Nuit des Musées a attiré, en Roumanie aussi, un nombre impressionnant de visiteurs.
Ainsi, soixante-dix musées ont ouvert leurs portes, le 14 et le 15 Mai, pour une présentation nocturne et gratuite de leurs collections permanentes (et même plus) au bénéfice des Roumains intéressés.
Le Musée National d’Histoire de Bucarest a offert deux expositions aux thèmes totalement opposées. La première, en partenariat avec le Conseil National d’Etudes des Archives de la Securitate a pour titre «Les années ’70-’80, notre jeunesse» et présente des aspects de la période communiste pendant laquelle s’est formé la génération qui, aujourd’hui, est appelée à écrire l’histoire d’un temps révolu.
Une deuxième exposition montre au public une pièce de grande valeur artistique et historique: «La couronne des rois de Roumanie» qui rappelle l’an 1881, lors de la proclamation du Royaume de Roumanie et du sacré du premier roi roumain, Carol Premier. Contrairement aux usances, la couronne n’est pas en or ni frappée de pierres précieuses mais est fabriquée de l’acier d’un des cannons turques capturés par les Roumains à Pleven, dans l’actuelle Bulgarie, pendant le guerre de 1877 qui a mené à l’indépendance vis-à-vis de l’Empire Ottoman.
La décision de faire une couronne en acier à la place d’une en or a une grande signification politique et philosophique et marque, en même temps, la conception de Carol Premier à l’égard de la monarchie moderne. La même couronne a servi au couronnement, en 1922, après la première guerre mondiale, de son successeur, le roi Ferdinand, ce qui a achevé l’unité étatique de la Roumanie.
A Bucarest, vis-à-vis du Palais Royal, devant lequel s’érige la statue équestre du roi Carol Premier, la Bibliothèque Centrale Universitaire qui porte son nom est entrée, à son tour, dans le circuit des 3000 institutions européennes de culture qui ont ouvert leurs portes pendant la Nuit des Musées. L’immeuble de la bibliothèque qui nous fait penser aux grands classiques de la littérature roumaine, au poète Mihail Eminescu ou au dramaturge Ion Luca Caragiale est, ces jours-ci, l’endroit de présentation de l’exposition d’affiches du célèbre peintre et poète sur-réaliste d’origine roumaine Victor Brauner.
Encore à Bucarest, le Musée du Paysan Roumain dont l’immeuble a été récupéré en 1989, lorsqu’il était Le Musée du Parti Communiste Roumain, a offert aux visiteurs pendant la Nuit des Musées une reconstitution 3 D de la Colonne et du Forum de l’Empereur romain Trajan, en même temps qu’une projection de la cité des daces de Sarmisegetuza – vestige témoignant de l’origine daco-romaine du peuple roumain.
A partir de 2011, le circuit des musées roumains s’est vu ajouter le Cimetière Bellu de Bucarest, l’équivalent roumain du Père-Lachaise, où reposent pour l’éternité la plu part des personnalités de la vie publique, culturelle et scientifique roumaine du dernier siècle et demi.
Pendant la Nuit des Musées, des milliers de visiteurs ont été attirés par cette nouveauté, désireux de se rendre aux tombes des derniers disparus, pèlerinage qui s’inscrit naturellement dans la tradition chrétienne de la période entre Pâques et Ascension. (aut. : Valentin Tigàu; trad.: Costin Grigore)