Sis dans la vallée de la rivière Sâmbàta, au pied des Monts Fàgàras, le monastère brancovan de Sâmbàta de Sus est un endroit de recueillement et de réconfort spirituel des fidèles et des pèlerins qui s’y attardent. La beauté de l’édifice est rehaussée par le charme de la nature environnante, car le murmure de l’eau est en harmonie avec le chuchotement des prières des moines, offrant aux croyants et aux visiteurs qui font halte ici une représentation de la beauté et de la paix du Paradis.
Monastère de Sâmbàta de Sus ; chef d’oeuvre brancovan classé comme monument historique
Le monastère de Sâmbàta de Sus a un charme à part. Ce qui le distingue de tous les autres lieux de culte de la contrée de Brasov, c’est son histoire. Ecoutons son supérieur, le père Ilarion Urs :
« Notre monastère fut dressé sur une berge de la rivière Sâmbàta, au pied du Massif Moldoveanu, en 1696, par les soins du voïvode Constantin Brancovan, qui régna de 1668 à 1714 en Valachie, une des trois Principautés roumaines. Cette sainte demeure est située sur l’emplacement d’un vieil ermitage, fondé en 1654 par Preda Brancovan, oncle du prince Constantin Brancovan.
Vers 1700, la persécution des chrétiens-orthodoxes de la province historique de Transylvanie entraîna la démolition de plus de 150 églises et monastères. Sâmbàta de Sus connut le même sort en 1785, s’effondrant sous les coups de canon tirés par les soldats du général autrichien Bukov. Réduit en ruines pendant 140 ans, le monastère de Sâmbàta de Sus allait être remis en état en 1926, par les soins du métropolite Nicolae Bàlan. C’est lui que l’on considère comme le deuxième fondateur de notre sainte demeure. A cause de la guerre, la consécration de l’église et des nouveaux bâtiments n’eut lieu qu’en 1946, lors de la fête patronale du monastère. En 1939, le métropolite Nicolae Bàlan fit venir à Sâmbàta de Sus trois théologiens. Il s’agit des pères Arsenie Boca, Nicolae Mladin et Serafim Popescu ».
Les trois prélats commencent le monachisme justement à Sâmbàta de Sus. Nicolae Mladin, professeur à la faculté de théologie de Sibiu, deviedra métropolite de Transylvanie. Quant à Arsenie Boca, le confesseur du monastère, il sera l’un des plus grands pères spirituels de la Roumanie. Sous le régime communiste, il a été arrêté et envoyé dans un camp de travaux forcés.
« Tous les fidèles de Transylvanie lui rendaient visite, soit pour la confession soit pour des conseils spirituels. C’est que Père Arsenie avait vraiment le don de guider les pécheurs sur la voie du salut. Le confesseur se déplaçait quelque 800 mètres jusqu’à l’église de l’enceinte, après quoi il regagnait sa cellule, où l’attendaient les fidèles venus avouer leurs péchés, s’en repentir et demander pardon au Seigneur».
A la même époque, un atelier de peinture sur verre fut ouvert au Monastère de Sâmbàta, qui existe de nos jours encore. Cet art, les pères l’ont appris l’un de l’autre de sorte qu’il dure jusqu’à présent. Il y a eu ensuite les expositions que le supérieur du monastère, le père Ilarion Urs, évoque toujours avec grand plaisir :
« Après 1970, nous avons organisé plusieurs expositions à l’étranger : en Amérique, Allemagne, Belgique, Suisse et Angleterre. A Monaco, les peintures de Sâmbàta ont été exposées un mois durant et ce grâce au père Radu Totelecan. Nous, nous n’avons pas pu y aller, mais nos ouvrages, admirés même par le Prince Albert de Monaco, ont été là pour nous représenter. Ces icônes du Monastère de Sâmbàta, on les a présentées partout dans le monde. Notre pays doit aussi sa renommée aux formes spécifiques que revêt la peinture sur verre. Si certaines régions sont réputées pour les couleurs hors du commun, à Sâmbàta, la peinture est naïve. Après 1983, les pères qui se sont succédé dans l’atelier ont apporté un changement de style et de couleur. Ainsi la peinture est-elle devenue plus réaliste, et les couleurs plus vives ; c’est d’ailleurs ce qui rend les peintures de notre monastère différentes par rapport à celles des autres lieux de culte. Plusieurs demandes viennent aussi de l’étranger, mais on a du mal à faire face, vu que seules 3 personnes travaillent actuellement dans cet atelier. Ce serait donc difficile de mettre en place une exposition de peinture sur verre ».
En 1982, le père Antonie Plàmàdealà a été élevé au rang de métropolite de Transylvanie. Il a consacré sa première année à la tête de l’Archevêché aux travaux de reconstruction de la résidence de Sibiu où il fit construire une salle d’expositions et une autre de conférences, ainsi que plusieurs espaces destinés au logement. Deux ans plus tard, il décida de réorganiser le monastère de Sâmbàta sur le modèle d’une cité entourée de cellules. Ce fut en 1984 que le métropolite commença à faire dresser à Sâmbàta sa nouvelle résidence, aussi bien que les premières cellules, les ateliers et surtout un nouvel oratoire très différent des autres de la région.
« Tout le monde se déclare étonné de voir cet oratoire à l’étage. Mais il faut dire qu’à l’époque des commuistes, le seul moyen de construire une église était de le faire en cachette. C’est pourquoi on affirmait que la chapelle n’était qu’un endroit destiné à abriter des icônes. On n’osait pas dire qu’il s’agissait effectivement d’une église. Les visiteurs peuvent admirer les premières icônes sur une iconostase improvisée. L’église abrite également un petit musée qui en 1986 renfermait nombre d’objets ayant appartenu au métropolite Antonie Plàmàdealà : livres anciens, icônes, objets de culte. Le musée est ouvert à l’étage et il vient d’être modernisé afin de répondre aux normes du Ministère de la Culture visant la préservation et la conservation des icônes. »
aut. : Daniel Onea ; trad. : Alexandra Pop, Mariana Tudose, Ioana Stancescu